parution
Ce numéro de revue aborde le sang sous de nouveaux angles, en privilégiant, non un traitement purement symbolique, mais l’étude de ses caractéristiques sensibles et la manière dont il participe à la production d’œuvres artistiques et de fictions dans le champ des arts (cinéma, littérature, bande dessinée, arts plastiques) dans la période allant du XIXe au XXIe siècles. Les études sensorielles s’appuient sur la connaissance du contexte historique, des savoirs scientifiques, philosophiques et médicaux pour appréhender les représentations et donner sens aux partis pris esthétiques des œuvres étudiées. Les articles de ce numéro mettent ainsi l’accent sur l’étude du sang comme matière sensible avant toute chose, mais aussi sur la manière dont la période contemporaine tente de reprendre ou de renverser les logiques traditionnelles d’abjection, de violence et d’érotisme attachées à ce motif. Tout en traitant à la fois des arts majeurs et de la culture populaire et médiatique, le volume s’attache également à montrer comment certain·es artistes font du sang une matière plastique et un enjeu esthétique au service de questions politiques, sociétales et identitaires, et comment les liens tissés entre différentes sphères de la production culturelle permettent d’éclairer la présence du sang comme indice de la dignité des genres artistiques.
Sommaire
Vanessa Besand et Irène Le Roy Ladurie, « Avant-propos »
I. Esthétiques sanguines, esthétiques sensibles
Clarisse Neau, « Sang-sorialité frénétique »
Mathilde Grasset, « Le Burlesque, une modalité esthétique de représentation des corps : le principe du sang impossible »
Guillaume Gomot, «“Je n’ai plus que du sang pour votre nourriture” : les puissances de la cruauté dans La Reine Margot et Entretien avec un vampire »
Fabien Demangeot, « Écoulement pornographique : le sang dans le torture porn extrême »
II. Voir le sang : enjeux littéraires et politiques
Marie Enriquez, « L'Île au trésor, une aventure jalonnée de sang : représentations de cet élément symbolique dans les adaptations en bande dessinée du roman. »
Lorenzo Ruzzene, « “There is something in my blood and it’s trying to fucking kill me” : microscopies sanguines dans les productions artistiques d’Hervé Guibert et de Derek Jarman »
Élise Tourte, « Elles rêvent quand elles saignent : figures du sang menstruel chez quelques poétesses francophones contemporaines »
III. Histoires sensibles : sang, tabou et société
Manon Raffard, « En-sang : olfaction, cruauté et surnaturel dans La Marquise de Sade (1887) de Rachilde et Le Martyre de Saint-Sébastien (1911) de Gabriele d’Annunzio »
Romane Carrière, « Troubles dans la généalogie : circulation du sang et subversion des normes sociales dans Les bonnes manières (Juliana Rojas et Marco Dutra, 2017) »
IV. Le sang héroïque, de la sensibilité au symbole
Oriane Demerliac, « L’effacement du sang tragique, de Sophocle à Robbe-Grillet : étude des métamorphoses de la substance du mythe d’Œdipe »
Sarah Mallah, « “Le sang des héros” : analyse comparée de deux cycles de science-fiction (Lehman et Lowry) »