Agrégation
ARTICLE
Fureur et mystère, publié chez Gallimard le 14 septembre 1948, rassemble dix années d’écriture [1] . Malgré les différences de formes poétiques, de situations et d’enjeux dans chacune des sections du recueil, l’ensemble est marqué par une forte cohérence, celle que dessine l’engagement d’un sujet dans l’histoire jusqu’à son repositionnement après-guerre. Fureur et mystère décrit la transformation d’un « je », qui va s’affirmer responsable devant ses contemporains, reconnaîtra la fragilité de l’écriture poétique, tout en posant à la fois la nécessité de celle-ci pour l’action et son indépendance à l’égard des circonstances. Dans l’immédiat après-guerre, la déception de Char, la persistance du mal combattu pendant les années de Résistance mettent fin, dans le poème, à l’accord d’un destin individuel et d’un destin collectif. Le rassemblement en un seul volume des textes écrits entre 1938 et 1948 crée l’unité d’un parcours qui va de l’affirmation de cet accord à sa rupture.
Situation de Char en 1938
Char s’est éloigné du surréalisme depuis 1935, après avoir publié en 1934 son grand recueil surréaliste Le Marteau sans maître. Il reproche à Breton sa perte d’ambition révolutionnaire, ses compromis, qui institutionnalisent le mouvement et le conduisent « infailliblement à la maison de Retraite des Belles-Lettres et de la violence réunies [2] ». L’esthétique de Char va évoluer sensiblement à partir de cette date mais les références au surréalisme resteront nombreuses [3] .
Entre 1936 et 1938, Char écrit les poèmes qui composent Placard pour un chemin des écoliers (1937) et Dehors la nuit est gouvernée (1938). Dans le premier recueil, le texte d’ouverture, la « Dédicace » aux enfants d’Espagne, marquée par l’actualité de la guerre d’Espagne, peut nous intéresser plus particulièrement. Cette « Dédicace » est écrite en mars 1937, peu après les premiers bombardements de la capitale espagnole, un mois avant Guernica. Char y confronte les souvenirs d’une enfance heureuse aux massacres des enfants d’Espagne : « Lorsque j’avais votre âge, le marché aux fruits et aux fleurs, l’école buissonnière ne se tenaient pas encore sous l’averse des bombes (…) ». Ce texte, d’abord confié à la revue Cahiers GLM, en est retiré à la demande de Char pour être donné, avec une illustration de Valentine Hugo, à une brochure vendue au profit des enfants d’Espagne au pavillon espagnol de l’Exposition internationale de Paris, ouverte le 25 mai 1937, où Picasso expose sa toile Guernica [4] .
Cette « Dédicace » est le premier texte poétique de Char qui se saisisse de la question de l’engagement du poème. Jusque là, en accord avec les positions de Breton, l’engagement de la personne du poète se trouvait dissocié de l’écriture poétique. Avec la « Dédicace » s’introduit dans le poème une temporalité historique, l’appel à une justice de l’histoire et l’affirmation de la responsabilité de l’écriture devant l’événement, ainsi qu’une adresse à un destinataire collectif témoin de la dénonciation. Qu’il soit possible d’utiliser cette « Dédicace » dans un contexte militant, lors de l’Exposition internationale de 1937, montre bien la valence politique de ce texte.
Les poèmes de Placard pour un chemin des écoliers toutefois demeurent, eux, non référentiels et dégagés des circonstances, mais ils nous intéressent à un autre titre. Leur forme versifiée, utilisant parfois l’octosyllabe et l’assonance, est tout à fait inhabituelle dans l’écriture de cette période. Char lui-même les qualifiait de « genre ultra-facile » dans sa correspondance avec Éluard. Peut-être doivent-ils leur relative simplicité à la proximité de Char avec ce dernier, qui vient de faire paraître L’Évidence poétique (1937) et adopte une écriture plus simple et plus fluide. Les poèmes de Placard pour un chemin des écoliers trahissent aussi, par leur forme de chanson, par le lien entre un lieu, méditerranéen, et des êtres aux voix et aux vies marginales [5] , la lecture que Char fait de Federico García Lorca, en compagnie d’Éluard qui traduit alors avec Louis Parrot l’Ode à Salvador Dali (GLM en 1938). Comme en témoigne une lettre inédite à Louis Parrot citée par Jean-Claude Mathieu [6] , dans laquelle Char s’enquiert des traductions du Chant funèbre pour Ignacio Sanchez Mejias, le poète a lu un recueil publié sous le titre Chansons gitanes en 1935, dans la collection des « Cahiers de Barbarie », qui contiennent plusieurs poèmes du Romancero gitan.
Seuls demeurent
Fureur et mystère est composé de plusieurs sections qui pour la plupart ont d’abord été publiées comme recueils indépendants. C’est le cas de Seuls demeurent qui paraît en 1945. Seuls demeurent est lui-même composé de trois moments :
- « L’Avant-monde », qui regroupe des poèmes, quasiment tous en prose, écrits entre 1938 et 1943, de l’avant-guerre au milieu de la guerre.
- « Le Visage nuptial », qui est un ensemble de cinq poèmes d’amour en vers datant de l’été 1938 et du début de la guerre.
- « Partage formel », qui consiste en une série d’aphorismes écrits en 1941 et 1942 portant sur l’acte poétique et le rôle du poète.
