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“Ports, îles, villes : entre exils et migrations transcontinentales”
: 25/06/2023
: La Rochelle
: Eric Monteiro
: eric.monteiro@univ-lr.fr

Ports, îles, villes : entre exils et migrations transcontinentales et océaniques


Approche comparatiste - XVe-XXIe


Le colloque se déroulera à La Rochelle Université les jeudi 26 et vendredi 27 octobre, de façon hybride sur site et en ligne.

Argumentaire


Depuis son « invention » au XVe siècle, le Nouveau Monde a été à la fois le théâtre de déplacements de populations (amérindiennes) et le lieu d’accueil de populations déplacées (d’Afrique ou d’Europe). Îles et villes ont alors longtemps joué un rôle central d’accueil et de redistribution de ces migrants, s’équipant en dispositifs pour le traitement de ces populations en déplacement.

Aujourd’hui, exilés politiques, migrants économiques et réfugiés du climat constituent le contingent principal de ces populations déplacées. Encore une fois, îles et villes constituent les pôles magnétiques de ces mouvements, à la fois territoires de l’attente et points d’articulation des courants migratoires.

Ces phénomènes de déplacement, qu’ils soient contraints ou forcés, seront abordés sous différents prismes, dans les sociétés d’hier et d’aujourd’hui entre, d’une part, les Amériques et l’Europe, l’Afrique ou l’Asie, et, d’autre part, au sein même des Amériques.

Dans le cadre des migrations contraintes, l’esclavage, le bagne, tout comme la question des réfugiés climatiques (ouragan Katrina, catastrophes naturelles en Haïti, entre autres) seront au cœur des problématiques analysées. Que l’on soit face à une migration de travail ou d’exil politique, ou que l’on soit face à une démarche volontaire personnel d’exil, les travaux permettront également d’ouvrir de nouvelles pistes de réflexion quant aux flux, aux lieux de départ, aux lieux de transit et aux territoires de l’attente intrinsèquement liés aux phénomènes migratoires.

Entre le milieu du XIXe siècle et le milieu du XXe siècle, plusieurs « bouts du monde » accueillirent des établissements de relégation chargés d’étendre la déchéance sociale des criminels et celle de figures politiques désavouées. Parce qu’elles disposaient de l’ensemble des services – rudimentaires ou perfectionnés – permettant leurs activités, ces infrastructures semi- urbaines fonctionnaient comme « institution totalitaire » ou « institution totale », selon l’expression d’E. Goffmann. Des bagnes amazoniens de Cayenne ou de Saint-Laurent-du-Maroni au pénitencier d’Ushuaïa en Terre de feu, deux modèles environnementaux et climatiques dessinent des conditions d’existence insoutenables aux extrémités continentales de l’Amérique du Sud ; du camp de Tarrafal du Cap-Vert au bagne de Nouvelle-Calédonie, les modèles insulaires présentent d’autres situations concentrationnaires. Chaque fois une société aux mœurs impitoyables déploie ses règles aux confins du monde... Parmi ceux qui revinrent de leur exil, certains décrivirent comment leur urbanité initiale fut mise à l’épreuve des coercitions d’organisations concentrationnaires variées. Comment s’exprimèrent leurs ressources résilientes pour évoluer dans la violence des rapports concentrationnaires ? Louise Michel, Albert Londres, Charles Delescluze et d’autres ont proposé les récits de leurs expériences.

