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Appel : congrès de la SFLGC 2012 – Tours
CONGRES TOURS-ORLEANS (PRES Val de Loire Centre)
de la Société française de littérature générale et comparée 2012 :
« Critique et création en littérature »



dates : du mercredi

3 octobre au

samedi

6 octobre 2012



Lieu : à Tours.


appel à communications, envoi des propositions avant le 30 juin 2011.





Principaux organisateurs locaux : le professeur et directeur du département de littérature comparée de Tours, Philippe Chardin, les départements de littérature comparée des universités de Tours et d'Orléans, l'équipe de recherche de l'université de Tours « Histoire des représentations » (appelée à se fondre en 2012 au sein d'une nouvelle équipe de Lettres, Langues et Arts intitulée « Interactions culturelles et discursives »), le centre de recherche « META » sur les littératures et les civilisations de l'université d'Orléans, le Centre d'Etudes supérieures de la Renaissance de Tours.


Alors que, dans notre discipline, assez peu de travaux avaient été jusqu'alors consacrés à la critique, l'attention des comparatistes semble s'être davantage tournée, ces dernières années, vers des mises en rapport de courants critiques ou d'œuvres critiques appartenant à des littératures ou à des époques différentes.
Le sujet proposé comporte évidemment une seconde dimension comparatiste essentielle, une invitation à confronter, sous de multiples angles, les domaines respectifs de la critique et de la création en littérature, conformément à l'orientation depuis longtemps prédominante au sein de l'axe de recherche en littérature comparée de l'université de Tours, « Réception et création », puisqu'un tel intitulé revient en somme à prendre pour objet d'étude un cas particulier d'articulation entre ces deux notions, la place que tient et le rôle que joue dans la création littéraire la réception des discours et des normes critiques.
Le thème retenu induit donc une réflexion portant sur un rapport complexe et fluctuant : de dépendance ou d'insubordination, de complémentarité ou de conflictualité, d'éloge ou de blâme, etc. Au florilège spectaculaire d' « amabilités » dont des écrivains célèbres n'ont cessé d'abreuver les critiques

- on se bornera à rappeler deux exemples illustres parmi bien d'autres : « La critique est au dernier échelon de la littérature, comme forme presque toujours et comme valeur morale, incontestablement. Elle passe après le bout rimé et l'acrostiche lesquels demandent au moins un travail d'invention quelconque » (Gustave Flaubert, Lettre à Louise Colet ) ; « Il faut rappeler que la plupart des critiques sont des hommes qui au moment où ils allaient désespérer ont trouvé une petite place de gardien de cimetière » (Jean-Paul Sartre, Qu'est-ce que la littérature ? )

- s'opposera par exemple la fascination manifeste pour la vocation critique qu'ont éprouvée d'autres grands écrivains comme Marcel Proust ou comme Borges.
On sera invité à accorder une attention particulière aux formes intermédiaires : cas des œuvres mixtes, notion de critique créatrice, concept de « fiction critique » récemment introduit, volonté d'abolir la distinction même entre « critique » et « création » pour toute une partie de la modernité. Un atelier sera consacré aux mises en fiction des rapports mutuels entre écrivains et critiques (par exemple chez des auteurs comme Henry James, comme Nabokov ou comme Enrique Vila-Matas).

En fonction notamment d'un certain nombre de collaborations locales importantes, seront privilégiés plusieurs pôles chronologiques, qui permettront d'envisager le rapport de prescription ou d'insubordination, les décalages éventuels entre théorie et pratique, etc. au sein de grands courants et de grandes époques de l'histoire littéraire : comparatisme seiziémiste et comparatisme de l'âge baroque, qui bénéficieront de la participation de l'important centre du CESR de Tours à l'organisation de ce Congrès ; comparatisme dix-huitiémiste, la collaboration entre les universités d'Orléans et de Tours étant déjà ancienne en ce domaine ; période de la fin du XIX° siècle, domaine de spécialisation commun aux trois comparatistes de Tours (atelier dirigé par Lucile Arnoux-Farnoux et par Sylvie Humbert-Mougin) ; époque contemporaine, ce qui permettra par exemple de réfléchir au phénomène actuel d'essaimage et d'affaiblissement des prescriptions du critique traditionnel, qui tendent à être remplacées, soit par la démocratie d'opinion indifférenciée des blogs, soit par le simple mercantilisme publicitaire... ; atelier contemporain qui permettrait également de remettre en chantier le thème de réflexion d'une journée d'étude intitulée « La littérature comparée mène à tout, même à la littérature ! » qui s'était tenue à Tours il y a quelques années et au cours de laquelle un certain nombre de comparatistes par ailleurs écrivains avaient réfléchi à la manière dont avait pu s'opérer dans leur propre cas l'interaction entre activités universitaires et activités littéraires, entre écriture critique et écriture fictionnelle.