Pendant cette période, la vie de Char est marquée par le début de la guerre. Sa mobilisation en Alsace, de septembre 1939 à juin 1940, met fin à quelques mois d’intense bonheur amoureux avec Greta Knutson, dont les poèmes du « Visage nuptial » gardent la mémoire. Les événements historiques eux mêmes ne sont pas absents du recueil, qui en nomme certains et leur donne une place significative. La déclaration de guerre est présente dans « L’Avant-monde », où elle fait césure. Le treizième poème, « Le Loriot », est en effet daté du « 3 septembre 1939 » : « Le loriot entra dans la capitale de l’aube./ L’épée de son chant ferma le lit triste./ Tout à jamais prit fin. »
À la fin de l’année 1940, la maison de Char est perquisitionnée, lui-même devient l’objet d’une surveillance policière étroite. Il s’installe pour cette raison en 1941 à Céreste, village des Basses-Alpes qui deviendra le quartier général du maquis qu’il va diriger. À la fin de l’année 1941, certains poèmes laissent paraître des traces de la décision de s’engager dans la résistance. « L’Absent », par exemple : « Nous dormirons dans l’espérance, nous dormirons en son absence, puisque la raison ne soupçonne pas que ce qu’elle nomme, à la légère, absence, occupe le fourneau dans l’unité ». Le plus explicite est le poème « Chant du refus. Début du partisan » qui inscrit dans son titre l’entrée en résistance.
À la fin de l’année 1942, Char devient chef du secteur Durance-Sud de l’Armée Secrète. Il est rattaché au réseau « Action ». Il continue en 1942 et début 1943 d’écrire des poèmes qui seront intégrés à Seuls demeurent. Ce sont des poèmes marqués par les circonstances, parfois explicitement : « Vivre avec de tels hommes » (juillet 42), « Carte du 8 novembre » (novembre 42), la date du 8 novembre évoquant le débarquement allié en Afrique du nord, « Plissement » (décembre 42) [7] . Au printemps 43, l’action s’intensifie, l’écriture de Char se fait plus rare. De cette époque datent les poèmes « Hommage et famine » et « Louis Curel de la Sorgue ». Ce sont les derniers écrits pour Seuls demeurent. De l’été 43 à l’été 44, l’action du maquis ne laissera pas de place pour les poèmes. Seule persistera la forme du carnet de notes, prises au jour le jour, dont Char tirera certains extraits après guerre qui formeront Feuillets d’Hypnos.
La publication de Seuls demeurent a d’abord été envisagée par Char en avril 1941, comme le révèle une lettre à Gilbert Lely [8] . Puis cette perspective s’estompe à partir du moment où s’organise le maquis. Char écrit ainsi, à la fin de 1941, dans le premier billet à Francis Curel : « Je ne désire pas publier dans une revue les poèmes que je t’envoie. Le recueil d’où ils sont extraits et auxquels en dépit de l’adversité je travaille, pourrait avoir pour titre Seuls demeurent. Mais je te répète qu’ils resteront longtemps inédits, aussi longtemps qu’il ne se sera pas produit quelque chose qui retournera entièrement l’innommable situation dans laquelle nous sommes plongés. » Seuls demeurent est malgré tout envoyé à l’éditeur en juillet 1943. Selon les informations d’Antoine Coron [9] , Char reçoit un avis très favorable de Jean Paulhan mais, lorsque le poète envoie à Gallimard son contrat d’édition, il exprime le souhait que son recueil ne paraisse « qu’une fois la situation de notre pays définitivement éclaircie ».
« L’Avant-monde » est organisé de manière à suivre globalement un ordre chronologique historique, indépendant de l’ordre chronologique exact d’écriture : entrée en guerre (« Le Loriot »), décision de résistance (« Chant du refus ») jusqu’à « La Liberté », titre du dernier poème, qui a été ajouté pour la publication du recueil en 1945, ainsi que le montre le manuscrit, daté de 1944, bien après la rédaction de l’ensemble.
Cette section accomplit, comme le faisait la « Dédicace » à son échelle, l’inscription de l’événement historique dans un devenir personnel. « L’Avant-monde », en effet, donne à voir le passage d’un temps personnel, dans la première section du recueil jusqu’au poème « Le Loriot », à un temps collectif, pris en charge par le « je » qui énonce son engagement. Cette section du recueil voit ainsi la transformation d’un sujet qui s’affirme responsable devant l’histoire et se lie par une perspective d’action. Notons que c’est un engagement qui ne va pas de soi. L’histoire, dont le récit pendant la période surréaliste donnait prise à un désir sadien de destruction universelle, reste profondément suspecte aux yeux de Char : elle est « Le Bouge de l’historien », selon le titre d’un poème central de « L’Avant-monde ». Cet engagement coûte et implique un rapport d’économie mesurée à l’action : « Notre effort réapprend des sueurs proportionnelles » (Partage formel, XXIV).
Le recueil décrit cet engagement, mais les poèmes eux-mêmes ne sont pas engagés : ils n’essaient pas d’inciter à l’action une collectivité qui en serait le destinataire. Bien plus, en même temps que le recueil figure l’engagement du sujet, le poète comme figure sociale tend à disparaître de la vie institutionnelle pendant la guerre. On a donc une présence accrue de la voix dans les textes, mais la voix sociale s’efface au profit de la lutte. Le poète est « celui qui complètera par le refus de soi le sens de son message » (Partage formel, LI).
