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APPEL À CONTRIBUTIONS POUR UN OUVRAGE COLLECTIF LES « THÉORIES DU COMPLOT EN CONTEXTE AFRICAIN Discours, pratiques et résonances des conspirationnismes
: 25/06/2020
: 25/06/2020
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APPEL À CONTRIBUTIONS POUR UN OUVRAGE COLLECTIF

LES « THÉORIES DU COMPLOT EN CONTEXTE AFRICAIN

 Discours, pratiques et résonances des conspirationnismes

Coordinateurs : Nanourougo Coulibaly, Dorgelès Houessou, Ibrahim Maidakouale

 

ARGUMENTAIRE

 

Le conspirationnisme ou « théories du complot » vise à attribuer à des « mains obscures » ou à « des lobbys puissants », à la réputation sulfureuse « l’origine d’un évènement choquant et/ou dramatique (catastrophe naturelle, accident industriel, crise économique, mort d’une personnalité, attentat, révolution...) » (Reichstadt, 2015 : 2). Les « théories du complot » se développent donc contre les versions officielles, celles de l’élite et de l’establishment, celles des politiques et de leurs médias. Autrement dit, « une théorie du complot consiste par conséquent en un récit « alternatif » qui prétend bouleverser de manière significative la connaissance que nous avons d’un événement » (Ibid.).  Elle a donc partie liée avec la crise de confiance qui accentue la fracture entre gouvernants et gouvernés. C’en est même la première cause puisqu’elle revendique une posture révolutionnaire envers et contre les politiques de dissimulation dont les dirigeants sont jugés coutumiers et dont les formules « secret d’État » ou « raison d’État » ont, de longue date, conceptualisé l’ancrage praxistique.

L’ouvrage en préparation a pour objectif principal d’examiner les fondements argumentatifs du discours conspirationniste de même que ses modalités d’influence d’un double point de vue théorique et méthodologique. Les contributions pourront convoquer les théories qui ont émaillé l’actualité de ces dernières décennies. Prioritairement le champ sanitaire avec la pandémie du coronavirus, ainsi que les affections telles VIH-SIDA, du H1N1, de l’EBOLA, SRAS etc. (Fassin, 2007 ; Minard, 2007), mais aussi les domaines du politique (Janssen, 2015 ; Cicchelli & Octobre, 2018), de l’économie et du religieux (Necker, 1788) n’ont pas manqué de prolixité sur ladite question.

Deux angles d’approche seront privilégiés pour l’examen de ce phénomène en contexte africain. Il s’agit, premièrement, de questionner la réception de « théories » conçues en dehors de l’espace africain et intégrées dans les imaginaires en circulation en Afrique. Ce sont, pour illustration, les complots liés au nouvel ordre mondial illuminati (Pagès, 2015), la maitrise du cours de l’histoire, la troisième guerre mondiale… La réception de ces phénomènes et bien d’autres sera analysée en lien avec des spécificités doxiques locales. En second lieu, ces « théories » dites en contexte africain concernent la scénographie de leur actualisation, le lieu où et à partir duquel elles sont conçues, d’une part, et la désignation de l’Afrique et des Africains comme les victimes envisagées d’autre part. L’on pense notamment à toutes les théories de la colonisation africaine, au maintien de l’Afrique dans le sous-développement au moyen de coups d’États, aux mesures de contrôle monétaire (Agbohou, 2016), aux guerres dont les attaques terroristes (Ugeux, 2017). L’on pense aussi et surtout aux théories du kémitisme, la roue des scandales liés à des vaccins jugés stérilisants par exemple en 2007 (Meunier, 2007) et en 2017 (Sénécat, 2017).

