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Le catalogue comme représentation de la bibliothèque - de l'ordre de Mgr de Caulet aux hypercatalogues virtuels

ARTICLE

Dans une grande partie de « bibliothèques imaginaires » représentées dans la littérature figure un catalogue de ladite bibliothèque. Chez Borges avec une relation complexe, labyrinthique, entre la bibliothèque - fausse puisque imaginaire - et le catalogue qui la représente, catalogue véritable dédoublé en une multitude de faux catalogues, et en dissertations réflexives sur la démonstration de leur vérité au fausseté. Tout cela, selon Alberto Manguel, suivant le « modèle » idéal, forcément  imaginaire lui aussi puisqu’elle a disparu dans les flammes, de la Bibliothèque d’Alexandrie, première bibliothèque dans laquelle la tradition veut aussi que Callimaque, poète-bibliothécaire comme Apollonios de Rhodes avant lui, ait dressé le premier catalogue. Comme les livres de la bibliothèque dans les rayons, le catalogue pose le problème d’un ordre : il semble que celui de Callimaque était alphabétique, mais on n’en sait guère plus (ordre des auteurs ou des titres ?). Nicolas Clément, bibliothécaire du Roi, inventa un autre classement de A à Z en catégories de livres, mais la coïncidence entre le nombre des catégories et celui des lettres de l’alphabet français [1] , tandis que le classement « des libraires de Paris » en dix classes veut éviter l’excès de subdivisions. Même si l’informatisation des catalogues tend à effacer ces classements au profit d’une indexation tenant compte de toutes les recherches possibles pour un lecteur (nom d’auteur, mots du titre, sujet, année de publication, éditeur, collection), le repérage des livres dans les rayons d’une bibliothèque donnée suppose un rangement par catégories, dès lors que le nombre des livres devient important : la cote implique une classification, et les bibliothèques modernes sont en général rangées suivant les principes de la classification Dewey : comme le dit bien le SCD de Lille dans l’entrée de sa page web, « la classification D. permet de situer les documents dans un domaine de la connaissance et de leur attribuer une place dans la bibliothèque ». C’est ce qui permet de ne pas se perdre dans une grande bibliothèque, et en principe de ne pas perdre les livres, toujours rangés à la même place physique en fonction de la classification.

Dans l’imaginaire, cette nécessité de classer et cette hantise de l’égarement expliquent peut-être que la bibliothèque soit assez souvent liée au cauchemar ou au genre policier. [2]

Histoire du catalogage, des rouleaux de papyrus à l’ère Gutenberg
Le catalogue : classer c’est penser, mettre les choses en ordre.

Le mot catalogue est d’origine grecque, les premiers emplois se trouvent chez Homère, le composé avant le substantif simple, ainsi que le verbe correspondant (logos, legein), signifiant « liste, énumération ». On connaît le fameux Catalogue des vaisseaux au chant II de l’Iliade, mais aussi de nombreux passages moins longs où le poète énumère par exemple les morts victimes de tel ou tel héros, la généalogie de tel autre (rencontre entre Diomède et Glaukos au chant VI, Enée face à Achille), les femmes, déesses ou mortelles, aimées par Zeus, ou les Océanides, nymphes de la mer, qui pleurent avec Thétis. Le genre du catalogue se rencontre aussi chez Hésiode et dans la poésie archaïque grecque en général, plus tard dans la poésie grecque ou latine comme une imitation plus ou moins consciente des procédés homériques. Ce procédé archaïque a d’ailleurs subsisté pour des listes chronologiques telles que les listes des vainqueurs dans les concours panhelléniques, dans les concours de musique ou de poésie qu’organisaient diverses cités grecques, celles de souverains ou tyrans dans les cités monarchiques, ou dans les listes d’archontes éponymes pour une cité démocratique comme Athènes : c’est là l’origine de la chronologie historique dans la tradition occidentale.

Dans la première grande bibliothèque « publique » connue, voulue par les Ptolémée à Alexandrie, les savants chargés de la conservation et des commentaires savants des livres qu’ils avaient rassemblés (alors sous forme de rouleaux de papyrus) éprouvèrent déjà, à cause de leur nombre qui imposait un rangement dans les rayons et probablement sous l’influence des théories aristotéliciennes sur les classifications du savoir et des domaines de connaissance, le besoin de les classer [3] : selon la tradition, Aristophane de Byzance, commentateur réputé d’Homère, « ne faisait que lire et relire attentivement tous les livres de la bibliothèque en suivant l’ordre dans lequel ils étaient rangés » et les connaissait si bien qu’il put disqualifier des poètes participant à un concours qui s’étaient attribué faussement des œuvres d’un autre. Mais c’est Callimaque que l’on connaît comme le responsable de la première classification générale des ouvrages, sous le titre de « Catalogue des auteurs qui brillèrent dans chaque discipline », et l’on dit que ce catalogue occupait à lui tout seul 120 rouleaux de papyrus [4] . On n’a malheureusement pas de témoignage direct de ce catalogue, qui semble avoir été organisé par ordre alphabétique.

On pense aujourd’hui que la tradition des catalogues homériques est peut-être d’origine orientale comme beaucoup d’autres phénomènes considérés comme grecs jusqu’aux découvertes archéologiques du XXe s. concernant les Sumériens, l’empire hittite et les premières écritures. Bien avant Homère, les tablettes mésopotamiennes conservaient des listes de divers ordres et fonctions (administrative par exemple) et même des catalogues de livres remontant au IIIe millénaire av. J.-C. Mais ce qui a été dit plus haut reste valable pour ce qui concerne la tradition classique dont le Moyen Âge et la Renaissance vont hériter : il existe en effet des catalogues de bibliothèques monastiques, en particulier à l’abbaye de Saint-Victor [5] , puis chez les érudits de la Renaissance, en particulier quelqu’un comme Conrad Gesner. Un rêve encyclopédique semble constamment lié aux catalogues de bibliothèques, les livres étant censés couvrir les champs du savoir, et la bibliothèque qui les rassemble être un miroir du monde intelligible.

Certes, Aristote lui-même paraît avoir cru à une organisation des connaissances en grands champs disciplinaires organisés en catégories et sous-catégories comme leurs objets, qu’il s’agisse des sciences exactes ou de domaines tels que les objets de la botanique ou de la biologie animale. [6]

Dans la bibliothèque d’Alexandrie comme chez Gesner, le catalogue prétend à une exhaustivité idéale : la tradition rapporte que les Ptolémée demandaient à tous les possesseurs de livres de prêter leur exemplaire pour copie. Mais Callimaque comme Gesner savent bien que l’exhaustivité est impossible, le catalogue représente une sorte d’idéal anthologique, le titre donné à leur ouvrage en témoigne. Dans le monde byzantin, le patriarche Photius a eu une ambition comparable, lire et résumer les ouvrages importants de l’Antiquité classique [7] .

