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APPEL À CONTRIBUTIONS POUR UN COLLOQUE PLURIDISCIPLINAIRE « L’ÉCRITURE DE JEAN-MARIE ADIAFFI ENTRE CONSTRUCTION D’IDEOLOGÈMES ET DÉCONSTRUCTION IDÉOLOGIQUE »
: 15/06/2020
: 15/06/2020
: Université Alassane Ouattara, Bouaké, Côte d’Ivoire,
APPEL À CONTRIBUTIONS

POUR UN COLLOQUE PLURIDISCIPLINAIRE

 

« L’ÉCRITURE DE JEAN-MARIE ADIAFFI

ENTRE CONSTRUCTION D’IDEOLOGÈMES

ET DÉCONSTRUCTION IDÉOLOGIQUE »

 

30 & 31 juillet 2020

 

Porteurs du projet :

 

KOFFI Ehouman René (UAO),

RABÉ Liagro Charles (UPGC),

ANO Boadi Désiré (UAO)

 

 

Université Alassane Ouattara, Bouaké, Côte d’Ivoire,

UFR Communication, Milieu et Société,

Centre de recherche : Observatoire National de la Vie et du Discours Politiques (ONVDP)

 

 

Ce colloque aurait pu s’intituler « Jean-Marie Adiaffi ou le refus de la mort » tel que le conçoit à juste titre le Professeur Tidjani-Serpos Noureini dans la tribune de la revue Présence Africaine qu’il dédie à l’immortalité d’un génie artistique toujours bouillonnant (Tidjani-Serpos, 2000). C’est en effet le 15 novembre 1999 que s’en allait Jean-Marie Adé Adiaffi dans la présence invisible des mânes auxquels il accorda un culte si important dans sa vie et dans son œuvre. 20 ans déjà ! est-on tenté de s’écrier, tant la persistance de son œuvre dans le champ de la recherche universitaire est restée constante. Un colloque sur son œuvre, qui reste encore peu exploitée malgré l’abondante bibliographie qui lui est consacrée, serait-il de trop ? Question rhétorique assurément ! sinon, comment aborder Adiaffi, l’homme et l’œuvre, sans recourir aux travaux les plus récents en analyse textuelle, discursive, pragmatique, énonciative, sémiotique et stylistique, pour ne citer que les formalismes tutélaires du monde littéraire… ?

On l’aura compris, l’ambition de ce colloque est de rassembler des postures disciplinaires brassant les champs de l’esthétique, de l’humain et de la société. La formation philosophique de l’homme et son attachement aux valeurs traditionnelles africaines, son parcours d’écrivain, de scénariste, de cinéaste et de critique littéraire ivoirien rendent inéluctable cette approche pluridisciplinaire de son œuvre. D’où la double question titulairement énoncée de l’idéologème et de l’idéologie. La première souligne l’enracinement du topos de la textualité dans la socialité des actants concernés par son énonciation. Tout texte en effet est pensé dans son intertextualité comme à la fois texte de la société et de l’histoire. Kristeva relève à ce propos que : « l’idéologème d’un texte est le foyer dans lequel la rationalité connaissante saisit la transformation des énoncés (auxquels le texte est irréductible) en un tout (le texte) de même que les insertions de cette totalité dans le texte historique et social » (Kristeva, 1968 : 104).

L’idéologème est donc pensable comme :

« un microsystème sémiotique-idéologique sous-jacent à une unité fonctionnelle et significative du discours. Cette dernière s’impose, à un moment donné, dans le discours social, où elle présente une récurrence supérieure à la récurrence moyenne des autres signes. Le microsystème ainsi mis en place s’organise autour de dominantes sémantiques et d’un ensemble de valeurs qui fluctuent au gré des circonstances historiques. (Cros, 1998, p. 70) ».

Les traits de ce système intègrent aussi bien la matérialité textuelle et langagière, c’est à dire des signes, des mots, des phrases etc. que des textes entendus comme pré-textes ou pré-praxis et post-textes ou post-praxis, soient antérieurs, soient extérieurs au texte adiaffien. On pense notamment au double ancrage mythologique et mythogénétique qui fonde la « transmutation dialectique » (Ano Boadi, 2015) de l’œuvre d’Adiaffi. Quant à l’idéologie, la deuxième, elle est déconstruite et construite dans l’architecture scripturaire d’Adiaffi (Kain blé, 2013) avec emphase, violence, éclats voire extrémisme (puisqu’il parle avec raison de « la folie des mots »). Celle que l’écrivain a déconstruite et combattue se résume en un mot : impérialisme. On lira l’extrait suivant pour s’en souvenir si l’actualité ne nous rappelle pas suffisamment les travers de ce mode de penser :

« Plus rien ne t’appartient à Bettié, tu entends. Fini ton règne ! […] Qu’est-ce que vous aviez avant nous ?  Rien ! Rien ! Qu’est-ce que vous étiez avant nous ? Rien ! Rien !  Qu’est-ce que vous connaissiez avant nous ? Rien ! Rien ! Voila la vérité. C’est pourquoi nous avons pu vous coloniser. […] Vous étiez des hommes «sans». Sans sens. La France, dans sa générosité infinie, vous a tout apporté: culture, art, science, technique, soins, religion, langue. » La Carte d’identité, p. 32-33.