Sans que quelques communications monographiques, comparant en particulier l'une à l'autre les deux parties respectives, « critique » et « créatrice », de l'œuvre d'un seul grand écrivain soient exclues, on attendra naturellement dans l'ensemble, pour un Congrès de littérature comparée comme celui-ci, des propositions de nature plus synthétique.

La notion fédératrice qui a été retenue par la nouvelle équipe de recherche de Tours qui apportera son soutien à ce Congrès étant celle d' « autorité », on souhaiterait qu'un certain nombre de communications

- et pas seulement dans le cadre de l'atelier d'Orléans « Critique littéraire, critique du droit » dont le titre fait bien sûr tout de suite apparaître l'importance du lien potentiel entre la notion d'autorité et l'intitulé du Congrès « Critique et création en littérature »

- s'interrogent sur cette dimension essentielle du rôle de la critique.

Quelques spécialistes de la critique de renom ont d'ores et déjà accepté de participer à nos travaux : Jean-Yves Tadié, Georges Forestier, Jacques Le Rider, Yvan Leclerc, Philippe Dufour.

Les Presses universitaires de Tours

- qui sont en plein renouveau sous l'impulsion d'un directeur actif

- ont manifesté un grand intérêt pour ce Congrès et nous ont donné leur accord de principe pour l'édition des Actes ; étant donné l'afflux probable des communications, il est à craindre que nous ne soyons obligés de limiter la longueur des textes à 2O-22 OOO signes environ.

Enfin, il paraît plus honnête de rappeler, avant l'envoi des propositions, d'une part que, le total des communications étant forcément limité, nombre de propositions ne pourront être retenues, les choix s'effectuant souvent en fonction de critères de cohérence et d'équilibre global au sein du Congrès qui ne mettent nullement en cause la qualité intrinsèque des propositions non retenues et, d'autre part, que la part la plus importante des frais de déplacement, d'hébergement et de restauration devra malheureusement, comme toujours dans ces grands congrès annuels en raison du nombre élevé d'intervenants, être laissée à la charge des participants ou de leurs centres de recherche (il nous est impossible d‘être plus précis à ce sujet tant que les résultats des demandes de subventions ne sont pas connus).


Comité scientifique :
Les professeur(e)s de littérature comparée Karl Zieger (président de la SFLGC), Robert Smadja, (professeur émérite de l'université d'Orléans), Jean-Paul Engélibert (Bordeaux III), Florence Godeau (Lyon III), Anne-Rachel Hermetet (Angers), William Marx (Paris X et précédemment Orléans), Frédérique Toudoire-Surlapierre (Mulhouse) qui, d'une part, ont déjà noué des liens plus ou moins étroits avec les universités organisatrices et qui, d'autre part, se sont occupé(e)s de près des questions relatives à la critique, ont accepté de faire partie de ce comité scientifique en compagnie de Jacques Body, professeur honoraire de littérature comparée et premier président de l'université de Tours, des 3 comparatistes titulaires actuellement en poste dans cette université, Lucile Arnoux-Farnoux, Sylvie Humbert-Mougin et Philippe Chardin et, pour les ateliers d'Orléans, d'Elena Gretchanaia, professeure de littérature comparée à l'université d'Orléans et de Gabrielle Vickermann-Ribémont, ANR jus littera d'Orléans.

Comité d'organisation : Marjorie Rousseau, Chloé Deroy (doctorantes), Philippe Chardin, ainsi que les secrétariats des équipes de recherche organisatrices.


Date limite d'envoi des propositions :

30 juin 2011

1 500 signes environ + une brève bio-biblio. A transmettre à Philippe Chardin par mail
(philippe.chardin@univ-tours.fr) ET en version papier à Philippe Chardin, Département de Littérature comparée, 3 rue des Tanneurs, BP 4103, 37041 TOURS CEDEX 1 avec un double mail à Florence Godeau : florence.godeau@univ-lyon3.fr Les communications seront limitées à une durée maximale de 20-25 minutes.


Prière d'indiquer si votre proposition de communication a trait à l'un des ateliers spécifiques proposés ou si elle se rattache simplement à l'intitulé général du Congrès ; d'autres articulations seront établies plus tard par les organisateurs quand ils répartiront celles des communications retenues qui ne se rattachent pas à un atelier spécifique.


Ateliers spécifiques (des descriptifs plus précis de deux de ces ateliers sont joints ci-dessous)

Ateliers organisés par Tours :


- XVI° siècle-début du XVII° siècle ;


- XVIII° siècle ;


- fin du XIX° siècle ;


- époque contemporaine (dont « La littérature comparée mène à tout », etc.) ;


- mises en fiction de la critique.

