soutenance

La mort des amants. Variations intermédiales autour du mythe de Pyrame et Thisbé, du XVIIe à nos jours
: Université de Paris Nanterre
: 16/10/2025
Aurore Labbé de la Genardière soutiendra sa thèse de doctorat préparée au Centre de recherche en Littérature et poétique comparées de l’Université Paris Nanterre, sous la direction de Madame Sylvie Parizet, avec l'appui de Madame Amandine Lebarbier.

La thèse s'intitule "La mort des amants. Variations intermédiales autour du mythe de Pyrame et Thisbé, du XVIIe à nos jours".

La soutenance se tiendra le jeudi 16 octobre 2025 à 14h30 à l’Université de Paris Nanterre, en salle B015, au rez-de-chaussée du bâtiment Pierre Grappin.

Le jury sera composé de :

Madame Florence Fix, Professeure des universités, Université de Rouen (rapporteure)

Madame Amandine Lebarbier, Maîtresse de conférences, Université Paris Nanterre

Monsieur Alain Montandon, Professeur émérite, Université Clermont-Auvergne (rapporteur)

Madame Sylvie Parizet, Maîtresse de conférences, Université Paris Nanterre (directrice)

Madame Évanghélia Stead, Professeure des universités, UVSQ Paris-Saclay

 

Résumé :

Ce travail de mythocritique réévalue l’éclipse apparente du mythe de Pyrame et Thisbé à partir du XVIIe siècle. Un premier mouvement revient aux sources ambivalentes, autour du concept de la différance derridienne, stipulant que la fable d’Ovide, tirée des Métamorphoses, forme le miroir inversé de la version asiatique. L’essence du mythe se fond avec la question du même et de l’autre, se saisit mieux en miroir d’autres mythes mêlant Eros et Thanatos. La vitalité de la matrice se redéploie au gré de nombreuses transpositions formelles. L’on retrouve ainsi la trace des amants dans l’art lyrique, les arts visuels, sur les planches de l’imagerie populaire, ou comme motif ornemental en fiction. La patte parodique du Songe, explique, en grande partie, pourquoi Roméo et Juliette ont supplanté Pyrame et Thisbé en tant qu’archétypes explicites d’amants tragiques.

Dans un deuxième mouvement, nous abordons l’archi-texture du mythe sous l’angle de la topologie. La psychanalyse nous invite à relire le langage pulsionnel de l’espace. Si les figures du mythe ne rencontrent plus le même engouement, le motif du mur séparateur ne cesse d’inspirer de nombreuses adaptations. La dialectique de l’altérité proche mais inaccessible se répercute sur des topoï variés (porte, seuil, jardin, cimetière) qui en conservent tous le caractère liminal. L’espace a partie liée à l’indicible, à la transgression et au sacré, dans son acception large.

Un troisième mouvement s’intéresse à la sociopoétique de l’obstacle à l’amour. La trajectoire suit une orientation centripète, d’obstacles exogènes, informés par la pensée judéo-chrétienne dominante, vers des motifs endogènes. Le rôle d’opposant s’attache ainsi à la figure du roi tyran sous l’Ancien Régime, glisse vers une intériorisation grandissante du conflit au XIXe siècle, autour de la peur de l’émancipation et de la sexualité féminines notamment. La sécularisation de la société moderne, le déclin de la tutelle parentale ou l’impératif d’autonomie contemporain transforment en profondeur le régime amoureux, au point que l’absence d’obstacle forme la plus grande menace à la vitalité des amours de Pyrame et Thisbé.
: Aurore Labbé de la Genardière