divers
Comparatistes confinés (nouvelle série)
Pour accompagner nous jours de quarantaine, Guillaume Métayer nous offre une traduction "confinée" (et même carrément en cage)
La Panthère
Au Jardin des Plantes, Paris
Son regard à passer le long des barreaux
s’est tant fatigué qu’il ne fixe plus rien.
Pour elle, il y aurait par milliers des barreaux
et derrière les milliers de barreaux, de monde : point.
L’allure moelleuse des pas souples dans leur puissance
gravitant dans le cercle le plus petit
est comme autour d’un centre une force qui danse
en qui un grand vouloir subsiste, étourdi.
De loin en loin seulement le rideau des pupilles
sans bruit s’élève-. Alors une image y pénètre,
parcourt des membres la tension tranquille -
pour, à son arrivée dans le cœur, cesser d'être.
DER PANTHER
IM JARDIN DES PLANTES, PARIS
Sein Blick ist vom Vorübergehn der Stäbe
so müd geworden, daß er nichts mehr hält.
Ihm ist, als ob es tausend Stäbe gäbe
und hinter tausend Stäben keine Welt.
Der weiche Gang geschmeidig starker Schritte,
der sich im allerkleinsten Kreise dreht,
ist wie ein Tanz von Kraft um eine Mitte,
in der betäubt ein großer Wille steht.
Nur manchmal schiebt der Vorhang der Pupille
sich lautlos auf –. Dann geht ein Bild hinein,
geht durch der Glieder angespannte Stille –
und hört im Herzen auf zu sein.
Rainer Maria Rilke
Source de l'information : Metayer, Guillaume