Ateliers organisés par Orléans :


- critique littéraire, critique du droit ;


- critique littéraire et écriture de soi.
(descriptifs détaillés ci-dessous)

Gabriele Vickermann-Ribémont (Université d'Orléans, ANR Juslittera) :


Critique littéraire

- critique du droit

Proposition d'un atelier pour le congrès de la SFLGC


Dans la critique littéraire, il est courant d'invoquer non seulement des catégories esthétiques, mais aussi morales, plus ou moins liées à des principes ou des articles de droit, contestés ou communément acceptés.
Si la littérature, depuis toujours, explore les limites de la légalité et /ou de la légitimité de l'action humaine, il semble intéressant de se demander sous quelles conditions, historiques, idéologiques, politiques..., elle peut aussi les franchir et, de même, de quelle manière la critique littéraire s'en saisit.
Qu'il s'agisse de fonder ou de faire la critique d'une nouvelle esthétique en connivence avec la transgression de normes sociales, morales ou légales (la critique peut ici faire partie intégrante de la réception productive) ou de juger une œuvre en fonction des positions politiques frappées d'interdit d'un texte ou de son auteur (par exemple l'évaluation difficile des œuvres et auteurs fascistes ou révisionnistes, mais aussi la réception décalée de littératures issues de pays de régimes différents, totalitaires entre autres)

- la relation entre la dimension esthétique et la nature transgressive en termes de morale et de droit est pour tout un pan de la littérature un facteur essentiel pour le positionnement d'un auteur par lui-même ou dans le discours critique.
Les questions que cet atelier peut soulever, par des études qui s'inscrivent dans la diachronie (Moyen Âge

- période contemporaine), sont innombrables, allant, par exemple, de l'impact de la censure (et même l'autocensure) sur la création littéraire, en passant par les tabous, non-dits ou autrement dits du politiquement correct et le questionnement de celui-ci entre critique et littérature, par la représentation du fait juridique ou judiciaire (qu'il s'agisse du rôle des femmes ou d'une minorité, d'un individu à exclure ou bien d'un comportement à sanctionner), représentation qui peut faire de l'œuvre littéraire une critique, mais qui peut aussi inciter des critiques spécifiques ou y répondre, jusqu'à la réception de textes littéraires marqués par le droit qui, dans la critique comme dans la traduction ou la réception productive, va connaître des différences importantes.



Elena Gretchanaia (Université d'Orléans) :


Critique littéraire et écriture de soi

Proposition d'un atelier pour le congrès de la SFLGC


Entre « l'apologie » et « le procès » de l'autobiographie (Philippe Lejeune), la critique littéraire, à partir du XVIIIe siècle, prête de plus en plus d'attention à l'écriture de soi. Les jugements de Voltaire ou de d'Alembert, concernant les mémoires publiés de leur temps, trouvent des échos chez leurs lecteurs-mémorialistes à travers toute l'Europe, y compris chez l'impératrice Catherine II. Les Réflexions sur les Confessions de J.-J. Rousseau..., publiées par Jean-Michel-Antoine Servan en 1783, servent immédiatement aux auteurs des écrits personnels à définir leur position par rapport aux « conditions et limites de l'autobiographie ». Les opinions des critiques, en relation avec les critères d'ordre esthétique et moral qui président à la construction de soi, contribuent au choix des stratégies autobiographiques, qu'elles soient conformes ou opposées à ces opinions. Ce choix, même dans le cas où les auteurs indiquent de manière explicite leurs prédécesseurs et les modèles littéraires qu'ils adoptent ou rejettent, peut révéler l'impact implicite du discours critique.
Déjà présente dans les écrits autobiographiques du XVIIIe et du XIXe siècle, la problématique envisagée devient surtout évidente au cours du XXe siècle, quand les rapports entre discours critique et autobiographique s'intensifient, et acquièrent une tension stimulante, tandis que se développe le métadiscours sur l'acte scriptural dans ces écrits (Proust, Leiris, Perec, Doubrovsky, Christa Wolf, Katleen Raine, Doris Lessing, etc.), et que se formalise et s'affine l'approche théorique (définition de l'autofiction).
Il serait donc intéressant de se demander comment les appréciations des récits de vie, notamment le blâme ou l'éloge de la « sincérité » des écrits déjà publiés, freinent, voire paralysent ou au contraire libèrent la démarche de nouveaux autobiographes et modèlent leur « pacte autobiographique », comment le discours critique conditionne la dimension créatrice de l'écriture de soi et la quête de nouvelles formes.
Enfin, il serait opportun de considérer le cas des écrivains chez qui la critique littéraire les concernant provoque l'écriture de soi (on se rappelle le cas de Pouchkine « touché » par ses portraits caricaturaux dans la presse et les reprenant en même temps pour donner son image ludique).