Le caractère encyclopédique du catalogue impose un ordre fondé en raison et non sur les aléas de l’initiale et de l’alphabet. Les savants modernes pensent en général que c’est la structure de l’éducation classique héritée des Anciens, avec la répartition des arts en trivium et quadrivium, qui a donné naissance aux premières classifications encyclopédiques [8] : les principaux jalons en sont en particulier, selon M.-H. Tesnière, Les noces de Mercure et de Philologie de Martianus Capella (vers 410-429) [9] , les Insttutiones de Cassiodore (milieu du VIe s.), l’œuvre d’Isidore de Séville (VIIe s.) et de Boèce [10] , tout cela s’appuyant sur l’adaptation à la doctrine chrétienne dont les fondements étaient explicités par le De doctrina christiana de Saint Augustin [11] . Des foyers d’étude se sont développés dans cette atmosphère à la fois d’une théologie chrétienne encyclopédique à Chartres au XIIe siècle (Guillaume de Conches, Bernard de Chartres, Gilbert de la Porée) et à l’abbaye de Saint-Victor à Paris, sur la Montagne Sainte-Geneviève (Hugues de Saint-Victor) [12] . Le mot encyclopedia [13] se trouve déjà chez Quintilien (Institutiones oratoriae X). Les premiers catalogues de bibliothèques (par exemple, celui de Vivarium, celui de la Sorbonne [14] , ou celui de la Bodléienne d’Oxford par Thomas James, le premier catalogue de bibliothèque imprimé. [15] )

Nous voudrions insister sur les représentations imagées et métaphoriques qui correspondent à ces premiers catalogues, celles du corps humain et de ses parties unies en un tout dominé par la tête [16] l’arbre du savoir [17] , la mer, le jardin ou surtout l’architecture, qui rappelle les « Palais de mémoire » (imaginaires) préconisés dans l’Antiquité comme moyens mnémotechniques. [18]

L’invention de l’imprimerie et la diffusion des livres donnèrent aux bibliothèques une importance bien plus grande et rendirent le besoin de catalogues beaucoup plus vif. Selon Marshall McLuhan, le passage de l’oral à l’écrit, puis du manuscrit à l’imprimé, a même profondément transformé l’appréhension du monde par les humains, donnant dans la « Galaxie Gutenberg » la prééminence à la vision sur les autres sens. Avec l’imprimerie, la cartographie liée aux Grandes découvertes et l’invention (ou réinvention) de la perspective en peinture, contribuèrent à une profonde modification de la perception.

En France, la bibliothèque royale, en particulier, déménagea des bords de Loire à Paris, fut installée rue Vivienne face au Palais Mazarin [19] et confiée par Colbert à deux bibliothécaires, Carcavy et Nicolas Clément, qui « distribua cet ensemble suivant un classement bibliographique qui est resté le fondement de celui de la Bibliothèque nationale » [20] . Comme dans les bibliothèques médiévales, le classement de Clément repose sur cinq grandes classes et met en tête la Théologie, puis la Jurisprudence, l’Histoire, la Philosophie et les Belles-Lettres, avec des subdivisions [21] . Mais on connaît davantage la classification diffusée sous le nom de Prosper Marchand et Gabriel Martin, au début du XVIIIe siècle [22] , ou encore sous le nom de « système des libraires de Paris » parce qu’il fut adopté par les libraires pour les catalogues de vente de bibliothèques privées. [23]
La plupart des catalogues de grandes bibliothèques au XVIIe siècle superposaient à la classification encyclopédique un classement matériel par formats –que l’on retrouvera pour Mgr de Caulet– « répondant à l’organisation matérielle des magasins et permettant de localiser immédiatement un livre donné ». [24]

Dans la première moitié du XXe siècle, l’augmentation considérable du nombre des publications et la nécessité d’une classification rationalisée susceptible de correspondre à toutes les langues du monde aboutit à une classification en arborescence numérique avec les trois premiers chiffres correspondant aux grands domaines de connaissance (000 Généralités, 100 Philosophie et psychologie, 200 Religion, 300 Sciences sociales, 400 Langage, 500 Sciences de la nature et mathématiques, 600 Techniques (sciences appliquées), 700 Arts, 800 Littérature et rhétorique, 900 Géographie et histoire), les chiffres ajoutés ensuite après un point donnant d’autres renseignements : subdivisions, collections etc. D’une bibliothèque à une autre et bien sûr d’un catalogue à un autre, tel ou tel ouvrage devrait se retrouver dans la même catégorie –pour peu du moins que les bibliothécaires chargés du catalogage connaissent un peu le contenu ou que chaque éditeur prenne soin de donner  avec le copyright un certains nombres de renseignements bibliographiques et des mots-clefs qui permettent cette uniformisation des « méta-données » sur les livres [25] , préparant le passage à l’harmonisation de nombreuses bibliothèques, sinon toutes, dans un très grand catalogue virtuel.

Quelques bibliothèques imaginaires et leurs catalogues

Le catalogue Caulet évoque, comme tout catalogue de bibliothèque, une bibliothèque matérielle dont il tente de suivre les contours. On aimerait qu’il ait la clarté d’une représentation ; ce ne sera pas le cas : il a été réalisé à partir de la collection de 34000 livres réunis par l’évêque, très probablement dans son évêché de l’actuelle rue Chenoise à Grenoble, dans les dernières années de sa vie : les derniers volumes mentionnés dans le corps du catalogue datent des années 1765/1766. Il a été rédigé par un secrétaire qui, dans un temps assez limité si l’on en juge par l’écriture, a recopié les titres des volumes qu’il avait sous les yeux, dans un ordre purement descriptif, et à partir d’un système bibliographique qui est celui des libraires. À l’intérieur de chaque division et de chaque subdivision, on ne verra que du désordre, ou plutôt trois formes de désordres : celui de la collection initiale [26] , celui des collections achetées globalement, comme ce fut le cas pour les 164 lots achetés successivement par l’évêque, celui des nouvelles acquisitions en ordre plus ou moins chronologique, à la fin de chaque subdivision, ou au verso des pages pour les acquisitions du XIXe siècle. Tous les volumes s’y succèdent, sans classement alphabétique ni chronologique, et les numéros d’ordre, dans les marges de gauche, ont été portés avec une plume d’acier, au plus tôt à la fin du XVIIIe siècle, peut-être au moment du grand récolement de l’an VII. La tomaison de ce catalogue correspond aux trois grandes séries de formats : les in-folio (tomes I-II), les in-4° (tomes III-VI), les in-8° et in-12 (tomes VII-XV). Ce classement laisse supposer que les volumes étaient rangés selon leur format dans des endroits différents, salles, étages, armoires, tablettes, comme il était de règle à l’époque. Il ne s’agit pas ici d’un catalogue de consultation : la bibliothèque de l’évêque n’était pas ouverte au public ; plus probablement s’agit-il d’un inventaire raisonné. À ce premier classement purement matériel, qui rend difficile le repérage des titres si l’on ne connaît pas le format, s’oppose un classement en cinq grandes catégories directement issues du système de Martin et Marchand : Théologie, Jurisprudence, Sciences et Arts, Belles-Lettres, Histoire [27] . Ces grandes sections évoquent une sorte d’arbre de la connaissance ; elles reproduisent les Facultés traditionnelles, mais aussi les catégories de la connaissance dans une succession qui implique en elle-même, dans chaque catégorie, une méthode : c’est ainsi que dans la classe de l’« Histoire prophane » (tome XIV-XV, in-8° et in-12), on trouvera, par subdivisions numérotées,  les exposés théoriques sur la façon d’apprendre l’histoire, puis les abrégés d’histoire universelle et les descriptions du monde, puis l’histoire ancienne, l’histoire moderne par « races » anciennes, puis par règnes récents, de Henri IV à Louis XV ; à quoi s’ajoutent quelques grands thèmes : histoire du sacre des rois (10), vies des grands officiers (11), maisons d’Europe (12), histoire des états généraux (13), état de la France et almanachs (14), histoire des provinces de France, en particulier du Dauphiné (15).  Cet ordre est à la fois pratique et rationnel, mais il obéit en même temps à une hiérarchie spirituelle : en tête s’avance la Théologie, avec l’Écriture sainte, les Conciles, les Pères de l’Église, les mandements épiscopaux, suivis de la Jurisprudence, canonique puis civile ; les Sciences et Arts présentent les disciplines nobles (philosophie, morale, métaphysique) avant les sciences naturelles ou les mathématiques ; dans les Belles-Lettres, orateurs et prédicateurs vont en tête, et romanciers à la fin, juste avant les recueils factices. C’est une procession. N’était la répartition en formats, on croirait avancer dans une cathédrale ou une bibliothèque monastique où tout est organisé en fonction du salut, pour la plus grande gloire de Dieu ; c’est en tout cas la bibliothèque d’un évêque, d’un théologien, d’un controversiste aidé de tous les secours de l’érudition, armé de pied en cap contre les ennemis de la religion ; du moins est-ce le rêve de notre évêque : un imaginaire épiscopal.