Une constante dans le déploiement des « théories du complot » : « en se dérobant de la sorte à l’autorité de cette critique dont elles revendiquent l’usage exemplaire, les « théories du complot » en sont venues à faire reconnaître et plus encore à accréditer leur immunité face au doute » (Danblon & Nicolas, 2010). De ce fait, soit elles résultent d’un raisonnement a fortiori qui part du principe que les gouvernants, scientifiques et toute voix autorisée étant incapables de fournir des explications justes, la recherche de la vérité passe par la négation des thèses de ceux que la pensée doxique assimile à des adeptes naturels du mensonge, à savoir les hommes d’État, soit elles sont encouragées par des blocs idéologiques comme moteur à la propagande. En tout état de cause « la pensée conspirationniste constitue un remarquable laboratoire pour aborder, par contraste, la pratique rhétorique, c’est-à-dire pour mieux comprendre sa valeur profonde, ses usages autant que ses outils » (Nicolas, 2014).

Le présent appel, pluridisciplinaire à dessein, couvre des champs aussi variés que ceux des sciences humaines, sociales et politiques et pourra questionner le complotisme, ses enjeux, ses pratiques et ses effets. Les propositions de contribution s’intéresseront aux domaines politique, religieux, économique, environnementaux (climatoscepticisme) et sanitaire avec un accent particulier sur l’actualité du Covid-19, dans le contexte africain. Les axes ci-dessous, sans être exhaustifs, pourront constituer autant d’angles d’analyse des « théories du complot » :

  • Les perspectives rhétoriço-argumentatives (persuasion et manipulation) ;

  • Les enjeux socioculturels, politiques et historiques ;

  • Les approches sociologiques et psychologiques ;

  • L’enracinement idéologique, imaginaire et croyances.


 

MODALITES DE SOUMISSION

 

-Les propositions de contribution devront comporter les informations suivantes :

Nom(s) et prénom(s) du/des auteur(s) ; Institution de rattachement ; Axe de contribution ; Cinq à six mots clés maximum ; Résumé (300 à 500 mots au plus) avec problématique ; Cinq références bibliographiques.

-Les propositions de contribution sont à envoyer avant le 25 juin 2020 aux adresses suivantes :

coulyna@yahoo.fr

dorgeleshouessou@yahoo.fr

imaidakouale@yahoo.fr

-Les articles complets devront parvenir le 30 septembre 2020 au plus tard pour une publication prévue en Décembre 2020.

 

 

 

INDICATIONS BIBLIOGRAPHIQUES

 

 

AGBOHOU Nicolas, Le franc CFA et l’euro contre l'Afrique, Paris, Solidarité mondiale, 2016

AMOSSY Ruth, L’argumentation dans le discours, Paris, Armand Colin, 2012.

ANGENOT Marc, Dialogues de sourds. Traité de rhétorique antilogique, Paris, Mille et Une Nuits, 2008.

BRETON Philippe et PROULX Serge, L’explosion de la communication. Introduction aux théories et aux pratiques de la communication, Repères, Paris, La Découverte, 2012.

CICCHELLI Vincenzo et OCTOBRE Sylvie, « Fictionnalisation des attentats et théorie du complot chez les adolescents », Quaderni, Éditions de la Maison des sciences de l'homme | 2018/1 n° 95 | pages 53 à 64.

DANBLON Emmanuelle, NICOLAS Loïc (dir.), Les rhétoriques de la conspiration, Paris : CNRS Éditions, 2010, [en ligne] http://books.openedition.org/editionscnrs/16202.

DENOUËL Julie et GRANJON Fabien, Communiquer à l’ère numérique : regards croisés sur la sociologie des usages, Paris, Transvalor-Presses des MINES, Sciences sociales, 2011.

DIANGITUKWA Fweley, La thèse du complot contre l'Afrique : Pourquoi l'Afrique ne se développe pas, Paris, Éditions L’Harmattan, 2010, coll. Études africaines.

FASSIN Didier, « Entre Désir de nation et théorie du complot. les idéologies du médicament en Afrique du Sud », Sciences sociales et santé | 2007/4 Vol. 25 | pages 93 à 114

FŒSSEL Michaël, « Apologie du complot », Libération du 3 avril 2015.

GIRY Julien, « Étudier les théories du complot en sciences sociales : enjeux et usages », Éditions de la MSH | Quaderni, 2017/3 n° 94 | pages 5 à 11.

