appel
Aà C “L’écrivain-traducteur. Ethos et style dun co-auteur “
Lécrivain-traducteur. Ethos et style dun co-auteur
Appel pour le 30 avril 2017
Grenoble les 9 et 10 novembre 2017 et Paris les 18 et 19 janvier 2018
Les théories de la traduction, depuis les années 1980, donnent au traducteur un véritable rôle de créateur. « Traduire nest traduire que quand traduire est un laboratoire décritures[1] », écrivait H. Meschonnic, saccordant sur ce point à la théorie interprétative, à laquelle par ailleurs il sen prenait avec virulence. Celle-ci, fondée sur le principe de la déverbalisation[2], place au centre de lacte traductif la créativité du traducteur, qui « ne se pos[e] plus le problème de lintraduisibilité de tel ou tel poème, mais seulement celle de savoir si sa propre créativité langagière est suffisante pour lui permettre de produire un texte qui sera équivalent à loriginal dans toutes ses fonctions de désignation et dévocation[3] ». Dans la pensée traductologique moderne, le texte traduit doit avoir la même valeur littéraire que le texte source, être autonome dans la langue darrivée et viser une équivalence deffet.
Le texte traduit est pourtant encore très largement marginalisé dans les études littéraires, même lorsque son traducteur est un auteur reconnu dans le champ et lhistoire littéraires. Elles lenvisagent non comme un objet autonome, mais comme medium dans le processus de communication entre un auteur et un lecteur. Les approches comparatistes lui font certes une place plus importante, mais, là aussi, lanalyse privilégie laccès au texte source. La posture critique dominante consiste à évaluer, en termes de réussite ou déchec, de fidélité ou de trahison, le passage dune langue à lautre, et non à aborder le produit de la traduction dans son autonomie par rapport au texte source.
Au cur de cette défiance généralisée à légard du texte traduit alors même que la France est, avec lAllemagne, lun des deux pays à traduire le plus de littérature étrangère[4] se trouve la question complexe du statut du traducteur et de son auctorialité, avec des enjeux notamment légaux. Même si certains, tel Pierre Assouline, militent aujourdhui pour la reconnaissance statutaire du « traducteur coauteur[5] », les textes de loi circonscrivent lauctorialité du traducteur dans des limites étroites, la bordant au prix de maints paradoxes. Dans le Code des usages pour la traduction dune uvre de littérature générale[6], par exemple, le traducteur est certes considéré comme un « auteur », mais il doit respecter lauteur source, selon une relation asymétrique, parfaitement (chrono)logique, ainsi que les attentes de léditeur, qui est, contractuellement, « à linitiative de la création ». Le processus de traduction doit négocier entre réception et genèse, entre les attentes du lecteur (idéal ou réel, dont léditeur peut préciser le profil en raison dune collection par exemple) et de lauteur (idéal ou réel également, muséifié ou impliqué dans le processus de traduction). Ces deux horizons (au sens où ils sont structurants mais ouverts) peuvent placer le traducteur dans une position contradictoire lorsque les intentions auctoriales divergent avec les attentes supposées du lectorat. La responsabilité de lauteur dune traduction paraît donc doublement bornée et assujettie à larbitrage de léditeur en cas de litige : dune part, le traducteur doit sadapter à un horizon de lecture en respectant des critères stylistiques, formels et culturels ; dautre part, il doit viser à rebours ce que lon pourrait nommer un horizon décriture pour éviter (ou a contrario déclencher) un conflit avec lauteur source ou son représentant. Le traducteur est ainsi un acteur du champ littéraire qui cristallise au plus haut point les permanentes négociations autour de lauctorialité dune uvre : les questions de responsabilité légale, de signature (avec divers lieux et maintes modalités individuelle, collective, générique) ou de liberté créative.
Floue dun point de vue légal, lauctorialité du traducteur est également contradictoire dans la présentation que se construit un auteur de traduction, aussi bien dans son texte que dans son entour[7]. Dans les marges du texte comme dans les marqueurs stylistiques (allographes ou autographes[8]), le traducteur construit en effet un ethos[9] dérudit et dexpert ou au contraire de néophyte voire dincompétent, de franc-tireur, pour ne citer que quelques unes des positions archétypiques possibles. Le rapport à la signature (effacée, autonome, ou double voire collective) est à ce titre éclairant, lauteur de la traduction assumant la paternité du texte à divers degrés, quitte à en éclipser lauteur originel. Aussi deux postures sont-elles concomitantes et divergentes : le traducteur en relation co-auctoriale (le dialogue sinscrivant dans le retour sur un texte-référence) et lauteur écrivant aussi en son nom propre (lécriture se projetant dans lavenir du texte publié et signé). Lauctorialité partagée, propre à toute traduction, implique donc une conciliation entre limage du fidèle lettré et de lécrivain, qui devient paroxystique lors de la collaboration entre deux auteurs qui finissent par signer tous deux un nouveau texte, original sans être originel, à linstar de Cendres signé par le duo Beckett-Pinget. Parallèlement, le traducteur doit négocier entre son ethos et celui de lauteur-source dont il peut modifier la représentation auprès du lectorat. Le texte traduit porte ainsi les traces de ce que R. Amossy appelle un « retravail de lethos préalable »[10] aussi bien du traducteur (sil est connu) que de lécrivain traduit, autrement dit la traduction opère une transformation de limage que le public se fait déjà des deux écrivains, à partir de leur réputation ou de leur statut. La spécificité du texte traduit réside dans ce double « retravail de lethos préalable », ce que lanalyse du discours entend comme « la reprise et la réélaboration de positions existantes » pour « moduler, voire remodeler son image »[11].