À bien y regarder toutefois, cette cathédrale de livres, sinon réelle, du moins rêvée, recèle des coins perdus où la rêverie prend d’autres chemins : la Théologie mène, en fin de liste, aux théologiens hétérodoxes, qui, des vaudois aux jansénistes, sont légion ; la Jurisprudence inclut le criminel, mais aussi les causes célèbres et toutes sortes de cas particuliers dissimulés dans les « recueils factices » ; les Sciences et Arts admettent en leur sein les sciences occultes ; l’Histoire enfin ouvre largement ses portes aux descriptions de bibliothèques et de cabinets, ainsi qu’aux catalogues, autrement dit à la dévorante passion de notre collectionneur. Les Belles-Lettres accueillent, selon Sophie Bentin, 278 romans et ouvrages de fictions [28] ; c’est peu à notre goût (0,88 % de l’ensemble), c’est beaucoup pour un évêque ; et que dire de cette centaine de journaux d’information et de revues littéraires qui parasitent l’Histoire en petit format ?

Mgr de Caulet, qui prenait la défense de Don Quichotte contre un prédicateur enflammé [29] , et qui faisait venir de Genève les journaux protestants, avait le goût large et une curiosité d’esprit qui fait la richesse de sa bibliothèque. Il avait l’âme d’un collectionneur ; et l’on imagine qu’à l’étage noble de l’évêché, il savait mettre en bonne place ses livres d’heures enluminés, son manuscrit des poésies de Charles d’Orléans ou son exemplaire du Roman de la Rose, orné de 88 dessins à la plume. Son catalogue nous raconte entre les lignes qu’il voulait consacrer sa bibliothèque au triomphe de la Vérité, mais qu’il ne voulait rien ignorer des vérités particulières. À bien des égards, il peut nous rappeler la bibliothèque imaginaire que Prévost décrivait dans Les Aventures de Pomponius, chevalier romain, son premier roman, paru en 1725 [30] . Le rapprochement n’est pas incongru : le bénédictin et l’évêque sont de la même génération, quatre ans les séparent ; ils ont reçu la même formation ; ils ont connu les mêmes débats au sujet de la Constitution Unigenitus ; ils ont eu très jeunes une grande connaissance des bibliothèques ecclésiastiques et la même passion des livres. Les Aventures de Pomponius décrivent, sur le mode parodique, dans les chapitres XVI, XVIII et XIX, une grande bibliothèque monastique et son catalogue. Le genre n’est pas nouveau : Rabelais, dans son Pantagruel, avait évoqué la bibliothèque de Saint Victor, « fort magnifique , mesmement d’aulcuns livres qu’il y trouva, desquels s’ensuit le repertoyre » (chap. VII). Il a d’emblée fixé les règles du genre : satire des théologiens abscons, à travers des titres français ou latins (bigua salutis, Pantofla decretorum, Profiterolle des indulgences, Ravasseur des cas de conscience, etc.), des moines lubriques ou paresseux  (Les Aises de la vie monachale, La Guallimafrée des bigots), des pédants et de leurs gloses (Des Poys au lart, cum commento, Les Pétarrades des Bullistes, Copistes, Scripteurs, Abréviateurs, Référendaires et Dataires). La descendance de cette forme de satire est considérable ; Gustave Brunet a dressé une première bibliographie de ces catalogues imaginaires, qui compte, entre 1432 et 1800, plus de 40 titres [31] ; mais c’est sous la Régence que le genre a connu le plus de succès ; on trouve de ces listes dans le Journal de Marais et dans celui de Barbier, dans le Journal de la Régence de Buvat, dans les Mélanges de Boisjourdain. Il en circula beaucoup en manuscrit ; les Aventures de Pomponius, outre le catalogue composé par Prévost, citent « un autre catalogue qui courut Paris en 1721 », et qui porte sur les mœurs du temps plutôt que sur les débats intellectuels. Prévost se souvient de Rabelais et développe toutes les modalités du genre : description de bibliothèque fictive, liste de titres burlesques, sommaires imaginaires, fausses citations, etc. Mais il est en même temps très conscient des problèmes que pose le classement des livres, et sa « bibliothèque de la Lune » développe tout un imaginaire du catalogage et de ses problèmes. Quatre thèmes, entre autres, s’y déploient.

L’obsession du temps. Comment maîtriser la production illimitée des livres ? La bibliothèque utopique de la Lune est hors du temps, et elle est immense (40 milles de long sur 5 milles de large) ; elle classe les volumes parus ou à paraître, par ordre chronologique de l’an 0 jusqu’à l’an 9999 : « Les tablettes en sont magnifiques, et toutes remplies. Les livres y sont distribués selon le temps qu’ils doivent paraître ». Le premier in-folio qui tombe sous la main des visiteurs est une histoire de la Compagnie de Jésus depuis le bon larron sur la croix, « premier profès de cette Compagnie », en passant par Don Quichotte et Sancho Pança, Guzman d’Alfarache et son compatriote Inigo, « connu vulgairement sous le nom d’Ignace ». On songe un instant à cette classe d’histoire ecclésiastique, dans la bibliothèque Caulet, qui déroulait, après les conciles, les papes, les schismatiques, les hérétiques, les « disputes  nées dans l’Église », les ordres monastiques, l’inépuisable catégorie des jésuites, qui occupaient à eux seuls 80 pages, pour 600 titres, depuis Ignace jusqu’à l’expulsion des jésuites en 1763. Dans la Lune, le problème est résolu ; l’affaire est classée, mais tout bibliothécaire peut rêver d’une bibliothèque arrêtée, dans laquelle le catalogage serait définitif, comme celui  de Mgr de Caulet [32] . Car il n’y a pas de rangement, de classement, de catalogue que le temps ne vienne contrarier. Mais que serait une bibliothèque immuable, éternelle, hors du temps, sinon une bibliothèque morte, une sorte de columbarium ? Pomponius en laisse entrevoir un instant la pensée.

La tolérance illimitée. Si l’on veut former une bibliothèque choisie, il faut en éliminer l’erreur, se consacrer aux Vérités éternelles et aux Vérités physiques, et se garder des « vérités passagères », qui eurent pourtant une réalité ; le grand bibliothécaire Samar et ses amis tentent donc de définir les formes du vrai. L’exemple choisi, celui des pucelages vrais ou supposés apporte évidemment une diversion à ce débat métaphysique (chap. XVII). Il reste que le bibliothécaire ecclésiastique, tout en se soumettant au dogme, devra accueillir les hérésies, le libertinage, les sciences occultes et bien d’autres erreurs qui ont eu leur évidence. Faut-il tout accepter  dans une bibliothèque ? Et que faire des livres absurdes, nuls, illisibles ? Dans la Lune, on les a d’avance acceptés, mais on a renoncé en même temps à l’idéal d’une bibliothèque « choisie ». Il ne s’y voit pas d’Enfer, et l’on peut y rire de tout. C’est la contrepartie de la tolérance. On n’imagine guère aujourd’hui l’inquiétude des lettrés, dans les années 1700, devant le déferlement des livres, des controverses abstruses, des hérésies improbables : ce désarroi se sent dans le catalogue de la Lune, qui accepte tout au nom de la tolérance ; ce que l’évêque Caulet ne faisait pas, ou à peine. Il était homme de foi et homme d’ordre ; il avait consenti à condamner l’évêque Soanen, à appuyer l’action de Tencin puis de Fleury. Mais sa famille avait côtoyé le jansénisme ; son grand oncle, Étienne de Caulet, évêque de Pamiers, avait manifesté une remarquable indépendance d’esprit [33] . On lit dans les bas de pages des subdivisions du catalogue de Jean de Caulet un désir de comprendre les jansénistes, et peut-être un rêve d’union, de tolérance, ou tout au moins d’« accommodement ».

