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Avec l’époque des Lumières, un nouveau chapitre de l’histoire de la bibliothèque allemande s'amorce. Ce tournant est imputable à la révolution médiatique qui marque cette période. Les progrès techniques entraînent non seulement une multiplication inouïe des livres et des journaux imprimés, mais aussi une meilleure organisation de leur diffusion. L’apogée de la bibliothèque au siècle des Lumières ne repose pas seulement sur le nombre des bibliothèques qui se multiplient telles des champignons en terre allemande, mais surtout sur la différentiation des types de bibliothèques qui voient le jour.
Avant d'examiner leurs apparitions réelles ainsi que leurs représentations dans la littérature allemande, récapitulons rapidement les types de bibliothèques existant avant le XVIIIe siècle et leur système de classification : au Moyen-Âge, il existe des bibliothèques monastiques que l’on ne connaît que trop bien grâce au roman Il nome della rosa (Le Nom de la rose, 1980) d’Umberto Eco. Dans ces bibliothèques gigantesques sont conservées évidemment des œuvres littéraires païennes, mais c'est essentiellement autour de la Bible et des textes Patristiques qu'elles s'organisent. Une telle focalisation de l'archivage de la bibliothèque médiévale sur la Bible repose sur la prémisse que la parole de Dieu contient toute la vérité et tout le savoir possibles. Comme la Bible forme le foyer de la bibliothèque, elle occupe elle-même une place centrale dans le monastère et dans la vie conventuelle. En effet, une des tâches les plus importantes des moines consiste à copier et illustrer la Bible en silence : un tel acte tient de la méditation, voire de la prière. À cet égard, Gottfried de Sainte-Barbe-en-Auge affirme en 1717 « Claustrum sine armario, quasi castrum sine armamentario » ("Un couvent sans bibliothèque ressemble à une forteresse sans salle d’armes"). [1]
L’évolution de la bibliothèque médiévale vers la bibliothèque baroque, propriété princière dans la plupart des cas, s’accomplit sous l’effet d’une modification médiatique fondamentale : l’invention de l’imprimerie. Tandis que la bibliothèque médiévale s’organise autour du savoir biblique et forme un réservoir de manuscrits rares et précieux, les bibliothèques baroques se distinguent par leur richesse quantitative. Au lieu d’être orientées vers un seul centre, ces bibliothèques baroques rassemblent un savoir et des disciplines sécularisées et servent souvent des fins de représentation.
Dans cette bibliothèque règne le principe de la collection et non, comme ce sera le cas plus tard, de la recherche. La définition de la bibliothèque baroque comme "grande collection" et "magasin du savoir" se reflète dans la bataille des livres de Jonathan Swift (1667-1745) qui se déroule à la St. James Library. The Full Account Of The Battle Fought Last Friday Between The Ancient And The Modern Books In St. James’s Library (1697/98) montre en effet des livres répartis dans la bibliothèque entre deux catégories, les anciens et les modernes. Dans ce texte parodique, Swift prend le parti des anciens en défendant son ami Sir William Temple contre les critiques de William Wotton et Richard Bentley. Cette joute verbale est représentée par deux animaux allégoriques : l’abeille, qui symbolise les anciens, se prononce pour une cognition par collation inlassable, et l’araignée, qui représente les modernes et promeut une connaissance par maillage :
So that, in short, the question comes all to this ; whether is the nobler of the two, that which, by a lazy contemplation of four inches round, by an overweening pride, feeding and engendering on itself, turns all into excrement and venom, producing nothing at all but flybane and a cobweb ; or that which, by a universal range, with long search, much study, true judgment and distinction of things, brings home honey and wax. [2]
L’attitude intellectuelle consistant à collectionner les pensées comme des pollens est ici opposée à la cognition « interconnective » qui aboutit à l’organisation du savoir en système. En faisant l'éloge d'une réflexion dynamique, Swift stigmatise ironiquement la pensée systématique contemporaine - celle d'un Descartes ou d'un Leibniz -, qu'il estime rigide, emprisonnée dans une toile d’araignée. La lutte entre les livres anciens et les modernes résulte selon l’auteur du désordre qui règne dans la bibliothèque [3] . La satire de Swift établit donc une connexion entre l’ordre d’une bibliothèque et le - ou les - concept(s) qui sous-tendent le savoir.
