appel

Charles Reznikoff: Inscriptions (1894-1976)
: 01/05/2022
: Université Paris Nanterre
: Xavier Kalck, Fiona McMahon, Naomi Toth
: paris.reznikoff.23@gmail.com
: https://crea.parisnanterre.fr/colloques-et-journees-detude/charles-reznikoff-inscriptions-1894-1974

Appel à communications


Charles Reznikoff: Inscriptions (1894-1976)


 


Colloque international


Université Paris Nanterre, France


1-3 juin 2023


 

Conférences plénières : Norman Finkelstein, Michael Heller.


 

 

Charles Reznikoff (1894-1976) aura consacré sa carrière comme sa vie à recueillir ces signes du présent et du passé qui, pour cet Américain de la première génération, né de parents fuyant les pogroms qui sévissaient en Russie à la fin du dix-neuvième siècle, dessinèrent une vision du monde singulière. Poète new-yorkais, de toute évidence, Reznikoff fut aussi le dépositaire d’un héritage lié à une longue histoire. Les lecteurs de Reznikoff connaissent, entres autres, l’épisode fameux de la destruction des vers en hébreux du grand-père russe de l’auteur, dont les manuscrits furent brûlés en hâte, et ils n’ignorent pas le riche dialogue que l’écriture de Reznikoff, parfois étrange, souvent expérimentale, entretient avec les questions liées aux notions de perte et d’anéantissement. La vocation du poète et son besoin d’inscrire sa voix sur la page est cependant contrebalancée par la volonté, chez Reznikoff, de préserver les voix de ceux dont l’expérience échappe à nos oreilles, échappe à l’inscription.

 

C’est en ce sens que le thème général de l’« inscription » se veut une porte d’entrée, ouvrant aussi bien sur la relation que Reznikoff entretient avec les paysages citadins où il s’inscrit, à Manhattan et à Brooklyn, mais aussi de manière à prendre en compte les vies dont il témoigne depuis son expérience d’avocat, ainsi que celles qui peuplent sa mémoire pleine des traces de sa culture juive, telles qu’il les représente au prisme de sa lecture de la Bible dans son recueil de 1959, Inscriptions: 1944-1956.

 

L’histoire de la publication de l’œuvre de Reznikoff témoigne elle-même de sa détermination à laisser son empreinte. Son premier recueil, Rhythms fut publié par ses soins en 1918, dans un sous-sol de Brooklyn, bientôt suivi par Rhythms IIen 1919. L’indépendance dont Reznikoff fit preuve vis-à-vis du monde de l’édition ne fut que brièvement interrompue, lorsque New Directions publia, dans les années soixante, By the Waters of Manhattan puis Testimony. Tout au long de sa vie, l’ambition de Reznikoff ne l’abandonna jamais, au point d’utiliser sa propre presse, et d’apprendre la typographie pour la publication de son recueil Five Groups of Verse, en 1927. Depuis sa disparition, l’œuvre de Reznikoff n’a cessé d’influer sur le cours de la poésie américaine, les éditeurs d’avant-garde s’efforçant d’inscrire à leur tour sa poésie dans le paysage littéraire (Black Sparrow Press ; Black Sparrow Books).

 

Reznikoff demeure pourtant énigmatique, car il est un poète aux racines aussi nombreuses que les visages. Sa précision et son sens de l’économie, l’humilité au nom de laquelle son œuvre est souvent célébrée, n’en ont pas moins conforté sa réputation d’orfèvre, tandis que le riche éventail de ses centres d’intérêts, à la fois comme poète, traducteur, dramaturge, un temps scénariste, et romancier, à quoi il faut ajouter la nature expressément éthique de ses préoccupations, ont grandement élargi son lectorat. Son sens de l’exactitude poétique, interprété comme la marque d’une froideur de juriste, en référence à la formation initiale de Reznikoff, est en même temps indissociable de l’engagement passionné très souvent implicite dans son œuvre. Et s’il convient par ailleurs d’entendre aussi le rapport de Reznikoff à la loi dans une perspective religieuse, là encore, même si le rôle du judaïsme parmi les sources de sa poésie n’est plus minoré, sa nature et son périmètre dans l’œuvre demeurent l’objet de débats. De façon comparable, on constate que des visions tirées d’une lointaine tradition se mêlent sans peine, chez Reznikoff, à un sens aigu de l’observation dans un contexte urbain contemporain, à la manière de ses camarades « objectivistes » Louis Zukofsky, George Oppen et Carl Rakosi, c’est-à-dire dans le cadre d’une célébration de l’ordinaire, du simple et de l’humble, qui à son tour bascule, du fait des problématiques sociales, politiques et culturelles qui s’y révèlent, dans la déploration du sort des pauvres, des miséreux et des exclus. C’est sans doute ce va-et-vient constant, ce riche témoignage polychromatique qui atteste de la pertinence renouvelée de Reznikoff sur tant de niveaux d’interprétation entremêlés.

 

Depuis au moins trois décennies, son œuvre aura été découverte et redécouverte, traduite encore et encore, de l’autre côté de l’Atlantique et en Amérique du Sud en particulier. De plus en plus cité par les poètes français comme un modèle, source de nouvelles formes, approches et pratiques, sa contribution singulière à la poétique du document, de l’archive, son rapport à la loi, ainsi qu’à l’écriture de l’histoire, lui valent une reconnaissance critique renouvelée, de même qu’un nouveau lectorat, doublé du public qui découvre ses textes lors d’adaptations scéniques.

 

Cette conférence internationale, la première à être intégralement dédiée à l’œuvre du poète américain Charles Reznikoff, vise à explorer son œuvre à travers les perspectives suivantes :

 

  • La filiation de Reznikoff aujourd’hui.


 

  • Reznikoff et l’histoire.


 

  • Reznikoff et la poésie documentaire, l’archive et le témoignage.


 

  • Les adaptations de Reznikoff sur scène (pièces et adaptations).


 

  • Reznikoff et la loi.


 

  • Reznikoff et le judaïsme.


 

  • Reznikoff et la ville.


 

  • Reznikoff et l’ordinaire.


 

  • Reznikoff et la simplicité.


 

  • Reznikoff et le rythme.


 

  • Reznikoff et l’Objectivisme aujourd’hui.


 

  • Reznikoff et l’autobiographie.


 

  • Reznikoff et la Shoah.


 

  • Reznikoff en France et en français.


 

  • Reznikoff en espagnol.


 

  • Traduire Reznikoff.


 

 

Un résumé de 250-300 mots, en anglais ou en français, accompagné d’une brève présentation biographique de 150 mots, peut être envoyé à paris.reznikoff.23@gmail.com avant le 1er mai, 2022. Réponse le 15 juillet 2022.

 

Comité d’organisation : Xavier Kalck (Université de Lille, France), Fiona McMahon (Université Paul Valéry Montpellier 3, France), Naomi Toth (Université Paris Nanterre, France).
: Naomi Toth