Le classement exhaustif. Le génie inconnu qui a présidé à la disposition de la bibliothèque de la Lune connaissait les catégories de Martin et Marchand, mais il les a inversées. On trouve donc à main droite la Fable, la Poésie et l’Histoire, autrement dit le littéraire ; et à main gauche, les Arts et les Sciences, la Philosophie, la Mythologie et la Théologie, qui, associée aux mythologies, fait ici triste figure. Prévost, lui, connaît les limites d’un classement systématique, et il y adjoint un classement par auteurs ; mais comme l’humanité se répète inlassablement, il sera bon de les grouper par familles ; cela rend la recherche plus facile. Sous le nom d’Épicure, on trouvera donc tous les disciples d’Épicure, jusqu’aux « molinistes » et tous ceux qui font crédit à la concupiscence ; sous le nom de Zénon se rangeront les stoïciens et les jansénistes. Ainsi trouvera-t-on réunis les avantages du classement logique par catégories, et ceux de l’ordre alphabétique et chronologique à la fois : on peut toujours rêver, dira-t-on, mais on est sur le chemin de la classification Dewey ; tandis qu’un classement logique distribue les grandes catégories de la connaissance, un classement chronologique accueille les ouvrages dans l’ordre de leur publication,  ce qui n’empêche pas de regrouper tous les ouvrages consacrés aux grands auteurs ; et c’est ce que font de plus en plus nos bibliothèques en libre accès. Il ne restera à hésiter que pour les auteurs ambigus, des inclassables comme le bénédictin Montfaucon, qui orne son Antiquité expliquée de figures très païennes, ce qui fait qu’on peut le classer comme janséniste stoïcien, et comme libertin, selon qu’on regarde le texte ou les gravures. Prévost s’en amuse ; mais où Mgr Caulet rangeait-il le Roman de la Rose illustré ?

La transparence des titres : ils peuvent être inutilement pédants, démesurés, obscurs ; c’est pourtant par le titre qu’on reconnaîtra le contenu, et l’époque est propice aux titres développés. Le rêve serait de dire dans le titre tout ce que l’on sait du livre, de son contenu, de ses arrière-pensées, de son auteur, de ses inspirateurs, et c’est à quoi sert le catalogue imaginaire des ouvrages de la Lune. « La Vie de Monsieur Colbert Archevêque de Rouen, par le Père Buffier. À Quimper-corentin » signifiera pour les initiés que le R.P. Buffier, S.J., est soupçonné d’avoir publié un pamphlet, les Difficultés proposées à l’archevêque de Rouen, contre Mgr Colbert, accusé par lui de jansénisme ; envoyé à Quimper Corentin en exil, Buffier a été interdit de sacerdoce pour un temps.  Cet opprobre était à verser au compte de la S.J, qui s’est empressée de l’envoyer à Rome en 1696 ; rappeler l’incident trente ans plus tard, quand Buffier est revenu en France, n’est évidemment pas sans malice. Tout est dit dans le titre, du moins pour ceux qui savaient déjà ; pour les autres, l’allusion maligne se suffit en elle-même ; mais la déchiffrer reste un casse-tête. Le comble sera de désigner un ouvrage qui n’existe pas, sinon par le titre, et d’en développer toutes les virtualités : ainsi des Miracles du C.D.R. « à la tablette des livres pieux, sur trois petits tomes in douze, reliés à la janséniste ». Chacun sait, du moins en 1725, que ces initiales doivent désigner le cardinal de Rohan, brillant casuiste, négociateur de compromis de tout poil, mais surtout ami des dames, jalousé de beaucoup d’autres qui publieront la liste interminable de ses conquêtes ; trois tomes y suffiront à peine. Le livre n’a pas besoin d’exister, tout le monde en devine le contenu, ou croit le deviner ; le catalogage se substitue à la lecture.

La lecture maligne. Tout ce que le titre dit à mots couverts sera interprété comme malin, satirique, voire obscène. Rabelais avait découvert depuis longtemps les vertus cachées des titres équivoques et des contrepèteries. Or il est peu de catalogues imaginaires qui ne distillent la plaisanterie un peu leste et les allusions indiscrètes ; le catalogue de la Lune n’y manque pas , surtout quand il s’agit de moines (La Direction intéressée des suivantes, par de La Ruë), des ministres et de leurs liaisons secrètes (Description de la Madeleine de Tresnel, par d’Argenson), ou du cardinal Dubois (Des qualités requises dans un évêque, par Du Bois, archevêque de Cambrai). Le chapitre précédent de Pomponius montrait comment l’on pouvait trouver des obscénités chez les auteurs les plus classiques, grâce à des traductions aventureuses et à des lapsus révélateurs. Les bibliothèques de couvents dans les romans libertins sont évidemment mieux fournies encore ; la Religieuse en chemise en donnerait l’exemple. La bibliothèque est de façon générale un lieu de tentation, de mauvais esprit, de curiosités indiscrètes, et puisque l’Index montre du doigt les livres défendus, puisque l’Enfer les regroupe dans une même catégorie, c’est ceux-là que l’on recherchera en premier. Les bibliothèques imaginaires des romans libertins inversent en quelque sorte l’esprit du Concile de Trente ; elles nous disent que le mauvais esprit est celui du lecteur ; que peut-être aussi tout le monde est livré au péché de concupiscence, que le lecteur invente, à partir de la rumeur publique, une liste de ses propres fantasmes, que le livre n’existe que par le lecteur.

Cette bibliothèque est utopique : dans le monde de la Lune, tout est transparent, chacun y trouve son bonheur ; les livres en nombre infini rencontrent leur lecteur et dévoilent immédiatement leur signification. C’est le rêve de tout bibliothécaire. Le catalogue est unique et immuable, tous les livres connus y figurent, le classement est lumineux, les titres sont explicites, aucune censure n’y limite le désir : c’est le rêve de tout lecteur. On remarquera toutefois que les classements seuls orientent ces lecteurs vers ce qu’ils connaissent déjà. Depuis 1660 environ, les érudits, les lettrés, déconcertés par l’abondance de la production, cherchaient le moyen d’accéder à tous les livres, à travers les époques, les pays, les doctrines, en évitant les livres inutiles. Les « bibliothèques choisies », les conseils pour former une bibliothèque, les « bibliothèques savantes », devenues périodiques pour suivre le cours du temps, destinées à aider le lecteur dans ses choix, commençaient à se multiplier. Dans les catalogues imaginaires, mais aussi dans le catalogue Caulet, le désordre continue de régner : on est supposé savoir ce que l’on cherche, et deviner le contenu par le titre. Et l’on ignore les index de noms aussi bien que de titres. Mais qu’en est-il de nos catalogues réels ? Le libraire David a résumé un jour, dans l’article « Catalogue » de l’Encyclopédie, ce qui ressemble fort à un catalogue idéal, donc imaginaire :

Ce qui existe, ce qui arrive, ce qu'on peut dire, faire, ou imaginer, tout enfin étant matière de livres, la vie la plus longue, & l'étude la plus assidue, ne mettent que difficilement en état d'en acquérir la connoissance. Un homme de Lettres doit cependant s'en faire un plan méthodique, afin de savoir caractériser & réduire à des classes convenables ce nombre prodigieux d'écrits qu'on a donnés, et qu'on donne tous les jours au public : autrement il est exposé à errer perpétuellement dans l'immensité de la Littérature, comme dans un labyrinthe plein de routes confuses. [...]