Cette interaction entre l’ordre de la bibliothèque et l'idée du savoir prend une dimension singulière chez Leibniz. Selon lui, le savoir peut être rassemblé en quelques « Kern-Bücher » [4] (livres-souches) contenant l'ensemble du savoir d'une époque. Il juge, par conséquent, possible la concentration de toutes les connaissances dans trois ou quatre salles seulement d’une bibliothèque encyclopédique [5] . Précisons qu'en 1691, Leibniz devient le bibliothécaire de la fameuse Bibliotheca Augusta à Wolfenbüttel ; il met au point le classement de la bibliothèque princière, lequel fera, en Allemagne, de nombreux émules. La bibliothèque leibnizienne est en effet organisée en sept branches scientifiques qui correspondent aux sept colonnes de la sagesse du temple de Salomon [6] . Ce « magasin du savoir » est conçu sur le modèle du "cabinet de curiosités" et ressemble à un musée d'objets insolites, qu'ils aient été façonnés par la main de l'homme ou produits par l’histoire naturelle. C’est pourquoi en dernière instance, la bibliothèque baroque n’est pas un lieu propice à la lecture mais bien plutôt à la contemplation. [7]
L’apparition de la bibliothèque universitaire ou la satire du vieil érudit
Ce n’est qu’avec la fondation des universités allemandes qu’un nouveau type de bibliothèque apparaît : la bibliothèque universitaire. La plus importante fut sans conteste celle de Göttingen, fondée en même temps que l’université, en 1737. La bibliothèque universitaire ne se présente plus comme une collection de raretés mais comme base de recherche. Financée par l’État, elle aspire à répondre aux requêtes des lettrés en réalisant d’importants achats. Ayant l’ambition d’abriter toute publication susceptible de faire progresser le savoir, elle dépasse rapidement, en quantité de volumes, toutes les autres bibliothèques allemandes du XVIIIe siècle. Bien qu'acquérant sans cesse de nouveaux ouvrages, les bibliothèques universitaires sont encore considérées aujourd'hui comme une sorte de dépôt de l’érudition universelle. Elles ne se modernisent que très lentement par rapport aux progrès réalisés par la science et gardent longtemps leur structure et leur ordre traditionnels.
Au moment de la naissance de la bibliothèque universitaire, il s’agit avant tout de rassembler toutes les nouveautés scientifiques en un même lieu, afin de répondre à la critique virulente des philosophes des Lumières, lesquels s’opposent à la réduction « pré-scientifique » de la connaissance à quelques textes canoniques alignés sur des étagères. Le même changement, plus modeste cependant, peut être observé dans la bibliothèque des lettrés, où l’attention portée aux auteurs antiques est progressivement supplantée par l’intérêt pour la science moderne.
Gotthold Ephraim Lessing (1729-1781), écrivain et bibliothécaire à Wolfenbüttel - il succéda à Leibniz - fut l'un des premiers penseurs allemands à ironiser sur le type de "l'érudit" coupé du monde et immergé dans les livres, avec le personnage du jeune Damis dans une pièce intitulée Der junge Gelehrte (1747) : « Damis am Tisch unter Büchern » [8] . Cet amas de livres posés sur son bureau nous rappelle la manière médiévale de lire les livres, lesquels étaient enchaînés à la table de travail. On trouve Damis donc « Immer über den verdammten Büchern ! » [9] . L'omniprésence des livres dans l'œuvre, le commerce incessant que le personnage entretient avec eux, sa dépendance affective vis à vis d'eux, stigmatisent sa compréhension littérale et naïve de l’érudition, laquelle ne laisse pas d'étonner les autres personnages : « Du hast tote Bücher genug gelesen; guck einmal in ein lebendiges. » [10] Damis ne quitte en effet son cabinet de travail que pour manger. Même à table, il ne peut s'abstenir de lire. Sa "conversation" avec les auteurs lui tient lieu de tout contact social et remplace toute communication avec autrui. Le monde des livres se referme peu à peu sur le protagoniste qui voue sa vie à l’érudition. Au cas où il lui arriverait de se marier, il souhaite que sa femme elle-même devienne objet d’analyse et figure dans le compendium De bonis Eruditorum uxoribus sinon dans la collection De malis Eruditorum uxoribus. [11]
De la même manière, le protagoniste de la pièce de Ludwig Tieck Der Gelehrte (1827) se nourrit de la présence des livres et puise sa raison de vivre dans sa bibliothèque privée : c'est la seule façon pour lui de ne pas se sentir menacé. Car tout contact avec la vie réelle lui semble suspect. Il est ainsi convaincu que l’air frais met sa santé physique en danger comme le désordre de son cabinet (causé par un visiteur) nuit à son bien-être psychique. Il ne cesse de défendre son isolement contre l'avis de son ami médecin qui lui conseille de s’ouvrir au monde : « An dieser frischen Luft […] sterben alle jetzigen Gelehrten, die sich Erkältung, Schnupfen und endlich den Tod aus ihr holen » [12] . L’érudit ne cesse d'exagérer les dangers liés à la nature et se sent systématiquement menacé par tout changement :
Diese Zimmer, diese Ruhe und Abgeschlossenheit, fuhr der Gelehrte fort, sind mir heilsam. Im Gegentheile, das unbestimmte Freie des Feldes, die weite Luft, das unruhige Wesen in der Natur ängstigt mich und nimmt mir allen Muth. [13]