À cet ensemble succèdent les poèmes amoureux du « Visage nuptial » qui tournent autour de la figure de Greta Knutson. Placer « Le Visage nuptial », écrit avant la guerre en 1938, après « L’Avant-monde », a du sens. C’est une manière d’équilibrer le recueil, entre engagement et détachement et de lui donner l’horizon d’une victoire sur « l’anti-vie nazie ». Au poème final de « L’Avant-monde », « La Liberté » succède ainsi, comme en écho ou comme pour en amplifier la figure, un long hymne à l’amour.
« Partage formel », enfin, clôt cet ensemble par cinquante-cinq aphorismes, qualifiés par Char de « propositions subsidiaires » selon le manuscrit du recueil [10] : ce sont originellement des « ajouts » à un recueil d’aphorismes antérieur, Moulin premier, écrit en 1936 pour se démarquer du surréalisme. L’horizon a changé, mais demeure l’idée que le poème doit s’accompagner de réflexions, de « propositions » qui sont, selon une autre image mentionnée dans le manuscrit, autant d’« étais » venant soutenir, étayer, l’écriture. Les propositions de « Partage formel » tournent autour de la question du poète et du poème. Elles sont une affirmation d’indépendance de la poésie au cœur du conflit. Un espace d’écriture se dégage pour la désigner en un temps où elle est menacée, où sa nécessité même est ébranlée.
Feuillets d’Hypnos
Ce recueil est au départ un carnet de notes variées, une sorte de journal tenu à Céreste entre 1943 et 1944 lorsque l’action au maquis s’intensifie. Char est à partir de septembre 1943 chef départemental de la Section Atterrissages-Parachutages (SAP) pour les Basses-Alpes, sous le pseudonyme de capitaine Alexandre. Il est sous le commandement de Camille Rayon, chef de la R2 (Région 2 regroupant Provence, Gard et Hautes-Alpes) des Forces Françaises Combattantes, lequel apparaît dans les feuillets sous le nom de « Archiduc ». La tâche de la SAP consistait à réceptionner le matériel parachuté par la RAF sur des terrains spéciaux qu’il fallait repérer et préparer pour des atterrissages clandestins, comme par exemple l’« homodépôt Durance 12 » du feuillet 87. Des messages de la BBC annonçaient les opérations, par exemple « La Bibliothèque est en feu », qui sera le titre d’un recueil ultérieur de Char.
Ce carnet est retravaillé entre fin août 1944 et août 1945 et sera publié chez Gallimard en avril 1946. Il prend la forme d’une série de 237 textes courts, fragments ou aphorismes, qui globalement suivent l’ordre des événements qui touchent le maquis. Certains sont consacrés au récit d’épisodes marquants (feuillet 128 : fouille de Céreste par les SS ; feuillet 138 : mort de Roger Bernard). D’autres font le portrait des compagnons de Résistance. Ce sont aussi des réflexions, plus ou moins détachées des circonstances, sur l’action, mais aussi sur ces contre-pouvoirs que représentent la nature et l’amour.
Feuillets d’Hypnos n’est pas un recueil engagé. Il est composé et publié après coup, en 1946, quand la guerre est terminée. Char a différé la publication des ses textes pendant le conflit. La poésie est insuffisante, « dérisoirement insuffisant(e) », écrit-il à Francis Curel. Les circonstances de la guerre, le nazisme, l’oppression, requièrent autre chose. Char a une conscience nette des limites de la poésie, de son impuissance, de son caractère très exactement secondaire. Ce n’est même pas qu’il refuse de mettre la poésie au service du combat politique pour préserver l’indépendance de celle-ci, c’est tout simplement que la poésie ne peut pas grand-chose. Pour autant, il ne renonce pas à écrire pendant la guerre. Comment interpréter ce geste ? Si Char dénie toute efficacité sociale et politique au poème en temps de guerre, la poésie n’en est pas moins, à ses yeux, indispensable, pour l’action elle-même. Elle a à ce titre plusieurs fonctions.
La poésie retrouve d’abord très concrètement dans les énoncés brefs de Feuillets d’Hypnos une ancienne fonction héritée de l’aphorisme hippocratique, qui consiste à analyser de manière circonstancielle et empirique la crise du corps social et de la psyché collective de ses contemporains. Char se représente souvent lui-même comme poète médecin, par exemple dans le « Bandeau » de Fureur et mystère : « Il ajoute de la noblesse à son cas lorsqu’il est hésitant dans son diagnostic et le traitement des maux de l’homme de son temps [11] […] ».
Plus radicalement, le feuillet doit chercher à « nomme[r] les choses impossibles à décrire [12] », il doit « dépouille[r] » les apparences de leurs « sortilèges » (« Note sur le maquis ») pour rendre possible l’action contre ce que le mal nazi a d’excessif, d’inconcevable [13] .