Dans le prolongement du texte traduit, la question dune bipolarité ethique et stylistique peut se rejouer au niveau de lesthétique dune uvre, par la pratique de la référence complice ou, au contraire, distinctive. Ainsi, Giono, qui finit de traduire Moby Dick en 1939, sinspire de cette première version française du monument de Melville dans un roman peu connu, Pour saluer Melville, où se construit un autoportrait oblique. Cet exemple de création illustre le paradoxe ethique de lécrivain-traducteur : la fréquentation intime dune uvre allographe sous-tend luvre auctoriale, au point den influencer le matériau thématique, certains choix esthétiques ou encore limage de soi ; en retour, le traducteur-écrivain sémancipe de la fidélité au texte originel de même quil saffranchit de lexactitude biographique pour sapproprier une présentation de lautre comme soi-même.
La question de la construction de lethos de lécrivain-traducteur amène également à revaloriser et à interroger le rôle de celui-ci au sein de lhistoire littéraire, quil démembre et recompose, ou encore celui du texte traduit comme creuset dexpérimentations stylistiques. Le traducteur peut tisser des filiations ou des anti-modèles, opérer un basculement contre-historique sur loriginalité esthétique dun texte, dabord connu au prisme stylistique de son traducteur. De même, les mouvements littéraires pourraient être revus à travers la généalogie de secondes mains : les innombrables traductions de Virgile, par exemple, deviennent elles-mêmes palimpsestes et lieu de positionnement entre leurs auteurs, depuis Clément Marot à Marcel Pagnol en passant par Victor Hugo, Paul Valéry ou encore André Chénier pratiquant la réécriture des Bucoliques. La petite main du traducteur est celle de lécrivain se faisant la main : semblable au pastiche qua pu pratiquer Proust pour sémanciper du style flaubertien, la traduction en tant quécriture à contraintes peut alors sapparenter à une maïeutique stylistique.
Ce colloque propose ainsi détudier les écrivains-traducteurs du XXe siècle à aujourdhui pour réfléchir sur une présentation de soi contradictoire, au travers notamment de ses marqueurs stylistiques, en mesurer les incidences sur les écrits postérieurs aux traductions, et revisiter lhistoire littéraire en reconstituant la cartographie souterraine de signatures qui migrent de la marge (mention du traducteur) au centre (sceau de lauteur). Dès lors, cest la notion de responsabilité auctoriale qui se trouve interrogée dans ses dimensions énonciatives, stylistiques, pragmatiques, esthétiques, sociopoétiques et historiques. Les communications privilégieront létude décrivains-traducteurs de langue française (première ou seconde), pour appréhender la posture ambivalente dun lettré par ailleurs auteur dune uvre autonome. Débordant le champ de la traductologie, les approches poétiques, génétiques, stylistiques, juridiques, historiques et sociologiques sur des études de cas seront les bienvenues. À titre indicatif, nombre décrivains des XXe et XXIe siècles ont traduit un pair : Arthur Adamov, Louis Aragon, Samuel Beckett, Messaoud Benyoucef, François Bon, Yves Bonnefoy, Rachid Boudjedra, Frédéric Boyer, Hélène Cixous, Marie Darrieussecq, René Depestre, Virginie Despentes, Mathias Enard, Raymond Federman, Yves Gauthier, André Gide, Jean Giono, Julien Green, Armel Guerne, Eugène Guillevic, Nancy Huston, Philippe Jaccottet, Jean-Marie Laclavetine, Valery Larbaud, Gérard Macé, André Markowicz, Jean-Yves Masson, Brice Matthieussent, Emmanuel Moses, Vladimir Nabokov, Marcel Pagnol, Robert Pinget, Adélaïde Pralon, Marcel Proust, Sylvain Prudhomme, Armand Robin, Jacques Roubaud, Martin Rueff, Danièle Sallenave, Tiphaine Samoyault, Henri Thomas, Alexandre Vialatte, Michel Vinaver, Antoine Volodine, Kateb Yacine, Marguerite Yourcenar, etc.
