appel
Shakespeare. Théâtre et illustrations. Revue Rubriques, Utpictura18
Date de l'échéance : 30/11/2022
Lieu de l'événement : Aix-en-Provence AMU
Nom de l'organisateur : Jean-Louis Claret
Email de l'organisateur : jean-louis.claret@univ-amu.fr
Adresse postale : AMU
Site web de référence : https://utpictura18.univ-amu.fr/actualites/if-that-an-eye-may-profit-by-a-tongue
Volume Shakespeare
Utpictura18, revue Rubriques
Appel à contributions
https://utpictura18.univ-amu.fr
Numéro coordonné par :
Jean-Louis Claret, Aix-Marseille Université, LERMA
François Laroque, Sorbonne Nouvelle, PRISMES
Anne-Valérie Dulac, Sorbonne Université, VALE
Estelle Rivier-Arnaud, Université Grenoble-Alpes, ILCEA4
La revue Rubriques lance un appel à articles pour un volume consacré au théâtre de Shakespeare, qui se propose de mettre en évidence les liens multiples qui relient ou tiennent à distance le texte de théâtre et ses illustrations. En plus du problème de la légitimité de l’image à montrer ce que dit le texte de théâtre, ou au contraire ce qu’il tait, on interrogera les modalités d’une déterritorialisation de la théâtralité scénique dans l’image. Les contributeurs pourront comparer différentes représentations visuelles d’une même scène, ou aborder de manière synthétique les productions d’un théâtre ou d’un courant particulier (par ex., le Préraphaélisme), ou encore se concentrer sur les modalités d’illustration propres aux divers genres (comédie, tragédie, pièces historiques, romances). Ils pourront aussi se concentrer sur les représentations d’un acteur au travail, comme par exemple le célèbre Garrick ou Ellen Terry, Edmund Kean entre autres ou encore tenter de dégager la singularité du vaste corpus des illustrations de Shakespeare, et ce qui démarque dans ce domaine Shakespeare d’autres dramaturges.
Enjeux théoriques
La visibilité est au cœur de la théâtralité. Pourtant, le prologue d’Henry V rappelle que le public doit apprendre à voir au-delà de ce qui est montré sur des tréteaux indignes du théâtre[1]. Le casque porté par un modeste acteur représente un millier de soldats en armure. La mention d’un cheval devrait suffire à faire voir sur scène des montures fières dont les sabots laissent dans les esprits l’empreinte de leur passage. En d’autres termes, le théâtre rend visible à l’esprit ce qu’il ne peut pas montrer directement. Tout au théâtre n’est que mots, et cela s’avère plus particulièrement vrai de la scène nue du théâtre public élisabéthain qui était entourée par le public de trois côtés : les murailles du château de Lady Macbeth sont imaginées par les spectateurs lorsque le personnage les convoque (« Le corbeau même est enroué / Qui croasse la fatale entrée de Duncan / Sous mes remparts[2]. ») et la Forêt d’Arden, dans Comme il vous plaira, apparaît à l’œil de l’esprit lorsque Rosalind s’écrie : « Ceci est la forêt d’Arden[3]. » La scène nue est une synecdoque visuelle qui se déploie mentalement. Le spectateur doit donc « jouer au peintre[4] » car « c’est son oreille qui nourrit son œil » (4.3.78), comme le dit Oliver dans Comme il Vous Plaira.
Enjeux herméneutiques
Mais si l’espace scénique et les contingences techniques de la représentation conditionnent le spectacle théâtral, l’illustrateur est contraint par d’autres modèles et d’autres contingences. Il dispose les personnages sur le rectangle de la page et élabore ainsi une autre dramaturgie. L’illustrateur est un lecteur. Il se place donc à une distance plus grande encore du texte puisqu’il ne rend pas forcément compte d’un spectacle vu et peut imaginer sa propre scénographie. Lorsque Henry Fuseli représente le fantôme d’Hamlet portant un masque de théâtre il brouille les cartes en faisant de ce personnage à la fois une créature venue d’outre-tombe pour « faire une scène » devant son fils et l’acteur masqué jouant le rôle du fantôme.