Son cabinet de travail est son seul refuge : là règne un silence digne d'un couvent au milieu duquel il se sent bien [14] . Conformément à la tradition humaniste, cette bibliothèque privée contient tous les livres classiques de l’Antiquité greco-latine. Lire exclusivement les auteurs classiques signifie ici se plonger dans un passé perdu et lui donner une vie nouvelle en négligeant totalement le présent, c'est-à-dire les auteurs chrétiens et contemporains. En ironisant sur la vie de ce type d'érudit, la nouvelle dénonce le savoir païen comme un savoir mort et poussiéreux et célèbre, par contraste, la foi chrétienne comme un rafraîchissement de l’âme. La rencontre de Damis avec l’Antiquité est une authentique expérience intérieure et se déroule significativement lors de ses lectures. Jusqu’à sa rencontre avec Lenchen, l’érudit s’oppose à l’expérience de la vie naturelle et refuse de jouir de la plénitude du moment présent. Seul, son amour pour Lenchen parvient à lui ouvrir de nouveaux horizons :
So ist Natur Dein eigenes Haus und Zimmer, Dein Buch, Dein Auge, Dein Geist und in Liebe Dir verständlich und nahe. Die Kraft zu lieben, die Gesundheit, sich, das Leben, Freundschaft und Geist zu genießen und zu erwiedern[!], ist der Zauber, der Alles bezwingt. Grübeln, Angst, Zweifel, sind Kinder des Todes und Geschwister des Elendes. [15]
En surmontant son angoisse face à toute expérience autre que la lecture, il acquiert une véritable liberté spirituelle, identifiable à ce plaisir qu'il éprouve au sein de la nature, en compagnie de ses amis et de Lenchen, qui deviendra sa femme. Cette redécouverte de la vie culmine dans une "prière" qui se présente comme un "adieu" à la Grèce : « O du treue, nicht griechische Helena […] Der Himmel wird uns segnen : Amen. » [16]
La critique des érudits atteint son paroxysme dans le roman Die Abderiten (1774-1780) de Christoph Martin Wieland (1733-1813), publié en extraits dans son journal Der Teutsche Merkur. Les Abdérites, un des peuples grecs les plus naïfs selon l’auteur, disposent d'une culture essentiellement orale. Ils n’ont ni imprimeries, ni journaux, ni bibliothèques, ni magazines, ni encyclopédies, ni almanachs. Ils ne disposent donc d'aucun moyen ni d'aucun outil pour devenir philosophes, critiques d’art, écrivains, scientifiques ou "messieurs je-sais-tout" [17] . La double satire porte, d’un côté, contre les faux érudits qui ne puisent leur savoir que dans les encyclopédies et, de l’autre côté, contre les ignorants, identifiés ici aux païens. Vénérant davantage la grenouille, allégorie de la déesse Latona, que la déesse elle-même, les Abdérites sont vite menacés par sa prolifération. Ils se heurtent aussitôt à ce dilemme : comment réduire le nombre des grenouilles sans les tuer, puisque ce sont des animaux sacrés ? Pour tenter de le résoudre, le grand théologien des Abdérites s'engage dans une argumentation compliquée et paradoxale qu’il consigne par écrit dans un livre volumineux. Malgré tous ses efforts, ce n’est pas lui qui trouvera la solution, mais les philosophes d’Abdérite qui mettent un terme au débat agitant les citoyens en prenant deux décisions : tout citoyen devra quitter la ville et céder la place aux grenouilles et le grand livre théologique traitant de la question, qui a peu de chance de trouver des lecteurs, devra être offert à la bibliothèque municipale :
Dort liegt es sicher, und wird unter dem Schutz einer Kruste von fingerdickem Staub ungelesen und wohlbehalten auf die Nachwelt kommen. [18]
Ce livre "écrit pour ne pas être lu" tourne en dérision, on l'aura compris, la bibliothèque envisagée strictement comme mode d'archivage. Telle était la fonction dévolue par Leibniz à la bibliothèque princière dont il avait la charge : « Or comme un Archif de même une Bibliotheque n’est pas pour estre lûe. Car elle doit d'abord servir d’inventaire. » [19] De fait, sa bibliothèque ne comportait pas de salle de lecture. Précisons que la prise en compte des lecteurs par l'architecture ne se fera que bien plus tard avec l’apparition des cercles de lecture.
Les bibliothèques de prêt et les sociétés de lecture
Les premiers cercles de lecture sont fondés en Allemagne au milieu du XVIIIe siècle. Ce sont des associations de personnes privées qui se rassemblent pour acheter collectivement des livres, s’abonner aux journaux et créer un espace de lecture [20] . La conservation des périodiques et des volumes engendre en effet de nombreuses difficultés ; d'où la nécessité de louer une salle pour les membres de ce type d'associations. Simultanément, un nouveau type de bibliothèques se constitue : la bibliothèque des sociétés de lecture (Lesegesellschaften). Outre l’achat des livres et l'établissement d'un système de lecture collective, ces sociétés de lecture se développent en centres socio-culturels. Sans parler de fusion corporatiste, elles témoignent néanmoins d'une véritable unité qui n'est pas d'ordre statutaire, ni confessionnel, ni même professionnel mais est constituée par un intérêt commun pour la lecture [21] . Au sein de ces cercles, toutes les couches sociales se côtoient et se mélangent. Le plaisir de lire et de communiquer, la transmission culturelle fondent la cohésion d'un public appelé à agir à l'instar de la nouvelle bourgeoisie [22] , véhiculant, comme elle, une série de valeurs sociales. La bibliothèque des cercles de lecture est ouverte à tout individu acceptant de participer financièrement à l’achat des volumes qui constituent. À la différence de la bibliothèque universitaire n'ouvrant ses portes qu'à un public choisi et à des horaires parfois contraignants, cette nouvelle bibliothèque possède une évidente dimension démocratique.
