Agrégation

Fontane : Effi Briest

ARTICLE

ÉDITIONS :

Edition de référence : Theodor Fontane, Effi Briest [1895], Robert Laffont, Bouquins, traduction de P. Villain.

La meilleure édition allemande est celle de la Große Brandenburger Ausgabe  (Theodor Fontane, Das erzählerische Werk): Effi Briest, édition de Christine Hehl, Aufbau Verlag, Berlin 1998.

POINT DE DÉPART :

L’essai de Thomas Mann, « Der alte Fontane » (in : T. M., Gesammelte Werke, Tome 1, Fischer Verlag, Francfort 1974, p.9-34; une traduction - « Le vieux Fontane » - se trouve après la préface de Claude David dans l’édition « Bouquins » des Œuvres de Fontane). Cet essai, écrit en 1910 par un auteur de 35 ans, pose la question fondamentale pour toute réflexion sur Fontane romancier : comment se fait-il que le talent ou le génie du romancier n’éclate que vers l’âge de 67 ans ? Marc Thuret, dans son excellent  article « Fontane en France et en français » (p. 263-264, voir plus bas : « Orientations »), regrette, à mon sens à tort, la résonance de cet essai.

ORIENTATIONS :

En langue française, l’ouvrage de base est : Theodor Fontane (1819-1898), un promeneur dans le siècle, études publiées sous la direction de Marc Thuret, PIA, Asnières 1999. On y trouvera une présentation très compétente et variée des avatars biographiques, de l’œuvre romanesque et de la réception de celle-ci en France (à noter l’article de M. Thuret évoqué ci-dessus).

En allemand, il faut retenir l’indispensable Fontane-Handbuch, édité par Christian Grawe et Helmuth Nürnberger (Kröner Verlag, Stuttgart 2000) : plus de mille pages consacrées à l’homme dans son siècle, au contexte culturel, à l’œuvre dans son intégralité (journalisme, critique, histoire, voyages et pérégrinations, poèmes et ballades, romans, écrits autobiographiques) et à la réception en Allemagne comme à l’étranger.

Une immense bibliographie, d’une utilité exemplaire, a paru récemment : Wolfgang Rasch, Theodor Fontane Bibliographie. Werk und Forschung, 3 tomes, Walter de Gruyter, Berlin/New York, 2006. Le Fontane Lexikon. Namen-Stoffe- Zeitgeschichte, dû à Helmuth Nürnberger et Dietmar Storch (Hanser Verlag, Munich 2007), fournira à peu près tous les renseignements requis.

BIOGRAPHIES :

On conseillera surtout Edda Ziegler/ Gottfried Erler, Theodor Fontane, Lebensraum und Phantasiewelt, Aufbau Verlag, Berlin 1996, et Helmuth Nürnberger, Fontanes Welt, Siedler Verlag, Berlin 1997.

LECTURES COMPLÉMENTAIRES :

Vu la ou plutôt les thématiques d’Effi Briest, il serait prudent de connaître deux romans antérieurs de Fontane, tous deux assez courts.

Le premier, d’une qualité littéraire douteuse (mais riche sur le plan de l’intégration des autres arts dans l’action romanesque), est pour ainsi dire une œuvre de jeunesse, l’auteur n’ayant que 62 ans au moment de sa parution : L’Adultera.

Le second est son premier chef d’œuvre : Irrungen, Wirrungen, traduit alternativement sous le titre Dédales ou Errements et tourments ; le mot « tourments » n’a bien entendu rien à voir avec la tonalité propre à Fontane. Tout en évitant la moindre notion d’ « influence » (il n’y en a guère au sens propre), on se rappellera qu’un auteur de langue allemande ne saurait, au XIXe siècle, ignorer ou oublier les Affinités électives de Goethe dès qu’il se propose d’aborder le sujet de l’adultère. Quant à la Prusse, c’est, comme dirait Briest, toute une histoire ; on ne comprendra pas le roman sans la connaître un peu. La relecture de Kleist aidera ; Prinz Friedrich von Homburg et Die Marquise von O… sont bien connus en France, et poseront quelques bases essentielles. Bismarck, dont Fontane se méfiait quand il ne l’admirait pas, est présent dans le roman, mais son rôle est bien moindre que celui, le plus souvent implicite, de Frédéric II. Le meilleur portrait psychologique que l’on ait jamais dressé de lui (et partant, de la province qu’il transforma en grande puissance) est dû à Thomas Mann. « Friedrich und die große Koalition »  (in : Gesammelte Werke, tome 10, p.76-135) a paru en 1915, au moment où le nationalisme exacerbé de l’auteur atteignait son paroxysme. Peu importe ; certaines déclarations odieuses ne cacheront pas la perspicacité extrême de l’analyse.

Pour une présentation plus globale, voir l’ouvrage de l’historien australien Christopher Clark, professeur à Cambridge (Iron Kingdom. The Rise and Fall of Prussia 1600-1947: Penguin Group, Londres 2006) ; la traduction allemande (Preußen. Aufstieg und Niedergang 1600-1947 , DVA, Munich 2007) a rencontré un vif succès auprès du public et aussi auprès des spécialistes.