Ces divisions & sous-divisions une fois établies, forment ce qu'on appelle un système bibliographique, & s'appliquent à l'arrangement des livres, soit dans une bibliothèque, soit dans un catalogue. Un des avantages que l'on retire de ces divisions & sous-divisions bien établies, est de trouver avec facilité les livres que l'on cherche dans une bibliothèque & dans un catalogue ; elles procurent aussi à l'homme de Lettres le moyen de connoître assez promptement ce qu'on a écrit de meilleur sur les matières qu'il étudie, ou qu'il se propose d'étudier.

Dans ce rêve de catalogue, David va droit au problème essentiel, qu’il suppose résolu : le classement logique du catalogue reflète exactement le classement des livres dans la bibliothèque réelle. C’est peut-être le cas aujourd’hui pour une bibliothèque en libre accès ; ce n’est plus le cas lorsque la bibliothèque réunit des fonds rétrospectifs d’origines différentes ; et de toute façon, le problème des formats reste entier : impossible de classer au même endroit les in-12 et les in folio, les dictionnaires et les livres de poche, chacun en a fait l’expérience. Il faut donc dissocier le problème du catalogue et celui du rangement, et admettre que le catalogue constitue une sorte d’interface entre la logique du lecteur et la logique toute différente des magasins. Or est-il nécessaire que le catalogue soit logique ?  Il suffit qu’il nous signale l’existence du livre en un lieu : la véritable interface sera le magasinier, aidé du plan des magasins. Les libraires classiques, obsédés par la prolifération des livres, ont d’abord rêvé de bibliothèques choisies, de bibliographies qui nous mèneraient vers les bons ouvrages ; ils n’ont pas songé d’emblée à des index qui nous guideraient à travers la totalité des livres existants ; et comme de toute façon, la plupart de leurs bibliothèques étaient en libre accès, le problème ne se posait pas vraiment. Le catalogue Caulet, qui tient en cela du catalogue d’inventaire ou du catalogue après décès bien plus que d’un catalogue de bibliothèque, ne nous dit nullement où se trouvent les ouvrages [34] . Si l’on voulait trouver, à l’époque classique, des index exhaustifs qui nous guident dans la cité des livres, il faudrait les chercher dans les premières bibliographies périodiques, les « bibliothèques savantes ». Camusat, dans son Histoire des journaux (1734) devait concevoir, en s’inspirant du Journal des savants, un système de signalisation des ouvrages par des index de titres, de noms, de matières, des comptes rendus ; et seul il a conçu des index cumulatifs, qu’il aurait suffi de mettre constamment à jour : beau rêve utopique, lui aussi, mais qui anticipe sur nos indexations actuelles. [35]

Les catalogues à l’ère du numérique : vers un hypercatalogue virtuel ?

De nos jours, à l’ère du virtuel, pour établir une bibliographie, il nous faut encore avoir recours à des bibliothèques matérielles, parfois encore à des catalogues sur papier. Ainsi pour établir la bibliographie ci-jointe, outre nos bibliothèques personnelles, nous avons dû consulter au moins 5 ou 6 catalogues virtuels : Odyssée, catalogue des bibliothèques universitaires de Grenoble (qui a déjà le mérite de regrouper dans un univers virtuel plusieurs bibliothèques dispersées sur le campus grenoblois), Opale-plus, catalogue de la BnF, Gallica, base des ouvrages numérisés de la même BnF (mais aucun des ouvrages anciens qui nous intéressent ne s’y trouve), Sudoc, catalogue qui regroupe les principales bibliothèques universitaires françaises et a l’avantage d’être rapide, assez complet, et surtout de permettre de localiser les ouvrages recensés dans le bibliothèques universitaires de France, Redoc, système suisse regroupant les bibliothèques de Suisse romande, souvent plus performant que les catalogues français. Pourrait-on imaginer que tout cela soit un jour unifié sous un même grand catalogue virtuel ? Les moteurs de recherche performants comme Google ou Exalead [36] peut-il donner l’idée d’un tel système ? Ce n’est peut-être pas si utopique qu’on ne le pense souvent : diverses recherches faites directement à partir du moteur Google en combinant deux des termes qui intéressent la présente recherche ont donné des résultats qui sont loin d’être inintéressants, donnant accès à des sites internet qui présentent brièvement une histoire de l’imprimerie par exemple. Si l’on tape « bibliothèques imaginaires », on trouve en 7ème position [37] BnF – Conférence – Biblia. Imaginaires de la bibliothèque (après Nox Oculis – Articles – Solaris : les bibliothèques imaginaires) ; Bibliothèque Wikipédia, l’encyclopédie libre et gratuite (page sur Borges), Des bibliothèques imaginaires 1 et 2 (La Nouvelle revue moderne, sommaire), BBF – monographie, Bibliothèque libre et partage de connaissances (encore wikipédia)  et « Bibliothèque in the French Wikipedia ; toujours dans la première page de résultats, le Crdp de Montpellier a fait une page sur la bibliothèque imaginaire de la Tourgue et évoque Rabelais : ces résultats sont loin de former une configuration non pertinente.

En cherchant à partir de « histoire catalogage », on trouve dix résultats intéressants aussi, dont un cours en ligne par un bibliothécaire suisse, Pierre Gavin, qui paraît fort bien fait.

L’idéal serait que l’on puisse chercher un titre de livre ou un nom d’auteur (ou la combinaison de ces deux critères) en sélectionnant des éléments bibliographiques et non d’autres informations ; par exemple une recherche sur Gabriel Martin a peu de chances d’aboutir à la Bibliotheca Bultelliana ou à des précisions sur le système de catalogage des bibliothèques. La recherche donne 3 760 000 résultats, et parmi les deux premiers figurent plusieurs sites personnels et un centre hospitalier portant ce nom, ainsi que le site consacré à un film et à l’histoire des Etats-Unis. En revanche, la recherche directe sur Google de Bibliotheca bultelliana donne 5 résultats parfaitement maîtrisables, et le premier nous donne ce que nous avions vainement cherché dans Gallica, à savoir le texte du catalogue, mis en ligne par l’Ecole des Chartes et la Sorbonne, ou plutôt une série de notices sur des catalogues de ventes sous la direction d’Annie Charon. Les autres résultats sont aussi pertinents : le site Textes rares, la Bibliothèque inter-universitaire de Toulouse (où le Catalogue de Martin semble faire partie des usuels dans la catégorie histoire du livre), et la bibliothèque royale de Belgique (Kroniek, site en flamand apparemment bien fait). Il est vrai que le titre est rare et que nous avions peu de chances de tomber sur un site commercial. Mais avec des noms d’auteurs moins fréquents que Gabriel Martin, d’autres recherches ont fourni des résultats tout aussi pertinents : pour Prosper Marchand sur 20 résultats, les 10 premiers sont tous pertinents : le premier renvoie à Gallica pour le Dictionnaire historique et critique, « éd. augm. de notes extraites de Chaufepié, Joly, La Monnoie, Leduchat, L.-J. Leclerc, Prosper Marchand, etc.. », le deuxième à Sainte-Beuve dans un site personnel, le troisième une nouvelle fois au site « Textes rares », deux à un site universitaire allemand sur le marquis d’Argens, dont Marchand fut l’éditeur, un à un article sur Spinoza, deux à la revue virtuelle de Montpellier Egodoc, avec un article de la spécialiste néerlandaise de Marchand, Berkvens-Stevelinck, et un d’A. McKenna sur Bayle, enfin à un fichier pdf publié à Cambridge (en anglais) sur l’histoire du livre.