Le plus souvent, les journaux, reçus par abonnement - c’est le cas à Göttingen notamment - sont mis à la disposition des professeurs comme des lecteurs sans qualification spécifique dans les grands cercles de lecture comme le Civil Club ou le Musée littéraire puis répertoriés dans la bibliothèque universitaire. Les clubs de Göttingen donc sont liés, dès leur apparition, à la bibliothèque universitaire de la ville.
Un grand nombre de journaux littéraires et scientifiques sont intitulés « Bibliothèque ». À Leipzig, par exemple, paraissent les périodiques Neuer Büchersaal der schönen Wissenschaften und freyen Künste (1745-1750), Bibliothek der schönen Wissenschaften und der freyen Künste (1757-1765) [23] et Die Allgemeine Deutsche Bibliothek (1765-1806), avant tout dédiés aux belles lettres. Les journaux qui seront fondés un peu plus tard à Göttingen : Juristische Bibliothek (1788-1790), Philosophische Bibliothek (1788-91) et Bibliothek der alten Litteratur und Kunst (1786-94) [24] renvoient à différentes branches de l’université comme le droit, la philosophie, les belles lettres, etc. Ces journaux commentent tous les ouvrages qui viennent de paraître et synthétisent les discussions internationales dans chaque champ du savoir. Ces bibliothèques virtuelles ont donc le souci commun de faire le point sur l'ensemble des connaissances contemporaines dans chaque discipline : ce sont, en quelque sorte, des "magasins du savoir".
Cet accès facilité aux journaux, ce médium privilégié des Lumières, recrée une culture de la lecture, qui avait été détruite sous l’impact de la Guerre de Trente ans (1618-1648). Mais surtout, que les périodiques et les calendriers soient publiés en allemand et non plus en latin ou en français, permet aux lecteurs de participer naturellement aux discussions des cercles de lecture. C'est tout un mode de vie qui se développe parallèlement à ce nouveau mode de lecture. À la "ville" comme aux "champs" :
Wie diese mit dem Teewasser eine neue Novelle oder einen Sonettenkranz einschlürfen, so haben diese ihre eigenen Schriftsteller, welche sie beim Biere mit derberem Stoffe bewirten. [25]
En même temps qu’apparaissent les clubs esthétiques, un autre type de bibliothèque apparaît : la bibliothèque de prêt. Les premières bibliothèques de prêt sont fondées à Berlin, en 1749, et à Göttingen, en 1769 [26] . Elles se multiplient rapidement dans toute l’Allemagne ; en 1800 presque chaque ville allemande peut se vanter de posséder une ou plusieurs bibliothèques de prêt.
Les membres des cercles de lecture ont les mêmes goûts, les mêmes passions littéraires que les lecteurs des bibliothèques de prêt : aux recherches scientifiques ils préfèrent les romans et, plus particulièrement, les romans historiques, les intrigues politiques, les descriptions géographiques, les récits de voyage, les biographies [27] . Les deux institutions proposent souvent, par conséquent, le même choix d'ouvrages à leurs lecteurs.