Puisque Zola figure également au programme, on signalera les notes (une quinzaine de pages) que Fontane consacra à la Fortune des Rougon et à la Conquête de Plassans en vue d’un essai qu’il n’écrivit jamais ; elles sont passionnantes, surtout lorsqu’elles métamorphosent l’action zolienne en un roman de Fontane. Voir Pierre Bange, « Fontane et le naturalisme. Une critique inédite des Rougon-Marquart », in : Études germaniques 19 (1964), p. 142-164 ; en complément : Yves Chevrel, « Fontane lecteur de Zola », in : Jean Bessière, éd., Lectures, systèmes de lecture, PUF, Paris 1985.

On consultera également « Die Decadence ist da. » Theodor Fontane und die Literatur der Jahrhundertwende, Gabriele Radecke, éd., Königshausen und Neumann, Würzburg 2002.

Pour conclure, il faudra souligner l’intérêt de la critique pour la présence explicite ou implicite des arts plastiques dans l’œuvre de Fontane ; le catalogue de l’exposition Fontane und die bildende Kunst  (Henschel Verlag, Berlin 1998) est excellent, et suggère des liens intéressants avec notre roman.

COLLOQUES :

On retiendra surtout les deux principaux colloques du centenaire de la mort de l’auteur. Il s’agit de : Theodor Fontane. Am Ende des Jahrhunderts, colloque de Potsdam, 3 tomes, sous la direction de Hanna Delf von Wolzogen avec le concours de Helmuth Nürnberger, Würzburg 2000 ; et de : Theodor Fontane and the European Context. Literature, Culture and Society in Prussia and Europe, colloque de l’université de Londres sous la direction de Patricia Howe et Helen Chambers, Rodopi, Amsterdam 2001.

On ferait bien de feuilleter les nombreux articles touchant de près ou de loin les questions de la langue, du style et de la conversation chez Fontane, même s’ils ne portent pas directement sur Effi Briest. Fontane n’est pas le plus grand prosateur de la langue allemande du XIXe siècle, loin de là ; mais il est peut-être le plus intraduisible, chose qu’il faudra rappeler constamment aux candidats, qui risquent de ne pas entendre, au sens propre, ce qui chez Fontane est sans doute l’essentiel.

Quant aux articles portant directement sur notre roman, signalons, dans les actes de Potsdam :

* Waltraud Wende, « Es gibt viele leben, die keine sind… Effi Briest und Baron von Instetten im Spannungsfeld zwischen gesellschaftlichen Verhaltensmaximen und privatem Glücksanapruch », tome 2, p. 147-160 ;

*Helmut Schmiedt, « Die Ehe im historischen Kontext. Zur Erzählweise in Effi Briest », tome 2, p. 201-208 ;

* Erzsébet Szabó , « Vergessen Sie das Geschehene, vergessen Sie mich. Die Unlöschbarkeit der Zeichen in Fontanes Effi Briest“, tome 3, p.57-64;

* Michael Andermatt, „Es rauscht und rauscht immer, aber es ist kein richtiges Leben. Zur Topographie des Fremden in Fontanes Effi Briest“, tome 3, p. 189-199 ;

dans les actes du colloque de Londres :

*Barbara Everett, „Night Air. Effi Briest and other Novels by Fontane“, p.85-94 ;

*Inga-Stina Ewbank, „Hedda Gabler, Effi Briest and the “Ibsen-Effect””, p.95-104 ;

*Barbara Hardy, “Tellers and Listeners in Effi Briest”, p. 119-135 ;

*Teresa Martins de Oliveira, Fontane’s Effi Briest and Eca de Queiró’s O Primo Bazílo: Two Novels in the Context of European Realism”, p. 207-215.

Un autre colloque explore la réception la plus importante pour les lettres allemandes: Theodor Fontane und Thomas Mann, sous la direction d’Eckhard Heftrich et al., Vittorio Klostermann, Francfort 1998.

QUELQUES ÉTUDES :  

*Renate Böschenstein, Verborgene Facetten. Studien zu Fontane, Königshausen und Neumann, Würzburg 2006 (voir entre autres: „ Zur Funktion des Klischees in Fontanes Sprache, am Beispiel von Effi Briest“, p. 64-84 ;

*Judith Ryan, „The Chinese Ghost. Colonialism and Subaltern Speech in Fontane’s Effi Briest“, in: History and Literature. Essays in Honor of Karl S. Guthke, sous la direction de William Collins Donahue et Scott Denham, Stauffenberg Verlag, Tübingen 2000, p. 367-384 ;

*Christian Grawe, Theodor Fontane, Effi Briest, Francfort 1998 ;

*Christine Hehle, “Ich stehe und falle mit Gieshübler. Die Verführung der Effi Briest”, in: Theodorus Victor. Theodor Fontane, der Schriftsteller des 19. am Ende des 20. Jahrhunderts, sous la direction de R. Berbig, Francfort 1999, p.137-162.

Cette liste est tout sauf exhaustive.