soutenance

Le Poète, la rose et le sablier. Représentations de la vieillesse féminine dans la poésie en langue romane de la Renaissance et de l’âge baroque.
: Louise Dehondt
: Citadelle de l'Université de Picardie Jules Verne - Amiens
: 02/12/2021
J'ai le plaisir de vous annoncer la soutenance de ma thèse, préparée sous la direction d'Anne Duprat et intitulée "Le Poète, la rose et le sablier. Représentations de la vieillesse féminine dans la poésie en langue romane de la Renaissance et de l'âge baroque". Elle se tiendra le jeudi 2 décembre 2021 à partir de 14h, à la Citadelle de l'Université de Picardie - Jules Verne (Amiens), en salle D101.

Le jury sera composé de :
Mme Anne Duprat, Professeure, Université de Picardie – Jules Verne,
M. François Lecercle, Professeur émérite, Sorbonne Université,
M. Guillaume Peureux, Professeur, Université Paris Nanterre,
M. Matteo Residori, Professeur, Université Sorbonne Nouvelle,
Mme Lise Wajeman, Professeure, Université Paris Diderot.

Il sera également possible de suivre la soutenance à distance en visioconférence et le lien zoom pourra être communiqué à toute personne intéressée sur simple demande.

Résumé :
Fondée sur un vaste corpus de textes italiens, français et espagnols, cette étude consacrée à la représentation du grand âge au féminin met en évidence la présence capitale et contrastée de la vieillesse dans la poésie satirique, amoureuse et spirituelle en langue romane de la Renaissance et de l’âge baroque : types récurrents de vieilles entremetteuses ou sorcières et portraits terrifiants du grand âge à venir destinés à effrayer une jeune destinataire côtoient des éloges d’une vieillesse tournée vers Dieu. Au croisement d’enjeux sociaux, anthropologiques, théologiques, esthétiques et éthiques, la représentation de la vieillesse féminine est traversée par une série de tensions symptomatiques de l'altérité que représente le corps féminin âgé.
Notre travail s’efforce tout d’abord de mettre en lumière les normes d’âge et de genre qui enserrent la représentation des parcours biographiques et de souligner combien la production poétique configure des archétypes caricaturaux de femmes âgées qui concentrent la haine et le dégoût lorsqu’elles ne respectent pas l’injonction au retrait spirituel. Dans un deuxième temps, il s’agit de montrer que cette marginalisation sociale, telle qu’elle est représentée dans la production poétique, s’articule à une esthétique et une éthique qui associent étroitement beauté et jeunesse féminines à la Renaissance, présentées comme seules désirables. L'épreuve du temps décompose l’harmonie et fait surgir le rire. Mais loin de se cantonner à la production satirique, la représentation de la vieillesse féminine souligne la porosité entre les portraits amoureux et satiriques de la vieillesse féminine. La perspective de la laideur comique qui défait l'idéal de beauté se profile comme une menace invoquée par le poète pour se délier de ses promesses amoureuses. La hantise du vieillissement, perceptible dans la production poétique, est indissociable de l’évolution des représentations du corps féminin et de l’appréhension du temps à la Renaissance : les deux derniers temps du travail s’appuient ainsi sur l’histoire du corps et des idées pour souligner combien l’imaginaire renaissant de la sénescence est genré. Le troisième temps du travail est consacré spécifiquement à l’étude de l’intensité des émotions négatives, de dégoût et de haine, générées par la représentation du corps et de la sexualité de la vieille femme qui viennent troubler les normes de genre. En se concentrant sur les satires obscènes et violentes contre la vieille femme, on met en lumière l’angoisse qu’éveille la vieille femme, parangon des corps corrompus, marqué par le péché originel, mais qui continue d’éprouver du désir. Le dernier temps de l’étude souligne combien cette représentation du vieillissement, qui apparaît comme une expérience aliénante, modèle l’inscription temporelle féminine, dans le cadre du souci du temps qui caractérise la Renaissance et l’âge baroque, hantés par la fugacité de l’instant présent et la précarité de toute forme.
: Louise Dehondt