soutenance
Récits de science, récits de soi. Étude comparée de cinq autobiographies de mathématiciens du XXe siècle à nos jours (Frenkel, Grothendieck, Halmos, Roubaud, Schwartz)
Nom du candidat : Odile Chatirichvili
Lieu de la soutenance : Université Grenoble Alpes, Maison des langues et des cultures, salle Jacques Cartier
Date de soutenance : 16/05/2022
Site web de référence : https://litt-arts.univ-grenoble-alpes.fr/evenements/soutenances
Chères et chers collègues,
J'ai le plaisir de vous annoncer la soutenance de ma thèse, préparée sous la direction d'Isabelle Krzywkowski au sein de l'UMR Litt&Arts et intitulée « Récits de science, récits de soi. Étude comparée de cinq autobiographies de mathématiciens du XXe siècle à nos jours (Frenkel, Grothendieck, Halmos, Roubaud, Schwartz) ».
La soutenance se tiendra le lundi 16 mai 2022 à partir de 8h30, à l'Université Grenoble Alpes (en salle Jacques Cartier, dans la Maison des Langues et des Cultures, 1141 Av. Centrale, 38610 Gières).
Le jury sera composé de :
- M. Jean-François Chassay, Professeur titulaire en études littéraires, Université du Québec à Montréal (UQAM) (examinateur)
- Mme Laurence Dahan-Gaida, Professeure des universités en littérature comparée, Université de Franche-Comté (rapporteure)
- M. Jean-Louis Jeannelle, Professeur des universités en littérature française du XXe siècle, Sorbonne Université (rapporteur)
- Mme Isabelle Krzywkowski, Professeure des universités en littérature comparée, Université Grenoble Alpes (directrice)
- M. Didier Piau, Professeur des universités en mathématiques, Université Grenoble Alpes (examinateur)
- Mme Anne-Gaëlle Weber, Professeure des universités en littérature comparée, Université d’Artois (examinatrice)
Il sera également possible de suivre la soutenance à distance en visioconférence. Le lien zoom pourra être communiqué à toute personne intéressée sur simple demande.
Résumé :
Cette thèse examine, dans une perspective littéraire comparatiste, les représentations non-fictionnelles du travail mathématique à partir d’un corpus de cinq autobiographies de mathématiciens publiées entre les années 1980 et nos jours : Edward Frenkel, Love & Math. The Heart of Hidden Reality ; Alexandre Grothendieck, Récoltes et Semailles. Réflexions et témoignages sur le passé d’un mathématicien ; Paul Richard Halmos, I Want to be a Mathematician: An Automathography ; Jacques Roubaud, Mathématique :, Impératif catégorique ; Laurent Schwartz, Un mathématicien aux prises avec le siècle.
Nous faisons l’hypothèse que ces textes développent un discours « de l'intérieur », mettant en forme une expérience vécue mais invisible : là où les textes scientifiques (articles, théorèmes) cachent les traits de construction des découvertes, le récit de vie est susceptible de replacer théorèmes et concepts dans un parcours et des processus de recherche articulés au vécu individuel et aux structures collectives. De ce fait, l’autobiographie, destinée à un public plus large que la seule communauté mathématique, pense et met en œuvre la transmission à ce public de ce que sont le travail et la pensée mathématiques.
La première partie de la thèse s’attache à la description des parcours et des postures dans leur contexte intellectuel et disciplinaire, au fil de deux chapitres qui examinent tour à tour la question du « devenir mathématicien » et celle de l’« être mathématicien ». Nous croisons les enjeux d’identité individuelle, de présentation de soi, d’incarnation de l’abstraction et d’inscription dans une communauté professionnelle et intellectuelle marquée par des imaginaires et des normes.
Dans la deuxième partie, consacrée aux écritures de la recherche, nous décrivons les aspects les plus caractéristiques des récits de moments de recherche et de découverte mathématiques. Il s’agit de déterminer des invariants discursifs et des spécificités de l’imaginaire en acte dans la manière qu’ont les mathématiciens de présenter leur vision et leur expérience de ce fonctionnement : rapports infléchis au topos de l’eurêka, mise en scène de l’erreur et de l’ignorance. Le chapitre 4 est plus spécifiquement consacré aux imaginaires spatiaux utilisés pour exprimer la recherche.
Les deux chapitres de la troisième partie constituent une étude des modalités de présence de la langue mathématique, dont les formules et équations, dans les récits de vie. En nous fondant sur le concept d’hétérolinguisme tel que théorisé par Myriam Suchet, nous interrogeons les enjeux et effets poétiques de l’altérité linguistique et de la présence de passages illisibles et/ou incompréhensibles dans des textes supposés apporter une forme de connaissance (sur une vie, sur un « moi » et/ou sur les mathématiques).
La quatrième partie s’attache, enfin, aux fonctions de ces textes par rapport à la notion de communauté. Un premier chapitre porte sur les rapports que les mathématiciens entretiennent, dans et par leur récit, avec la mémoire de leur discipline et avec les structures institutionnelles et communautaires, notamment par des effets d’intertextualité et d’échos entre les textes. Nous élargissons ensuite la réflexion aux différents types de lecteurs pensés par et recevant ces textes, afin de souligner les stratégies et gestes de vulgarisation qu’incarnent les autobiographies.
