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Colloque « Littérature comparée et correspondance des arts » (Strasbourg, 24-25.03)
« Littérature comparée et correspondance des arts »

Colloque du jeudi 24 mars et du vendredi 25 mars 2011 organisé par Yves-Michel Ergal (MCF, HDR) et Michèle Finck (Professeur), université de Strasbourg.


Depuis le romantisme, la correspondance de la littérature avec les arts et la correspondance des arts entre eux, déjà en jeu dans le XVIIIe siècle européen, ne cessent de s'intensifier. Étienne Souriau, dans son livre La Correspondance des arts. Eléments d'esthétique comparée (Flammarion, 1947) est l'un de ceux qui ont posé les bases d'une réflexion, qui est encore à approfondir. Adorno, dans une conférence de 1966, reprise dans son ouvrage L'Art et les arts (Desclée de Brouwer, 2002) a dressé un constat qui ne peut que relancer la recherche : « Dans l'évolution la plus récente, les frontières entre les genres artistiques fluent les uns dans les autres, ou plus précisément : leurs lignes de démarcation s'effrangent. »

Voici l'hypothèse de travail proposée à la recherche collective dans le cadre de ce colloque comparatiste : la notion de « correspondance des arts » et la notion de « correspondance » entre la littérature et les arts gagnent à être explorées de façon neuve par la littérature comparée. Il s'agit de montrer que la littérature comparée (parce qu'elle est attentive au patrimoine littéraire et artistique de plusieurs pays) est capable de proposer une lecture féconde et inédite du dialogue entre la littérature et les arts (musique, peinture, architecture, photographie, danse, cinéma). Il y va ni plus ni moins de la possibilité pour la littérature comparée de poser les fondements d'une poétique des arts dont la mise en question est l'enjeu. Plus qu'à toute autre discipline, il revient à la littérature comparée d'être un précipité de questions pour une poétique des arts.

Les interrogations soumises au travail collectif sont nombreuses et encore à inventer : quelle est l'origine de l'intensification croissante de la correspondance entre la littérature et les arts et de la correspondance des arts ? En quoi la correspondance des arts pose-t-elle la question des limites du langage et engage-telle une redéfinition de la légitimité et de la fonction de la littérature et des arts ? Comment un art, un artiste ou une œuvre artistique sont-ils pris en charge par la littérature de plusieurs pays qui se ressource à leur contact ? Comment une œuvre, une figure ou un mythe littéraires fécondent-ils les arts ? Comment un artiste peut-il se risquer à être aussi un écrivain et un écrivain peut-il s'essayer à d'autres arts ? De quelle façon la littérature et les arts travaillent-ils un même thème, un même mythe, un même procédé ? Quelles sont les affinités et les contrastes entre les moyens d'expression (par exemple l'image, le leitmotiv) mis en œuvre par la littérature et les arts ? Y-a-t-il des arts (par exemple l'opéra ou le cinéma) qui sont tout particulièrement des accélérateurs d'un échange de substance ou d'une interconnexion entre la littérature et les autres arts ? Y-a-t-il des limites aux rapprochements, aux correspondances, voire aux fusions entre la littérature et les arts ? Qu'attendre encore de la problématique de la notion d'art total ? Il revient à chacun d'imaginer d'autres questions encore et de relancer la recherche.