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Doctoriales du CRIMEL 2026 « L’évolution des modèles littéraires : de la création à la réception »
: 15/11/2025
: Université de Reims Champagne-Ardenne, Reims
: CRIMEL
Appel à communication.

Doctoriales du CRIMEL 2026

« L’évolution des modèles littéraires : de la création à la réception »

(26 et 27 mars 2026 à l’Université de Reims Champagne-Ardenne)

         Les Doctoriales 2026 du CRIMEL (Centre de Recherche Interdisciplinaire sur les Modèles Esthétiques et Littéraires) de l’Université de Reims Champagne-Ardenne, proposent de mettre en lumière une notion clé de leur laboratoire de recherche : les modèles, et plus précisément leur évolution en littérature. Le contre-modèle, en tant qu’il est son reflet complémentaire, trouve également sa place dans cette perspective. Dans le cadre de notre journée d’étude, nous restreignons le sens de « modèles » aux entités littéraires suivantes : le personnage, le lieu commun, le type, le mythe ou une idée forte. En effet, les textes littéraires sont parfois perçus, à tort, comme figés - à l’image des paroles gelées du Quart livre de Rabelais - et résistants à toute transformation. Or, de la création d’une œuvre à ses nombreuses réceptions, les modèles littéraires connaissent de nombreuses vies, des recompositions, des variations, des altérations parfois, des révolutions souvent.


La notion de modèle concerne en premier lieu l’acte de création d’une œuvre. Un auteur réemploie des modèles pour se les approprier ou s’en démarquer. Ensuite, l’acte de la réception convoque plusieurs modèles qui permettent la compréhension de l’œuvre. Les tribulations de l’histoire littéraire, enfin, influencent les mutations des modèles, par l’émergence, la transformation et les modifications des genres et formes littéraires.


 La journée d’étude s’intéressera particulièrement à la manière et aux différents processus de création, recréation et réception des modèles. Ces trois actes sont tributaires du principe plus général de la « transmission », orale ou écrite, qui prend la forme de lectures, de communications, d’héritages et de postérités ; autrement dit, tous procédés permettant au texte d’être diffusé, lu ou entendu par une autre personne que son auteur. Nous nous intéresserons autant à la transmission « matérielle » qui soulève les problèmes des supports, allant de la tradition manuscrite jusqu’à l’époque du numérique, en passant par la révolution de l’imprimé, qu’à la transmission « culturelle, historique » qui révèle l’importance des divers maillons de son processus : aèdes, auteurs, copistes, lecteurs, éditeurs et imprimeurs.


Dès lors, quand un auteur s’empare d’un ou plusieurs modèles pour une création ou une recréation, il convient de questionner les enjeux historiques, sociaux, religieux, littéraires ou encore politiques, théoriques et philosophiques que représente le réemploi du modèle. Relève-t-il d’un simple jeu littéraire entre imitatio et aemulatio ? S’impose-t-il comme un reflet, une transgression ou une rénovation de normes ? Participe-t-il d’une vogue intellectuelle ou de l’esprit du temps ? Les rapports diachroniques entre les origines d’un modèle et ses reprises attisent également la curiosité des chercheurs.


Concernant l’étape de la « réception » de l’œuvre, qui constitue la rencontre entre le texte et le lecteur, faire jouer les modèles convoqués dans l’œuvre sont la condition sine qua non pour atteindre la compréhension ou les interprétations possibles du texte. Toutefois, selon les lecteurs, les modèles convoqués varient. En effet, le texte littéraire est d’abord ce que chaque lecteur en fait. Les travaux pionniers de Hans Robert Jauss et Wolfgang Iser ont montré le rôle du lecteur dans l’expérience d’élaboration du sens de l’œuvre littéraire. La réception est protéiforme, d’une part du point de vue diachronique : le public contemporain d’un texte ne recevra pas celui-ci de la même manière que le public des époques ultérieures. D’autre part, du point de vue synchronique, une œuvre peut être entendue de diverses façons. C’est grâce à la polysémie des textes, à la « galaxie de signifiants » pour citer Roland Barthes, qu’une démultiplication des réceptions des modèles est possible.


Outre la variété de la réception et la multitude de points de vue, l’histoire littéraire apporte dans l’approche du modèle, de nouvelles grilles de lecture théoriques (structuralisme, histoire littéraire, psychocritique, mythocritique…) qui modifient la manière d’envisager le modèle d’une part, et peut-être la facture du modèle lui-même d’autre part.