Le projet politique d’Adiaffi était donc explicite. Sa posture d’engagement citoyen tout autant : Participer aux mouvements de revalorisation de l’identité noire et promouvoir les cultures d’Afrique. Ce faisant, il construisit une idéologie nouvelle faite de concepts tels « le N’zassa », « la folie des mots » et « le bossonisme » (Duchesne, 2000). Ces propos résument d’ailleurs son approche du fait littéraire : « La renaissance littéraire en ce qui nous concerne est la finalité ultime de nos recherches : partir de la spécificité africaine pour trouver de nouvelles formes qui ne soient répétitions béates, ni mimétismes servile et inadapté de l’occident » (Adiaffi, 1983 : 20). C’est sans doute la raison d’un maniement lexical révolutionnaire (Rabé, 2017) et d’un emploi phrastique distorsif où l’auteur a plié le français aux subtilités expressives de sa langue natale, l’agni[1] (Koffi, 2016) pour faire de sa logique syntaxique une logique idéologique (Turmel, 1980).

Les axes suivants, donnés à titre indicatif, seront questionnés en vue de mettre au gout du jour l’héritage de la passion acharnée d’Adiaffi pour la redynamisation de l’Afrique d’une part, et l’actualité de ses propositions stylistiques, esthétiques et idéologiques d’autre part :

  • Constructions phrastiques et idéologie dans l’écriture adiaffienne ;

  • Approches stylistiques et lexicologiques dans l’œuvre d’Adiaffi ;

  • Les idéologèmes comme indices mythocritiques chez Adiaffi ;

  • Études figurales dans l’esthétique de Jean-Marie Adiaffi ;

  • Approches sociocritique et symbolique dans l’écriture adiaffienne ;

  • La catégorisation humoristique chez Jean-Marie Adiaffi ;

  • La (dé)construction idéologique chez Adiaffi : identités et postures ;

  • Les fondements philosophiques de l’esthétique adiaffienne ;

  • Le bossonisme en question : état des lieux et développement ;

  • L’expression de l’éclectisme culturel chez Adiaffi ;

  • L’œuvre de scénariste et de cinéaste d’Adiaffi ;


 

BIBLIOGRAPHIE

 

ADIAFFI Jean-Marie, « Les maîtres de la parole », in Magazine littéraire, n°195, Mai 1983.

AMOA KOIDIO Urbain, « L’aventure intellectuelle de Jean-Marie Adiaffi (Spiritualité et spiritualisation dans Galerie Infernale de Jean-Marie Adiaffi) » Communication au colloque sur les religions – Bobo Dioulasso, mars 2000.

ANO Boadi Désiré, « La figure de la mère et sa transmutation dialectique dans le roman africain francophone postindépendance : entre honneurs rendus et dehéroïsation du personnage-jeune modèle », Les Lignes de Bouaké-La-Neuve, 2015, No 6, p. 56-77.

ASSI Diané Véronique, « Le roman en Côte d’Ivoire : une écriture "n’zassa" » in  Africulture, n° 56, juillet-novembre 2003, p.68-70.

CROS Edmond, La Sociocritique, Paris, L’Harmattan, 2003.FOBAH Pascal Eblin, Introduction à une poétique et une stylistique de la poésie africaine, Paris, L’Harmattan, 2012.

DUCHESNE Véronique, « Le Bossonisme ou comment être ”moderne et de religion africaine” », Présence Africaine, Paris, 1967, Editions Présence Africaine, 2000, pp. 299-314.

GALLIMORE Rangira Béatrice, L’œuvre romanesque de Jean-Marie Adiaffi, L’Harmattan, coll. “Critiques littéraires”, Paris, 1996.

KAIN BLÉ Arsène, « L’idéologique de la trilogie romanesque de Jean-Marie Adiaffi Adé : rejet ou contre-rejet de l’intégration africaine ? », La Revue Ivoirienne de Langues Etrangères, No 6, Quatrième trimestre 2013, http://rile-univ.org/numero6/KLAIN_BLE.pdf

KOFFI Ehouman René, « La phrase nominale : des distorsions aux procédés de rhétorique dans La Carte d’identité de Jean-Marie Adiaffi », ANYASA, Revue des Lettres et Sciences humaines, Université de Lomé n0 5, juin 2016, p. 227-239.

KOUABENAN-KOSSONOU François (Sous la dir.), Sciences du Langage et Discours d’Invention. Champ littéraire et espace discursif africain, Livre-Pilote du Laboratoire SLADI (Préface de Dominique Maingueneau), Bouaké, Éditions SLADI, 2019.

