soutenance

“Du sens. Hellénisme, hébraïsme, imagination chez Heinrich Heine, Théophile Gautier et Walter Pater (1853-1893)”
: BIGNÉ Étienne
: École Normale Supérieure de Lyon, site Descartes, salle D2-020
: 29/09/2023
: https://www.theses.fr/s197744
Étienne Bigné soutiendra sa thèse en vue de l’obtention du grade de docteur en littérature générale et comparée le vendredi 29 septembre à 14h30 à l’École Normale Supérieure de Lyon, site Descartes, salle D2-020.

Titre de la thèse : « Du sens. Hébraïsme, hellénisme, imagination chez Heinrich Heine, Théophile Gautier, et Walter Pater (1853-1893) », sous la direction d’Éric Dayre (CERCC, ENS de Lyon).

Composition du jury :

- Monsieur Bernard FRANCO (Université Paris Sorbonne, rapporteur),
- Madame Anne-Florence GILLARD-ESTRADA (Université de Rouen, rapporteure)
- Monsieur Laurent CASSAGNAU (École Normale Supérieure de Lyon, examinateur)
- Madame Claude RÉTAT (CNRS, examinatrice)
- Monsieur Philippe ZARD (Université Paris Nanterre, examinateur)
- Monsieur Éric DAYRE (ENS de Lyon, directeur)

Résumé de la thèse :

« Tous les hommes sont des Juifs ou des Hellènes, des hommes aux instincts ascétiques, hostiles aux images et avides d’intériorité, ou des hommes heureux de vivre [et] fiers de prospérer » : en se réclamant ainsi du paganisme antique, Heine rejoint Gautier et Pater. Ces trois auteurs « pour qui le monde visible existe » défendent un vaste programme de réhabilitation du corps, un « sensualisme » qui n’est ni idéalisme ni matérialisme et s’engage dans une critique du « spiritualisme » chrétien et du rationalisme scientifique, au profit d’une foi dans les pouvoirs transitifs de la poésie. Notre étude montrera en quoi le sensualisme païen de nos trois auteurs, entre classicisme, romantisme et modernité, s’offre à la fois comme démarche de réévaluation de l’imagination poétique et comme tentative de « défamiliarisation » (W. Marx) de l’Antiquité. Cette volonté de déviance ou d’« écart » fait ainsi de l’art une puissance du singulier qui défend aussi, dans une tradition humaniste, une vision normative pour la cité. On s’intéressera ainsi à ce paganisme lumineux, religion de la chair et de la joie qui fait des corps marmoréens des idéaux terrestres. Entre tradition et révolution, on envisagera la tension entre deux régimes d’historicité au cœur d’une modernité prosaïque où les anciens dieux survivent « en exil » et où tente de se redéfinir la relation à la croyance religieuse. Ce travail s’attachera enfin à la critique de l’hégémonie du logos : à l’heure où la scientificité rationnelle tend à devenir l’unique critère de validité du discours de savoir et de vérité, Heine, Gautier et Pater affirment au contraire la puissance de la poésie à dire et habiter le monde.
: Étienne Bigné