L’écriture de Feuillets d’Hypnos a ensuite une fonction au regard du temps de l’action. Elle répond à la faillite du temps collectif. Nombreux sont les feuillets qui décrivent l’emballement d’un temps condamné à se répéter, d’un temps sans mesure, dé-mesuré (« Minuit au glas pourri, qu’une, deux, trois, quatre heures ne parviennent pas à bâillonner », feuillet 25), qui décrivent aussi une confusion des ordres temporels (« on donnait jadis un nom aux diverses tranches de la durée : ceci était un jour, cela un mois… », feuillet 90). Face à cela, l’écriture vient poser, comme contrepoids, la possibilité d’un temps pour agir [14] . Elle déploie en particulier, la perspective d’un après. Parce que le temps présent est vécu comme crise, parce que la mesure et l’organisation du temps elles-mêmes sombrent dans une confusion affolée, l’action et son corollaire, la mise en œuvre de moyens en vue d’un projet, doit poser un avenir proche, projeté en avant de soi. L’avenir dont il est question dans Feuillets d’Hypnos est un « lendemain » pensé dans les termes du « but à atteindre » (feuillet 1). L’affirmation de cet après fonde en outre la possibilité d’un agir collectif, par la suggestion d’une suite de générations dans les mains desquelles l’action retombera : « L’action qui a un sens pour les vivants n’a de valeurs que pour les morts, d’achèvement que dans les consciences qui en héritent et la questionnent » (feuillet 187).
Notons toutefois que, au sein de cette écriture en vue de l’action, place est faite aussi à des feuillets qui disent la recherche de ce qui, échappant aux circonstances, permettra d’ouvrir une brèche dans l’enchaînement des moyens et des fins. C’est ce qu’énonce le feuillet 59 : « Si l’homme parfois ne fermait pas souverainement les yeux, il finirait par ne plus voir ce qui vaut d’être regardé. » L’écriture des Feuillets d’Hypnos s’emploie aussi à dégager l’action de son but immédiat et à dégager le combattant d’une relation déterministe à l’événement. Alors que l’impératif du combat impose une évaluation rigoureuse et limitée de la situation, une conception de ce qui arrive en termes de causes et de conséquences, certains feuillets prennent soin de réserver, de tenir en retrait de l’action, « une enclave d’inattendus et de métamorphoses dont il faut défendre l’accès et assurer le maintien » (feuillet 155).
Le Poème pulvérisé et la publication de Fureur et mystère
Le Poème pulvérisé, grand recueil de l’immédiat après-guerre, publié en 1947, est encadré dans Fureur et mystère par deux courtes sections, qui n’ont jamais été publiées indépendamment, « Les Loyaux Adversaires » et « La Fontaine narrative ». « Les Loyaux Adversaires » est un titre initialement donné à une section de Seuls demeurent puis abandonné. Il regroupe des poèmes brefs, presque tous en vers, écrits pour la plupart au début de la guerre lorsque Char est mobilisé en Alsace. Ce sont des poèmes circonstanciels, d’une écriture plus facile, qui les rapproche du recueil des Matinaux publié en 1948, avec lequel ils partagent les personnages des « vagabonds » et le ton de la chanson enfantine. Placés après Feuillets d’Hypnos, ces poèmes signalent le retour d’une relation plus légère à l’écriture. C’est ce que font de leur côté également les neuf poèmes de la dernière section « La Fontaine narrative ». La libération d’une parole qui a retrouvé la possibilité du souffle et de la fluidité se noue très nettement dans cette dernière section à la parole amoureuse et à la figure d’une femme aimée, Yvonne Zervos.
Le Poème pulvérisé se présente, lui, comme un ensemble de poèmes majoritairement en prose, publié non pas chez Gallimard mais dans la collection « L’Âge d’or » de la revue Fontaine, revue active dans la Résistance, dirigée à Alger par Max-Pol Fouchet. Sur l’un des exemplaires, Char ajoute à chaque poème un commentaire qu’il nomme « arrière-histoire » et qui sera publié en 1953 par Jean Hugues [15] . La guerre est encore présente dans ce recueil où domine l’image de la « catastrophe » pour la désigner, mais on y lit aussi la recherche d’une issue au désastre et d’une relance du mouvement en avant, à partir du constat, propre à la période de l’après-guerre, d’une impossible action dans l’histoire.
Le Poème pulvérisé est en effet emblématique du repositionnement de Char après guerre. De nombreux textes de la même époque, parus dans la presse, et pour certains repris ensuite dans Recherche de la base et du sommet, témoignent chez Char d’une crise de la confiance en l’histoire et d’une distance prise à l’égard des contemporains. Il faut lire à ce propos le quatrième Billet à Francis Curel (1948), la fin de « La Liberté passe en trombe » et la note ajoutée en 1948, « Dominique Corti » (1946), et certains entretiens, en particulier l’entretien avec Pierre Berger de juin 1952 [16] . Le principal objet de la crise est le constat que « le mal » combattu pendant la guerre ne disparaît pas : « Ce qui suscita notre révolte, notre horreur, se trouve à nouveau là, réparti, intact et subordonné, prêt à l’attaque, à la mort » (« Heureuse la magie… [17] »).
Dans ce contexte, Le Poème pulvérisé se situe clairement après l’impératif d’action dans l’histoire. Prenant du recul avec les événements, le poète change l’empan de son regard et fait de la guerre, sur fond de références alchimiques et cabalistiques, un désastre à l’échelle de la Création. La guerre est une césure décisive après laquelle le poète assume la tâche de reconstruire l’espoir mais en dehors de toute référence au temps de l’histoire. Car l’histoire comme conception du temps collectif apparaît dans ces années d’après-guerre aux yeux de Char comme une source d’oppression : son propos, explicitement anti-communiste, dénonce une idéologie qui repousse à un avenir lointain la promesse d’un bonheur dont elle fait un instrument de domination.