Dans un club littéraire, un roman ou une tragédie sont souvent lus à haute voix durant plusieurs sessions. Bien que la lecture commune s’effectue plus lentement que la lecture privée, ces deux modes se rejoignent dans la signification, l'importance accordée à la lecture. « Lesewut » (la fringale de lectures) ou « Lesesucht » (la manie de lire) sont des expressions récurrentes dans la bouche ou sous la plume des contemporains pour désigner le changement du mode de lecture dans la société allemande du XVIIIe siècle. Rolf Engelsing souligne ainsi le passage d’une lecture « intensive » et répétitive d’un canon de livres dont le plus important était la Bible, à une lecture « extensive » et fugitive d'une quantité étonnante de livres, de romans et d'ouvrages scientifiques pour l'essentiel [28] . Que l’on adopte ou non la terminologie de Rolf Engelsing, on constate effectivement une « révolution de la lecture » dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, laquelle s’opère par le développement des bibliothèques universitaires et des bibliothèques de prêt entraînant un changement tant quantitatif que qualitatif de la lecture. [29]
Les bibliothèques de prêt et celles des sociétés de lecture [30] dynamisent ainsi le marché littéraire et améliorent la diffusion des livres à partir du milieu du XVIIIe siècle. Ces deux types de bibliothèques, favorisant le brassage de toutes les couches sociales, sont comparables aux circulating libraries en Angleterre [31] . « Die Leihbibliotheken studiere, wer den Geist des Volks kennenlernen will. » [32] : tel est le conseil prodigué par un bibliothécaire à un écrivain dans la nouvelle Die Bücher und die Lesewelt (1828) de Wilhelm Hauff. Certains volumes sont encore blancs comme neige, comme ceux de la poésie rythmée par exemple : ils n’ont pas été souillés par les mains des lecteurs, alors que d'autres tombent en morceaux, comme les romans de Walter Scott. Les goûts du public sont aisés à repérer. Le bibliothécaire délivre non seulement des informations de première importance sur les préférences du public mais aussi sur la manière dont ces volumes sont lus ; certains, par exemple, ne sont lus que la nuit et servent d’antidote à l’insomnie:
die Augen jagen über die Zeilen hin, die Blätter fliegen, und solch ein rechter Nachtleser reitet einen Teil ohne Mühe in zwei Stunden hinaus. Gewöhnlich ist der Schluß der ersten Teile eingerichtet, wie die Schlußszenen der ersten Akte in einem Drama. Der Zuschauer muß in peinlicher Spannung auf den nächsten Akt lauern. Unzufrieden, daß man nicht auch den zweiten Teil gleich zur Hand hat, und dennoch angenehm unterhalten, schläft man ein; den nächsten Morgen aber fällt der erste Blick auf das gelesene Buch, man ist begierig, wie es dem Helden […] weiter ergehen werde. [33]
L’enthousiasme, voire l’extase dans laquelle la lecture plonge certains lecteurs leur fait attendre l’arrivée du bibliothécaire à la bibliothèque de prêt dès l'aube pour prolonger leur plaisir jusqu’à la nuit suivante. Si un écrivain désire connaître les goûts littéraires des lecteurs, il n’a qu’à s’asseoir tôt le matin en salle de lecture et écouter leurs demandes.
La passion de la lecture, devenue une vraie drogue, est raillée cruellement dans Anton Reiser (1785-1790) de Karl Philipp Moritz (1756-1794) : l'(anti)-héros succombe à une fringale de livres, car, en lisant, il a l'impression d'échapper à la réalité qu'il juge décevante et menaçante. Il souffre jusqu'au fond de son âme de ne pouvoir développer ses capacités intellectuelles à cause de sa pauvreté. C’est pourquoi il s'applique à anesthésier son intelligence en s'absorbant dans une lecture continuelle et en s'abandonnant aux chimères qu'elle charrie :
Er ging zu einem Antiquarius und holte sich einen Roman, eine Komödie nach der andern und fing nun mit einer Art von Wut an zu lesen. – Alles Geld, was er sich vom Munde absparen konnte, wandte er an, um Bücher zum Lesen dafür zu leihen; und da nach einiger Zeit der Antiquarius ihn kennen lernte und ihm ohne jedesmalige bare Bezahlung Bücher zum Lesen liehe, so hatte sich Reiser, ehe er es merkte, tief in Schulden hineingelesen. [34]
Sa culture, superficielle, l’empêche de garder une juste distance avec les textes qu'il lit et il consent volontiers à se perdre au royaume des mots. Il ne vit pas, il rêve. Et quand il rêve, il croit être dans la réalité.
Au début, Reiser essaie de former (bilden) son esprit dans la bibliothèque mythique d’un vieil ami. Ses lectures incessantes le rendent bientôt inapte à se mêler à ses amis pour s’amuser avec eux dans la joie et la simplicité [35] . S'incorporant, en quelque sorte, la dimension religieuse de la bibliothèque, il finit par vivre en ascète, se négligeant physiquement et psychiquement et se diluant dans une vie oisive. De manière symptomatique, sa façon de vivre et sa manière de parler [36] se modifient au fil de ses expériences textuelles. En bref, Anton Reiser manque d'esprit critique. Il est incapable de resituer les livres qu'il dévore dans leurs contextes cognitifs : c'est un bibliophage et non point un savant. Il est comme frappé de cécité face à la science : ainsi, lorsque l'occasion lui est donnée de profiter des réserves de la bibliothèque universitaire de Göttingen [37] , il relit le roman de Johann Martin Miller, Siegwart. Eine Klostergeschichte (1776), au lieu d'explorer les fonds extrêmement riches de la bibliothèque universitaire. Anton Reiser commet une double erreur : il lit sans discernement et utilise la bibliothèque à mauvais escient. Anton Reiser se lit donc non seulement comme un anti-Bildungsroman, mais aussi comme une pathogenèse de la lecture ou, si l'on préfère, comme une histoire du mauvais usage des bibliothèques et enfin, par la « confrontation » perpétuelle de son protagoniste avec les richesses de la bibliothèque universitaire, comme une critique virulente de toute bibliothèque se limitant à un ou deux domaines, comme il en est de la bibliothèque de prêt jugée restrictive.
