événement

Littératures en partage
: 18/10/2024
: en ligne
Ce que fait l’arabe à la Littérature générale et comparée sur périodes anciennes: questionnements méthodologiques croisés 

Carole Boidin, U. Nanterre ; Emilie Picherot, U. Lille ; Aurélien Roche, U. Lille

Vendredi 18 octobre 17h30-19h30, visioconférence

L’inscription européenne de notre discipline n’est pas à démontrer. Fondée sur les circulations littéraires entre les aires linguistiques romanes, germaniques et anglophones, la littérature générale et comparée s’est d’abord définie grâce à une triple proximité géographique, linguistique et culturelle ressentie comme évidente. Le courant romantique joue dans cette construction disciplinaire un rôle majeur en tant qu’exemple définitionnel de ces circulations d’œuvres et de personnes.

La littérature comparée sur siècles anciens impose une forme de décentrement premier face à ce modèle, encore massivement représenté dans les corpus de thèses et les sujets de recherches menées au sein de notre section. S’extraire du XIXème siècle et de ses suites c’est accepter d’étudier des circulations différentes dans des contextes politiques qui ne s’organisent pas autour des mêmes centres et n’organisent pas les structures de domination de la même manière. Le rôle de l’Espagne par exemple, longtemps minoré dans les études en France, est majeur dans l’Europe des Siècles d’Or tout comme l’est celui de la Péninsule italienne dans l’émergence de l’humanisme renaissant. L’apport des lettres classiques à la littérature comparée rappelle de même l’importance de l’axe méditerranéen dans la circulation des idées, des œuvres et des hommes durant toute l’Antiquité.

La langue arabe, parce qu’elle a été reléguée à un ailleurs exotique et étranger par la période coloniale, et, avant cela, par des mécanismes idéologiques fondés sur des oppositions religieuses, impose un décentrement supplémentaire, alors qu’une telle relégation est loin d’aller de soi, au vu de la continuité géographique, intellectuelle et culturelle qui relie mondes européens et mondes arabes. Cette langue est celle d’œuvres qui circulent dans un vaste espace tant géographique que temporel, ce qui oblige le comparatisme à repenser l’évidence des centres, des périodisations et des axes majeurs de circulation.

Grâce à trois exemples de recherches différents, cette séance de « Littérature en partage » propose de montrer en quoi les corpus arabophones permettent de nourrir notre discipline et de l’enrichir. Cette inclusion n’est pas sans difficulté, qu’il s’agisse de l’accès aux textes, de problèmes linguistiques et de traduction ou de questionnements théoriques sur l’utilisation des catégories émiques produites par les érudits arabes au fil des siècles. L’élargissement de notre discipline aux langues moins étudiées dans le secondaire français est pour autant éminemment souhaitable et instructif car il ouvre des perspectives nouvelles et dessine les contours bien plus larges d’une pratique enfin mondialisée.

 

Carole Boidin est maîtresse de conférences à l’Université Paris Nanterre. Elle s’intéresse aux traditions narratives et poétiques des mondes gréco-romains et arabes, ainsi qu’à leurs réceptions et réappropriations dans l’Europe de la première modernité. Elle a exploré certaines de ces réflexions dans le dossier « Pour une Antiquité-monde » de la revue Anabases, 36, 2022 (co-dirigé avec M. Pierre, A. Pietrobelli et T. Mauffrey) ainsi que dans Images des langues, langues imaginées. Imaginaires des langues anciennes et orientales en France au siècle des Lumières (co-dirigé avec F. Champy et É. Pavy-Guibert, Hermann, « Les collections de la République des Lettres », 2023).

Emilie Picherot est professeur de littérature comparée à l’Université de Lille et membre de l’IUF. Elle s’intéresse aux musulmans d’Espagne (Les musulmans d’Espagne dans les littérature arabe, espagnole et française, Classiques Garnier, 2019) et à la diffusion de la langue arabe dans les milieux humanistes européens (L’arabe dans l’Europe humaniste (1500-150), Classiques Garnier, 2023).

Aurélien Roche est actuellement inscrit en doctorat de littérature comparée à l’Université de Lille. Le titre de sa thèse à venir est « Le verre libertin. Poésie bachique et irréligion (VIIIe s. arabe - XIIe/XIIIe s. latin - XVIIe s. français) ». Il croise des corpus composés de poésie arabe (VIIIe-IXe s.), de poésie latine médiévale (XIIe-XIIIe s.) et de poésie française (XVIIe s.).

 

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https://univ-nantes-fr.zoom.us/meeting/register/tZ0of-GvrjMvGNyDfLKQc_msghOXucJEXVC1

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