Pour autant, Char ne renonce pas à penser, à imaginer, à l’intention de ses contemporains, d’autres formes du devenir, qui leur donnent les moyens de poursuivre le mouvement en avant. Contre l’attente d’un avenir défini, Char défend ce qu’il appelle l’espoir de l’imprévisible, l’espoir que quelque chose d’inattendu surgira, qui renversera l’oppression. Par là il donne toute sa place à un rapport au temps qui apparaissait par intermittence dans Feuillets d’Hypnos. Feuillets d’Hypnos en effet s’employait à maintenir, au cœur même du temps historique et de ses exigences pratiques, une relation à « l’espoir du grand lointain informulé (le vivant inespéré) » (feuillet 174). Ce « grand lointain » n’est pas un utopique avenir harmonieux que viserait l’action dans l’Histoire ; il est hors-Histoire. Il est interruption du temps calendaire, brèche dans la linéarité du temps historique, du temps déterminé et mesuré par l’action collective : « enfonce-toi dans l’inconnu qui creuse. Oblige-toi à tournoyer » (feuillet 212). Ce rapport à un temps autre devient dominant dans les années d’après-guerre, à partir du moment où Char a renoncé à l’idée d’agir dans l’Histoire. Temps de « l’inespéré » ou encore de « l’impossible », il est pendant la période du maquis le signe d’une liberté, que le poème nomme et à l’horizon de laquelle travaille le poète.
Mais surtout, Char donne à l’image de la « pulvérisation », telle qu’elle se lit dans le titre du recueil Le Poème pulvérisé, une vertu tout à fait singulière. La pulvérisation s’oppose à une conception linéaire du temps, collectif aussi bien qu’individuel, qui place la mort ou – ce qui revient au même pour Char – la cité idéale à son terme. Contre ce temps destructeur, le poète oppose la dissémination de la poussière, la pulvérisation, qui est chez lui une spatialisation de la finitude. Cette dispersion dans l’espace ouvre la possibilité de penser un renouveau qui ne nie pas la mort mais s’appuie sur elle. S’opposant à l’optimisme des idéologies de l’histoire, Char défend la nécessité d’intégrer le négatif, le désastre, à la relance du mouvement en avant, d’intégrer « la teinte du caillot » dans « la rougeur de l’aurore » (« Rougeur des matinaux », I).
Le poème n’a plus la même fonction que pendant la guerre : il n’est plus un étai de l’action du résistant. Sans se détourner pour autant du souci de son époque, il se situe à côté, dans une relation de dénonciation et de vigilance, mettant fin par là à la période ouverte par la « Dédicace » de Placard pour un chemin des écoliers où le temps d’un je s’était temporairement associé à celui d’un nous pour agir dans l’histoire.
Textes complémentaires
« Dédicace », Placard pour un chemin des écoliers, G.L.M., 1937 (repris dans Œuvres complètes, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1995, p. 89) :
« Enfants d’Espagne, – ROUGES, oh combien, à embuer pour toujours l’éclat de l’acier qui vous déchiquette ; – À Vous.
Lorsque j’avais votre âge, le marché aux fruits et aux fleurs, l’école buissonnière ne se tenaient pas encore sous l’averse des bombes. Les bourreaux, les candides et les fanatiques se tuaient bien, s’estropiaient bien quelque part entre eux à des frontières de leur choix, mais leur marée meurtrière était une marée qu’un détour permettait d’éviter : elle épargnait notre prairie, notre grenier, nos huttes. C’est dire que les valeurs morales et sentimentales chères aux familles monocordes n’excédaient pas le croissant de nos galoches. Il fallait avant toutes choses assurer l’existence de nos difficiles personnes, entretenir les rouages de l’arc-en-ciel, administrer les parcelles de nos biens si mouvants. Tel objet informe, à la rue, outlaw négligeable, sur nos conseils tenait en échec le Touring Club de France !
Les temps sont changés. De la chair pantelante d’enfants s’entasse dans les tombereaux fétides commis jusqu’ici aux opérations d’équarrissage et de voirie. La fosse commune a été rajeunie. Elle est vaste comme un dortoir, profonde comme un puits. Incomparables bouchers ! Honte ! Honte ! Honte !
Enfants d’Espagne, j’ai formé ce PLACARD alors que les yeux matinals de certains d’entre vous n’avaient encore rien appris des usages de la mort qui se coulait en eux. Pardon de vous le dédier. Avec ma dernière réserve d’espoir.
Mars 1937 »
Billets à Francis Curel I, Recherche de la base et du sommet, Gallimard, 1955 (repris dans Œuvres complètes, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1995, p. 632-633) :
« … Je ne désire pas publier dans une revue les poèmes que je t’envoie. Le recueil d’où ils sont extraits, et auquel en dépit de l’adversité je travaille, pourrait avoir pour titre Seuls demeurent. Mais je te répète qu’ils resteront longtemps inédits, aussi longtemps qu’il ne se sera pas produit quelque chose qui retournera entièrement l’innommable situation dans laquelle nous sommes plongés. Mes raisons me sont dictées en partie par l’assez incroyable et détestable exhibitionnisme dont font preuve depuis le mois de juin 1940 trop d’intellectuels parmi ceux dont le nom jadis était précédé ou suivi d’un prestige bienfaisant, d’une assurance de solidité quand viendrait l’épreuve qu’il n’était pas difficile de prévoir… On peut être un agité, un déprimé ou moralement un instable, et tenir à son honneur ! Faut-il les énumérer ? Ce serait trop pénible.