Les propositions dintervention devront être envoyées à Aline Marchand (aline.marchand@sorbonne-nouvelle.fr) et Pascale Roux (pascale.roux@univ-grenoble-alpes.fr)
Comité scientifique : Mathilde Barraband, Université du Québec à Trois-Rivières ; Bruno Blanckeman, Université Sorbonne Nouvelle
- Paris 3 ; Dominique Combe, ENS-Ulm ; Choi Mikyung, Université Ewha à Séoul ; Julien Piat, Université Grenoble Alpes ; Nathalie Piégay-Gros, Université de Genève ; Anna Saignes, Université Grenoble Alpes ; Alain Schaffner, Université Sorbonne Nouvelle
- Paris 3.
Bibliographie indicative :
-Ruth Amossy, [éd.], Images de soi dans le discours : la construction de lethos, Lausanne, Delachaux et Niestlé, 1999.
-Ruth Amossy, « La double nature de limage dauteur », Argumentation et Analyse du Discours [revue en ligne], n° 3 (Éthos discursif et image dauteur), octobre 2009, 14 p. URL : http://aad.revues.org/index662.html.
-Ruth Amossy, La présentation de soi : ethos et identité verbale, Paris, PUF, coll. « linterrogation philosophique », 2010.
- Michel Ballard, De Cicéron à Benjamin : traducteurs, traductions, réflexions [1992], Villeneuve-d'Ascq : Presses universitaires du Septentrion, 2007.
- Histoire de la traduction : Repères historiques et culturels, Bruxelles : de Boeck, 2013.
- Bernard Banoun et Jean-Yves Masson [dir.], Histoire des traductions en langue française, volume 4, XXe siècle, 1914/18-2000, Lagrasse : Éditions Verdier, à paraître en 2016.
- Walter Benjamin, « La tâche du traducteur » (1926), in Mythe et violence (1971), trad. M. Broda, in Po&sie, n° 55, 1er trimestre 1991.
- Antoine Berman, La traduction et la lettre ou L'auberge du lointain [1985], Paris : Éd. du Seuil, 1999.
- Antoine Berman, Lépreuve de létranger : culture et traduction dans l'Allemagne romantique [1984], Paris : Gallimard, 1995.
- Yves Bonnefoy, L'autre langue à portée de voix : essais sur la traduction de la poésie, Paris : Éd. du Seuil, 2013.
- Martine Broda [dir.], La traduction-poésie : à Antoine Berman, Strasbourg : Presses universitaires de Strasbourg, 1999.
- Edmond Cary, Comment faut-il traduire ?, Presses universitaires de Lille, 1985.
- John Cunnison Catford : A Linguistic Theory of Translation : an essay in applied linguistics, London : Oxford University Press, 1967.
- Yves Chevrel, Lieven d'Hulst et Christine Lombez [dir.], Histoire des traductions en langue française, volume 3, XIXe siècle, 1815-1914, Lagrasse : Éditions Verdier, 2012.
- Jacques Derrida, Difference and Translation, Cornwell Presse, Éditions Joseph Graham, 1985.
- Fabienne Durand-Bogaert (dir.), « Traduire », Genesis 38, Paris : Presses de l'Université Paris-Sorbonne, 2014.
- Julien Green, Le langage et son double [1985], Paris : Éditions du Seuil, 1987.
- Efim Etkind, Un art en crise, essai de poétique de la traduction poétique, Lausanne : Lâge dhomme, 1982.
- Fortunato Israël, Identité, altérité, équivalence ? La traduction comme relation, Minard, 2002.
- Jean-René Ladmiral, Traduire : Théorèmes pour la traduction [1979], Paris : Gallimard, Tel, 1994.
- Colette Laplace, « Pour une approche interprétative de la traduction littéraire », Cahiers de lEcole de traduction et dinterprétation de lUniversité de Genève, n° 19, 1997-98.
- Valery Larbaud, Sous linvocation de saint Jérôme, Paris : Gallimard, 1957.
- Marianne Lederer, La traduction aujourdhui, Hachette, 1994.
- Dominique Maingueneau, Le discours littéraire : paratopie et scène dénonciation, Paris : Armand Colin, 2004, coll. « U. Lettres ».
- Henri Meschonnic, Pour la poétique II, Paris : Gallimard, 1973.
- Poétique du traduire, Paris, Verdier, 1999.
- Jérôme Meizoz, Postures littéraires : mises en scène modernes de lauteur, Genève : Slatkine Érudition, 2007.
- La fabrique des singularités : postures littéraires II, Genève : Slatkine Érudition, 2011.
- Eugene Albert Nida, Toward a Science of Translating, Leiden : E.J. Brill, 1964.
- Inês Oseki-Dépré, Théories et pratiques de la traduction littéraire, Paris : A. Colin, 1999.