Orientations proposées
1/ Les conditions matérielles de la représentation
L’image représente-t-elle une scène telle qu’elle aurait pu être vue par un spectateur de théâtre (Théâtre public à ciel ouvert ou théâtre privé) ou bien s’affranchit-elle de considérations purement scéniques ? La présence de paysages peints pourra, par exemple, faire l’objet de commentaires fructueux.
2/ Le choix des scènes illustrées
Shakespeare a choisi de représenter certaines scènes violentes, comme l’énucléation de Gloucester dans Le Roi Lear tandis que d’autres sont rapportées par des personnages, comme la visite d’Hamlet à Ophélie dans sa chambre. La décision du dramaturge de réserver à l’œil de l’esprit certaines phases du développement du drame peut être révoquée par l’illustrateur qui peut leur donner une visibilité jusqu’alors refusée. Comment faut-il interpréter ce déplacement ?
3/ Thèmes transversaux récurrents
Certaines scènes et certains personnages font manifestement l’objet d’une attention particulière de la part des illustrateurs, comme le fantôme ou le crâne de Yorick dans Hamletou les sorcières de Macbeth. Comment expliquer ces préférences ? Qu’est ce qui rend un thème, une scène ou encore un personnage emblématiques de l’œuvre de Shakespeare, de son époque ou de celle de son illustrateur, ou enfin du courant artistique dans lequel il s’inscrit ?
4/ Évolution historique de l’illustration
Comparer l’évolution de la représentation de certaines scènes au fil du temps renseigne sur l’époque dans laquelle l’image a été conçue. Bien illustrer, c’est inclure le monde qui a produit l’illustration. On pourra dégager, à partir de la transformation historique dans la manière de représenter une même scène, l’évolution des dispositifs de représentation et en proposer une généalogie.
Sélection de sources bibliographiques et bases de données
Sur Utpictura18 :
https://utpictura18.univ-amu.fr/recherche/notices?f%5B0%5D=notice_text_sources%3A5089
http://www.english.emory.edu/classes/Shakespeare_Illustrated/Shakespeare.html
https://shakespeareillustration.org
https://www.cambridge.org/core/books/illustrated-shakespeare-17091875/974EF5A161DB9A8691A2018D382854A4#fndtn-information
Les propositions d’articles (250-300 mots) devront être envoyées avant le 30 novembre 2022à Jean-Louis Claret, jean-louis.claret@univ-amu.fr
Le comité donnera sa réponse avant le 30 janvier 2023.
Les articles dont les propositions auront été retenues devront nous parvenir avant le 30 juin 2023.
Longueur maximale des articles : 60000 signes, espaces compris. Se conformer aux consignes de mise en page (à lire avant de commencer à rédiger) :
https://utpictura18.univ-amu.fr/consignes-mise-en-page-articles
Publication prévue à l’automne 2023.
Les contributions pourront être rédigées en français ou en anglais.
Utpictura18. Call for papers. Issue on Shakespeare
https://utpictura18.univ-amu.fr/rubriques
Coordination of the volume by:
Jean-Louis Claret, Aix-Marseille Université, LERMA
François Laroque, Sorbonne Nouvelle, PRISMES
Anne-Valérie Dulac, Sorbonne Université, VALE
Estelle Rivier-Arnaud, Université Grenoble-Alpes, ILCEA4
The new journal Rubriques is preparing a special issue dedicated to Shakespearean drama. It proposes to shed light on the various zones where the theatrical text and its illustrations dovetail or face each other from a safe distance. It will discuss the capacity of images to show what the text says or keeps unsaid and analyze the many ways in which images can appropriate and digest theatrical space.Among the contributions to this volume, we expect some to compare the different visual representations of the same scene or to analyse synthetically the productions of one theatrical tradition or of specific trends (for ex, Pre-Raphaelism) or to shed light on the treatment of one specific genre (comedies, tragedies, history plays, romances). Others may focus on the work of a famous actor/actress, like for instance Garrick, Ellen Terry or Edmund Kean. More general analyses may also want to embrace the vast corpus of Shakespearean illustration in order to determine what makes it special and sets it apart from other authors.
