appel

Le roman d’espionnage : appel pour la revue FiXXion
: 01/06/2024
: Fixxion
: https://journals.openedition.org/fixxion/

Revue critique de fixxion française contemporaine, n°30 : « Le roman d’espionnage »


 


Numéro coordonné par Chloé Chaudet et Alexandre Gefen


Appel à contributions / Call for papers


 


 

Scroll down for English version

 

 

« J’aimais Malko, le prince espion et pornographe de Gérard de Villiers, celui qui défendait l’Occident contre les Rouges » déclare Philippe Lançon dans Le Lambeau, lorsque sa blessure lui impose de se réfugier dans ses souvenirs. Mais rares sont les critiques de langue française osant, comme lui, faire une place à Gérard de Villiers (le créateur de SAS) ou à Jean et Josette Bruce (et leur héros OSS 117). Ne se réduisant pas à ces exemples bien connus, le roman d’espionnage constitue pourtant un genre à la fois extrêmement populaire, culturellement important et littérairement inventif. S’il s’avère moins canonisé que le roman policier ou le polar, les origines que l’on a pu lui attribuer ne sont pas moins nobles (l’Ancien Testament, L’Odyssée ou encore L’Art de la guerre). Et il n’est pas si difficile de montrer, à l’instar de Luc Boltanski dans Énigmes et complots. Une enquête à propos d’enquêtes (Gallimard, 2012), qu’il engage une herméneutique du monde et du livre fondamentale pour la modernité occidentale, ou, tel Peter Szendy dans Sur écoute. Esthétique de l’espionnage (Minuit, 2007), qu’il expose des modes de perception originaux du devenir socio-historique.

Certes, l’intérêt relativement limité que suscite cette forme narrative en France tient au fait que ses manifestations sont plus répandues dans le domaine anglophone qui l’a vu naître – où, d’emblée, des fictions britanniques fort subtiles (The Secret Agent de Joseph Conrad, 1907) côtoient des récits à suspense plus codifiés (The Thirty-Nine Steps de John Buchan, 1915), avant que le cinéma international ne s’en mêle (ce dont témoignent, au-delà des adaptations réalisées par Alfred Hitchcock, les nombreux films inspirés des romans de Graham Greene, Ian Fleming ou encore John Le Carré). Il n’empêche qu’avant Pierre Nord, souvent considéré comme « le père du roman d’espionnage français » dans les années 1930, les espions de la police et du cœur obsédaient déjà Balzac, Stendhal ou Dumas. Ils étaient aussi les personnages centraux des récits de Paul D’Ivoi, Gaston Leroux ou Maurice Leblanc (L’Éclat d’obus, 1916) qui témoignaient du climat de la Première Guerre mondiale. Et à peine le roman d’espionnage essaime-t-il dans l’Hexagone qu’il féconde l’imaginaire littéraire : Le Rivage des Syrtes (1951) de Julien Gracq détourne l’espionnage du côté de la poésie tandis que Les Gommes de Robbe-Grillet met en scène dès 1953 un « Bureau des enquêtes », sorte de service du contre-espionnage, pour déconstruire les codes du genre.

L’intérêt pour le motif de l’espionnage est du reste patent dans le champ hexagonal contemporain, où il s’affiche de manière plus ou moins ponctuelle au sein des œuvres. Adrien Bosc, Frédérik Tristan, Olivier Guez, François-Henri Désérable, Antoine Bello, Karine Tuil, Pierre Assouline ont narré les parcours de vrais ou de faux espions. Zone ou Boussole de Mathias Énard se centrent sur des personnages pas si éloignés de ceux de John Le Carré pour penser les conflits d’hier et d’aujourd’hui. C’est aussi le cas d’Olivier Rolin dans Le Météorologue ou de Patrick Deville dans Taba-Taba. Après le dernier Robbe-Grillet (Djinn ou La Reprise) et Échenoz (Les Grandes Blondes ou Envoyée spéciale), le thème a continué à fasciner les éditions de Minuit : pensons au narrateur de La Clé USB de Jean-Philippe Toussaint qui devient espion malgré lui, ou aux espions cherchant à atténuer la portée subversive d’une œuvre d’art dans Sigma de Julia Deck. Le Vingtième Siècle d’Aurélien Bellanger aborde l’enquête du contre-espionnage français sur le groupe « Benjamin », HHhH de Laurent Binet ou Jan Karski de Yannick Haenel évoquent des infiltrés durant la Seconde Guerre mondiale. Le narrateur du Voyant d’Étampes d’Abel Quentin se retrouve à découvrir les machinations obscures de l’affrontement des blocs. Le Sage du Kremlin de Giuliano da Empoli traite d’un maître espion dans la Russie contemporaine.

