événement
Présentation
Ce colloque-atelier s’intègre dans le cadre du projet « Contemporanéités des littératures » (projet d'établissement de l'Université Sorbonne Nouvelle, porté par le Centre d'Études et de Recherches Comparatistes) qui se propose de reconsidérer les décalages, les « retards », les discordances de la temporalité littéraire comme autant de contemporanéités construites par les échanges entre cultures littéraires européennes et extra-européennes (traductions, mais aussi redécouvertes tardives ou adaptations théâtrales et cinématographiques). Il s’agit, de façon expérimentale, de donner à voir quels temps sont, par la traduction, rendus contemporains dans le monde, en deux années du XIXe siècle et du XXe siècle, 1886 – date de la convention de Berne pour la protection des œuvres littéraires et artistiques – et 1968 – création de la revue du Bureau permanent des écrivains afro-asiatiques qui devait décerner, dès l’année suivante, le Lotus Prize for Literature. Ni bornes chronologiques, ni limites arbitraires – 1968 est aussi l’année où est créé le néologisme « traductologie » –, ces deux années sont choisies pour déterminer deux moments à partir desquels on souhaite explorer, de manière synchronique, ce qui est lu, dans une aire culturelle et linguistique donnée, des œuvres (fictionnelles ou non) produites en d’autres temps, dans d’autres régions du monde.
Reprenant à notre compte une approche déjà adoptée pour l’étude des traductions en langue française, qui consistait à procéder par coupes temporelles autour des années 1830, 1936 et, justement, 1886[1], nous croyons possible de cartographier les flux d’échanges littéraires et les réceptions décalées des œuvres dans le monde, créatrices d’effets de contemporanéité inattendus. C’est ainsi une histoire non linéaire de la littérature mondiale qui pourrait se dessiner, échappant à toute interprétation téléologique, attentive à la superposition de multiples temporalités de lecture dans un même espace, et susceptible de prendre véritablement en compte les dynamiques différenciées de circulation et d’interprétation des œuvres littéraires dans leur dimension interculturelle.
Les participant.e.s sont invité.e.s à proposer des tableaux synthétiques des traductions réalisées autour de 1886 et/ou de 1968 dans une langue donnée. La comparaison des tableaux ainsi constitués par aire linguistique et géographique devrait faire apparaître, dans l’espace, différents modes de contemporanéité des littératures entre elles.
[1] Voir, en parallèle de l’Histoire des traductions en langue française (sous la direction d’Yves Chevrel et Jean-Yves Masson, Lagrasse, Verdier, 2012-2019), Traduire en langue française en 1830, sous la direction de Christine Lombez, Arras, Artois Presses Université, 2012 ; L’appel de l’étranger. Traduire en langue française en 1886 (Belgique, France, Québec, Suisse), sous la direction de Sylvie Humbert-Mougin, Lucile Arnoux-Farnoux et Yves Chevrel, Tours, Presses Universitaires François-Rabelais, 2015 et Le tournant des rêves. Traduire en langue française en 1936, sous la direction de Bernard Banoun et Michaela Enderle-Ristori, Tours, Presses Universitaires François-Rabelais, 2021.
Avec la participation de :
- Arnaud Bikard (Inalco)
- Carole Boidin (U. Paris Nanterre)
- Alice Chaudemanche (Inalco)
- Sascha Ebeling (U. of Chicago)
- Valentina Fedchenko (Sorbonne Université)
- Anne Isabelle François (U. Sorbonne Nouvelle)
- Guido Furci (U. Sorbonne Nouvelle)
- Ines Horchani (U. Sorbonne Nouvelle)
- Jeong Eun-Jin (Inalco)
- Pierre Leroux (U. Sorbonne Nouvelle)
- Françoise Robin (Inalco)
- Cécile Sakai (U. Paris Cité)
- Nina Soleymani Majd (U. Sorbonne Nouvelle)
- Marie Vrinat-Nikolov (Inalco)
- Louis Watier (U. Toulouse Jean Jaurès)
- Wu Hanlai (U. Normale du Zhejiang)
Lieu :
Maison de la Recherche de l'Université Sorbonne Nouvelle, 4 rue des Irlandais, 75005 Paris, le 3 décembre de 9h30 à 17h30.