KOUASSI Germain, Le phénomène de l’appropriation linguistique et esthétique en littérature africaine de langue française. Le cas des écrivains ivoiriens : Dadié, Kourouma et Adiaffi, Paris, Publibook, 2e édition 2008, 1ère édition 2007

KRISTEVA Julia, « Le texte clos », Langages, 3e année, n°12, 1968, Linguistique et littérature, pp. 103-125, p. 104

MOLINIÉ Georges, Éléments de stylistique française, Paris, PUF, 2004[1986].

OUEDRAOGO Amadou, L’Imaginaire dans l’esthétique romanesque de Jean-Marie Adiaffi, Préface d’Amadou Koné, Paris, L’Harmattan, coll. "Critiques littéraires", 2015.

RABE Liagro Charles, « La révolution lexicale: cas de l'écrivain ivoirien Jean-Marie Adiaffi », in Francais et langues nationales en Afrique à l'ère postcoloniale: bilan et perspectives, Paris, L’harmattan, 2017, pp. 169-184.

SCHOMERS, Walter, « La Carte d'identité de Jean Marie Adiaffi ou la recherche de la dignité africaine », in Œuvres & Critiques. Revue Internationale d'Etude de la Réception Critique des Œuvres Littéraires 7/2, 1982-1983, p. 57-81.

TIDJANI-SERPOS, Noureini, « Jean-Marie Adiaffi ou le refus de la mort » in Présence Africaine, n° 161-162, 2000, p. 20-22.

TURMEL André, « L’idéologique comme logique syntaxique : au sujet de Marc Augé ». Anthropologie et Sociétés. vol.4, n°3, (1980) : 137-148.

 

MODALITÉS DE SOUMISSION

  • Les propositions seront faites sous forme de résumé en français n’excédant pas 500 signes avec les axes de références, les Nom, Prénoms, et coordonnées des (co)auteurs et l’institution de rattachement.

  • Elles sont à envoyer simultanément aux adresses suivantes :


reneehouman@gmail.fr ; rbecharles@gmail.com ; anoboadi@yahoo.fr

  • Le terme limite de réception est fixé au 15 juin 2020.


 

COMITÉ SCIENTIFIQUE

 

DUCHESNE Véronique, Professeure, Université Paris Descartes / CEPED (Centre Population Développement) (France)

TIDJANI-SERPOS Noureini, Professeur, Université de Paris VIII, Université nationale du Bénin, Université de Bénin city (Nigéria)

AMOA Urbain, Professeur, ENS, Université Charles Louis de Montesquieu

BAH Henri, Professeur, Université Alassane Ouattara

DADIÉ Djah Célestin, Professeur, Université Alassane Ouattara

KOUABENAN-KOSSONOU François, Professeur, Université Alassane Ouattara

ABOA Abia Alain Professeur, Université Félix Houphouet Boigny

IBO Lydie, Professeure, Université Alassane Ouattara

TOH BI Emmanuel, Professeur, Université Alassane Ouattara

BÉDIA Jean Fernand, Maitre de Conférences, Université Alassane Ouattara

KOUACOU Jacques Raymond, Maitre de Conférences, Université Alassane Ouattara

N’GUESSAN Kouadio, Maitre de Conférences, Université Alassane Ouattara

KONANDRI Virginie, Professeur, Université Félix Houphouet Boigny

ASSI Diané Véronique, Maitre de Conférences, Université Félix Houphouet Boigny

KONAN Yao Lambert, Professeur, Université Alassane Ouattara

EHORA Effoh Clément, Professeur, Université Alassane Ouattara

KONÉ Diakaridia, Maitre de Conférences, Université Alassane Ouattara

FOBAH Eblin Pascal, Maitre de Conférences, Université Alassane Ouattara

KABLAN Adiaba Vincent, Professeur, Université Alassane Ouattara

KONAN Kanga Arsène, Maitre de Conférences, Université Alassane Ouattara

DIAWARA Yssouf, Maitre de Conférences, Université Alassane Ouattara

N’GUESSAN Assoa Pascal, Professeur, Université Alassane Ouattara

CISSÉ Alhassane, Professeur, Université Félix Houphouet Boigny

 

Président du comité d’organisation :

Arsène BLE Kain, Maitre de Conférences, Université Alassane Ouattara

Comité d’organisation (En constitution)

[1] « J’ai créé mon style appelé « N’zassa » « genre sans genre » qui rompt sans regret avec la classification classique, artificielle de genre romans, nouvelles, épopée, théâtre, essai poésie […] Selon l’émotion, je choisis « le genre », le langage qui m’apparaît exprimer avec plus de force de puissance ce que je ressens intimement dans mon rapport érotique- esthétique avec l’écriture. », Les naufragés de l’intelligence, « Préface », p. 5. 2
: Université Alassane Ouattara, Département de Lettres Modernes, Bouaké, Côte d’Ivoire