Certaines littératures extra-européennes se ressaisissent, selon des dominantes différentes, de l’idéal-type de l’espion comme « paladin de l’Occident » étudié par Érik Neveu (L’Idéologie dans le roman d’espionnage, Presses de la fondation nationale des sciences politiques, 1985). Dans Mathématiques congolaises, In Koli Jean Bofane invente une opération de contre-espionnage visant un État français qui s’apprête à dénoncer à l’ONU les atteintes aux droits de l’homme du gouvernement du Congo-RDC, alors que Dominique Eddé imagine dans Kamal Jann la manipulation par la CIA du frère d’un militant islamiste, dans une œuvre confrontant la figure de l’espion à celle du terroriste. Pour sa part, Fann Attiki reconfigure dans Cave 72 le topos de l’espion occidental en montrant, au fil d’un récit vertigineux, comment un État dictatorial rappelant le Congo-Brazzaville surveille son propre peuple.

En écho à « 53 jours » de Georges Perec, où le motif de l’espionnage s’insère dans le récit à plusieurs fonds d’une manipulation textuelle, la littérature contemporaine explore, enfin, les articulations multiples entre les imaginaires de l’espionnage et de l’écriture. Dans Le Traquet kurde ou Ormuz de Jean Rolin, l’écrivain enquêteur court le risque d’être pris pour un espion. Jean-Claude Kauffmann n’est pas loin de cette posture dans ses enquêtes. C’est sans doute que, comme l’espion, l’écrivain est celui qui peut posséder un savoir privilégié sur l’humanité et une capacité à construire des légendes qui sont autant de mondes de fiction. D’où peut-être une tendance renouvelée à faire fonctionner l’espionnage comme une métaphore – de la jalousie amoureuse ou du voyeurisme, mais aussi de l’enquête sur le territoire intime d’autrui, notamment numérique (songeons à Celle que vous croyez de Camille Laurens ou encore aux romans de Jean-Jacques Pelletier, qui épinglent les sociétés de surveillance qui sont désormais les nôtres). L’espionnage peut même devenir une métaphore de l’introspection littéraire en général (« Grâce à ce fantastique espionnage qu’est le monologue intérieur, nous avons énormément appris sur ce que nous sommes », note Milan Kundera dans L’Art du roman) et on ne s’étonnera pas de voir les évocations symboliques de l’espionnage fleurir dans les Microfictions de Régis Jauffret – voire une métaphore de la littérature même, si l’on pense par exemple aux auteurs-espions d’Antoine Volodine dans Écrivains. Le narrateur de La Possibilité d’une île de Houellebecq ne se décrit-il pas comme « une sorte de vieil espion de l’humanité » ? C’est qu’à un certain niveau de généralité la littérature n’est-elle pas affaire d’information et de code et tout roman un roman d’espionnage ?

C’est donc sur les avatars contemporains du roman d’espionnage, ses ressources poétiques et ses enjeux sociocritiques comme sur sa puissance suggestive que l’on propose de réfléchir, qu’il s’agisse de s’intéresser aux thrillers de genre (DOA, Éric Paulin, Catherine Fradier), aux fictions historiques (Marc Dugain, Louis Hamelin), aux narrations réflexives, expérimentales (Philippe Vasset, Abdourahman Waberi), aux récits explicitement ou métaphoriquement d’espionnage. On pourra accepter des propositions d’articles s’inscrivant dans une approche comparatiste et/ou transhistorique, à condition qu’elles envisagent à titre principal la langue et la période d’écriture concernées par la Revue de fixxion française contemporaine.

