événement

Quel mystère pour la modernité ? Strasbourg 17-18 oct 2013
Organisatrices :
Tatiana Victoroff, Europe des Lettres, EA 1337 « Configurations littéraires », Université de Strasbourg
Anne Ducrey, CRLC, EA 4510, Université de Paris-Sorbonne

Avec le soutien du Consulat général de Russie

PROGRAMME

Amphi du Collège Doctoral Européen
46 Boulevard de la Victoire, Strasbourg

16 octobre.
19.00 Présentation du Mystero – Buffo de Dario Fo par Chiara Villa, metteur en scène


17 octobre.

9.00

- 10.00 Ouverture du colloque par
Michel Deneken, 1er Vice-Président de l’Université de Strasbourg
Guy Ducrey, Directeur de l'Institut de Littérature Comparée
Tatiana Victoroff (Strasbourg), Anne Ducrey (Paris-Sorbonne) : Le Mystère, une réinvention permanente

Pause thé-café

10.30 – 12.30 Avatars (anciens et modernes) du mystère
Présidence : Benoît Tock, Histoire médiévale (Strasbourg)

Pierre Brunel (Paris-Sorbonne). D’un mystère à l’autre
Patrick Werly (Strasbourg). L’enjeu de la réflexion d’Yves Bonnefoy sur les Mystères d’Eleusis : l’intermittence
Jean-Louis Backès (Paris-Sorbonne). Le Mystère d’Alexandre Dumas
Sophie Lucet (Paris 7) "Le Quatorze juillet de Romain Rolland, un mystère patriotique?".

14.00

- 18.30 le Mystère et le théâtre symboliste
Présidence : Guy Ducrey, Littérature comparée (Strasbourg)

Odile Hamot (Université des Antilles). Le Mystère populaire chez Saint-Pol-Roux
Charles Mazouer (Bordeaux). L’Annonce faite à Marie, mystère ?
Audrey Blind. (Strasbourg). Le Soulier de satin, un mystère entre Ciel et Mer

Pause thé-café

Claire Daudin (Institut Albert le Grand, Angers). Les sens du mot mystère chez Péguy, autour du Mystère de la charité de Jeanne d’Arc
Maria Cymborska (Université de Lublin). Le genre du mystère dans l’œuvre des symbolistes russes
Mechthild Albert (Université de Bonn). La renaissance du mystère en Espagne vers 1900
Anne Teulade (Nantes et IUF). Du théâtre sacré au théâtre du moi. Teatro de almas de F. García Lorca (1917) et El hombre deshabitado de Rafael Alberti (1931)

18 octobre

9.00

- 10.30 Le Mystère et les arts
Présidence : Tatiana Victoroff, Littérature comparée (Strasbourg)
Jean-Yves Masson (Paris-Sorbonne). La renaissance du mystère dans l’œuvre d’Henri Ghéon
Rémy Vallejo (Centre Emmanuel Mounier, Strasbourg). Le Mystère de la Passion dans Andreï Roublev (1966) d’Andreï Tarkovski
Hélène Beauchamp (Toulouse II). Le mystère pour marionnettes, un genre parodique ? Des usages contrastés de la parodie dans les mystères pour marionnettes

Pause thé-café

11.00

- 12.30 Regards sur le XXe siècle
Présidence : Thierry Revol, Langue et Littérature du Moyen Âge (Strasbourg)

Dominique Millet-Gérard (Paris-Sorbonne). « Jeanne d'Arc » de René Schwob
Olga Ouchakova (Université de Tioumen). T.S. Eliot's Dramas as Modern Mystery Plays
Maia Varsimashvili (Paris-Ouest / Université de Tbilissi). Le mystère dans la littérature géorgienne du premier tiers du XXe s. : Grigol Robakidzé

13.30 – 15.00 Mettre en scène le mystère
Présidence : Anne Ducrey, Littérature comparée (Sorbonne)
Véronique Dominguez (Nantes). La scène et le sacré au XXIe siècle : peut-on encore jouer un Mystère ?
Mireille Losco-Lena (ENSATT). Mystère de la Passion dans les dramaturgies contemporaines : références, modèles, usages
Inna Nekrasova (Académie d’art théâtral de Saint-Pétersbourg). La mise en scène du mystère dans l’espace sacré au XXe siècle

15.00-16.00 Table ronde : Le Mystère vivant
Modérateur : Pascal Dethurens, Littérature comparée (Strasbourg)

Catherine Fantou-Gournay, auteur de mystères contemporains, actrice et metteur en scène
Sonia Pelletier-Gautier, auteur de romans sur l’inquisition et sur les mystères.
Jean-Yves Fischbach, réalisateur d’animations à partir des vitraux de la cathédrale de Strasbourg
Michel Jermann (théologien) et Martine Jacquemin (direction d'acteurs), metteurs en scène de
Mystères de Noël dans la cathédrale de Strasbourg : 17 ans d'expérience théâtrale.

16.30-18.00: Mystère de pierre : Visite guidée de la Cathédrale, avec présentation des Mystères qui y ont été joués du Moyen Age à nos jours

• 16.30-17.00 : présentation de la chapelle Saint Michel
• 17.00 – 18. 00 : visite guidée par François Muller (guide professionnel)


PRÉSENTATION

Le mystère, rite théâtralisé apparu dans l’Antiquité, devenu au Moyen Age genre littéraire rapidement controversé et souvent de ce fait interdit, ressurgit à la fin du XIXe siècle dans des courants artistiques très divers, parcourt le XXe siècle et semble toujours bien vivace en ce début du XXIe siècle. Orienté sur le modèle médiéval, ou totalement réinventé, le mystère ne cesse d’éveiller l’imaginaire d’auteurs à la pensée très différente, s’actualisant dans des formes elles-mêmes fort diverses. Cette pérennité du genre, de l’antiquité à notre modernité, tout autant que son épisodisme, la référence constante au mot mystère comme les formes littéraires plurielles, voire hybrides dans lesquelles il s’incarne, cette pluralisation des modèles et ces retours éclectiques dans l’histoire littéraire et dramatique posent la question de l’existence même du mystère comme genre.

Quoi de commun en effet, entre les mystères antiques réservés aux seuls initiés, et ceux que le Moyen Age mettait en scène sur la place publique dans une perspective tout à la fois didactique et spectaculaire ? Pourquoi le genre du mystère connaît-il dans le théâtre de Calderon et de Shakespeare une réinterprétation remarquable alors que le théâtre classique se vit comme un renoncement au mystère, marqué solennellement par le jugement sévère de Boileau : « de la foi des chrétiens les mystères terribles / d’ornements égayés ne sont pas susceptibles » (Art poétique (chant III, 199-200) ? Et si le mot « mystère » ressurgit au XIXe siècle sous la plume de Goethe, Werner, Byron ou Flaubert, c’est pour désigner des formes hybrides qui semblent n’avoir qu’un lointain rapport aux modèles médiévaux. Quant à l’expansion considérable du mystère au tournant des XIXe et XXe siècles, notamment grâce aux symbolistes français (Mallarmé, Maeterlinck) et russes (Bély, Blok, Sologoub), jusqu’aux exemples récents offerts par Sartre, Brodsky, Dario Fo ou Michel Larou, elle ne fait que creuser la distance avec le modèle médiéval et reposer la question des enjeux pour la modernité de cette forme issue peu ou prou du Moyen Age.