appel
Colloque Watteau: 2-3 avril 2009, U. de Valenciennes. Appel à communications
WATTEAU 2009
Dans le cadre de son projet de recherche interdisciplinaire autour de l'uvre de Watteau, l'université de Valenciennes (centre de recherche CALHISTE) annonce un colloque qui se déroulera les 2 et 3 avril 2009 :
WATTEAU AU CONFLUENT DES ARTS : ESTHÉTIQUES DE LA GRÂCE
Le mot « grâce » s'avère d'autant plus riche de résonances que tous ses multiples sens se tiennent. Les choses qu'il désigne n'en sont pas moins insaisissables. Sa polysémie est cohérente. S'en dégage toutefois un vague souvent volontairement entretenu concernant la nature, les caractéristiques, les origines et les effets de la grâce, surtout dans le domaine des arts. Jamais ce terme n'a acquis une telle importance qu'à l'époque où se formaient les esthétiques dont l'uvre de Watteau peut apparaître comme la plus complète incarnation. Dans des fragments qui devaient aboutir à une Introduction à l'histoire de l'art français, André Chastel fournit quelques éléments pouvant servir de points de départ :
« Avec Watteau tout ce qui entoure, accompagne, approche la grâce féminine
quelques talismans pour les poètes
l'Indifférent pour Claudel
Le mot-clef qui traverse toute l'époque, le mot incantatoire n'est pas grandeur mais grâce. Roger de Piles a marqué avec force la valeur de la grâce, qui outrepasse la beauté. Elle appelle à un contact affectif à la fois intense et fugitif, enchanteur et inaccessible. D'où une attitude plus souple de la critique, comme on la trouve chez l'abbé Du Bos » .
Du même auteur, on retiendra également quelques formules frappantes, tirées de L'Art français 1620-1775 et qui définissent la grâce par contraste : « Watteau était le peintre de la grâce. Fragonard fut celui du charme » ; et, sur Boucher cette fois, à mi-chemin entre Watteau et Fragonard : « La grâce a vécu : le chic la remplace et cet abandon désinvolte et flagrant explique l'indignation de Diderot » .
Notre colloque, à l'instar des manifestations précédentes de 2004, 2005 et 2006 (et dont les actes paraîtront courant 2008 aux Presses Universitaires de Valenciennes), se propose de situer le concept de grâce dans un contexte culturel et artistique large. Le théâtre, la musique, la danse
- ces arts si inséparables de celui de Watteau
- devront y figurer tout autant que les belles lettres, qui proposent des rapprochements dont la portée est considérable. On peut songer à celui établi par Pierre Citron entre La Fontaine (« la grâce, plus belle encor que la beauté ») et Couperin (« J'avouerai de bonne foi que j'aime beaucoup mieux ce qui me touche que ce qui me surprend »):
« La beauté, pour La Fontaine, ébranle et force l'admiration, alors que la grâce s'insinue dans l'âme pour la faire vibrer insensiblement » .
Parfois il suffit de se limiter à des dates : les Lettres persanes et l'Enseigne de Gersaint, si proches par l'esprit et peut-être aussi par la sensibilité, sont tous deux de 1721.
La période envisagée recoupe celle de la vie de Watteau (1684-1721), avec autant de regards en avant et en arrière qu'il en faudra. On ne se privera pas non plus de s'interroger sur les débats théologiques et philosophiques de cette époque autour de la grâce divine, non sans répercussions sur l'entourage de Watteau. On se gardera de négliger des considérations situées au carrefour de l'esthétique et de la technique picturale. Chez Watteau et son entourage, la grâce est-elle affaire d'un répertoire de formes, d'attitudes calculées, de compositions préparées, ou bien de spontanéité dans la composition ? Est-elle également une question de touche, de transparence de la matière, ou bien de délicatesse du coloris ? On pourrait aussi se pencher sur la genèse d'un mythe dans lequel Paul Valéry, avec humour, s'est complu, et qui consiste à voir dans la France de la Régence une civilisation en état de grâce :
« On avait des manières même dans la rue. Les marchands savaient former une phrase. Jusqu'aux traitants, aux filles, aux espions et aux mouches qui s'exprimaient comme personne aujourd'hui. Le fisc exigeait avec grâce » .
La grâce est fugitive. L'identifier, la nommer, c'est la fixer, peut-être la tuer. D'où le paradoxe inhérent aux esthétiques qu'elle inspire, qui doivent l'élever sans la dissiper et la décrire sans la dissoudre. Qui plus est, elles ont des rivales. Comment concurrencer en effet ces autres esthétiques, implicites, informulées, inavouées mais nullement inconscientes qui se dégagent des uvres mêmes ?
Nous vous prions de bien vouloir adresser des propositions de communication, en français ou en anglais, simultanément aux deux adresses suivantes : chrisrauseo@web.de et valentinetoutain@yahoo.fr, jusqu'au 30 juin 2008. Le temps de parole est limité à 30 minutes.