L’absence de la bibliothèque dans le « Bildungsroman »
Dans le Bildungsroman, la bibliothèque ne se présente ni comme une occasion de débauche intellectuelle, ni comme un magasin du savoir. Bien au contraire, elle favorise l’éducation libre que ne détermine aucune lecture en particulier. Même si l'on est en droit d'attendre de la bibliothèque et de la lecture qu’elles jouent un rôle fondamental dans le roman d'éducation, force est de constater qu'elles n'y jouent pas un rôle majeur. Dans les deux romans d’éducation Wilhelm Meisters Lehrjahre (1794-96) de Goethe et Geschichte des Agathon (1766-67) de Christoph Martin Wieland, c'est en se coltinant à la réalité que les personnages doivent mûrir. L'éducation des protagonistes est accomplie quand ils ont trouvé leur stabilité interne et leur place dans la vie et dans la société. La route empruntée, par exemple, par Wilhelm Meister est large et semée de surprises. Son amour pour le théâtre lui fait d'abord suivre une troupe d'acteurs jusqu’à ce qu’il découvre les attraits de la vie paisible que mènent ses amis intellectuels.
La bibliothèque ne joue pas un grand rôle dans le roman. Quand Goethe se réfère au monde des livres, c’est pour constater que le personnage de Wilhelm Meister accorde sa préférence aux théoriciens : « Er hatte in der völligen Überzeugung von der Notwendigkeit solcher Werke, viele davon angeschafft, und mit dem besten Willen in keines auch nur bis in die Hälfte sich hineinlesen können. » [38] Thérèse, le personnage le plus réaliste de son cercle d’amis, stigmatise à elle seule l’attitude qui consiste à chercher refuge dans la lecture et dans le monde des livres. Une telle passion éloigne l’homme, comme elle le souligne, de l'authentique expérience de la vie et l'empêche, paradoxalement, de se former :
Wem die Welt nicht unmittelbar eröffnet, was sie für ein Verhältnis zu ihm hat, wem sein Herz nicht sagt, was er sich und andern schuldig ist, der wird es wohl schwerlich aus Büchern erfahren, die eigentlich nur geschickt sind, unsern Irrtümern Namen zu geben. [39]
Le but de l'éducation et de la formation est le développement de la raison mais, surtout, l’accomplissement de l’esprit, de l’âme et du cœur. À cet égard, Thérèse dénonce le caractère superficiel et arbitraire de sa bibliothèque.
Quand la bibliothèque et le livre ne jouent qu’un rôle marginal dans le Wilhelm Meister et que le caractère du protagoniste se développe non par la manifestation de sa volonté mais plutôt en réaction aux événements de la vie, Heinrich d’Ofterdingen de Novalis se présente comme l'exploration d'un livre magique.
La bibliothèque virtuelle
Le monde du livre, ou plus justement, un livre singulier indique dans une prolepse les événements clés de la vie du protagoniste. Lors d’une visite chez un ermite, Heinrich consulte en effet sa bibliothèque, riche en volumes sur l’histoire antique et en anthologies diverses. Il se sent immédiatement attiré par un livre illustré écrit en provençal. Bien qu’il ne comprenne pas un traître mot du texte, il s'abîme dans la « lecture » et s’absorbe dans la contemplation des images. Il a soudain l’impression de se reconnaître dans les figures esquissées sur les planches et voit sa destinée se dérouler au fil des pages jusqu'à ce qu'il devienne un véritable écrivain. Plus il avance, cependant, plus les images s’obscurcissent et deviennent impossibles à décrypter ; la fin du livre et, simultanément, de sa vie lui est donc dérobée. « Heinrich war sehr bekümmert und wünschte sich nichts sehnlicher, als das Buch lesen zu können, und vollständig zu besitzen. » [40] En refermant le livre et en quittant l’ermite, il s'applique à « réécrire » l’histoire du livre magique en vivant sa vie : il rencontre tous les personnages annoncés et suit ainsi la voie que le livre magique lui a tracée. Quand l’homme médiéval lit dans le liber naturalis et y découvre la création et la volonté de Dieu [41] , Heinrich, au contraire, attend que le mot et l’image s'incarnent dans la nature. D'où cette allusion à l’Évangile de saint Jean : « Le Verbe s’est fait chair et s’est abrité en nous » [42] , qui annonce une deuxième naissance, non pas dans le registre religieux, mais esthétique . C'est la « naissance » du poète Heinrich qui nous est ici annoncée. Cette incarnation prend donc, en l'occurrence, la forme d’une langue universelle, compréhensible à différents niveaux : esthétique, émotionnel et sensoriel plus que rationnel.