 

Pistes de réflexion (non exhaustives)

 

- Qui sont aujourd’hui les (nouveaux) personnages qui peuplent le roman d’espionnage ? Révèlent-ils des mutations significatives par rapport aux espions tantôt héroïques, tantôt ordinaires voire médiocres au centre des fictions canoniques en langue anglaise ainsi que des romans français des années 1950 à 1980 ? En quoi et comment le roman d’espionnage du tournant du xxie siècle se ressaisit-il par exemple de la figure très actuelle du « lanceur d’alerte » ?

- Que nous dit désormais le roman d’espionnage du travail de l’écriture en tant que rapport au monde, de la lecture, de la critique ? Ses modèles et son vocabulaire peuvent-ils nourrir la théorie littéraire et si oui comment ?

- Où faudrait-il trouver les singularités actuelles du roman d’espionnage en langue française voire du roman d’espionnage hexagonal ? Résident-elles seulement dans une réflexivité plus affichée ?

- Si les circulations et infléchissements des codes fondant certains genres « populaires » dans des littératures plus expérimentales constituent un phénomène répandu, quelles sont leurs spécificités au sein des fictions d’espionnage ? Aident-elles à expliquer le fait que le roman d’espionnage est moins représenté en langue française que dans le domaine anglophone ?

- Quelles formes et quels sens revêtent dans la littérature contemporaine les parodies du roman d’espionnage et des figures qui lui sont liées ?

- Comment définir, et à l’aune de quelles œuvres, l’esthétique d’un espionnage « ultra-contemporain » postérieur à la chute du monde communiste ? Implique-t-elle de nouvelles considérations sur l’importance des médias dans la divulgation d’informations a priori inaccessibles aux populations civiles ?

- Que deviennent aujourd’hui les topoi genrés (au sens de gender) caractéristiques des premiers romans d’espionnage ? Si l’on continue à observer une nette prédominance des personnages (et des auteurs) masculins, qu’en est-il des variations contemporaines des représentations viriles qui informaient les œuvres antérieures – où elles impliquaient entre autres la reprise des codes du roman d’aventures ? Et qu’en est-il des figures féminines actuelles ? Constate-t-on des résurgences, des réactualisations, des subversions des représentations érotisantes de l’espionne à la Mata Hari ?

- Les récits contemporains empruntent-ils au film d’espionnage, dont le développement, concomitant à celui du roman d’espionnage, a donné cours à des images et à des structures narratives de plus en plus transmédiales ? Quid par ailleurs des formes de narration sérielle, dont l’importance hors de la littérature se traduit notamment par le fait que Le Bureau des légendes (Éric Rochant, 2015-2020) est l’une des séries télévisées françaises les plus exportées dans le monde ?

 

 

 

Bibliographie indicative 

 

  • Alix, Florian, « Le terroriste et la culture : roman d’espionnage et intertextualité savante chez Wajdi Mouawad, Abdourahman A. Waberi et Dominique Eddé », dans Figurer le terroriste. La littérature au défi, dir. Élara Bertho, Catherine Brun et Xavier Garnier, Paris, Karthala, « Lettres du Sud », 2021, p. 231-242.

  • Bérody, Laurence ;  Poirot, Jérome, « Roman d’espionnage », Dictionnaire du renseignement, dir. Hugues Moutouh et Jérôme Poirot, Paris, Perrin, 2018, p. 666-677.

  • Bleton, Paul, Les Anges de Machiavel. Essai sur le roman d’espionnage, Québec, Nuit Blanche, 1994.

  • Bloom, Clive, Spy Thrillers. From Buchan to Le Carré, Londres, Palgrave Macmillan, 1990.

  • Boltanski, Luc, Énigmes et complots. Une enquête à propos d’enquêtes, Paris, Gallimard, « NRF Essais », 2012.

