événement

Ouvroir de Littérature Potentielle : appel à communications

Colloque international : Ouvroir de Littérature Potentielle : OULIPO



4-5-6 Mai 2010


Date limite pour l'appel : 5 juin 2009


Université Sorbonne, Paris IV

Université Paul Verlaine, Metz


Comité d'organisation : Carole Bisenius-Penin (UPV Metz), Jean-Yves Masson (Paris IV), Jean-François Chassay (UQAM Montréal), André Petitjean (UPVM)


Fondé en 1960, l'Ouvroir de Littérature Potentielle encore appelé OULIPO, constitue, grâce à ces éminents membres mathématiciens et écrivains (R. Queneau, G. Perec, M. Bénabou, J. Roubaud, I. Calvino, J. Jouet...), une « avant-garde » littéraire hybride qui entremêle littérature et mathématique, tradition et innovation, contraintes et liberté au profit de processus créatifs régulés, tout en étant une institution spécifique dotée d'une extraordinaire et inhabituelle longévité dans l'histoire littéraire française, puisque le groupe entame sa 50e année d'existence en 2010. Longtemps délaissé par la critique universitaire, à cause de son goût pour la contrainte et la littérature ludique, cette « académie privée » apparaît cependant comme un des groupes les plus intéressants du XXe siècle.


Ce premier colloque international consacré à l'Oulipo en France propose de s'interroger, à partir d'une démarche comparatiste et d'un croisement d'approches scientifiques et méthodologiques (sociologique, poétique comparée, didactique...), sur la spécificité de la littérature oulipienne. Ainsi, durant ce colloque, se tiendra un festival oulipien dans la ville de Metz qui s'articulera autour de diverses manifestations culturelles dédiées à la littérature à contraintes.


Problématiques du colloque, axes d'étude :


I° AXE INSTITUTIONNEL


Ce premier axe de réflexion de type socio-institutionnel portera sur les conditions d'émergence de l'Oulipo dans le champ littéraire contemporain, à partir de l'analyse des conditions et des stratégies de la production oulipienne. On pourra s'interroger sur la fondation et le statut paradoxal de cette structure sociale spécifique. Dès lors, faut-il considérer l'Ouvroir comme une « société secrète », comme une avant-garde ou une institution traditionnelle ? De plus, quels groupes, quelles pratiques et quels usages retrouve-t-on dans le champ littéraire des années 60 ? L'approche socio-institutionnelle qui privilégie la sphère de la production nous permettra de déterminer les contraintes « externes » participant à la fondation des deux « groupes » littéraires évoqués, et qui constitue, selon A. Viala, « la médiation cruciale entre l'oeuvre et les autres dimensions de la réalité sociale ». Ainsi, nous nous interrogerons sur cette institution de la vie littéraire en tant qu'organisation autonome et en tant qu'appareil idéologique spécifique. Cette réflexion alimentera de nombreuses problématiques : faut-il considérer l'Ouvroir comme un groupe littéraire, comme une avant-garde littéraire ? Le groupe s'est-il constitué en réaction contre le Surréalisme ? Comment se situe-t-il dans le champ de forces face au groupe Tel Quel ? Peut-on établir enfin une relation de filiation entre l'Oulipo et le collège de Pataphysique ou la littérature à contraintes post-oulipienne ?


II° AXE POETIQUE


D'autre part, afin de bien saisir les différentes facettes du « prisme » oulipien, la démarche d'analyse s'orientera vers le pôle de la réception poétique des œuvres oulipiennes à partir d'un corpus textuel large (multi-générique) et volontairement ouvert à tous les membres de l'Ouvroir (M. Bénabou, I. Calvino, P. Fournel, A.F. Garréta, J. Jouet, G. Perec, R. Queneau, J. Roubaud...). En ayant recours à une dynamique comparatiste et à une sélection de paradigmes formels empruntés à la sémiologie, à la narratologie, il serait intéressant d'approcher de façon précise les structures des productions oulipiennes. Ainsi, l'un des enjeux sera d'identifier, de répertorier, les différents types de contraintes qui sous-tendent ces oeuvres. Comment la contrainte construit-elle ou déconstruit-elle le texte oulipien? Quel impact peut-elle avoir dans le processus créateur ? Entre dévoilement et cryptage, quels effets les contraintes induisent-elles sur le processus lectoral ? Nous envisagerons ainsi les enjeux de la lisibilité des contraintes oulipiennes qui semblent permettre aux auteurs de programmer en quelque sorte la réception de leurs oeuvres. Nous essayerons également d'envisager la façon dont les productions oulipiennes, grâce à une relation ludique avec les conventions génériques peuvent instaurer un ars combinatoria subtil de la variation qui suppose une posture lectorale spécifique. Ainsi, cet axe s'attachera à mettre en relief les stratégies scripturales à contraintes proposées en déterminant leurs modalités, du point de vue de la macrostructure (contraintes formelles, combinatoires...) et du point de vue de la microstructure (contraintes génériques, stylistiques...).


