événement
Festival des Arts Contemporains de la Caraïbe: 16-26 octobre 2008
Festival des Arts contemporains de la Caraïbe
Du 16 au 26 octobre 2008
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- Le Blues en terres insulaires : Rencontres littéraires
La Maison des Cultures du Monde
L'Alliance Française de Paris
101 Boulevard Raspail 75006 Paris
La Galerie JM Arts
36 rue Quincampoix 75004 Paris
La Rhumerie St Germain
Dans Ce que je dois à Aimé Césaire, Jacques Lacarrière écrit :
« L'avouerai-je ? Je n'ai chez moi aucune icône, aucune veilleuse brûlant près du portrait d'Aimé Césaire. De mon premier exemplaire du Cahier, celui de l'édition de 1947, je n'ai pas fait non plus un reliquaire puisque... ses mots sont d'abord pour moi des écrins. Les reliquaires contiennent les restes ossifiés de miracles et mirages défunts. Les écrins contiennent des perles et des lumières vivantes, de celles dont on dit qu'elles sont d'un bel orient. Parmi tous ces orients, certains m'ont paru briller comme des astres de première grandeur. »
Cet « orient » occidental, américain, caribéen, martiniquais oriente les deux tables rondes que la troisième édition de Vibrations Caraïbes dédie à Aimé Césaire.
« Au bout du petit matin », Césaire écrit le blues, le « jujubier de chairs pourries », les « cases aux entrailles riches de succulence », les « mots de sang frais qui sont des feux de brousse et des flambées de chair ».
Des écrivains lecteurs sont conviés à une première table ronde pour dire le rôle ou la place que l'écrivain a dans leur imaginaire, dans leur parcours, dans leur propre écriture.
Des chercheurs sont invités lors d'une seconde table ronde à présenter ce qui, après Césaire et à partir de lui, nourrit leur réflexion politique. De nègre à négritude, de race à histoire : les questions ont été déplacées par un homme qui, lui-même, a fait retour sur ce qui, pour lui, constitue la question primitive : « qui suis-je ? » en intégrant les douloureuses traversées que ses ancêtres ont, avant lui, éprouvées.
Et en ouverture à cette série de rencontres littéraires et de discussions, le Festival donnera une poésie orale caribéenne vivante, incarnant les modulations populaires du blues créole ...
Loin des chapelles et des académies, Vibrations Caraïbes entend ainsi montrer l'actualité éparse d'Aimé Césaire, prolonger les chemins qu'il a tracés, accueillir les divergences et les différences qui, aujourd'hui comme hier, font débat.
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- Vibrations Caraïbes : du Jazz caribéen au Blues créole
Après avoir proposé en 2007 le premier Festival entièrement consacré au Jazz caribéen, et un cycle de rencontres sur le Jazz et la littérature avec les interventions de Koffi Kwahulé, d'Eddy Harris, de Pauline Guéna et Nadine de Koenigswarter avec Valérie Marin La Meslée, Vibrations Caraïbes, le Festival des Arts contemporains de la Caraïbe continue l'exploration des formes d'expression littéraires contemporaines de la Caraïbe et des Amériques. Avec la même démarche interdisciplinaire, la troisième édition de Vibrations Caraïbes suit les prolongements de cette musique dans l'archipel antillais et se consacre au Blues créole.
Le Blues, né dans le Sud des Etats-Unis, trouve ses racines dans les chansons de travail des plantations de coton et dans le gospel. Dans ce genre musical, la parole est primordiale. Expression d'une mélancolie, d'une tristesse, d'une mémoire, la complainte du chanteur de blues est accompagnée par un rythme donné par des instruments sommaires. Musique matricielle des Amériques noires, le blues se déploie sous d'autres formes dans cette Amérique en archipel que symbolise la Caraïbe.
La programmation transversale du Festival permettra de découvrir les formes modernes et proprement caribéennes d'une parole poétique inspirée par la puissance des premiers chants de blues, et d'y réfléchir. Ces chants de la résistance, du deuil de l'exil, ces récits témoins de la vie quotidienne ont résolument marqué les poètes antillais.
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- Le Blues créole : performances poétiques, café littéraire et table ronde
- DUB POETRY, SPOKEN WORD, STORYTELLING
Le premier volet littéraire du festival accueille tout d'abord les hérauts de la poésie orale caribéenne. Passionnément écoutée et étudiée en Angleterre et aux Etats-Unis, la poésie populaire orale caribéenne, pratiquée par des artistes musiciens, est encore relativement peu connue en France en dehors des cercles Slam et des quelques amateurs de Dub Poetry. Vibrations Caraïbes propose de faire découvrir au public ses plus fameux interprètes, venus de la Jamaïque, de Sainte-Lucie et de la Martinique.