  • Boucher, François-Emmanuël ; David, Sylvain ; Prévost, Maxime (dir.), dossier « Espionnage, complots, secrets d’État : l’imaginaire de la terreur », Études littéraires, vol. 46, n°3, automne 2015.

  • Hepburn, Allan, « World Citizens. Espionage Literature in the Cold War », dans Andrew Hammond (dir.), The Palgrave Handbook of Cold War Literature, Londres, Palgrave Macmillan, 2020, p. 303-322.

  • Midal, Alexandra ; Orléan, Matthieu (dir.), Top Secret. Cinéma & espionnage, Paris, Flammarion, « La Cinémathèque française », 2022.

  • Neveu, Érik, « Trente ans de littérature d’espionnage en France (1950-1980) », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, n°10, avril-juin 1986, p. 51-65.

  • Neveu, Érik, L’Idéologie dans le roman d’espionnage, Paris, Presses de la fondation nationale des sciences politiques, « Académique », 1985.

  • Schweighäuser, Jean-Paul, Panorama du roman d’espionnage contemporain, Paris, L’instant, 1986.

  • Szendy, Peter, Sur écoute. Esthétique de l’espionnage, Paris, Minuit, 2007.

  • Veraldi, Gabriel, Le Roman d’espionnage, Paris, Presses universitaires de France, « Que sais-je ? », 1983.


 

 

Modalités de soumission :

 

Les propositions de contribution, en français ou en anglais, doivent être envoyées à l’adresse fixxion21@gmail.com avant le 1er juin 2024.

Retour d’évaluation : courant septembre 2024.

Envoi des textes : 15 décembre 2024.

Parution du numéro : 15 décembre 2025.

 

 

 

“J’aimais Malko, le prince espion et pornographe de Gérard de Villiers, celui qui défendait l’Occident contre les Rouges”, writes Philippe Lançon in Le Lambeau, when his injury forces him to take refuge in his memories. But few French-language critics dare, as he does, to mention Gérard de Villiers (the creator of SAS) or Jean and Josette Bruce (and their hero OSS 117). The spy novel is not limited to these well-known examples. In fact, it is an extremely popular, culturally important and inventive genre. It may be less canonized than the detective story or the thriller, but its origins are no less noble (The Old Testament, The Odyssey, The Art of War). And one can argue, as Luc Boltanski does in Énigmes et complots. Une enquête à propos d’enquêtes (Gallimard, 2012), that it engages in a hermeneutic of the world and of the book which is fundamental to Western modernity, or, as Peter Szendy writes in Sur écoute. Esthétique de l’espionnage (Minuit, 2007), that it exposes original modes of perception of socio-historical evolutions.

Admittedly, the rather limited interest in this narrative form in France stems from the fact that its manifestations are more widespread in the English-speaking world where it originated. In Great Britain, from the outset, highly subtle British fictions (Joseph Conrad’s The Secret Agent, 1907) went alongside more codified suspense stories (John Buchan’s The Thirty-Nine Steps, 1915), before cinema got involved (the many films inspired by Graham Greene, Ian Fleming or John Le Carré, in addition to Alfred Hitchcock’s adaptations). Nevertheless, even before Pierre Nord, often considered “the father of the French spy novel”, police spies were already obsessing Balzac, Stendhal and Dumas. They were also central characters in the stories by Paul D’Ivoi, Gaston Leroux and Maurice Leblanc (L’Éclat d’obus, 1916), that reflected the climate of the First World War. Julien Gracq’s Le Rivage des Syrtes (1951) turned espionage into poetry, while in Les Gommes (1953), Robbe-Grillet set up a “Bureau des enquêtes”, a kind of counter-espionage service, to deconstruct the codes of the genre.