Concluons provisoirement qu’avec l’actuel moteur de recherche Google, avec sa version plus raffinée destinée aux chercheurs Google-scholar ou le nouvel Exaled, si l’on cherche des choses précises avec une méthode suffisante, on trouve beaucoup de résultats intéressants, trop peut-être pour un chercheur solitaire : comment savoir si une page sur internet est plus importante qu’une autre ? Il est vrai qu’on peut avoir les mêmes problèmes avec les livres traditionnels : dans certains cas, on est attiré vers un titre par une critique qu’on a lue, mais dans bien des cas, ce n’est qu’après coup qu’on peut dire que tel ou tel titre était bien la référence recherchée pour tel ou tel problème.

Il faut dire que Google, comme les autres moteurs de recherche, indexe l’ensemble du réseau internet par l’intermédiaire d’espions virtuels qui vont chercher l’information en permanence dans le réseau et la glanent grâce aux mots-clefs que les pages ou sites se sont donnés. C’est ainsi que souvent, des sites personnels plus ou moins sérieux sont mieux « référencés » par les moteurs de recherche que des sites universitaires ou officiels dont l’indexation ne serait pas assez précise. Notre contemporain Gabriel Martin sait apparemment comment s’y prendre de ce point de vue que certains spécialistes de l’histoire du livre. Mais les sites qui traitent de l’histoire du livre et des catalogues ont dans ce cas précis bien mis en valeur l’importance de personnages tels que Prosper Marchand ou Conrad Gesner, ou celle d’un titre tel que Bibliotheca bultelliana.  Les « espions » des moteurs de recherche reposent aussi, outre les mots-clefs donnés par les responsables des sites et publications sur internet, sur des critères de succès commercial, des statistiques de fréquentation, si bien qu’un site universitaire très bien élaboré et bien indexé, mais présenté d’une manière austère pourrait être mal référencé parce que trop peu visité : c’est ce que l’on peut appeler en s’inspirant de Jean-Noël Jeanneney l’effet « tête de gondole » : dans les supermarchés, les produits mis en évidence de manière stratégique par la direction se vendent mieux, et par un effet de multiplication bien connu des publicitaires, plus ils sont mis en avant, mieux ils sont vendus. Dans la librairie, c’est l’effet d’un bestseller : Da Vinci Code est en tête des ventes en partie parce qu’il se trouve dans tous les magasins (librairies et supermarchés) et parce que les acheteurs le voient partout. Dans notre cas, il est certain qu’un livre rare ou un auteur peu connu se trouveront plus difficilement par l’intermédiaire du moteur de recherche, de la même manière qu’il est aussi plus rarement accessible dans les bibliothèques réelles, ni plus ni moins.

Une recherche sur les deux mots classification Dewey donne encore une fois dix résultats pertinents, sinon idéaux par rapport aux critères des spécialistes : ebsi.montreal avec présentation du système en une page, un site pédagogique, celui du Service documentaire des universités de Lille, un site personnel, un autre sur la classification des fossiles et la paléontologie, le site de l’académie de Versailles, celui de l’Enssib (7e position), qui présente la classification dans une arborescence interactive, un autre site canadien et le site américain qui propose la classification en fichier pdf clair, enfin le site de l’académie de Besançon qui propose une adaptation de la classification au public scolaire. On peut discuter sur l’ordre un peu aléatoire que donne le moteur et il manque peut-être des sites importants, moins bien répertoriés : toujours est-il que les résultats permettent au chercheur désireux de trouver une information de l’avoir assez rapidement, aussi bien en français qu’en anglais.

Un des défauts actuellement importants de la recherche par l’intermédiaire des moteurs de recherche, même assez performants, est le manque de stabilité des résultats : en faisant des recherches pour préparer la communication au mois d’avril 2005, nous avons rencontré l’article de Michel Fingerhut 2001 que nous ne retrouvions pas à partir des mêmes mots-clefs en octobre. Il a fallu reprendre le titre exact de l’article pourtant mis en ligne pour le citer avec une référence informatisée (URL) que nous espérons désormais fiable – mais pour combien de temps ? Pour pallier ce défaut de fiabilité des indexations, les recherches informatiques se tournent actuellement vers la constitution d’archives du web [38] . Mais comment le chercheur moyen, ou même relativement expérimenté, pourrait-il savoir qu’il faut chercher dans des archives constituées par l’INRIA ou tel autre organisme ?

L’existence d’une classification décimale rationalisée et internationale régissant leurs catalogues met donc sur la voie d’une harmonisation de tous les catalogues de bibliothèques, au moins possible. Concevoir un catalogue généralisé au niveau du « village global » devient dès lors pensable, sinon possible rapidement : pour le moment, les systèmes de consultation des différents catalogues sont encore différents, mais le fait que de nombreuses bibliothèques universitaires françaises aient d’ores et déjà fait le choix d’un même système pour que leur catalogue virtuel soit « reversé » dans Sudoc paraît très positif, et il semble qu’il en soit de même dans la plupart des pays qui disposent de grandes bibliothèques [39] . S’il y avait aussi une interaction entre un tel hypercatalogue des bibliothèques et le catalogue des textes mis en ligne comme Gallica, on peut penser qu’on aurait accès depuis chez soi à tous les livres existants.

Le plus grand danger soulevé par le projet de rassemblement des grandes bibliothèques américaines dans une version numérisée des documents vient à notre avis de là : les auteurs français ou de toute origine seront représentés dans la mesure où leurs œuvres sont dans ces bibliothèques américaines ; or parmi les ouvrages européens, les bibliothèques américaines commandent seulement ceux qui ont déjà obtenu une certaine renommée. Le succès allant au succès, Da Vinci Code ou, parmi les auteurs français en sciences humaines, Foucault ou Derrida ont des chances d’être numérisés (en anglais parce qu’ils sont déjà publiés en traduction dans cette langue) alors que de très bonnes recherches, menées avec science et méthode mais moins médiatisées, resteront probablement très peu connues, et de moins en moins diffusées en fonction de l’effet de multiplication déjà évoqué.

On peut se demander si le « sursaut européen » proposé par la BnF et comme un défi à Google a des chances de réussir parce qu’il serait mieux conçu, dans une perspective plus culturelle et faisant une place aux différentes langues de l’Europe [40] . On peut espérer que oui. Pourtant, Gallica, actuellement, présente très souvent des textes impossibles à lire à cause d’une numérisation en mode-image peu visible, et l’on n’obtient souvent que quelques pages numérisées de l’ouvrage recherché. Pour que les textes proposés par la BnF puissent s’imposer dans le monde lettré au moins, il faudrait que des recherches lexicales par exemple puissent être faites sur l’ensemble d’un texte (comme c’est le cas dans Frantext), et pour cela, il faudrait une numérisation d’assez bonne qualité pour que des chaînes de caractères similaires soient reconnues en mémoire, à défaut d’une numérisation en mode-texte.