Si le livre magique de Novalis fait encore allusion à la Bible comme univers livresque, le topos du livre universel est différemment décliné dans la nouvelle Die Brautwahl de Ludwig Tieck (1773-1853) car il est entièrement détaché du contexte religieux. L’univers comprimé en un livre unique coïncide avec l’utopie romantique d’une bibliothèque inépuisable et idéale. Dans cette nouvelle, le personnage du secrétaire de la chancellerie privée aimerait convoler en justes noces avec une certaine Mademoiselle Albertine Voßwinkel. Mais au moment, décisif, où il lui faut choisir, lors d'une sorte de rite initiatique, un coffret parmi trois, il trouve à la place du portrait d'Albertine du papier relié [43] . D’abord déçu, il se console très vite. Car, ainsi que le maître de cérémonie le lui explique :
Mittels des Buchs, das Ihr in dem Kästchen gefunden, habt Ihr die reichste, vollständigste Bibliothek erlangt, die jemals einer besessen, und die Ihr noch dazu beständig bei Euch tragen könnt. Denn habt Ihr dieses merkwürdige Buch in der Tasche, so wird es, zieht Ihr es hervor, jedesmal das Werk sein, das Ihr eben zu lesen wünscht. [44]
Ce "livre" ultime renvoie à une unité divisée et fragmentée et reflète idéalement la pensée romantique qui consiste en une multiplicité de perspectives. Bien que cette bibliothèque soit d'une grande richesse, elle demeure néanmoins limitée, dans la mesure où le secrétaire ne peut avoir accès qu’à un seul livre à la fois.
En récapitulant l'organisation des bibliothèques dans l'Allemagne du XVIIIe siècle et leurs représentations dans la littérature, on constate que la bibliothèque universitaire imaginée au siècle des Lumières sert de pendant positif à une bibliothèque proto-scientifique, souvent critiquée comme source de fausse érudition. Les bibliothèques de prêt et les bibliothèques des cercles de lecture engendrent, quant à elles, une lecture compulsive concurrençant la vie réelle. Enfin, on a vu que la bibliothèque est quasi inexistante dans le Bildungsroman, afin de ne pas retarder la formation de l’individu par une lecture, présentée comme une expérience « sèche ou indirecte ». Si la bibliothèque tient parfois de la prison et peut constituer un lieu menaçant pour l’individu, la « bibliothèque » romantique de Tieck est au contraire une source constante de bonheur. En transcendant le temps et l’espace, elle favorise la communication avec l'Esprit universel ou, si l'on préfère, "les plus grands esprits" :
Ebenso dankte der Geheime Kanzlei=Sekretär dem Kommissionsrat unter vielen Tränen der innigsten Rührung, daß er ihn durch das seltenste aller Bücher, welches er ihm aus seiner Bibliothek verehrt habe, zum glücklichsten aller Menschen gemacht. [45]
Notes
- [1]
Thesaurus novus anecdotorum, prodit… studio & operâ Domni Edmundi Martène & Domni Ursini Durand, Lutetiae Parisiorum. 1717. Sp. 511. Cité par G. Schmidt in « Waffenlärm und Grabesstille. Buch und Bibliothek im Spiegel der Metapher », Philobiblon 34, 1990, p. 4.
- [2]
J. Swift, A Full And True Account Of The Battle Fought Last Friday Between The Ancient And The Modern Books In Saint Jame’s Library, in The Tale Of A Tube and Other Works. English Library vol. XI. Berlin, Internationale Bibliothek, 1922, p. 167.
- [3]
Cf. J. Swift, op. cit., p. 162.
- [4]
Maßen bisher fast allein auf das Corpus Historicum gesehen worden, da doch bei einer Vollständigen Fürstl. Bibliothec nöthig, von allen Materien die Kern-Bücher zu haben. G. W. Leibniz, Sämtliche Schriften und Briefe. Allgemeiner politischer und historischer Briefwechsel, Leipzig, Koehler, 1938, I,3, p. 16.
- [5]
G. W. Leibniz, Einrichtung einer Bibliothek. November 1680, in Sämtliche Schriften und Briefe. Politische Schriften, Bd. IV, 3. Berlin, Akademischer Verlag, 1986, Nr. 30., p. 350. « Une Bibliotheque doit estre un inventaire general, un soulagement de la memoire, un Archif imprimé, un raccourci des plus belles pensées des plus grands hommes […] Mon dessein dans l’amas d’une Bibliothèque seroit de donner une encyclopedie, ou science universelle enfermée en trois ou quatre chambres, dans laquelle on peut tout avoir qui fut d’usage; et trouver en un besoin des instructions sur toutes les matieres utiles imaginables. »
- [6]
Cf. U. Jochum, Die Bibliothek als “locus communis”, in Deutsche Vierteljahrsschrift für Literaturwissenschaft und Geistesgeschichte. Sonderband 72, 1992, p. 16-17.
- [7]
Leibniz s’est efforcé d’agrandir la bibliothèque et de l’approvisionner en volumes qu’il juge indispensables. Cf. G. W. Leibniz, op. cit., Bd. IV,3. Nr. 30. p. 353.
- [8]
Cf. G. E. Lessing, Der junge Gelehrte, in Lessings Werke. Bd. I. Frankfurt am Main, Insel, 1967. p. 51.
- [9]
Ibidem, p. 55.
- [10]
Ibidem, p. 56.
- [11]
Ibidem, p. 94.
- [12]
L. Tieck, Der Gelehrte, in Ludwig Tieck’s gesammelte Novellen. Vollst. aufs Neue durchgesehene Ausgabe. Bd. 6. Berlin, de Gruyter, 1853. p. 17.