III° AXE : OU-X-PO


L'Oulipo apparaît comme un groupe mutant, une structure arborescente qui donne naissance à de nombreuses « bifurcations » oulipiennes appelées Ou-x-po. En fait, l'Ouvroir a su manier une stratégie de la diversification qui a abouti à la gestation, à la création, d'un certain nombre d'Ouvroirs de x Potentiel(le). Il serait pertinent de dresser un panorama de ces multiples groupes directement inspirés du modèle oulipien, tel que l'Oumupo (Ouvroir de Musique Potentielle) ou encore l'Oupeinpo (Ouvroir de Peinture Potentielle), ouvroir fondé en 1980 par F. Le Lionnais, J. Carlman et T. Foulc qui compte également parmi ses membres d'autres peintres, illustrateurs ou maîtres de l'abstraction constructive tels que J. Dewasne, A. Gagniaire, T. Bastit et J. Vanarsky. Selon T. Foulc : « La Peinture dont s'occupe l'Ouvroir ne se limite pas à l'art d'appliquer des pigments sur une toile. Ce qu'on appelle le pein, objet de l'Oupeinpo cannibalise les arts visuels et envisage toutes les techniques . » Expérimentant tous les arts visuels, l'Oupeinpo ne se considère pas comme un mouvement artistique, mais comme un groupe qui fournit aux artistes des contraintes structurelles, des outils et des méthodes. A travers cette problématique, on s'interrogera également sur :



- l'Alamo (Atelier de Littérature Assistée par la Mathématique et les Ordinateurs) créé en 1981, à l'occasion d'un atelier d'écriture organisé à Villeneuve-lès-Avignon, où P. Braffort et J. Roubaud ébauchèrent le projet d'un « atelier de littérature assistée par la mathématique et les ordinateurs » regroupant oulipiens, chercheurs, écrivains et enseignants intéressés par la linguistique et l'intelligence artificielle.



- l'Oplepo (Opificio di Letteratura Potenziale) qui constitue une adaptation italienne de l'Ouvroir, groupe qui se considère comme une « imitazione del gruppo francese dell' Oulipo », créé à Capri en novembre 1990, sous l'impulsion de trois universitaires italiens : R. Aragona, R. Campagnoli et D. D'Oria qui se sont entourés d'écrivains (E. Cavazzoni, E. Sanguineti), de mathématiciens (P. Odifreddi), de peintres (E. Baj), d'informaticiens (M. Maiocchi) qui s'intéressent aux contraintes littéraires.


IV° AXE : DIDACTIQUE

L'ultime démarche exploratrice pourrait porter sur la lisibilité des œuvres oulipiennes et tout particulièrement sur l'« incontestable efficacité pédagogique » de la contrainte selon P. Fournel et J. Jouet, et cela, par le biais d'une approche didactique centrée sur la fabrication, la confection de propositions pédagogico-didactiques construites autour de l'Oulipo à l'école. Ce dernier axe aurait comme objectif d'interroger en les invalidant certains préjugés concernant l'impossibilité d'enseigner au lycée la littérature oulipienne réputée trop complexe, trop formaliste, et d'analyser les enjeux, les modalités et les difficultés liés à l'introduction d'une nouvelle épreuve (l'écriture d'invention) à l'E.A.F. (Épreuve Anticipée de Français). Ecriture à contraintes et écriture d'invention, notions particulièrement floues et sources de tensions, peuvent-elles être combinées au profit d'un apprentissage favorisant les interactions entre lecture et écriture ? Quels sont les intérêts et les limites d'un dispositif didactique basé sur les contraintes oulipiennes. Quel type de posture lectorale la littérature oulipienne favorise-t-elle? Comment les contraintes s'exercent-elles dans l'acte scriptural ? Peut-on affirmer que ces énoncés textuels spécifiques constituent une aide à l'évaluation ou à la réécriture ?



Délai de présentation des propositions : 5 juin 2009

Les propositions de communication d'une dizaine de lignes assorties d'une courte notice biographique doivent être envoyées à

bisenius@univ-metz.fr