An interest in the motif of espionage is obvious in contemporary French literature. Adrien Bosc, Frédérik Tristan, Olivier Guez, François-Henri Désérable, Antoine Bello, Karine Tuil and Pierre Assouline told the stories of real or fake spies. In Mathias Énard’s Zone and Boussole, the characters are not so far removed from those by John Le Carré. The same is true of Olivier Rolin’s Le Météorologue and Patrick Deville’s Taba-Taba. After Robbe-Grillet’ s last book (Djinn ou La Reprise) and Échenoz (Les Grandes Blondes, Envoyée spéciale), the theme continued to fascinate the Éditions de Minuit: e.g. the narrator of Jean-Philippe Toussaint’s La Clé USB, who becomes a spy in spite of himself, or the spies seeking to mitigate the impact of a subversive work of art in Julia Deck’s Sigma. In Le Vingtième Siècle, Aurélien Bellanger deals with the French counter-espionage investigation into the “Benjamin” group, while Laurent Binet’s HHhH and Yannick Haenel’s Jan Karski evoke infiltrators during the Second World War. The narrator of Abel Quentin’s Le Voyant d’Étampes uncovers the dark machinations of the clash of the Blocs. Giuliano da Empoli’s Le Mage du Kremlin deals with a master spy in contemporary Russia.

Out of Europe, several literary works take up the ideal of the spy as a “paladin of the West”, as studied by Érik Neveu (L’Idéologie dans le roman d’espionnage, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1985). In Mathématiques congolaises, In Koli Jean Bofane invents a counter-espionage operation targeting the French State that is about to denounce the Congo-RDC government’s human rights abuses to the UN. In Kamal Jann, Dominique Eddé imagines the CIA’s manipulation of an Islamist militant’s brother, in a work that confronts the figure of the spy with that of the terrorist. Cave 72 by Fann Attiki reconfigures the topos of the Western spy, showing in a dizzying narrative how a dictatorial state (Congo-Brazzaville?) keeps watch over its own people.

Echoing Georges Perec’s « 53 jours », where the motif of espionage is woven into the multi-layered narrative of a textual manipulation, contemporary literature explores the multiple articulations between espionage and writing. In Jean Rolin’s Le Traquet kurde or Ormuz, the investigative writer runs the risk of being mistaken for a spy. Jean-Claude Kauffmann is not far from this position during his investigations. This is undoubtedly because, like the spy, the writer is an individual who possesses a privileged knowledge of humanity and an ability to construct legends. Hence, perhaps, a renewed tendency for espionage to function as a metaphor - for amorous jealousy or voyeurism, but also for investigation into other people’s intimate territory, in particular through the digital world (e.g. Camille Laurens’ Celle que vous croyez, or Jean-Jacques Pelletier’s novels, that describe our surveillance societies). Espionage can even become a metaphor for literary introspection in general (“Grâce à ce fantastique espionnage qu’est le monologue intérieur, nous avons énormément appris sur ce que nous sommes”, notes Milan Kundera in L’Art du roman), and it’s no surprise to see symbolic evocations of espionage flourishing in Régis Jauffret’s Microfictions. It could be used as a metaphor for literature itself, if we think of Antoine Volodine’s spy-authors in Écrivains. Doesn’t the narrator of Houellebecq’s La Possibilité d’une île describe himself as “a kind of old spy of humanity”? At a certain level of generality, isn’t literature mainly concerned with information and code, and isn’t every novel a kind of spy novel?

The contemporary avatars of the spy novel, its poetic resources and socio-critical stakes, as well as its suggestive power, are the focus of our reflections, whether on thrillers (DOA, Éric Paulin, Catherine Fradier), historical fiction (Marc Dugain, Louis Hamelin), reflexive and experimental narratives (Philippe Vasset, Abdourahman Waberi), or spy story as a metaphor. Proposals for articles taking a comparative and/or transhistorical approach may be accepted, provided they focus on the language and period of writing covered by the Revue de fixxion française contemporaine.

 

We welcome original contributions on the following issues (not exclusive):

 

- Who are the (new) characters in today’s spy novels? Do they reveal significant changes in relation to the sometimes heroic, sometimes ordinary, or even mediocre spies who are at the center of the canonical English-language stories or French novels of the 1950s to 1980s? How does the spy novel, at the turn of the 21st century, take up the new figure of the “whistle-blower”?

- What does the spy novel tell us about the task of writing and its relationship to society? About reading and criticism? Could its models and vocabulary be an inspiration for literary theory, and if so, how?

