événement

Colloque « Watteau au confluent des arts : Caractères de la danse » – appel
Watteau 2010

6e volet des rencontres annuelles à Valenciennes

Colloque organisé par l'université de Valenciennes (Centre de recherche CALHISTE), ayant lieu les 9 et 10 décembre 2010


Watteau au confluent des arts: Caractères de la danse
Le dessin

- aujourd'hui disparu, mais connu par de bonnes reproductions

- du compositeur Jean-Féry Rebel (1666-1747) par Antoine Watteau montre un artiste sûr de son art et des principes qui le gouvernent. L'homme était petit mais trapu et doté, si l'on en croit le dessin (la gravure qu'en a tirée Moyreau gomme quelque peu cet aspect), d'une énergie et d'une détermination peu communes. Le regard dominateur tourné vers le spectateur, il compose : la main gauche posée sur les touches du clavecin, la main droite, qui, dirait-on, connaît peu l'hésitation, en train de noter sa composition. En 1715, au moment où Watteau a pu lui être présenté, Rebel publie les Caractères de la Danse, tentative de distillation et de codification de ce qui, dans la musique de chacune des danses les plus répandues de son temps, en constitue l'élément le plus déterminant. La polysémie du terme saute aux yeux : les « caractères », c'est à la fois les notes mêmes, compris dans le sens typographique que leur attribuait encore Rousseau dans le Dictionnaire de musique ; la quintessence sonore, les caractéristiques rythmiques des différentes danses ; et les caractérisations psychologiques et typologiques qui s'en dégagent, et qui font qu'une danse a entre autres vocations celle de proposer le portrait d'un être ou d'un sentiment. La création de cette œuvre, dont le succès fut grand et durable, coincide avec la maturité artistique de Watteau et avec l'élaboration de l'esthétique qui anime ses fêtes galantes. On y danse souvent, et la danse y est encore présente quand on ne fait que marcher, bouger, avancer, se mouvoir : on ne cesse d'évoluer sur scène. Il est vrai qu'on ignore le plus souvent le sens exact de ces mouvements chez Watteau, qui refuse de les inscrire dans une narration intelligible ou du moins vérifiable. Mais si leur signification demeure vague, leur caractère ne l'est pas. Rebel ne procède pas autrement. Il entreprend la séparation de la danse d'avec les chorégraphies qui la liaient au théâtre, et qui la faisaient dépendre des histoires présentées dans les comédies-ballets, les opéras-ballets et les tragédies en musique. Là où Lully, Molière et Quinault avaient poussé la danse à s'intégrer dans des actions où elle était à la fois indispensable et secondaire, Rebel lui rend sa primauté en la rendant abstraite. Il est possible que le même phénomène se produise, en ce qui concerne un mouvement qui tend sans cesse vers la danse, dans les fêtes galantes de Watteau, ces jouissances d'autant plus jouées et irréelles qu'elles sont, à leur tour, abstraites, et déliées des attaches de la linéarité.

C'est ainsi que l'on pourrait parler de la danse comme métaphore du mouvement chez Watteau, et comme métaphore de la composition de ses toiles. À la stylisation du mouvement répond l'esthétisation des sentiments. D'esthétique, la danse devient éthique, le mouvement réglé et rythmé constituant une gage de galanterie, de civilisation, de maîtrise de soi. À la fin de la carrière de Watteau, c'est la danse qui amène les fêtes galantes dans la vie de la Cité, par le biais d'un geste et d'un pas dans le volet gauche de l'Enseigne de Gersaint.
Penser la danse, la peindre et lui fournir les notes

- ou les « caractères »

- qu'il lui faut pour prendre son vol : voilà les activités que nous souhaitons examiner en situant Watteau, comme chaque année, au confluent des arts de son époque. Comme chaque année, l'idée d' « époque » s'entend en un sens suffisamment large pour prendre en compte les origines et les prolongements des fêtes galantes. La théâtralisation, et partant la « littérarisation » de la chorégraphie au XVIIe siècle invite à réfléchir sur les prémices et les motifs de l'autonomie du mouvement qui s'affirme chez Rebel et qui éclate chez Rameau, né, faut-il le rappeler, un an avant Watteau, mais dont la carrière ne démarre vraiment que douze ans après la mort du peintre. Quant au mouvement tel que Watteau le mettra en scène, il est difficile d'en parler sans évoquer l'exemple de Rubens, qui radicalise le rythme des kermesses et qui réinvente la chorégraphie des fêtes galantes flamandes, en leur ajoutant une atmosphère bachique ou panique dont Watteau se souviendra et que certes il tempérera, mais parfois moins qu'il n'y paraît. Les sources flamandes du Valenciennois Watteau resurgissent dans une petite toile du Musée des Beaux-Arts de Valenciennes, dont l'attribution, il est vrai, et surtout la datation soulèvent quelques controverses. La vraie Gaîté mérite d'occuper la place centrale qui serait la sienne dans toute discussion sur les caractères da la danse chez Watteau et autour de son œuvre.

Nous prions ceux que le sujet intéresse de bien vouloir

nous faire parvenir des propositions de communication avant le 15 avril 2010.


chrisrauseo@web.de