soutenance

(soutenance, 12/12) Lucie Lagardère : « Écritures de crises, poétiques du devenir : imaginer l’histoire par la littérature dans les proses romantiques de Foscolo, Chateaubriand et Coleridge (1789-1815) »
: 12/12/2014
Lucie Lagardère soutiendra le 12 décembre 2014 une thèse de doctorat en Littérature générale et comparée intitulée
« Écritures de crises, poétiques du devenir : imaginer l’histoire par la littérature dans les proses romantiques de Foscolo, Chateaubriand et Coleridge (1789-1815) »
préparée sous la direction de Mme Françoise Lavocat et la co-direction de M. Éric Dayre.

Le jury sera composé de Mme Paule Petitier, Mme Fiona McIntosh-Varjabédan, M. Christian Del Vento, M. Jean-Marie Roulin.

La soutenance aura lieu à 14h à l’Université Paris Diderot-Paris 7 dans la salle Pierre Albouy (Grands Moulins, Bâtiment C, 6e étage, 16, rue Marguerite Duras 75013 Paris).

Cette thèse s’empare de la question des formes littéraires de l’histoire entre 1789 et 1815 pour en examiner les façons dont elles écrivent le devenir historique, à un moment où l’Europe révolutionnaire et post-révolutionnaire enchaîne crises politiques, sociales et économiques. L’analyse contextuelle, générique et poétique des œuvres de Foscolo, Chateaubriand et Coleridge révèle un travail de la rupture, de l’hybridation, de la pluralité et de la fragmentation qui affecte autant les formes en prose que le sujet représenté. Signe de l’historicité particulière à cette période, les déstabilisations poétiques et politiques démontrent une expérience critique du temps et de l’histoire. Par ailleurs, contrairement au modèle historiographique qui s’imposera très progressivement à partir de la seconde moitié du xixe siècle, les œuvres étudiées ne s’inscrivent pas dans un genre narratif stable et clairement repérable : elles empruntent les voies de la poétisation, de la prophétie et de l’imagination symbolique pour réparer les ruines de l’histoire, les brèches du sujet et les cassures de la forme. L’écriture du fait s’ouvre alors aux émotions du sujet et construit une poétique de remémoration du passé et de mémoire au futur. Les auteurs s’efforcent de traduire la crise (politique, morale et historique) du présent pour la convertir en dynamique de devenir. C’est ce mouvement général, de la ruine à la réparation, de l’arrêt net à la remise en mouvement, qui guide cette thèse en filigrane : le temps, conçu comme devenir, peut exister de nouveau. Le temps du constat réel, de l’histoire passée est progressivement remplacé par celui de la prophétie qui fait advenir la réalité du fait dans le présent depuis le futur. Grâce au travail du rythme et du genre, le texte révèle, dans sa lettre, l’effort pour donner un sens et une cohérence à l’histoire et, simultanément, la sape de cet effort par les conflits de temporalités et par l’intrusion de la contingence et du hasard. S’amorce un mouvement de prise en charge des qualités poétiques par la prose afin de construire la poésie comme temporalité orientée à partir de l’avenir. La diction du réel et l’écriture de l’actualité prennent ainsi place dans un plus vaste projet de refondation : celui du temps d’abord, grâce au renouement des trois catégories temporelles, celui de la patrie ensuite, avec pour chaque auteur des projets nationaux et politiques affirmés capables qui repensent la possibilité d’un vivre-ensemble, celui de la littérature enfin, puisqu’on décèle la recherche de la forme littéraire la plus adéquate possible capable de transmettre les idées de liberté, d’équilibre et de synthèse.