- What are the current specificities of the French-language spy novel? Do they lie solely in a greater reflexivity?

- The inflection and subversion of codes founding certain “popular” genres is a widespread phenomenon in experimental literature. What would be their specific features within spy fiction? Do they help explain why the spy novel is less represented in French than in English?

- What form and meaning do parodies of the spy novel and of related figures take in contemporary literature?

- How can we define the aesthetics of “ultra-contemporary” espionage after the fall of Communism? In which works? Does that aesthetics imply new considerations on the importance of the media in disclosing information a priori inaccessible to civilian populations?

- What has become of the gendered topoi of early spy novels? We still observe a clear predominance of male characters (and authors), but what about contemporary variations on the virile representations that informed earlier works - where they were based, among other things, on the revival of the codes of the adventure novel? And what about today’s female figures? Are there any resurgences, updates or subversions of erotic representations of the spy à la Mata Hari?

- Do contemporary narratives borrow from spy movies, whose development, concomitant with that of the spy novel, has given rise to increasingly transmedial images and narrative structures? What about serial forms of narration, whose importance is reflected, for instance, in the fact that Le Bureau des légendes (Éric Rochant, 2015-2020) is one of the most exported French TV series in the world?

 

 

Suggested bibliography:

 

  • Alix, Florian, “Le terroriste et la culture : roman d’espionnage et intertextualité savante chez Wajdi Mouawad, Abdourahman A. Waberi et Dominique Eddé”, in Figurer le terroriste. La littérature au défi, eds Élara Bertho, Catherine Brun et Xavier Garnier, Paris, Karthala, “Lettres du Sud”, 2021, p. 231-242.

  • Bérody, Laurence ;  Poirot, Jérome, “Roman d’espionnage”, Dictionnaire du renseignement, eds. Hugues Moutouh et Jérôme Poirot, Paris, Perrin, 2018, p. 666-677.

  • Bleton, Paul, Les Anges de Machiavel. Essai sur le roman d’espionnage, Québec, Nuit Blanche, 1994.

  • Bloom, Clive, Spy Thrillers. From Buchan to Le Carré, London, Palgrave Macmillan, 1990.

  • Boltanski, Luc, Énigmes et complots. Une enquête à propos d’enquêtes, Paris, Gallimard, “NRF Essais”, 2012.

  • Boucher, François-Emmanuël ; David, Sylvain ; Prévost, Maxime (eds.), dossier “Espionnage, complots, secrets d’État : l’imaginaire de la terreur”, Études littéraires, vol. 46/3, automne 2015.

  • Hepburn, Allan, “World Citizens. Espionage Literature in the Cold War”, in Andrew Hammond (eds.), The Palgrave Handbook of Cold War Literature, London, Palgrave Macmillan, 2020, p. 303-322.

  • Midal, Alexandra ; Orléan, Matthieu (dir.), Top Secret. Cinéma & espionnage, Paris, Flammarion, “La Cinémathèque française”, 2022.

  • Neveu, Érik, “Trente ans de littérature d’espionnage en France (1950-1980)”, Vingtième Siècle. Revue d’histoire, 10, avril-juin 1986, p. 51-65.

  • Neveu, Érik, L’Idéologie dans le roman d’espionnage, Paris, Presses de la fondation nationale des sciences politiques, “Académique”, 1985.

  • Schweighäuser,Jean-Paul, Panorama du roman d’espionnage contemporain, Paris, L’instant, 1986.

  • Szendy, Peter, Sur écoute. Esthétique de l’espionnage, Paris, Minuit, 2007.

  • Veraldi, Gabriel, Le Roman d’espionnage, Paris, Presses universitaires de France, “Que sais-je ?”, 1983.


 

 

Deadlines:

 

Proposals for contributions (approximately 300 words) should be sent, in French or English, to fixxion21@gmail.com before June 1, 2024.

Notification of the acceptance of the abstract: September 2024.

The text of the final article must be sent before December 15, 2024.

Date of publication: December 15, 2025.

 

 

 

 
: Chloé Chaudet