Dans une période-charnière telle que la nôtre, il faut certes que les bibliothécaires soient à l’écoute de ce que l’informatique peut leur proposer. Mais sans doute n’est-il pas inutile non plus que le public et les spécialistes chargés de penser les bibliothèques virtuelles du futur et leur catalogue connaissent mieux l’arrière-plan culturel et historique de ce domaine très riche. Le pari n’est pas perdu et les spécialistes des mondes virtuels ont même anticipé sur le risque de déshumanisation qui réside dans la consultation à distance à partir d’un ordinateur, non seulement de l’hyper-catalogue, mais des bases de ressources numérisées : ils conçoivent la représentation des bibliothèques virtuelles avec des architectures virtuelles dans lesquelles le « lecteur » pourra évoluer avec sa souris d’ordinateur, et même des représentations de bibliothécaires avec lesquels il pourrait entrer en communication, et des visualisations en images virtuelles de lui-même et de ses évolutions dans l’hyper-bibliothèque virtuelle du futur : très loin dans le temps de la Bibliothèque de la Lune imaginée par l’auteur des Aventures du Chevalier Pomponius, mais pas si loin dans l’idée [41] . Les frontispices de catalogues représentant une architecture de bibliothèque nous reviennent aussi à l’esprit.

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  • Yates F., L’art de la mémoire, Paris, Gallimard, 1975, 1982, 1987 (éd. orig. en angl., 1969).

Notes

  • [1]

    S’il avait adopté l’alphabet grec de alpha à oméga, il en aurait eu deux de moins…

  • [2]

    Voir V. Larbaud, Barnabooth pour le cauchemar, U. Eco, Le nom de la rose pour la série de crimes dans une bibliothèque, liés au mystère du livre perdu de la deuxième partie de la Poétique d’Aristote.

  • [3]

    Voir principalement L. Canfora, La véritable histoire de la bibliothèque d’Alexandrie, Paris, Desjonquères, 1988 (éd. originale en italien, Palerme, 1986), ainsi que les travaux de C. Jacob et le chapitre « Ordonnateurs de l’univers » in A. Manguel et G. Guadalupi,  Dictionnaire des lieux imaginaires, Arles, Actes Sud, 1998 (éd. orig. en anglais 1980), Babel Poche 2001.

  • [4]

    L. Canfora, op. cit., p. 51, s’appuie sur le lexique que l’on appelle la Souda (« Suidas » à l’époque de publication de son livre), sous le terme Callimaque, donnant le titre et le nombre des pinakes. N. B. : Alberto Manguel cite ce mot sous une forme barbare pinakoi…

  • [5]

    Cassiodore, Institutiones divinarum litterarum, livre I, ms. du XIIe siècle provenant de l’Ouest de la France, BnF, ms. lat. 1906, cité par M.-H. Tesnière, 1996, p. 59 (ill. 5). Selon l’auteur, Saint Augustin et les œuvres  d’Isidore de Séville (Etymologies) ont aussi joué un rôle important.

  • [6]

    M. Crubellier et P. Pellegrin, Aristote. Le Philosophe et les savoirs, Paris, Seuil « Points / Essais », 2002.

  • [7]

    Sur la Bibliothèque de Photius, abréviateur et compilateur d’œuvres, voir la dernière partie de l’article de L. Canfora, « La tradition indirecte : le cas de la “Bibliothèque” de Photius », in  Giard – Jacob, Des Alexandries I. Du livre au texte, 2001, p. 357-368 : selon son hypothèse, nous devrions les citations de cette œuvre à la persécution dont son auteur fut victime, et à la confiscation de ses livres. Dans La bibliothèque du patriarche : Photius censuré dans la France de Mazarin, Paris, Les Belles Lettres, 2003 (éd. originale en italien), L. Canfora montre le destin de l’œuvre de Photius dans la période moderne.

  • [8]

    M.-H. Tesnière, 1996, p. 58.

  • [9]

    De nuptiis Mercurii et Philologiae, voir le ms. sur parchemin du Xe s. avec un commentaire de Remi d’Auxerre, BnF, ms. lat. 7900A : M.-H. Tesnière, 1996, p. 58-50.

  • [10]

    De institutione arithmetica, ms. du IXe s. fait pour Charles le Chauve, et donné à l’empereur Othon III par Gerbert d’Aurillac (M.-H. Tensière, 1996, p. 61).

  • [11]

    M.-H. Tesnière, 1996, p. 57-58, et ill. 1 p.58.

  • [12]

    M.-H. Tesnière, 1996, p. 65-69 , qui cite la Physique du monde de Guillaume de Conches, le Didascalicon, le De sacramentis christianae fidei et le Chronicon de Hugues de Saint-Victor et commente l’ill. 21 : « Hugues de Saint-Victor (ï 1141) ajoute en effet à la division tripartite des sciences héritée de Boèce une nouvelle rubrique, la mécanique. Ainsi la philosophie […] embrasse-t-elle désormais les quatre  domaines suivants : la philosophie théorique […] qui scrute et contemple la Vérité ; la philosophie pratique  […] ou morale qui prend en compte la bonne discipline des mœurs ; la mécanique […] qui règle les activités productives ; la logique […] qui apprend à parler. ». On connaît la parodie que Rabelais fit de ces textes dans le Pantagruel, voir ci-dessous avec le rebondissement apporté par Montesquieu et probablement Prévost.

  • [13]

    Apparemment une déformation du grec en kuklios paideia, par suite d’une erreur de copiste, voir F. Waquet, « Plus ultra. Inventaire des connaissances et progrès du savoir à l’âge classique », in Tous les savoirs du monde. Encyclopédies et bibliothèques de Sumer au XXIe siècle, 1996, p. 170-191. Ici p. 178. Il s’agit chez Quintilien de la culture générale nécessaire à la bonne formation de l’orateur.

  • [14]

    Les Institutiones de Cassiodore ont servi de modèle pour des catalogues idéaux ou réels, voir le n° 5 de M.-H. Tesnière, p. 59.

  • [15]

    F. Waquet, op. cit., p. 184.

  • [16]

    Voir par ex. Honorius Augustodunensis Imago mundi, première moitié du XIIe s., BnF ms. lat. 6560, n° 15a de M.–H. Tesnière, 1996, p. 66-67 ; l’origine de la métaphore anatomique du savoir est à chercher chez Vitruve selon F. Waquet, op. cit., p. 180-181.

  • [17]

    Voir l’étude de J. Starobinski, « L’arbre du savoir et ses métamorphoses », in Essais et notes sur l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, éd. Andrea Calzolari & Sylvie Delassus, Milano, F. M. Ricci, 1979, p. 289-309, et l’arbor moralis de Raymond Lulle, Arbor scientiae, in F. Waquet, op. cit., p. 185, n° 23.

  • [18]

    F. Yates, L’art de la mémoire, Paris, Gallimard, 1975, 1982, 1987 (éd. orig. en angl., 1969).

  • [19]

    H.-J. Martin, Histoire de l’édition française II, p. 66.

  • [20]

    Ibid., voir aussi B. Blasselle, « Classement des savoirs et classement des livres de la Bibliothèque nationale de France », in Tous les savoirs du monde. Encyclopédies et bibliothèques de Sumer au XXIe siècle, 1996, p. 194-199, pour la citation p. 196 : le premier classement est élaboré entre 1675 et 1684, suivant les principes de Gabriel Naudé ; le deuxième classement est achevé en 1697.

  • [21]

    Voir le tableau reproduit par B. Blasselle, ibid.