Après le désastre, je n’ai pas eu le cœur de rentrer à Paris. À peine si je puis m’appliquer ici, dans un lointain que j’ai choisi, mais que je trouve encore trop à proximité des allées et venues des visages résignés à eux-mêmes et aux choses. Certes, il faut écrire des poèmes, tracer avec de l’encre silencieuse la fureur et les sanglots de notre humeur mortelle, mais tout ne doit pas se borner là. Ce serait dérisoirement insuffisant.
Je te recommande la prudence, la distance. Méfie-toi des fourmis satisfaites. Prends garde à ceux qui s’affirment rassurés parce qu’ils pactisent. Ce n’est pas toujours facile d’être intelligent et muet, contenu et révolté. Tu le sais mieux que personne. Regarde, en attendant, tourner les dernières roues sur la Sorgue. Mesure la longueur chantante de leur mousse. Calcule la résistance délabrée de leurs planches. Confie-toi à voix basse aux eaux sauvages que nous aimons. Ainsi tu seras préparé à la brutalité, notre brutalité qui va commencer à s’afficher hardiment. Est-ce la porte de notre fin obscure, demandais-tu ? Non. Nous sommes dans l’inconcevable, mais avec des repères éblouissants. »
Note sur le maquis, Recherche de la base et du sommet, Gallimard, 1955 (repris dans Œuvres complètes, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1995, p. 644-645) :
« Montrer le côté hasardeux de l’entreprise, mais avec un art comme à dessein rétrospectif, dans sa nouveauté tirée de nos poitrines, dans sa vérité ou la sincère approximation de celle-ci. Ce sont les « fautes » de l’ennemi, sa consigne d’humilier avant d’exterminer, qui surtout nous favorisèrent. Sans le travail forcé en Allemagne, les persécutions, la contamination et les crimes, un petit nombre de jeunes gens seulement aurait pris le maquis et les armes. La France de 1940 ne croyait pas, chez elle, ni à la cruauté ni à l’asservissement ; cette France livrée au râteau fantastique de Hitler par la pauvreté d’esprit des uns, la trahison très préparée des autres, la toute-puissante nocivité enfin d’intérêts adversaires. De plus, l’énigme des années 1939-1940 pesait sur son insouciance de la veille comme une chape de plomb.
Dans la rapide succession des espoirs et des déceptions, des soudains en-avant suivis de déprimantes tromperies qui ont jalonné ces quarante dernières années, on peut discerner à bon droit la marque d’une fatalité maligne, la même dont on entrevoit périodiquement l’intervention au cours des tranches excessives de l’Histoire, comme si elle avait pour mission d’interdire tout changement autre que superficiel de la condition profonde des hommes. Mais je dois chasser cette appréhension. L’année qui accourt a devant elle le champ libre…
Contrairement à l’opinion avancée, le courage du désespoir fait peu d’adeptes. Une poignée d’hommes solitaires, jusqu’en 1942, tenta d’engager de près le combat. Le merveilleux est que cette cohorte disparate composée d’enfants trop choyés et mal aguerris, d’individualistes à tout crins, d’ouvriers par tradition soulevés, de croyants généreux, de garçons ayant l’exil du sol natal en horreur, de paysans au patriotisme fort obscur, d’imaginatifs instables, d’aventuriers précoces voisinant avec les vieux chevaux de retour de la Légion étrangère, les leurrés de la guerre d’Espagne ; ce conglomérat fut sur le point de devenir entre les mains d’hommes intelligents et clairvoyants un extraordinaire verger comme la France n’en avait connu que quatre ou cinq fois sur son sol. Mais quelque chose, qui était hostile ou simplement étranger à cette espérance, survint alors et la rejeta dans le néant. Par crainte d’un mal dont les pouvoirs devaient justement s’accroître du temps mort laissé par cet abandon !