- Michaël Oustinoff, Bilinguisme décriture et auto-traduction : Julien Green, Samuel Beckett, Vladimir Nabokov, Paris : LHarmattan, collection « Critiques Littéraires », 2001.
- La traduction, Paris : 2003, Puf, « Que sais-je ? »
- Paul Ricur, Sur la traduction, Paris : Bayard, 2004.
- Jacques Roubaud, « Esquisse dune théorie de la traduction poétique », en coll. avec P. Lusson et L. Robel, Cahiers de poétique comparée, n° 4, Mezura, 1979.
- George Steiner, After Babel. Aspects of Language and Translation, Londres-Oxford-New York : Oxford University Press, 1975.
- Lawrence Venuit, The Scandals of Translation : Towards an Ethics of Difference, London & New York : Routledge, 1998.
- Alain Viala, « Éléments de sociopoétique », in Georges Molinié et Alain Viala, Approches de la réception : sémiostylistique et sociopoétique de Le Clézio, Paris : PUF, 1993, pp. 139-222.
- Mathilde Vischer, La Traduction, du style vers la poétique : Philippe Jaccottet et Fabio Pusterla en dialogue, Paris, Editions Kimé, 2009.
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[1] Poétique du traduire, Paris, Verdier, 1999, p.459.
[2] Selon cette théorie, le traducteur doit passer, après la phase de compréhension du texte source et avant celle de réexpression dans la langue cible par une phase de déverbalisation, décrite par M. Lederer comme un « affranchissement des signes linguistiques concomitant à la saisie d'un sens cognitif et affectif » (Marianne Lederer, La traduction aujourdhui, Hachette, 1994, p.213).
[3] Colette Laplace, « Pour une approche interprétative de la traduction littéraire », Cahiers de lEcole de traduction et dinterprétation de lUniversité de Genève, n°19, 1997-98.
[4] « La littérature traduite en France », Le Monde du livre, 20 novembre 2015 (http://mondedulivre.hypotheses.org/4645). On peut également consulter les chiffres clés du secteur du livre en France disponibles sur le site du Centre national du livre : (http://www.francelivre.org/index.php/Ressources/Le-livre-en-France/Chiffres-cles) et LIndex Translationum : http://portal.unesco.org/culture/fr/ev.php-URL_ID=7810&URL_DO=DO_TOPIC&URL_SECTION=201.html.
[5] Pierre Assouline, « La condition du traducteur », rapport commandé par le Centre National du Livre, 30 juin 2011.
[6] Signé à Paris le 17 mars 2012 par Olivier Mannoni (Président de lAssociation des Traducteurs Littéraires de France) et Antoine Gallimard (Président du Syndicat National de lÉdition). http://ecla.aquitaine.fr/var/ezflow_site/storage/original/application/693d79ca5fcbae585e1ea88d5913813d.pdf
[7] Ruth Amossy définit la « double image de lauteur » comme la présentation de soi qui se construit dans le texte et la représentation de soi hors du texte (par léditeur, la publicité, lécrivain lui-même, etc.) ; cf. AMOSSY (Ruth), « La double nature de limage dauteur », Argumentation et Analyse du Discours [revue en ligne], n° 3 (Éthos discursif et image dauteur), octobre 2009, 14 p. URL : http://aad.revues.org/index662.html.
[8] De même quen critique génétique on distingue documents allographes et autographes pour différencier les différentes mains qui ont travaillé un avant-texte, les traductions présentent un feuilleté de marques stylistiques propres à lauteur-source et à lauteur-cible. Dans un texte traduit, ces faits de style peuvent cohabiter harmonieusement ou avec dissonance ; on peut supposer à linverse que dans une adaptation libre, la réécriture tende à neutraliser lhétérogénéité stylistique quand le style de lécrivain-traducteur supplante celui de lauteur-source.