Notre thèse contribue ainsi à renouveler les analyses des rapports entre mathématiques et littérature en mettant en évidence des formes particulières de littérarité. Elle contribue à repenser le récit de soi dans les sciences à partir des spécificités des pratiques mathématiques et des imaginaires attachés aux mathématiques et aux mathématiciens. Nos conclusions paraissent pouvoir s’appliquer à la bibliographie plus vaste d’écrits de soi de mathématiciens que nous avons réunie au cours de notre recherche.
J'ai le plaisir de vous annoncer la soutenance de ma thèse, préparée sous la direction d'Isabelle Krzywkowski au sein de l'UMR Litt&Arts et intitulée « Récits de science, récits de soi. Étude comparée de cinq autobiographies de mathématiciens du XXe siècle à nos jours (Frenkel, Grothendieck, Halmos, Roubaud, Schwartz) ».
La soutenance se tiendra le lundi 16 mai 2022 à partir de 8h30, à l'Université Grenoble Alpes (en salle Jacques Cartier, dans la Maison des Langues et des Cultures, 1141 Av. Centrale, 38610 Gières).
Le jury sera composé de :
- M. Jean-François Chassay, Professeur titulaire en études littéraires, Université du Québec à Montréal (UQAM) (examinateur)
- Mme Laurence Dahan-Gaida, Professeure des universités en littérature comparée, Université de Franche-Comté (rapporteure)
- M. Jean-Louis Jeannelle, Professeur des universités en littérature française du XXe siècle, Sorbonne Université (rapporteur)
- Mme Isabelle Krzywkowski, Professeure des universités en littérature comparée, Université Grenoble Alpes (directrice)
- M. Didier Piau, Professeur des universités en mathématiques, Université Grenoble Alpes (examinateur)
- Mme Anne-Gaëlle Weber, Professeure des universités en littérature comparée, Université d’Artois (examinatrice)
Il sera également possible de suivre la soutenance à distance en visioconférence. Le lien zoom pourra être communiqué à toute personne intéressée sur simple demande.
Résumé :
Cette thèse examine, dans une perspective littéraire comparatiste, les représentations non-fictionnelles du travail mathématique à partir d’un corpus de cinq autobiographies de mathématiciens publiées entre les années 1980 et nos jours : Edward Frenkel, Love & Math. The Heart of Hidden Reality ; Alexandre Grothendieck, Récoltes et Semailles. Réflexions et témoignages sur le passé d’un mathématicien ; Paul Richard Halmos, I Want to be a Mathematician: An Automathography ; Jacques Roubaud, Mathématique :, Impératif catégorique ; Laurent Schwartz, Un mathématicien aux prises avec le siècle.
Nous faisons l’hypothèse que ces textes développent un discours « de l'intérieur », mettant en forme une expérience vécue mais invisible : là où les textes scientifiques (articles, théorèmes) cachent les traits de construction des découvertes, le récit de vie est susceptible de replacer théorèmes et concepts dans un parcours et des processus de recherche articulés au vécu individuel et aux structures collectives. De ce fait, l’autobiographie, destinée à un public plus large que la seule communauté mathématique, pense et met en œuvre la transmission à ce public de ce que sont le travail et la pensée mathématiques.
La première partie de la thèse s’attache à la description des parcours et des postures dans leur contexte intellectuel et disciplinaire, au fil de deux chapitres qui examinent tour à tour la question du « devenir mathématicien » et celle de l’« être mathématicien ». Nous croisons les enjeux d’identité individuelle, de présentation de soi, d’incarnation de l’abstraction et d’inscription dans une communauté professionnelle et intellectuelle marquée par des imaginaires et des normes.
Dans la deuxième partie, consacrée aux écritures de la recherche, nous décrivons les aspects les plus caractéristiques des récits de moments de recherche et de découverte mathématiques. Il s’agit de déterminer des invariants discursifs et des spécificités de l’imaginaire en acte dans la manière qu’ont les mathématiciens de présenter leur vision et leur expérience de ce fonctionnement : rapports infléchis au topos de l’eurêka, mise en scène de l’erreur et de l’ignorance. Le chapitre 4 est plus spécifiquement consacré aux imaginaires spatiaux utilisés pour exprimer la recherche.
Les deux chapitres de la troisième partie constituent une étude des modalités de présence de la langue mathématique, dont les formules et équations, dans les récits de vie. En nous fondant sur le concept d’hétérolinguisme tel que théorisé par Myriam Suchet, nous interrogeons les enjeux et effets poétiques de l’altérité linguistique et de la présence de passages illisibles et/ou incompréhensibles dans des textes supposés apporter une forme de connaissance (sur une vie, sur un « moi » et/ou sur les mathématiques).
La quatrième partie s’attache, enfin, aux fonctions de ces textes par rapport à la notion de communauté. Un premier chapitre porte sur les rapports que les mathématiciens entretiennent, dans et par leur récit, avec la mémoire de leur discipline et avec les structures institutionnelles et communautaires, notamment par des effets d’intertextualité et d’échos entre les textes. Nous élargissons ensuite la réflexion aux différents types de lecteurs pensés par et recevant ces textes, afin de souligner les stratégies et gestes de vulgarisation qu’incarnent les autobiographies.
Notre thèse contribue ainsi à renouveler les analyses des rapports entre mathématiques et littérature en mettant en évidence des formes particulières de littérarité. Elle contribue à repenser le récit de soi dans les sciences à partir des spécificités des pratiques mathématiques et des imaginaires attachés aux mathématiques et aux mathématiciens. Nos conclusions paraissent pouvoir s’appliquer à la bibliographie plus vaste d’écrits de soi de mathématiciens que nous avons réunie au cours de notre recherche.
Source de l'information : Odile Chatirichvili