Pour élargir, jusqu’à la lumière – qui sera toujours fugitive –, la lueur sous laquelle nous nous agitons, entreprenons, souffrons et subsistons, il faut l’aborder sans préjugés, allégées d’archétypes qui subitement sans qu’on en soit averti, cessent d’avoir cours. Pour obtenir un résultat valable de quelque action que ce soit, il est nécessaire de la dépouiller de ses inquiètes apparences, des sortilèges et des légendes que l’imagination lui accorde déjà avant de l’avoir menée, de concert avec l’esprit et les circonstances, à bonne fin ; de distinguer la vraie de la fausse ouverture par laquelle on va filer vers le futur. L’observer nue et la proue face au temps. L’évidence, qui n’est pas sensation mais regard que nous croisons au passage, s’offre souvent à nous, à demi dissimulée. Nous désignerons la beauté partout où elle aura une chance de survivre à l’espèce d’interim qu’elle paraît assurer au milieu de nos soucis. Faire longuement rêver ceux qui ordinairement n’ont pas de songes, et plonger dans l’actualité ceux dans l’esprit desquels prévalent les jeux perdus du sommeil. »
Éléments de bibliographie
Éditions :
René Char, Fureur et mystère, Paris, Gallimard [1948], « Poésie », 1967
René Char, Œuvres complètes, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de La Pléiade », [1983] 1995
Dans l’atelier du poète, Marie-Claude Char éd., Paris, Gallimard, « Quarto », 1996
Autres ouvrages de René Char :
Recherche de la base et du sommet, Paris, Gallimard [1955, 1965], « Poésie », 1971
Les Matinaux, Paris, Gallimard [1950], « Poésie » (suivi de La Parole en archipel), 1969
Le Soleil des eaux, Paris, Gallimard, 1949, repris dans Trois coups sous les arbres, Gallimard, 1967
Claire. Théâtre de verdure, Paris, Gallimard, 1949, repris dans Trois coups sous les arbres, Gallimard, 1967
Biographies :
Greilsamer, Laurent, L’Éclair au front. La vie de René Char, Paris, Fayard, 2004
Leclair, Danièle, René Char. Là où brûle la poésie, Croissy-Beaubourg, Éditions Aden, 2007
Dictionnaire :
Dictionnaire René Char, D. Leclair et P. Née éd., Paris, Classiques Garnier, 2015
Ouvrages :
Belin, Olivier, René Char et le surréalisme, Paris, Classiques Garnier, 2011
Marty, Éric, René Char, Paris, Seuil, [« Les Contemporains », 1991] « Points Poésie », 2007
Mathieu, Jean-Claude, La Poésie de René Char ou le sel de la splendeur, t. II « Poésie et Résistance », Paris, José Corti, 1985.
Maulpoix, Jean-Michel, Fureur et mystère de René Char, Paris, Gallimard, « Foliothèque », 1996
Michel, Laure, René Char. Le Poème et l’Histoire. 1930-1950, Paris, Honoré Champion, « Littérature de notre siècle », 2007
Morin, Eugénie, René Char : éthique et utopie, Paris, Classiques Garnier, 2012
Mounin, Georges, La Communication poétique, précédé de Avez-vous lu Char ?, Gallimard, [1947] 1969
Née, Patrick, René Char. Une Poétique du Retour, Hermann, 2007
Ville, Isabelle, René Char : une poétique de résistance. Être et faire dans Feuillets d’Hypnos, Presses de l’Université Paris-Sorbonne, « Travaux de stylistique et de linguistique françaises : bibliothèque des styles », 2006
Ouvrages collectifs :
Autour de René Char, Fureur et mystère, Les Matinaux (Actes de la journée René Char du 10 mars 1990), Didier Alexandre éd., Paris, Presses de l’École normale supérieure, 1991
Trois poètes face à la crise de l’histoire : André Breton, Saint-John Perse, René Char (Actes du colloque de l’Université Montpellier III, 22-23 mars 1996), J.-C. Blachère, P. Plouvier, R. Ventresque éd., Paris, L’Harmattan, 1997
René Char 10 ans après (Actes du colloque de l’Université Montpellier III), Paule Plouvier éd., Paris, L’Harmattan, 2000
Série « René Char », D. Leclair, P. Née dir., Paris-Caen, Lettres modernes – Minard, « La Revue des Lettres modernes », trois numéros entre 2005 et 2009
René Char en son siècle (Actes du colloque organisé à la BnF, 13-15 juin 2007), D. Alexandre, M. Murat, M. Collot, M. Murat, P. Née éd., Paris, Classiques Garnier, 2009
Catalogues d’exposition :
René Char. Faire du chemin avec, catalogue de l’exposition de Palais des Papes, Avignon, juillet-septembre 1990, M.-C. Char éd., Flammarion, 1990
René Char, catalogue de l’exposition de la Bibliothèque nationale de France, Antoine Coron éd., Paris, BnF/ Gallimard, 2007
Sélection d’articles et de chapitres d’ouvrages :
Alexandre, Didier, « Asymétries du colt et de la lyre », Trois poètes face à la crise de l’histoire, J.C. Blachère éd., P. Plouvier, R. Ventresque éd., Paris, L’Harmattan, 1997, p. 185-207
Blanchot, Maurice, « René Char et la pensée du neutre », « Parole de fragment », dans L’Entretien infini, Paris, Gallimard, 1969, p. 90-114
Du Bouchet, André, « Fureur et mystère », Les Temps modernes, avril 1949, n° 42, p. 745-748
Dupouy, Christine, « Poésie et politique chez René Char », Trois poètes face à la crise de l’histoire : André Breton, Saint-John Perse, René Char, J.-C. Blachère éd., P. Plouvier, R. Ventresque éd., Paris, L’Harmattan, 1997, p. 139-154