[9] Lethos de lécrivain a fait lobjet de nombreuses études, y compris dans le champ de la narratologie, où il simpose avec moins dévidence : des chercheurs ont analysé lethos dans des fictions narratives, afin de montrer comment « la posture quadopte le narrateur à travers les modalités de sa parole écrite modèle sa relation avec le lecteur et sa capacité à linfluencer ou à lémouvoir » (AMOSSY (Ruth), « Ethos », dans ARON (Paul), SAINT-JACQUES (Denis) et VIALA (Alain) [dir.], Le Dictionnaire du littéraire [2002], Paris, Quadrige / PUF, 2008, p. 201). Si lethos reste souvent dépendant dun discours, celui du narrateur venant interrompre la trame du récit (cf. les études contenues dans AMOSSY (Ruth) [éd.], Images de soi dans le discours : la construction de lethos, Lausanne, Delachaux et Niestlé, 1999), plus récemment, les travaux de Ruth Amossy et de Dominique Maingueneau ont initié une analyse de lethos auctorial au sein même de textes narratifs (Cf. MAINGUENEAU (Dominique), Le Discours littéraire : paratopie et scène dénonciation, Paris, Armand Colin, 2004, coll. « U. Lettres », pp. 203-221 ; AMOSSY (Ruth), « La double nature de limage dauteur », Argumentation et Analyse du Discours [revue en ligne], n° 3 (Éthos discursif et image dauteur), octobre 2009, 14 p. URL : http://aad.revues.org/index662.html Dans cette optique, il sagit de substituer à la notion controversée dauteur implicite (Wayne Booth), celle plus restreinte dune « image verbale [ ] que chaque discours construit de celui qui en est le signataire et le responsable », sans gommer « la multiplicité des instances de locution » dune fiction littéraire (AMOSSY (Ruth), « La double nature de limage dauteur », art. cit., p. 7). Ont également largement contribué à la réflexion sur cette question A. Viala (« Éléments de sociopoétique », in MOLINIÉ (Georges) et VIALA (Alain), Approches de la réception : sémiostylistique et sociopoétique de Le Clézio, Paris, PUF, 1993) et J. Meizoz (Postures littéraires : mises en scène modernes de lauteur, Genève, Slatkine, 2007 et La fabrique des singularités : postures littéraires II, Genève, Slatkine Érudition, 2011).
[10] Cf. AMOSSY (Ruth), La Présentation de soi : ethos et identité verbale, Paris, PUF, coll. « linterrogation philosophique », 2010, pp. 71-99. La notion d « ethos préalable » provient de lanalyse du discours, cf. AMOSSY (Ruth) [éd.] Images de soi dans le discours : la construction de lethos, Lausanne, Delachaux et Niestlé, 1999 ; Maingueneau utilise dans un même sens « lethos prédiscursif », mais Ruth Amossy en regrette les connotations (cela supposerait un ethos hors ou avant le discours).
[11] AMOSSY (Ruth), La Présentation de soi, op. cit., p. 73 sq.
Appel pour le 30 avril 2017
Grenoble les 9 et 10 novembre 2017 et Paris les 18 et 19 janvier 2018
Les théories de la traduction, depuis les années 1980, donnent au traducteur un véritable rôle de créateur. « Traduire nest traduire que quand traduire est un laboratoire décritures[1] », écrivait H. Meschonnic, saccordant sur ce point à la théorie interprétative, à laquelle par ailleurs il sen prenait avec virulence. Celle-ci, fondée sur le principe de la déverbalisation[2], place au centre de lacte traductif la créativité du traducteur, qui « ne se pos[e] plus le problème de lintraduisibilité de tel ou tel poème, mais seulement celle de savoir si sa propre créativité langagière est suffisante pour lui permettre de produire un texte qui sera équivalent à loriginal dans toutes ses fonctions de désignation et dévocation[3] ». Dans la pensée traductologique moderne, le texte traduit doit avoir la même valeur littéraire que le texte source, être autonome dans la langue darrivée et viser une équivalence deffet.
Le texte traduit est pourtant encore très largement marginalisé dans les études littéraires, même lorsque son traducteur est un auteur reconnu dans le champ et lhistoire littéraires. Elles lenvisagent non comme un objet autonome, mais comme medium dans le processus de communication entre un auteur et un lecteur. Les approches comparatistes lui font certes une place plus importante, mais, là aussi, lanalyse privilégie laccès au texte source. La posture critique dominante consiste à évaluer, en termes de réussite ou déchec, de fidélité ou de trahison, le passage dune langue à lautre, et non à aborder le produit de la traduction dans son autonomie par rapport au texte source.
Au cur de cette défiance généralisée à légard du texte traduit alors même que la France est, avec lAllemagne, lun des deux pays à traduire le plus de littérature étrangère[4] se trouve la question complexe du statut du traducteur et de son auctorialité, avec des enjeux notamment légaux. Même si certains, tel Pierre Assouline, militent aujourdhui pour la reconnaissance statutaire du « traducteur coauteur[5] », les textes de loi circonscrivent lauctorialité du traducteur dans des limites étroites, la bordant au prix de maints paradoxes. Dans le Code des usages pour la traduction dune uvre de littérature générale[6], par exemple, le traducteur est certes considéré comme un « auteur », mais il doit respecter lauteur source, selon une relation asymétrique, parfaitement (chrono)logique, ainsi que les attentes de léditeur, qui est, contractuellement, « à linitiative de la création ». Le processus de traduction doit négocier entre réception et genèse, entre les attentes du lecteur (idéal ou réel, dont léditeur peut préciser le profil en raison dune collection par exemple) et de lauteur (idéal ou réel également, muséifié ou impliqué dans le processus de traduction). Ces deux horizons (au sens où ils sont structurants mais ouverts) peuvent placer le traducteur dans une position contradictoire lorsque les intentions auctoriales divergent avec les attentes supposées du lectorat. La responsabilité de lauteur dune traduction paraît donc doublement bornée et assujettie à larbitrage de léditeur en cas de litige : dune part, le traducteur doit sadapter à un horizon de lecture en respectant des critères stylistiques, formels et culturels ; dautre part, il doit viser à rebours ce que lon pourrait nommer un horizon décriture pour éviter (ou a contrario déclencher) un conflit avec lauteur source ou son représentant. Le traducteur est ainsi un acteur du champ littéraire qui cristallise au plus haut point les permanentes négociations autour de lauctorialité dune uvre : les questions de responsabilité légale, de signature (avec divers lieux et maintes modalités individuelle, collective, générique) ou de liberté créative.