- Dub Poetry...
La Dub Poetry est un genre à part entière, née dans les années 80 en Jamaïque et fondée sur l'association entre musique reggae et poésie. Dans un style proche du spoken word américain, le poète dub psalmodie ses textes en calquant son phrasé sur des rythmiques reggae-dub et s'attache à dénoncer l'injustice sociale, les discriminations, les problèmes économiques. Si l'engagement politique des poètes dub les rapprochent des rastamen dont ils partagent souvent la croyance spirituelle, la dub poetry se veut plus affranchie du mysticisme et plus critique que le reggae.
Linton Kwesi Johnson (Jamaïque)
Né en 1952 en Jamaïque avant d'émigrer en Angleterre à l'âge de onze ans, Linton Kwesi Johnson est emblématique du mouvement Dub Poetry. Licencié de sociologie, ancien membre des Black Panthers britanniques, LKJ s'est imprégné des grands noms de la littérature : Shelley, Nicolas Guillen, Aimé Césaire et Léopold Sedar Senghor, Derek Walcott... Il monte un groupe, les Rasta Love où il fait ses premiers essais musicaux. Son premier recueil Voices of the Living and the Dead est édité en 1974 et adapté en 1977, dans l'album Dread Beat An' Blood. Trois ans après son deuxième album, Forces of Victory (1979), il lance son label LKJ Records et continue depuis sa carrière de poète-musicien.
Kendel Hippolyte (Sainte-Lucie)
Décrit par le Heinemann Book of Caribbean Poetry comme « sans doute le poète le plus extraordinaire de sa génération », Kendel Hippolyte est né à Sainte-Lucie en 1952. Après un séjour en Jamaïque dans les années 70, au moment du « Black Consciousness », il se consacre à la poésie dans ses formes traditionnelles et dans des formes plus influencées par le reggae, en choisissant d'écrire autant en anglais classique qu'en créole ou en anglais de la Caraïbe. Il a publié à ce jour cinq recueils de poèmes, cités dans les prestigieuses anthologies The Penguin Book of Caribbean Verse, West Indian Poetry, Voiceprint, Crossing Water, Caribbean Poetry Now et le Heinemann Book of Caribbean Poetry. Kendel Hippolyte est aussi dramaturge et à l'origine de l'importante Lighthouse Theater Company.
- et création poétique en musique
Joby Bernabé et Jean-Claude Montredon (Martinique)
Né en 1945 en Martinique, Joby Bernabé c'est d'abord une voix. Il écrit et déclame des vers en français et en créole, les traduit en anglais et en espagnol, et fait se croiser art du conte, poésie et théâtre classique. Son CD Il était une fois une voix (2001) reprend ses textes les plus connus. Il a par ailleurs publié un livre-cd Tiwa et la pierre miroir, avec Serge Bilé en 2006 et un recueil de poèmes, Démaré en 2007.
Selon Roland Brival, Jean-Claude Montredon est « un très grand coloriste, de la classe de tous les grands ». Né en Martinique où il a officié très jeune dans des bals et orchestres, il a contribué à l'essor du jazz et de la fusion en France. Jazzman et rythmicien hors pair, il a joué aux côtés de Ralph Tamar, Mario Canonge, Ronald Tulle, Alain Jean-Marie et bien d'autres, et a notamment enregistré Biguine Reflection 2.
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- CAFE LITTERAIRE : LE BLUES DE CESAIRE
Le deuxième volet littéraire du festival est un moment de rencontre entre deux auteurs et entre trois uvres : Daniel Maximin et Gisèle Pineau échangeront sur leurs lectures de Césaire. En acceptant de se livrer à un jeu de rebonds et de réflexion à partir de la lecture et de la mise en voix des textes de Césaire qui les traversent, ces deux écrivains donneront à entendre autrement l'uvre toujours vivante du grand poète. De la parole déclamée que l'on explore et fait résonner à la réflexion sur la création poétique, ce va-et-vient stimulant sera sans aucun doute un des moments forts du festival.
Daniel Maximin
Né en 1947 en Guadeloupe, et très vite engagé dans une intense activité culturelle, Daniel Maximin est avant tout un poète, romancier et essayiste reconnu. Auteur de trois romans chez Seuil, l'isolé soleil (1981), Soufrières (1987), et L'île et une nuit (1996), ainsi que d'un recueil de poèmes, L'invention des désirades, (Présence Africaine, 2000), il a aussi écrit un récit autobiographique: Tu c'est l'enfance, (Gallimard, 2004, Grand prix Maurice Genevoix de l'Académie Française), et un essai Les fruits du cyclone, Une géopoétique de la Caraïbe (Seuil. 2006).
