événement
29 rue d'Ulm, salle U 205, 16h-19h
Francis MUS (Université de Liège, CIRTI),Traduction, monolinguisme et plurilinguisme comme « symptômes » de l’internationalisation littéraire après la première guerre mondiale. Une étude de quelques revues littéraires belges dans l’immédiat après-guerre
Depuis plusieurs années déjà, l’historiographie traditionnelle – nationale, statique – a été remplacée par de nouvelles approches où la dimension internationale et les dynamiques entre les différentes littératures sont mises au cœur de la réflexion par les historiens littéraires. L’accent est mis tantôt sur des facteurs institutionnels – que ce soient des objets matériels, comme des revues, ou des êtres humains, comme les traducteurs et les médiateurs culturels – tantôt sur la production discursive. Dans cette optique, la Belgique constitue un cas exemplaire : à cause de sa faible institutionnalisation littéraire, le pays a toujours été très sensible aux, voire dépendant des littératures dominantes qui l’entourent.
Dans cette présentation, j’examine la relation entre une institution (la revue littéraire) et une pratique spécifique (la traduction). Dans quelle mesure la circulation internationale de littératures en traduction a-t-elle eu lieu dans des revues artistiques ?
Je me concentrerai sur la période de l’immédiat après-guerre (1918-1925), c’est-à-dire le moment où plusieurs nouveaux mouvements artistiques ont vu le jour. Ceux-ci ont presque exclusivement été lancés par de jeunes artistes qui, à travers la création de revues littéraires, voulaient à la fois se forger une identité artistique et nouer des contacts avec les grands mouvements internationaux. En outre, l’ « internationalisation artistique » n’était pas seulement une réalité sur le terrain, mais faisait également partie de l’adn artistique. Pour être moderne, il fallait être international.
La sélection de périodiques francophones et néerlandophones comprend les titres suivants : L’Art libre (1919-1922), créé à Bruxelles, Lumière (1919-1923), Ça Ira! (1920-1923), Ruimte (1920-1921) et Het Overzicht (1921-1925), tous les quatre publiés à Anvers. Chacune de ces revues a été créée dans un contexte social plurilingue (français-néerlandais) : L’Art libre, Lumière et Ça Ira! ont été écrites en français, tandis que le néerlandais était la langue principale dans Ruimte et Het Overzicht.
Patrice BRET (chercheur honoraire au Centre Alexandre Koyré/EHESS-CNRS-MNHN, Labex HASTEC), Traduire les sciences dans les périodiques des Lumières à la Restauration : vers un nouveau régime de la communication scientifique (1750-1830)
Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, les hommes de sciences publient de plus en plus souvent dans leur propre langue, participant à l’accélération du déclin du latin comme langue savante universelle, au moment même où la communication scientifique devient une nécessité croissante. L’intervention analysera comment cet éclatement linguistique de la littérature savante a conduit, dans une même dynamique, à un essor et à un changement de nature tant de la traduction que des périodiques : avec ou sans apparat critique, la traduction intégrale supplante l’« extrait », tandis que les recueils académiques et les journaux savants encyclopédiques sont concurrencés par l’apparition de journaux spécialisés à périodicité plus courte. Contribuant aussi – à des degrés divers selon les domaines – à la construction des disciplines et de communautés nationales, l’alliance de la traduction et de la presse périodique participe d’un nouveau régime du débat et de la communication scientifique qui trouve un écho dans la presse généraliste.