Floue dun point de vue légal, lauctorialité du traducteur est également contradictoire dans la présentation que se construit un auteur de traduction, aussi bien dans son texte que dans son entour[7]. Dans les marges du texte comme dans les marqueurs stylistiques (allographes ou autographes[8]), le traducteur construit en effet un ethos[9] dérudit et dexpert ou au contraire de néophyte voire dincompétent, de franc-tireur, pour ne citer que quelques unes des positions archétypiques possibles. Le rapport à la signature (effacée, autonome, ou double voire collective) est à ce titre éclairant, lauteur de la traduction assumant la paternité du texte à divers degrés, quitte à en éclipser lauteur originel. Aussi deux postures sont-elles concomitantes et divergentes : le traducteur en relation co-auctoriale (le dialogue sinscrivant dans le retour sur un texte-référence) et lauteur écrivant aussi en son nom propre (lécriture se projetant dans lavenir du texte publié et signé). Lauctorialité partagée, propre à toute traduction, implique donc une conciliation entre limage du fidèle lettré et de lécrivain, qui devient paroxystique lors de la collaboration entre deux auteurs qui finissent par signer tous deux un nouveau texte, original sans être originel, à linstar de Cendres signé par le duo Beckett-Pinget. Parallèlement, le traducteur doit négocier entre son ethos et celui de lauteur-source dont il peut modifier la représentation auprès du lectorat. Le texte traduit porte ainsi les traces de ce que R. Amossy appelle un « retravail de lethos préalable »[10] aussi bien du traducteur (sil est connu) que de lécrivain traduit, autrement dit la traduction opère une transformation de limage que le public se fait déjà des deux écrivains, à partir de leur réputation ou de leur statut. La spécificité du texte traduit réside dans ce double « retravail de lethos préalable », ce que lanalyse du discours entend comme « la reprise et la réélaboration de positions existantes » pour « moduler, voire remodeler son image »[11].
Dans le prolongement du texte traduit, la question dune bipolarité ethique et stylistique peut se rejouer au niveau de lesthétique dune uvre, par la pratique de la référence complice ou, au contraire, distinctive. Ainsi, Giono, qui finit de traduire Moby Dick en 1939, sinspire de cette première version française du monument de Melville dans un roman peu connu, Pour saluer Melville, où se construit un autoportrait oblique. Cet exemple de création illustre le paradoxe ethique de lécrivain-traducteur : la fréquentation intime dune uvre allographe sous-tend luvre auctoriale, au point den influencer le matériau thématique, certains choix esthétiques ou encore limage de soi ; en retour, le traducteur-écrivain sémancipe de la fidélité au texte originel de même quil saffranchit de lexactitude biographique pour sapproprier une présentation de lautre comme soi-même.
La question de la construction de lethos de lécrivain-traducteur amène également à revaloriser et à interroger le rôle de celui-ci au sein de lhistoire littéraire, quil démembre et recompose, ou encore celui du texte traduit comme creuset dexpérimentations stylistiques. Le traducteur peut tisser des filiations ou des anti-modèles, opérer un basculement contre-historique sur loriginalité esthétique dun texte, dabord connu au prisme stylistique de son traducteur. De même, les mouvements littéraires pourraient être revus à travers la généalogie de secondes mains : les innombrables traductions de Virgile, par exemple, deviennent elles-mêmes palimpsestes et lieu de positionnement entre leurs auteurs, depuis Clément Marot à Marcel Pagnol en passant par Victor Hugo, Paul Valéry ou encore André Chénier pratiquant la réécriture des Bucoliques. La petite main du traducteur est celle de lécrivain se faisant la main : semblable au pastiche qua pu pratiquer Proust pour sémanciper du style flaubertien, la traduction en tant quécriture à contraintes peut alors sapparenter à une maïeutique stylistique.