Le thème de ces Doctoriales 2026 du CRIMEL axé sur la circulation et la transformation des modèles et contre-modèles demeure volontairement général afin que les intervenants puissent se l’approprier en fonction de leurs propres travaux de recherche. Les domaines de la littérature française et comparée, de la linguistique, des études culturelles, de l’histoire des idées, peuvent aussi trouver leur place dans cette enquête.


L’évolution d’un modèle ou contre-modèle pourra être étudiée à la lumière de ces problématiques suggestives :




  • L’impact des changements de genres littéraires (historiques, poétiques, rhétoriques, éthiques, philosophiques)dans le traitement d’un modèle.

  • Un exemple précis de l’évolution diachronique d’une œuvre ou d’un modèle littéraire et esthétique face aux mutations historiques, sociales, religieuses, culturelles et littéraires.

  • L’interrogation sur les liens qu’entretiennent le vraisemblable et la fiction dans la création ou recréation d’un modèle. Il est possible de proposer une comparaison entre plusieurs traitements d’un personnage, d’un mythe ou d’un lieu commun qui abordent différemment la notion de vraisemblable.

  • L’évolution des approches herméneutiques dans une époque donnée ou dans un corpus précis, par l’intermédiaire d’un modèle.

  • La plus-value de la fusion des disciplines dans la littérature, de l’Antiquité à l’Âge moderne et leur dissociationdans la production littéraire à partir du Siècle des Lumières dans le traitement d’un modèle.

  • L’étude de l’évolution d’un modèle littéraire dans des pratiques de transmission du savoir, de conservation du patrimoine, ou encore d’établissements d’institutions (politiques, pédagogiques, etc.).

  • La comparaison entre un paratexte programmatique d’une œuvre (préface, épître dédicatoire) et sa réception contemporaine.


Modalités de soumission :


Les propositions de communication sont à envoyer aux trois organisateurs avant le 15 novembre 2025. Elles devront comporter :




  • NOM, Prénom du ou des communicant.e.s

  • Adresse mail

  • Affiliations institutionnelles et brève biographie (4-5 lignes)

  • Un résumé de 300 à 500 mots maximum


Nous privilégierons les jeunes chercheurs (doctorants, post-doctorants, jeunes docteurs, ATER, etc.). Les réponses aux candidatures seront envoyées courant décembre.


Informations :


 


Les Doctoriales du CRIMEL 2026 se tiendront le jeudi 26 mars (toute la journée) au vendredi 27 mars (jusqu’à midi). La nuitée du jeudi au vendredi ainsi que le repas du jeudi midi devraient être prise en charge. Ces informations vous seront confirmées au moment de l’acceptation des propositions de communication.


Le comité d’organisation (doctorant.e.s au CRIMEL) :


 




Bibliographie indicative :


ARNOUX-FARNOUX Lucile (dir.), Questions de réception, Paris, Éditions Lucie, 2009.


BARTHES Roland, Le plaisir du texte, Paris, Éditions du Seuil, 1973.


BARTHES Roland, KAYSER Wolgang, BOOTH Wayne C., HAMON Philippe, Poétique du récit,    Paris, Éditions du Seuil, 1977.


CITTON Yves, Lire, interpréter, analyser, Paris, Editions Amsterdam, 2017.


ECO Umberto, Lector in fabula : le rôle du lecteur ou la coopération interprétative dans les textes narratifs, Paris, Librairie générale française, 1989.


GENETTE Gérard, Fiction et diction, Paris, Éditions du Seuil, 1991.


                              Discours du récit, Paris, Éditions Points, 2007.


ISER Wolfgang, L’Acte de lecture, Théorie de l’effet esthétique, (1976), texte traduit par SZNYCER Evelyne, Hayen, Mardaga, 1997.


JAUSS Hans Robert, Pour une esthétique de la réception, texte traduit par MAILLARD Claude, Paris, Gallimard, 1978.


JOUVE Vincent, L’Effet-personnage dans le roman, Paris, Presses Universitaires de France, 1992.


LAVOCAT Françoise, Fait et fiction. Pour une frontière, Paris, Éditions du Seuil, 2016.


SCHAEFFER Jean-Marie, Pourquoi la fiction ?, Paris, Éditions du Seuil, 1999.