JANSSEN Sandra, « Le Complot de la loi. Psychose et politique dans Le Très-Haut de Maurice Blanchot », Littérature, Armand Colin | 2015/3 N° 179 | pages 19 à 37.

MINARD Adrien, « Perception du sida et théories du complot dans la population afro-américaine », Sciences sociales et santé, John Libbey Eurotext | 2007/4 Vol. 25, pages 115 à 122.

NICOLAS Loïc, « L’évidence du complot : un défi à l’argumentation. Douter de tout pour ne plus douter du tout », Argumentation et Analyse du Discours [En ligne], 13 | 2014.

PADIS Marc-Olivier, « Le Style paranoïaque à l’ère numérique », Éditions Esprit | « Esprit » 2015/11 Novembre | pages 51 à 61.

PAGÈS Yves, « Le Pseudo-complot illuminati, L’étrange destin d’une conspiration imaginaire (1797-2015) », Revue du Crieur, La Découverte | 2015/1 N° 1 | pages 128 à 143.

RAOULT Didier, Épidémies : vrais dangers et fausses alertes, De la grippe aviaire au Covid-19, Neuilly-sur-Seine, Michel Lafon, 2020.

REICHSTADT Rudy, « Conspirationnisme : un état des lieux », Note n° 11 - Fondation Jean-Jaurès Observatoire des radicalités politiques - 24 février 2015.

SENECAT Adrien, « Non, les vaccins envoyés en Afrique ne visent pas à stériliser les jeunes femmes (Les Décodeurs répondent à vos questions sur les vaccins. Aujourd’hui, retour sur une rumeur conspirationniste sur la vaccination en Afrique), Publié le 25 juillet 2017.

SIESS Jürgen, « La construction discursive de la légitimation : le Cahier des doléances et réclamations de Madame B… B… 1789 », Argumentation et Analyse du Discours, 21 | 2018.

TAGUIEFF Pierre-André, Court traité de complotologie, Paris, Mille et une nuits, 2013.

 

 

 

 

COMITÉ SCIENTIFIQUE : 

 

OUATTARA Azoumana, Professeur des Universités, Philosophie politique, Université Alassane OUATTARA (Côte d'Ivoire).

BRONNER Gérald, Professeur de sociologie à l’université Paris-Diderot. Membre de l’Académie nationale de médecine, de l'Académie des technologies et de l’Institut universitaire de France.

ANGERMULLER Johannes, Professeur du discours, langues et linguistique appliquée à l'Open University, Chercheur associé au Centre de Linguistique appliquée de l'Université de Warwick (Royaume-Uni)

KIYINDOU Alain, Professeur, Sciences de l'information et de la communication, Chaire Unesco Pratiques émergentes en technologies et communication pour le développement, Université Bordeaux-Montaigne (France).

DIALLO Boubacar Daouda, Professeur, Université Abdou Moumouni de Niamey (Niger).

LEZOU KOFFI Aimée Danielle, Professeure, Analyse du Discours, Université Félix Houphouët-Boigny, (Côte d’Ivoire).

SIESS Jurgen, Professeur, Argumentation et Analyse du discours, Université de Tel Aviv (Israël).

ORKIBI Ethan, Professeur, Argumentation & Rhétorique, Université de Tel Aviv (Israël).

MINARD Adrien, Docteur et agrégé en histoire, expert en santé publique (France).

NICOLAS Loïc, Ph.D Université libre de Bruxelles, Formateur en argumentation à l'IHECS, Membre du bureau de PROTAGORAS (Belgique).

DAMOME Etienne, Maitre de Conférences_HDR, Sciences de l’information et de la communication, Université Bordeaux Montaigne (France).

GIRY Julien, Maître de conférences en Science politique, Université de Rennes.

KAIN BLÉ Arsène, Maître de Conférences, Littérature africaine et narratologie, Université Alassane Ouattara, Bouaké (Côte d’Ivoire).

FANDIO NDAWOUO Martine, Professeure, Sciences du langage et communication, Université de Buéa (Cameroun).

 

 
: Université Félix Houphouet Boigny