Gisèle Pineau
Née en France en 1956 de parents guadeloupéens, Gisèle Pineau est confrontée dès son plus jeune âge à la question de l'exil, aux problèmes d'identité et de racisme. Cette expérience nourrit son uvre d'écrivaine. La Grande Drive des Esprits, son premier roman (Serpent à Plumes, 1993) est récompensé par le grand prix des lectrices Elle et par le prix Carbet de la Caraïbe en 1994. Son succès ne s'est pas démenti depuis. Après entre autres, L'Espérance-Macadam (1995), et Chair-Piment (2002), elle publie cette année Morne Câpresse aux éditions Mercure de France. Elle est également l'auteur avec Marie Abraham d'un essai, Femmes des Antilles, traces et voix cent cinquante ans après l'abolition de l'esclavage (Stock 1998).
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- TABLE RONDE : DE NEGRE A NEGRITUDE
Le troisième volet littéraire du Festival, en partenariat avec l'IDNF, l'Institut des diasporas noires francophones, réunira quatre historiens et philosophes, intimement liés par leur travail de recherche à ce que représente pour le discours politique, la parole, le « blues », de Césaire. La conférence à plusieurs voix « De Nègre à Négritude, de Race à Histoire, une traversée de la pensée de Césaire » sera le moment de faire le point sur une poétique et une uvre de théâtre et d'essais aux variations et aux évolutions décisives pour penser aujourd'hui l'héritage de la Négritude et les engagements de Césaire.
Seloua Luste Boulbina
Née en France, Seloua Luste Boulbina émigre en Algérie après l'indépendance, avant de revenir pour ses études. Agrégée de philosophie, docteur d'État en sciences politiques, elle est membre du conseil éditorial de la revue Aisthe (Brésil) et membre de la rédaction de la revue Sens Public (France). Responsable de séminaire au Collège international de philosophie, elle a coordonné « Réflexions sur la postcolonie » (revue Rue Descartes n°58, 2007), et présenté Tocqueville Sur l'esclavage (Babel, Actes Sud, 2008), et Claude Lévi-Strauss Race et histoire (FolioPlus philo Gallimard 2007). Elle est en outre l'auteure du Singe de Kafka et autres propos sur la colonie (éditions Parangon, collection « Sens Public » 2008).
François Durpaire
Agrégé et docteur en histoire, François Durpaire est chercheur associé au Centre de Recherche d'Histoire Nord-Américaine de Paris 1-Panthéon Sorbonne et directeur de l'Institut des Diasporas Noires Francophones. Spécialisé dans les questions liées à la diversité et à l'évolution des identités au sein de la mondialisation, il est l'auteur de L'Amérique de Barack Obama et de L'unité réinventée, Les présidents américains face à la nation.
L'IDNF a pour objectif de stimuler la recherche sur les populations caribéennes et africaines francophones, principalement en France et en Amérique. Il s'agit de mettre à la portée de tous des textes selon trois axes : les études caribéennes, l'histoire des Antillais et Africains en France, les migrants antillais et africains au Canada et aux Etats-Unis. De plus en plus nombreux, ils font la vitalité de la francophonie en Amérique du Nord.
Louis-Georges Tin
Né en 1974 en Martinique, normalien de la rue d'Ulm puis agrégé de Lettres, Louis-Georges Tin s'affirme très vite en tant qu'intellectuel. Après avoir fondé l'association Homonormalité à l'ENS en 1997, il publie sa recherche sur la question homosexuelle (Homosexualité : Expression/Répression, Stock 2000, Dictionnaire de l'Homophobie, PUF 2003) et s'implique de plus en plus dans la réflexion sur les discriminations raciales. Proche du CRAN, Conseil représentatif des associations noires, il en devient le porte-parole dès 2004. Il milite ainsi pour la reconnaissance de la question noire en France.
Françoise Vergès
Diplômée de sciences politiques de l'Université de Berkeley, Reader au Center for Cultural Studies, Goldsmith College, Londres, et, présidente du Comité pour la Mémoire de l'Esclavage, Françoise Vergès travaille sur la théorie postcoloniale et la muséographie dans les sociétés postcoloniales, son domaine privilégié étant l'Océan Indien. Co-auteure avec Pascal Blanchard et Nicolas Bancel de La Fracture coloniale :: la société française au prisme de l'héritage colonial, (La Découverte 2005), l'historienne est également connue pour ses entretiens avec Aimé Césaire (Nègre je suis, nègre je resterai, entretiens avec Françoise Vergès, A. Michel, 2005) et pour son ouvrage, récompensée par le Prix Françoise Seligmann contre le racisme, La Mémoire enchaînée. Questions sur l'esclavage (Albin Michel, 2006).