Ce colloque propose ainsi détudier les écrivains-traducteurs du XXe siècle à aujourdhui pour réfléchir sur une présentation de soi contradictoire, au travers notamment de ses marqueurs stylistiques, en mesurer les incidences sur les écrits postérieurs aux traductions, et revisiter lhistoire littéraire en reconstituant la cartographie souterraine de signatures qui migrent de la marge (mention du traducteur) au centre (sceau de lauteur). Dès lors, cest la notion de responsabilité auctoriale qui se trouve interrogée dans ses dimensions énonciatives, stylistiques, pragmatiques, esthétiques, sociopoétiques et historiques. Les communications privilégieront létude décrivains-traducteurs de langue française (première ou seconde), pour appréhender la posture ambivalente dun lettré par ailleurs auteur dune uvre autonome. Débordant le champ de la traductologie, les approches poétiques, génétiques, stylistiques, juridiques, historiques et sociologiques sur des études de cas seront les bienvenues. À titre indicatif, nombre décrivains des XXe et XXIe siècles ont traduit un pair : Arthur Adamov, Louis Aragon, Samuel Beckett, Messaoud Benyoucef, François Bon, Yves Bonnefoy, Rachid Boudjedra, Frédéric Boyer, Hélène Cixous, Marie Darrieussecq, René Depestre, Virginie Despentes, Mathias Enard, Raymond Federman, Yves Gauthier, André Gide, Jean Giono, Julien Green, Armel Guerne, Eugène Guillevic, Nancy Huston, Philippe Jaccottet, Jean-Marie Laclavetine, Valery Larbaud, Gérard Macé, André Markowicz, Jean-Yves Masson, Brice Matthieussent, Emmanuel Moses, Vladimir Nabokov, Marcel Pagnol, Robert Pinget, Adélaïde Pralon, Marcel Proust, Sylvain Prudhomme, Armand Robin, Jacques Roubaud, Martin Rueff, Danièle Sallenave, Tiphaine Samoyault, Henri Thomas, Alexandre Vialatte, Michel Vinaver, Antoine Volodine, Kateb Yacine, Marguerite Yourcenar, etc.
Les propositions dintervention devront être envoyées à Aline Marchand (aline.marchand@sorbonne-nouvelle.fr) et Pascale Roux (pascale.roux@univ-grenoble-alpes.fr)
avant le 30 avril 2017
. Un résumé de 500 mots (notes de bas de pages non incluses) sera accompagné dune notice bio-bibliographique.Le colloque se tiendra à Grenoble les 9 et 10 novembre 2017 puis à Paris les 18 et 19 janvier 2018 avec deux tables-rondes décrivains-traducteurs.
Comité scientifique : Mathilde Barraband, Université du Québec à Trois-Rivières ; Bruno Blanckeman, Université Sorbonne Nouvelle
- Paris 3 ; Dominique Combe, ENS-Ulm ; Choi Mikyung, Université Ewha à Séoul ; Julien Piat, Université Grenoble Alpes ; Nathalie Piégay-Gros, Université de Genève ; Anna Saignes, Université Grenoble Alpes ; Alain Schaffner, Université Sorbonne Nouvelle
- Paris 3.
Bibliographie indicative :
-Ruth Amossy, [éd.], Images de soi dans le discours : la construction de lethos, Lausanne, Delachaux et Niestlé, 1999.
-Ruth Amossy, « La double nature de limage dauteur », Argumentation et Analyse du Discours [revue en ligne], n° 3 (Éthos discursif et image dauteur), octobre 2009, 14 p. URL : http://aad.revues.org/index662.html.
-Ruth Amossy, La présentation de soi : ethos et identité verbale, Paris, PUF, coll. « linterrogation philosophique », 2010.
- Michel Ballard, De Cicéron à Benjamin : traducteurs, traductions, réflexions [1992], Villeneuve-d'Ascq : Presses universitaires du Septentrion, 2007.
- Histoire de la traduction : Repères historiques et culturels, Bruxelles : de Boeck, 2013.
- Bernard Banoun et Jean-Yves Masson [dir.], Histoire des traductions en langue française, volume 4, XXe siècle, 1914/18-2000, Lagrasse : Éditions Verdier, à paraître en 2016.
- Walter Benjamin, « La tâche du traducteur » (1926), in Mythe et violence (1971), trad. M. Broda, in Po&sie, n° 55, 1er trimestre 1991.
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[1] Poétique du traduire, Paris, Verdier, 1999, p.459.
[2] Selon cette théorie, le traducteur doit passer, après la phase de compréhension du texte source et avant celle de réexpression dans la langue cible par une phase de déverbalisation, décrite par M. Lederer comme un « affranchissement des signes linguistiques concomitant à la saisie d'un sens cognitif et affectif » (Marianne Lederer, La traduction aujourdhui, Hachette, 1994, p.213).
[3] Colette Laplace, « Pour une approche interprétative de la traduction littéraire », Cahiers de lEcole de traduction et dinterprétation de lUniversité de Genève, n°19, 1997-98.