Jarrety, Michel, « Char : une éthique de la rupture », dans La Morale dans l’écriture. Camus, Char, Cioran, Paris, PUF, 1999, p. 64-113
Marchal, Bertrand, « Le tableau pulvérisé : le prisonnier, la lampe, l’ange. René Char et Georges de La Tour », L’Information littéraire, 1989, n°5, p. 14-19
Marchal, Bertrand, « Les Yeux ouverts, les yeux fermés : René Char dans les ‘ténèbres hitlériennes’ », dans Figuring things – Char, Ponge and poetry in the twentieth century, Minahen Charles D. éd., Lexington, Kentucky, French Forum Publishers, 1994, p. 129-139
Marty, Éric, « Feuillet d’Hypnos », Autour de René Char, Fureur et mystère, Les Matinaux, Didier Alexandre éd., Paris, Presses de l’École normale supérieure, 1991, p. 61-69
Marty, Éric, « Feuillet d’Hypnos. Extase, histoire, engagement », René Char en son siècle, D. Alexandre, M. Murat, M. Collot, M. Murat, P. Née dir., Paris, Classiques Garnier, 2009, p. 287-297
Mathieu, Jean-Claude, « L’innommable de l’histoire : l’hypnose et l’inondation, métaphores du nazisme chez Char », Métaphores. Revue du centre d’étude de la métaphore, n°8, « Théorie et pratique de la métaphore », Faculté des lettres et sciences humaines de Nice, décembre 1983, p. 137-145
Maulpoix, Jean-Michel, « Résistance de René Char », René Char en son siècle, D. Alexandre, M. Murat, M. Collot, M. Murat, P. Née dir., Paris, Classiques Garnier, 2009, p. 299-308
Met, Philippe, « Esthétique et pragmatique du carnet : autour des Feuillets d’Hypnos », René Char en son siècle, D. Alexandre, M. Murat, M. Collot, M. Murat, P. Née dir., Paris, Classiques Garnier, 2009, p. 167-180
Michel, Laure, « Politique du poème chez René Char », Poésie et politique au XXe siècle (Actes du colloque de Cerisy, 12-19 juillet 2010), H. Béhar, P. Taminiaux éd., Hermann, 2011, p. 51-68
Michel, Laure, « Sortir de l’Histoire se peut », René Char en son siècle, D. Alexandre, M. Murat, M. Collot, M. Murat, P. Née dir., Paris, Classiques Garnier, 2009, p. 309-320
Née, Patrick, « René Char dans l’arène idéologique de son temps : les utopies sanglantes du XXe siècle », Trois poètes face à la crise de l’histoire : André Breton, Saint-John Perse, René Char, J.-C. Blachère éd., P. Plouvier, R. Ventresque éd., Paris, L’Harmattan, 1997, p. 155-184
Richard, Jean-Pierre, « René Char », dans Onze études sur la poésie moderne, Éditions du Seuil, « Points Essais », 1981, p. 81-127
Notes
- [1]
Le premier texte, « Argument », dans la première section L’Avant-monde est daté de 1938 or d’après les manuscrits conservés, la rédaction des textes ne remonte pas avant 1938. Voir le tableau des manuscrits et variantes établi par Jean-Claude Mathieu en annexe de son ouvrage La Poésie de René Char ou le sel de la splendeur. II. Poésie et résistance, Paris, José Corti, 1985, p. 324-348.
- [2]
« Lettre à Benjamin Péret », datée du 7 décembre 1935, reproduite dans Dans l’atelier du poète, Marie-Claude Char éd., Paris, Gallimard, « Quarto », p. 229.
- [3]
Voir Olivier Belin, René Char et le surréalisme, Paris, Classiques Garnier, 2011 et sa notice « Surréalisme » du Dictionnaire René Char, Paris, Classiques Garnier, 2015.
- [4]
Voir la notice d’Antoine Coron sur la « Guerre d’Espagne » dans le Dictionnaire René Char, op. cit., p. 282-283.
- [5]
Voir les analyses de Jean-Claude Mathieu, La Poésie de René Char, vol. II, op. cit., p. 41-42.
- [6]
Ibid., p. 41.
- [7]
Sur les dates de composition des poèmes, voir Jean-Claude Mathieu, La Poésie de René Char, op. cit., p. 106-114.
- [8]
Lettre inédite du 25 avril 1941 à Gilbert Lely, citée par Jean-Claude Mathieu, op. cit., p. 111.
- [9]
Antoine Coron, notice « Résistance », Dictionnaire René Char, op. cit., p. 474-482.
- [10]
Manuscrit cité par Jean-Claude Mathieu, La Poésie de René Char, op. cit., p. 168.
- [11]
Ce bandeau est repris dans Recherche de la base et du sommet, Œuvres complètes, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1995, p. 653.
- [12]
Premiers mots de la section « Pauvreté et privilège » dans Recherche de la base et du sommet, Œuvres complètes, op. cit., p. 631.
- [13]
Voir à ce sujet la fin du deuxième « Billet à Francis Curel », repris dans Recherche de la base et du sommet.
- [14]
Dans une autre perspective, Éric Marty qualifie d’« engagement extatique » le rapport de Char à la négativité essentielle qui fait irruption pendant la guerre. Voir Éric Marty, L’Engagement extatique. Sur René Char, Houilles, éditions Manucius, 2008.
- [15]
Cette « Arrière-histoire » du Poème pulvérisé est reprise repris dans les Œuvres complètes, « Bibliothèque de la Pléiade », 1995 (et non pas dans première édition de 1983), p. 1291-1297.
- [16]
Texte reproduit dans Dans l’atelier du poète, op. cit., p. 659.
- [17]
Recherche de la base et du sommet, Œuvres complètes, op. cit., p. 652.
Pour citer cet article
Laure Michel, « René Char, Fureurs et mystères : Présentation », SFLGC, Agrégation, publié le 24 février 2018, URL : https://sflgc.org/agregation/michel-laure-rene-char-fureurs-et-mysteres-presentation/, page consultée le 30 Décembre 2024.