- [13]
Ibidem, p. 16.
- [14]
Ibidem, p. 11-12.
- [15]
- [16]
Ibidem, p. 42.
- [17]
- [18]
C. M. Wieland, Geschichte der Abderiten, in Martin Wieland, Sämtliche Werke Bd. VI. Hamburg, Hamburger Stiftung zur Förderung von Wissenschaft und Kultur, 1984, p. 274.
- [19]
G. W. Leibniz, op. cit., Nr. 30, p. 353.
- [20]
Cf. O. Dann, Die deutsche Aufklärungsgesellschaft und ihre Lektüre. Bibliotheken in den Lesegesellschaften des 18. Jahrhunderts, in Buch und Sammler. Private und öffentliche Bibliotheken im 18. Jahrhundert. Bd. 3. Heidelberg, Winter, 1979, p. 189.
- [21]
Ibidem, p. 191.
- [22]
Cf. R. Engelsing, Analphabetentum und Lektüre. Zur Sozialgeschichte des Lesens in Deutschland zwischen feudaler und industrieller Gesellschaft. Stuttgart, Metzler, 1973. p. 56-65.
- [23]
Ce journal est continué sous le nom Neue Bibliothek der schönen Wissenschaften und freyen Künste (1765-1806).
- [24]
Cf. Neue orientalische und exegetische Bibliothek (1786-1793) et Bibliothek für Officiere (1785).
- [25]
W. Hauff, Der Ästhetische Klub, in Sämtliche Werke. Bd. 3. München, Winkler, 1970, p. 97.
- [26]
Cf. A. Martino, Die deutsche Leihbibliothek und ihr Publikum in Literatur in der sozialen Bewegung: Aufsätze und Forschungsberichte zum 19. Jh. Tübingen, Niemeyer, 1977, p. 4.
- [27]
Ibidem, p. 196.
- [28]
Cf. R. Engelsing, Die Perioden der Lesergeschichte in der Neuzeit, in Archiv für Geschichte und Buchwesen. 10, 1970, p. 945-1002.
- [29]
Cf. R. Wittmann, Gibt es eine Leserevolution am Ende des 18. Jahrhunderts? in R. Chartier et G. Cavallo (éd.), Die Welt des Lesens. Von der Schriftrolle zum Bildschirm, Frankfurt, New York, Campus-Verlag, 1999, p. 453.
- [30]
Cf. G. Jäger und J. Schönert, Die Leihbibliothek als literarische Institution im 18. und 19. Jahrhundert. – ein Problemaufriß, in: Die Leihbibliothek als Institution des literarischen Lebens im 18. und 19. Jahrhundert. Organisationsform, Bestände und Publikum. (= Wolfenbütteler Schriften zur Geschichte des Buchwesens. Bd. 3) Hamburg, Hauswedell, 1980, p. 10.
- [31]
Cf. A. Martino, op. cit., p. 15.
- [32]
Ibidem, p. 58.
- [33]
W. Hauff, Die Bücher und die Lesewelt, in W. Hauff, Sämtliche Werke, Bd. 3., München, Winkler, 1970. p. 57.
- [34]
K. P. Moritz, Anton Reiser. Ein psychologischer Roman, München, 1993, p. 193-194.
- [35]
Ibidem, p. 50.
- [36]
Ibidem, p. 112.
- [37]
- [38]
J. W. von Goethe, Wilhelm Meisters Lehrjahre. 8. Buch, 4. Kap. Hamburger Ausgabe in 14. Bd. Bd. 7. München, Beck, 1998, p. 37.
- [39]
Ibidem, p. 460.
- [40]
Ibidem, p. 265.
- [41]
Sur la tension et l’interaction entre le libre supernaturalis, à savoir la Bible, et le libre naturalis, et sur les interprétations changeantes du libre naturalis comme « parole » de Dieu et version sécularisée, cf. L. Danneberg, Die Anatomie des Text-Körpers und Natur-Körpers. Das Lesen im liber naturalis und supernaturalis, Säkularisierung in den Wissenschaften seit der Frühen Neuzeit. Bd. 3. Berlin, New York, de Gruyter, 2003. Surtout p. 226-260.
- [42]
Voir La Bible. Nouveau Testament. Évangile de Jean I,14. Bibliothèque de la Pléiade. Paris, 1971. P. 272.
- [43]
Cf. E. T. A. Hoffmann. Die Brautwahl. Die Serapionsbrüder III. in Ders.: Sämtliche Werke. Bd. 7. Historisch kritische Ausgabe. München und Leipzig, G. Müller, 1914. p. 99.
- [44]
- [45]
Ibidem, p. 104.
Biographie de l'auteur
Margrit VOGT
Doctorante à l’Université de Humbolt-Berlin. Sa thèse dirigée par E. Osterkamp porte le titre : « Mots et valeurs d’art : la critique d’art en Allemagne dans les périodiques du XVIIIe siècle ».