[4] « La littérature traduite en France », Le Monde du livre, 20 novembre 2015 (http://mondedulivre.hypotheses.org/4645). On peut également consulter les chiffres clés du secteur du livre en France disponibles sur le site du Centre national du livre : (http://www.francelivre.org/index.php/Ressources/Le-livre-en-France/Chiffres-cles) et LIndex Translationum : http://portal.unesco.org/culture/fr/ev.php-URL_ID=7810&URL_DO=DO_TOPIC&URL_SECTION=201.html.
[5] Pierre Assouline, « La condition du traducteur », rapport commandé par le Centre National du Livre, 30 juin 2011.
[6] Signé à Paris le 17 mars 2012 par Olivier Mannoni (Président de lAssociation des Traducteurs Littéraires de France) et Antoine Gallimard (Président du Syndicat National de lÉdition). http://ecla.aquitaine.fr/var/ezflow_site/storage/original/application/693d79ca5fcbae585e1ea88d5913813d.pdf
[7] Ruth Amossy définit la « double image de lauteur » comme la présentation de soi qui se construit dans le texte et la représentation de soi hors du texte (par léditeur, la publicité, lécrivain lui-même, etc.) ; cf. AMOSSY (Ruth), « La double nature de limage dauteur », Argumentation et Analyse du Discours [revue en ligne], n° 3 (Éthos discursif et image dauteur), octobre 2009, 14 p. URL : http://aad.revues.org/index662.html.
[8] De même quen critique génétique on distingue documents allographes et autographes pour différencier les différentes mains qui ont travaillé un avant-texte, les traductions présentent un feuilleté de marques stylistiques propres à lauteur-source et à lauteur-cible. Dans un texte traduit, ces faits de style peuvent cohabiter harmonieusement ou avec dissonance ; on peut supposer à linverse que dans une adaptation libre, la réécriture tende à neutraliser lhétérogénéité stylistique quand le style de lécrivain-traducteur supplante celui de lauteur-source.
[9] Lethos de lécrivain a fait lobjet de nombreuses études, y compris dans le champ de la narratologie, où il simpose avec moins dévidence : des chercheurs ont analysé lethos dans des fictions narratives, afin de montrer comment « la posture quadopte le narrateur à travers les modalités de sa parole écrite modèle sa relation avec le lecteur et sa capacité à linfluencer ou à lémouvoir » (AMOSSY (Ruth), « Ethos », dans ARON (Paul), SAINT-JACQUES (Denis) et VIALA (Alain) [dir.], Le Dictionnaire du littéraire [2002], Paris, Quadrige / PUF, 2008, p. 201). Si lethos reste souvent dépendant dun discours, celui du narrateur venant interrompre la trame du récit (cf. les études contenues dans AMOSSY (Ruth) [éd.], Images de soi dans le discours : la construction de lethos, Lausanne, Delachaux et Niestlé, 1999), plus récemment, les travaux de Ruth Amossy et de Dominique Maingueneau ont initié une analyse de lethos auctorial au sein même de textes narratifs (Cf. MAINGUENEAU (Dominique), Le Discours littéraire : paratopie et scène dénonciation, Paris, Armand Colin, 2004, coll. « U. Lettres », pp. 203-221 ; AMOSSY (Ruth), « La double nature de limage dauteur », Argumentation et Analyse du Discours [revue en ligne], n° 3 (Éthos discursif et image dauteur), octobre 2009, 14 p. URL : http://aad.revues.org/index662.html Dans cette optique, il sagit de substituer à la notion controversée dauteur implicite (Wayne Booth), celle plus restreinte dune « image verbale [ ] que chaque discours construit de celui qui en est le signataire et le responsable », sans gommer « la multiplicité des instances de locution » dune fiction littéraire (AMOSSY (Ruth), « La double nature de limage dauteur », art. cit., p. 7). Ont également largement contribué à la réflexion sur cette question A. Viala (« Éléments de sociopoétique », in MOLINIÉ (Georges) et VIALA (Alain), Approches de la réception : sémiostylistique et sociopoétique de Le Clézio, Paris, PUF, 1993) et J. Meizoz (Postures littéraires : mises en scène modernes de lauteur, Genève, Slatkine, 2007 et La fabrique des singularités : postures littéraires II, Genève, Slatkine Érudition, 2011).
[10] Cf. AMOSSY (Ruth), La Présentation de soi : ethos et identité verbale, Paris, PUF, coll. « linterrogation philosophique », 2010, pp. 71-99. La notion d « ethos préalable » provient de lanalyse du discours, cf. AMOSSY (Ruth) [éd.] Images de soi dans le discours : la construction de lethos, Lausanne, Delachaux et Niestlé, 1999 ; Maingueneau utilise dans un même sens « lethos prédiscursif », mais Ruth Amossy en regrette les connotations (cela supposerait un ethos hors ou avant le discours).
[11] AMOSSY (Ruth), La Présentation de soi, op. cit., p. 73 sq.