Initialement le récit de voyage fut le plus souvent l’œuvre d’un historien, d’un explorateur, d’un missionnaire, d’un botaniste, d’un géographe ou d’un archéologue. De cette multidisciplinarité initiale non voulue, une relecture moderne de ces écrits sous une optique littéraire contribuera à la transversalité des champs disciplinaires concernés. Par ailleurs, la dimension exilique du théâtre des Amériques est multiple et protéiforme dans la mesure où le continent est fondamentalement une terre de migration : la production théâtrale au sens large, depuis l’émergence d’une scène « américaine » à l’époque coloniale, est ainsi marquée par des influences principalement européennes importées par les migrants, liées aux grands courants dramatiques de chaque région dont ceux-ci sont issus et revisitées à l’aune de leur expérience américaine. Les Amériques constituent aussi à la fois une « terre de refuge » pour certains artistes ou créateurs de théâtre fuyant la guerre ou la misère dans leurs pays comme Margarita Xirgu (Espagne, 1888-1969), Wajdi Mouawad (Liban, 1968) et un « territoire à fuir » pour d’autres, soumis à la répression dictatoriale, tels que Carlos Liscano (Uruguay, 1949). C’est aussi le « lieu du retour » réel ou fantasmé où l’expérience vécue et les influences gagnées pendant l’exil s’hybrident dans la création théâtrale pour donner lieu à des thématiques originales, de l’« entre-deux » comme chez Arnaldo Calveyra (Argentine, 1929-2015) et des styles inédits tels que celui du collectif Teatro del Silencio dirigé par Mauricio Celedon (Chili, 1957). La question de l’exil peut aussi se poser, dans les Amériques, du point de vue du faible appui institutionnel et financier dont bénéficient le théâtre sur le continent : les artistes qui travaillent pour celui-ci sont bien souvent obligés pour des raisons financières ou politiques de « se déterritorialiser » dans des lieux non conventionnels pour à la fois trouver un espace de représentation et accéder à leurs ou de nouveaux publics.

L’objectif de ce colloque est donc de contribuer à l’identification et l’analyse, dans le temps, de l’originalité et de la spécificité des « ports », « îles » et « villes » du Nouveau Monde comme lieux de départs/d’arrivée des exils et des migrations, en mesurer leurs fragilités (sociales, environnementales) et les opportunités qu’elles offrent. Un dialogue renouvelé entre spécialistes de différentes disciplines (historiens, politologues, géographes, littéraires, anthropologues, juristes, économistes, ...) et jeunes chercheurs et doctorants, aidera à identifier de nouveaux terrains de recherches enrichi par l’approche transcontinentale et transdisciplinaire. La prise en compte de la dimension historique des exils et migrations contribuera ainsi à repenser l’analyse dans le temps long.

Trois thèmes autour des « figures d’exils » vont rythmer les trois demi-journées de ce colloque et constitueront les panels du programme définitif (en cours d’élaboration) :

  1. sociétés pénales des bouts du monde (Atlantique, Pacifique...) ;

  2. exilés politiques, migrants économiques et réfugiés du climat ;

  3. le théâtre exilique et la production artistique et littéraire en exil.


Porté par le Centre de recherches en histoire internationale et atlantique de La Rochelle Université, ce colloque sera réalisé en collaboration avec le GIS Institut des Amériques (IdA), notamment les institutions membres de son pôle sud-ouest, et avec le soutien de la Communauté d’agglomération de La Rochelle ainsi que de la Région Nouvelle-Aquitaine.


Modalités de contribution


Les propositions de communication (titre + résumé) sont à adresser à : eric.monteiro@univ-lr.fr

au plus tard le 25 juin 2023.


Prière de préciser dans l’objet de l’envoi des propositions « AAC colloque La Rochelle/Éxils, migrations ».

Langues de communication : Français, Portugais, Espagnol, Anglais

Porteur du projet


Eric Monteiro (CRHIA, La Rochelle Université)

Coordination


Eric Monteiro, Cécile Chantraine-Braillon, Charles Brion (CRHIA, La Rochelle Université)

Comité scientifique


Eric Monteiro, Mickael Augeron, Cécile Chantraine-Braillon, Charles Brion, Charles Illouz, Agnès Michelot (La Rochelle Université) ; Stéphanie Durrans (Bordeaux Montaigne), Fatiha Idmhand (U. Poitiers), Marie-Christine Michaud (UBS), Antoine Huerta (U. Guyane).






: Charles Brion