  • [22]

    C.-M.-G. Berkvens-Stevelinck, Prosper Marchand et l’histoire du livre. Quelques aspects de l’érudition bibliographique dans la première moitié du XVIIIe siècle, particulièrement en Hollande, Akademisch proefschrift, Universiteit van Amsterdam, Brugge, 1978, montre à la suite de Brunet que le système généralement attribué à Gabriel Marchand à l’occasion de la vente Bulteau (Bibliotheca Bultelliana, 1711) est dû en réalité à Prosper Marchand (catalogue Bigot, 1706) que son appartenance à la religion réformée obligea à s’exiler en 1711.

  • [23]

    Voir J. Viardot, in Histoire de l’édition française II, p. 447-467. Naudé excluait les Belles-Lettres,

  • [24]

    C.-M.-G. Berkvens-Stevelinck, op. cit., p. 9.

  • [25]

    Sur la classification Dewey (dont l’auteur est mort en 1935), voir le site de l’université de Montréal, celui de l’université de Lille, celui de l’Enssib, le fichier pdf fourni par les universités américaines et le CDD (système de classification décimale Dewey, 14e éd. mise à jour en 4 vol., la version en anglais étant disponible sous forme imprimée ou électronique).

  • [26]

    À son arrivée à Grenoble en 1727, Mgr Caulet possédait déjà une collection de livres, qu’il prend soin de faire emballer six mois à l’avance ; voir Jean de Caulet, évêque et prince de Grenoble (1693-1771), de L. Bassette, Grenoble, Éditions de la Revue des Alpes, 1946, p. 193.

  • [27]

    On doit supposer que dès son installation à l’évêché, Mgr Caulet avait rangé ses livres selon les cinq grandes catégories, avec les gros formats au sol et les petits formats au plafond ; mais il est évident que certaines sections ont connu une inflation imprévue : celle des jésuites en 1761-1762, celle des voyages, celle de l’histoire, qui occupe presque trois tomes, rien que pour les petits formats.

  • [28]

    Des livres d’histoire profane de la bibliothèque de Monseigneur de Caulet, mémoire de maîtrise déposé à la Bibliothèque de Grenoble (R 12549). Toutefois, en me limitant aux titres rassemblés du vivant de l’évêque dans la catégorie « Romans et ouvrages de fiction », je n’en compte guère plus de 170.

  • [29]

    Voir L. Bassette, op. cit., p. 128 : le prédicateur Bridaine souhaitait en 1739, brûler en public les comédies de Molière et Don Quichotte ; Caulet lui fit remarquer que ces œuvres avaient été imprimées avec privilège du Roi, et que « brûlure » serait illégale ; ce détail le peint tout entier. À en juger par son catalogue, il appréciait beaucoup les romans grecs, les Amadis et les romans précieux (voir t. XI, n° 16570 et suivants).

  • [30]

    Ce court roman satirique, composé en 1721, édité en Hollande en 1725, réédité avec une clé en 1728, sera cité dans l’édition des Œuvres de Prévost, sous la dir. de J. Sgard, Presses universitaires de Grenoble, t. VII, 1985. Il convient d’ajouter que ce roman ne figure pas dans le catalogue Caulet.

  • [31]

    « Essai sur les bibliothèques imaginaires », dans le Supplément aux Supercheries littéraires de Quérard, p. I-XLII. Il s’agit en fait de catalogues et de listes de livres, et non des bibliothèques décrites dans des romans, comme la bibliothèque de Saint Victor, évoquées par Rabelais dans Pantagruel ou par Montesquieu dans les Lettres persanes (lettres CXXXIII-CXXXVII) ; voir sur ce point G. Benrekassa dans « Les bibliothèques imaginaires : honnêteté et culture, des Lumières à leur postérité », dans Romantisme, n° 46, 1984, et J.-M. Goulemot dans l’Histoire des bibliothèques françaises, t. II, Promodis, 1988, p. 501-511.

  • [32]

    On y trouve peu de pages blanches, et les versos, sauf exception rare, ne comportent pas d’ajout en écriture ancienne à la plume d’oie.

  • [33]

    Voir L. Bassette, op. cit., p. 59 et suiv. Un curieux pamphlet de 1762, présent dans le catalogue Caulet, a pour titre : Problème, qui de Mgr Caulet évêque de Grenoble ou de Mgr Caulet son oncle évêque de Pamiers mérite mieux notre croyance dans les témoignages qu’ils ont rendus sur le compte des Jésuites.

  • [34]

    L’évêque savait sans doute où trouver ses livres ; dès que sa bibliothèque fut ouverte au public, dans le collège des jésuites après la suppression de la S.J., un catalogue devint rapidement nécessaire, et c’est alors qu’on utilisa le catalogue Caulet, en y ajoutant des numéros d’ordre.

  • [35]

    Voir J. Sgard, « D.F. Camusat et l’Histoire critique des journaux » dans Marianne Couperus, L’Étude des périodiques anciens. Colloque d’Utrecht, Paris, Nizet, 1972, p. 32-54.

  • [36]

    Signalé par J.-G. Ganascia que nous remercions pour sa fructueuse collaboration. Il s’agit d’un nouvel outil conçu en France, que nous avons testé avec succès pour compléter nos recherches au moment de donner cet article à la publication. voir http://www.exalead.com/search.

  • [37]

    En avril 2005. En novembre, les résultats sont différents mais les premières références sont les mêmes, avec exalead aussi.

  • [38]

    Renseignement encore dû à la coopération de J.-G. Ganascia.

  • [39]

    A l’exemple de RERO pour la Suisse romande, déjà cité. Le Canada est aussi en pointe dans ce domaine.

  • [40]

    J.-N. Jeanneney, Quand Google défie l’Europe. Plaidoyer pour un sursaut, Paris, Mille et une nuits, 2005.

  • [41]

    J.-G. Ganascia nous signale que l’on pense actuellement à stocker des informations numérisées dans la lune, le catalogue fantaisiste de Pomponius s’avérant étonnamment prémonitoire.

Biographies des auteurs

Françoise LÉTOUBLON

Professeur de langue et de littérature grecques à l’Université Stendhal-Grenoble-III. Elle a été nommée docteur honoris causa de l’Université de Genève le 5 juin 2003. Membre de l’Institut universitaire de France, elle a aussi enseigné à l’EPHE. Parmi ses ouvrages les plus récents, on citera : Homère en France après la Querelle (1715-1900), Actes du colloque de Grenoble (23-25 octobre 1995) édités par Françoise Létoublon et Catherine Volpilhac-Auger avec la collaboration de Daniel Sangsue (Paris, Champion, janvier 1999, 536 pages), Le mythe d’Orphée chez Ovide (Paris, ADAPT, 2001), La Mythologie et l’Odyssée. Hommage à Gabriel Germain, Genève, Droz, éd. par André Hurst et Françoise Létoublon (2002). Elle est responsable de revues : Epea Pteroenta, Bulletin du Centre international d’Études homériques, et Gaia, Revue internationale interdisciplinaire sur Homère et la Grèce archaïque.

Jean SGARD

Professeur émérite à l’Université Stendhal-Grenoble-III. Il est l’auteur, en particulier, de Prévost romancier (Corti, 1968), de L’Abbé Prévost, labyrinthes de la mémoire (PUF, 1986), il a dirigé le Dictionnaire des journaux (1600-1789), (Voltaire Foundation, 1991), le Dictionnaire des journalistes (1600-1789), (Voltaire Foundation, 1999), les Oeuvres complètes de Crébillon (Classiques Garnier, 4 vol., 1999-2002), et il est l’auteur de la Vie de Prévost (Presses de l’Université Laval, 2006).