Dans le cadre de son projet de recherche interdisciplinaire autour de l'uvre de Watteau, l'université de Valenciennes (centre de recherche CALHISTE) annonce un colloque qui se déroulera les 2 et 3 avril 2009 :
WATTEAU AU CONFLUENT DES ARTS : ESTHÉTIQUES DE LA GRÂCE
Le mot « grâce » s'avère d'autant plus riche de résonances que tous ses multiples sens se tiennent. Les choses qu'il désigne n'en sont pas moins insaisissables. Sa polysémie est cohérente. S'en dégage toutefois un vague souvent volontairement entretenu concernant la nature, les caractéristiques, les origines et les effets de la grâce, surtout dans le domaine des arts. Jamais ce terme n'a acquis une telle importance qu'à l'époque où se formaient les esthétiques dont l'uvre de Watteau peut apparaître comme la plus complète incarnation. Dans des fragments qui devaient aboutir à une Introduction à l'histoire de l'art français, André Chastel fournit quelques éléments pouvant servir de points de départ :
« Avec Watteau tout ce qui entoure, accompagne, approche la grâce féminine
quelques talismans pour les poètes
l'Indifférent pour Claudel
Le mot-clef qui traverse toute l'époque, le mot incantatoire n'est pas grandeur mais grâce. Roger de Piles a marqué avec force la valeur de la grâce, qui outrepasse la beauté. Elle appelle à un contact affectif à la fois intense et fugitif, enchanteur et inaccessible. D'où une attitude plus souple de la critique, comme on la trouve chez l'abbé Du Bos » .
Du même auteur, on retiendra également quelques formules frappantes, tirées de L'Art français 1620-1775 et qui définissent la grâce par contraste : « Watteau était le peintre de la grâce. Fragonard fut celui du charme » ; et, sur Boucher cette fois, à mi-chemin entre Watteau et Fragonard : « La grâce a vécu : le chic la remplace et cet abandon désinvolte et flagrant explique l'indignation de Diderot » .
Notre colloque, à l'instar des manifestations précédentes de 2004, 2005 et 2006 (et dont les actes paraîtront courant 2008 aux Presses Universitaires de Valenciennes), se propose de situer le concept de grâce dans un contexte culturel et artistique large. Le théâtre, la musique, la danse
- ces arts si inséparables de celui de Watteau
- devront y figurer tout autant que les belles lettres, qui proposent des rapprochements dont la portée est considérable. On peut songer à celui établi par Pierre Citron entre La Fontaine (« la grâce, plus belle encor que la beauté ») et Couperin (« J'avouerai de bonne foi que j'aime beaucoup mieux ce qui me touche que ce qui me surprend »):
« La beauté, pour La Fontaine, ébranle et force l'admiration, alors que la grâce s'insinue dans l'âme pour la faire vibrer insensiblement » .
Parfois il suffit de se limiter à des dates : les Lettres persanes et l'Enseigne de Gersaint, si proches par l'esprit et peut-être aussi par la sensibilité, sont tous deux de 1721.
La période envisagée recoupe celle de la vie de Watteau (1684-1721), avec autant de regards en avant et en arrière qu'il en faudra. On ne se privera pas non plus de s'interroger sur les débats théologiques et philosophiques de cette époque autour de la grâce divine, non sans répercussions sur l'entourage de Watteau. On se gardera de négliger des considérations situées au carrefour de l'esthétique et de la technique picturale. Chez Watteau et son entourage, la grâce est-elle affaire d'un répertoire de formes, d'attitudes calculées, de compositions préparées, ou bien de spontanéité dans la composition ? Est-elle également une question de touche, de transparence de la matière, ou bien de délicatesse du coloris ? On pourrait aussi se pencher sur la genèse d'un mythe dans lequel Paul Valéry, avec humour, s'est complu, et qui consiste à voir dans la France de la Régence une civilisation en état de grâce :
« On avait des manières même dans la rue. Les marchands savaient former une phrase. Jusqu'aux traitants, aux filles, aux espions et aux mouches qui s'exprimaient comme personne aujourd'hui. Le fisc exigeait avec grâce » .
La grâce est fugitive. L'identifier, la nommer, c'est la fixer, peut-être la tuer. D'où le paradoxe inhérent aux esthétiques qu'elle inspire, qui doivent l'élever sans la dissiper et la décrire sans la dissoudre. Qui plus est, elles ont des rivales. Comment concurrencer en effet ces autres esthétiques, implicites, informulées, inavouées mais nullement inconscientes qui se dégagent des uvres mêmes ?
Nous vous prions de bien vouloir adresser des propositions de communication, en français ou en anglais, simultanément aux deux adresses suivantes : chrisrauseo@web.de et valentinetoutain@yahoo.fr, jusqu'au 30 juin 2008. Le temps de parole est limité à 30 minutes.