divers
Comparatistes en quarantaine (8) un poème pour Pâques
La lumière, changée
Nous ne nous voyons plus dans la même lumière,
Nous n’avons plus les mêmes yeux, les mêmes mains,
L’arbre est plus proche et la voix des sources plus vive,
Nos pas sont plus profonds, parmi les morts.
Dieu qui n’es pas, pose ta main sur notre épaule,
Ébauche notre corps du poids de ton retour,
Achève de mêler à nos âmes ces astres,
Ces bois, ces cris d’oiseaux, ces ombres et ces jours.
Renonce-toi en nous comme un fruit se déchire,
Efface-nous en toi. Découvre-nous
Le sens mystérieux de ce qui n’est que simple
Et fût tombé sans feu dans des mots sans amour.
Yves Bonnefoy, Pierre écrite, 1965
Source de l'information : Patrick Werly