Theoretical implications
Visibility stands at the core of theatricality. Yet, the Prologue ofHenry V reminds the public that they must learn to see beyond what the unworthy scaffold[5] is able to show: a helmet worn by a simple actor represents a thousand warriors in armour and the mere mention of a horse should be enough to conjure up steeds whose proud hooves leave their prints in the receiving minds[6]. In other words, drama makes mentally visible what it cannot show directly. We should bear in mind that what happens on the stage stems from words only. This statement is particularly relevant when it comes to the bare stage of the Elizabethan public playhouse that was surrounded by the public on three sides: Lady Macbeth’s battlements are imagined by the spectators when she mentions them (“The raven himself is hoarse, / That croaks the fatal entrance of Duncan / Under my battlements,” 1.5.38-40) and in As You Like It the wood in which the two cousins retreat springs to the mind’s eye when Rosalind says: “This is the forest of Arden” (2.4.11). The bare stage is a visual synecdoche that expands in the minds. Accordingly, the spectator must “play the painter[7]” and the painter’s eye, Oliver says in As You Like It[8], is fed by his ear.
Hermeneutic implications
Yet, contrary to the stage director, the illustrator is not limited by the playing space or the technical requirement of the performance. By positioning his characters on the page, he fashions his own dramaturgy. The illustrator is a reader and yet he considers the text from an even greater distance. As he does not necessarily account for a show he attended he can imagine his own private performance. For example, when Henry Fuseli represents the ghost of Hamlet[9] wearing a comedian’s mask he baffles the observers by making it at the same time an unearthly creature coming back from the next world to “make a scene” in front of his son and a masked actor playing a part.
A few approaches
1/ The practicalities of stage performance
Does the image represent a scene as early modern spectators could have seen it when performed in the open-air public theatres or on the candlelit stage of Blackfriars Theatre – or is it free from any concern for practical stage requirement?
2/ Scenes shown or reported
Shakespeare decided to represent some scenes – even violent ones sometimes like the blinding of Gloucester in King Lear – and to turn others into accounts delivered by witnesses – Hamlet’s visit to Ophelia in her room. The playwright’s decision to offer some phases of the dramatic progress to the mind’s eye only can be challenged by the illustrator who may decide to make them visible. How can such changes be interpreted?
3/ Recurrent transversal topics
Illustrators are obviously particularly fond of some scenes and characters: one may think about the ghost or the skull in Hamlet or about the witches in Macbeth. How can this attractiveness be explained? What ingredients can make a theme, a scene, a character, emblems of Shakespeare’s art and time or relate it to the illustrator’s world or even to the artistic trend in which s/he operates?
- How illustration changes through time
Comparing the different ways a specific scene was represented through time informs us about the period when the image was made. A good illustration includes the world that produced it. Analysing visual variations across the centuries will help understand the changing modalities of representation and enable to propose a genealogy of this process.
Selective bibliography and databases:
From Utpictura18 :
https://utpictura18.univ-amu.fr/recherche/notices?f%5B0%5D=notice_text_sources%3A5089
http://www.english.emory.edu/classes/Shakespeare_Illustrated/Shakespeare.html
https://shakespeareillustration.org
https://www.cambridge.org/core/books/illustrated-shakespeare-17091875/974EF5A161DB9A8691A2018D382854A4#fndtn-information
Please send your proposals (250-300 words) by November 30, 2022 to Jean-Louis Claret, jean-louis.claret@univ-amu.fr
The board will write back to you before January 30, 2023.
The articles selected by our committee must be sent before June 30, 2023.
No more than 60000 signs, spaces included. Please refer to the stylesheet before you start writing your paper. It is available from :
https://utpictura18.univ-amu.fr/consignes-mise-en-page-articles
We hope to issue the volume in the Fall of 2023.
The articles can be written either in French or in English.
[1] « This unworthy scaffold. » Henry V, 1.1.10.
[2] Macbeth, 1.5.35-7. Traduction de Jean-Michel Déprats. Coll. De la Pléiade, Paris : Gallimard, 2002.
[3] Comme il Vous Plaira, 2.4.11. Cambridge : The New Cambridge Shakespeare, 2009, p. 123.
[4] Voir le premier vers du sonnet 24. « Mine eye hath played the painter… »
[5] Henry V, 1.1.10.
[6] Henry V, 1.1.27.
[7] The first line of Sonnet 24 reads: « Mine eye hath played the painter… »
[8] As You Like It, 4.3.78.
[9] The engraving is called « Hamlet, Horatio and Macellus facing the ghost. »
Source de l'information : Benoît Tane