événement

{Rapport de police} : quel débat ? (Table ronde)
Rapport de police : quel débat ?

Table ronde organisée par Luba Jurgenson et Philippe Mesnard

dans le cadre des activités du CRAL (CNRS-EHESS)


21 mai 2010

École des Hautes Études en Sciences Sociales

54, boulevard Raspail, salle 524

18h

- 20h


À sa sortie, en janvier 2010, l'essai de Marie Darrieussecq Rapport de police, consacré à la question du plagiat, a bénéficié d'une importante « couverture médiatique » : les principaux quotidiens du pays et des hebdomadaires à grand tirage lui ont consacré des recensions favorables et des entretiens. Même la télévision n'a pas résisté au charme de l'ouvrage à prétention théorique, comme en témoigne l'émission La Grande Librairie (TV 5) du 21 janvier, dans laquelle François Busnel, soutenu pour l'occasion de Philippe Sollers et de Jean-Jacques Schuhl, a affirmé que Rapport de Police est « un livre formidable ». Selon le présentateur ce n'est « pas seulement du plagiat, mais de la liberté d'invention, de ce qu'est la lecture, l'art de lire, et puis l'art d'écrire aussi » qu'il s'agit dans ce livre. Le réseau internet s'est lui-même fait la chambre d'écho de ce concert de louanges. Quelques voix discordantes, malgré tout, ont tenté de faire entendre que le propos du livre n'était pas si clair et que les rapports entre réel et fiction que l'auteure y tissait posaient problème.

Plagiat. Invention. Voix discordantes. Réel & fiction. Ce sont là les entrées que l'on a choisies de mettre au centre de cette table ronde.

En effet, Rapport de police ne manque pas de points qui invitent à être discutés et non pas écartés au profit d'une célébration dont l'unanimité reflète les difficultés d'une pensée critique à se faire entendre. Que faut-il penser de cette vision où la littérature est présentée au miroir de l'influence, du modèle et de la copie, sans que l'originalité des agencements d'auteur n'ait vraiment de place sinon comme symptôme d'un dérèglement. Une conception médicale de la vie littéraire ? Pourquoi tant de haine à propos de la comparaison des textes, pour n'y voir que le signe avant-coureur d'une persécution totalitaire, ou pire ? Derrière quelques incohérences et différents amalgames, la thèse certainement la plus discutable concerne l'abolition supposée des frontières entre récit fictionnel et témoignage historique. Faut-il lire là un avatar aussi tardif que radical du relativisme historiographique

- posturepostmoderne sur le retour ? Mais peut-être a-t-on mal lu le livre. Ne peut-on pas le rapprocher d'autres précédents (créés par Houellebecq, Littell...) ? Comment le situer par rapport à un débat qui, lui, a réellement eu lieu autour du rapport Jan Karski avec, au centre, la polémique entre Yannick Haehnel et Claude Lanzmann ? Un débat où la différence entre témoignage et fiction tournait au différend.

C'est de tout cela, donc de l'état de la critique littéraire, qu'il sera question le 21 mai, entre :
Florent Georgesco ; Luba Jurgenson ; Philippe Mesnard ; Alexandre Prstojevic ; Tiphaine Samoyault & Jean-Marie Schaeffer