événement
Alexander Kluge et la France (appel à communications pour le 30.06)
- Alexander Kluge et la France -
Pour une « levée en masse de la narration »
Alexander Kluge est l'un des grands noms de la pensée et de l'art allemands des années 60 à nos jours. Ecrivain, cinéaste et plus récemment producteur de télévision, cet expérimentateur en matière d'écriture et de médias n'hésite pas, comme encore récemment à Paris, à souligner combien la lecture de La Symphonie pastorale d'André Gide ainsi que le bref épisode d'un séjour à Paris, en 1959, auraient stimulé sa vocation d'écrivain, et dans quelle mesure le cinéma de la Nouvelle vague a pu jouer un rôle déterminant pour le Nouveau cinéma allemand, courant dont il reste l'un des représentants les plus prolifiques tant sur le plan de la théorie que sur celui des réalisations. Le mérite qu'il reconnaît plus largement aux Français serait d'être, selon ses mots, des « jardiniers de l'esprit » qui « pensent autrement », en poursuivant: « Certes, je ne les suis pas, car je ne taillerais pas de haies. Pour moi cela prendrait plutôt la forme d'un jardin à l'anglaise ou dans le style de Pückler. Mais le chaos de mon esprit m'agrée davantage une fois qu'il est passé par le filtre de l'esprit français » (Die Welt du 25/10/2010).
Fût-elle conditionnelle, l'affinité qu'il avoue éprouver pour la culture française et son histoire, d'Astérix le Gaulois au Général de Gaulle, de la Chanson de Roland à Michelet, n'a fait jusqu'à présent l'objet d'aucune étude exhaustive, de même que ses travaux, et en particulier son uvre littéraire, n'ont réussi, à quelques exceptions près, à susciter en France l'intérêt des éditeurs et de la recherche
- effet collatéral, semblerait-il, de cette « ignorance mutuelle » par laquelle il tente justement de caractériser la coexistence désormais paisible de Marianne et de Germania, de cette « indifférence informée » régissant les rapports de ces vieux couples qui, le cite-t-on encore dans Die Welt, « ne partagent plus grand-chose ».
C'est précisément à partir de nombreux aspects touchant à la civilisation française tels que les conflits franco-allemands (les conquêtes napoléoniennes, les deux guerres mondiales) ou encore le thème de la révolution, évoqués de façon récurrente dans son uvre, qu'il conviendrait à la fois d'explorer ses itinéraires narratifs, et de « cartographier » les relais, intertextuels en particulier, que ceux-ci empruntent. Nombreuses sont, en effet, ses références aussi bien à des auteurs du canon littéraire français, dont Madame de La Fayette, l'Abbé Prévost, Honoré de Balzac, Marcel Proust ou Paul Valéry, qu'à des entreprises intellectuelles collectives comme celle menée par les encyclopédistes du siècle des Lumières. Il s'agira d'examiner ainsi sa proposition d'une « levée en masse de la narration » et partant, de s'interroger sur son auto-perception en tant qu'« auteur », sur laquelle il se plaît d'insister.
Le projet de ce colloque se voulant pluridisciplinaire, il va de soi que la notion de « narration » n'invite nullement à n'envisager la question que sous le seul aspect littéraire : le point de vue cinématographique par exemple, comme celui de la philosophie, de l'historiographie et, pourquoi pas, de la traductologie, constituent des pistes susceptibles d'en éclairer maint aspect et qu'il convient d'explorer. C'est pourquoi des propositions de communication adoptant ces angles d'analyse là seront également les bienvenues.
Organisé par le CELIS de l'Université Blaise Pascal, ce colloque aura lieu
le mardi 31 janvier et le mercredi 1er février 2012
à la Maison des Sciences de l'Homme, 4 rue Ledru à Clermont-Ferrand. Les propositions de communication (un titre, un résumé de 5 à 10 lignes ainsi qu'une courte notice biographique) sont à envoyerpour le 30 juin 2011
à Eric Lysøe : Eric.LYSOE@univ-bpclermont.fr, et à Vincent Pauval : Vincent.PAUVAL@univ-bpclermont.fr.