Éditos

Littératures en partage: Les études de genre en littérature comparée

La deuxième rencontre de 2025 aura lieu en zoom le vendredi 4 avril de 17h30 à 19h, sur le thème:

Littérature comparée périodes anciennes et études théâtrales

Avec : Anne Tomiche (Faculté des lettres, Sorbonne Université), Marie-Jeanne Zenetti (Université Lumière Lyon 2) et Carla Robison (Faculté des lettres, Sorbonne Université)

Vous pouvez vous inscrire ici.

Aujourd’hui, le genre s’invite partout, dans les débats de société comme dans les études universitaires. Dans la vie quotidienne, « avoir un genre » est devenu une expression courante et le terme existe même sous forme verbale (genrer, voire mégenrer ou dégenrer). Dans la recherche scientifique, les études de genre ont émergé sous ce nom aux Etats-Unis dans les années 1990 et 2000 avec le passage de ce que l’on appelait women’s studies aux gender studies. En France, l’expression « études de genre » est d’utilisation beaucoup plus récente que dans le monde anglophone, et si, historiquement, ce sont d’abord les disciplines de sociologie, d’histoire, d’anthropologie et d’études littéraires qui ont été le terreau de développement des études féministes puis de genre, aujourd’hui les disciplines concernées sont de plus en plus nombreuses, qu’il s’agisse de médecine, de droit ou de sciences exactes, et les études de genre sont pluri- et transdisciplinaires.

Si les études de genre ne sont donc pas une spécificité de la littérature comparée, leur dimension pluri- et transdisciplinaires fait de la littérature comparée un milieu particulièrement favorable à ce type d’approche. Cette séance de « Littératures en partage » se propose de mettre en lumière ce que la catégorie d’analyse du genre apporte à la lecture (comparatiste) des textes littéraires, les façons dont elle permet de renouveler la lecture de certains corpus et de réfléchir aux modalités et dynamiques de construction des canons littéraires et artistiques.

Renouveler la lecture des textes implique une pratique raisonnée de l’anachronisme, qui n’amalgame pas les temps et les espaces, mais qui utilise des outils d’analyse contemporains avec la conscience que les catégories contemporaines ne sont pas opérantes à l’époque considérée mais que le texte peut gagner à être interrogé à partir de questions actuelles. Une telle pratique conduit à la fois à renouveler, voire infléchir la lecture de l’œuvre et aussi et en même à mesurer l’évolution de la façon de penser la question, évolution qui peut donner à réfléchir sur la catégorisation contemporaine.

Confrontées aujourd’hui, en France mais pas seulement, à de vives attaques et accusées d’être de l’idéologie et du militantisme, les études de genre conduisent, au contraire, une réflexion théorique sur la question du positionnement idéologique et sur celle de l’engagement du chercheur ou de la chercheuse. Les études de genre enrichissent la discipline comparatiste, renouvellent les approches et participent à une réflexion sur notre pratique scientifique