appel

Appel à communications, journée d’étude consacrée à l’œuvre de Boualem Sansal
: 14/03/2025
: 20/02/2025
: ENS de Lyon
: http://cercc.ens-lyon.fr/spip.php?article994

Boualem Sansal et la littérature mondiale
Boualem Sansal and World Literature


Journée d’étude le 14 mars 2025 à l’ENS Lyon

Journée organisée par les laboratoires CERCC de l’ENS Lyon et CEREdI de l’Université de Rouen-Normandie, avec le concours du collectif Littérature et liberté.          

(English text follows.)

Date de l’événement : 14 mars 2025

Lieu : ENS de Lyon

Langues : les langues de travail seront le français et l’anglais, mais les communications pourront être prononcées dans d’autres langues si une traduction est possible.

Cette journée est la première d’une série intitulée « Je l’ai entendu comme un appel... »[1], à l’initiative du collectif Littérature et liberté (https://www.litterature-liberte.org/), pour continuer à faire vivre l’œuvre de Boualem Sansal tandis qu’il est réduit au silence, détenu depuis plus de deux mois au moment de la publication de cet appel à communications. Les journées suivantes porteront notamment sur « Boualem Sansal et la philosophie », et sur la traduction et la réception de Sansal dans le monde.

Appel à communications

Dans une communication mettant en évidence la veine faulknérienne qui irrigue l’œuvre de Rachid Boudjedra, Hafid Gafaïti s’est étonné de voir qu’on supposait toujours que les influences des écrivains algériens francophones se réduisaient à la littérature française et à la littérature algérienne[2]. L'actualité et la réception de Boualem Sansal le cantonnent trop souvent à ce face-à-face franco-algérien, champ qu'élargit pourtant très clairement l'auteur, dont l’œuvre est nourrie par des lectures ouvertes à tous les horizons. Le terreau intertextuel mondial de Sansal est particulièrement riche : Dante, le théâtre élisabéthain, Cervantès, Dostoïevski, Thoreau, Kafka, Soljenitsyne, Orwell, Gheorgiu, Eco, Grossman… Et la liste est loin d’être exhaustive : dans un article récent, Michel Pierre montre que Boualem Sansal se place dans « la lignée des grands auteurs sud-américains, de Garcia Marquez à Pablo Neruda, d'Alejo Carpentier à Vargas Llosa », avant de rappeler que « son œuvre a l'ampleur des grand récits universels finalement rares à l'échelle mondiale »[3]. Or, c’est aussi à cette échelle que Boualem Sansal entend de plus en plus explicitement réfléchir et agir[4].

La visée de cette journée est de relire l’œuvre de romancier et d’essayiste de Sansal à la lumière de son inscription dans la littérature mondiale, afin de mieux en dégager l’ampleur  et la portée. Elle permettra également de préciser la conception que Boualem Sansal se fait lui-même de la « littérature mondiale » (notion formulée par Goethe en 1824, relayée par les interrogations sur la mondialisation de la littérature), ou de la « littérature-monde » (Boualem Sansal a contribué au manifeste Pour une littérature-monde[5]). Nous nous demanderons notamment si la pratique de la « littérature-monde » telle que Sansal l’envisage peut contribuer à la réalisation de son idéal du « citoyen du monde », c’est-à-dire du citoyen de la « République mondiale des Hommes libres, rois en leurs demeures »[6].

Les communications pourront porter notamment sur :

  • l’étude de sources et d’influences sur la pensée comme sur l’écriture de Sansal, venant de la littérature mondiale de toutes périodes historiques et de toutes langues ;

  • l’étude des relations concrètes que Sansal entretient avec des auteurs de différents pays du monde ;

  • le rapport de Sansal romancier et essayiste à l’intertexte mondial  ;

  • le regard porté par Sansal sur des cultures ou des littératures particulières ;

  • la relation entre langue, culture et littérature dans l’idée que Sansal se fait du « citoyen du monde » ;

  • le regard posé par Sansal sur la mondialité, son point de vue sur la mondialisation culturelle, sa pensée du cosmopolitisme et de l’articulation du particulier avec l’universel ;

  • le message adressé à l’humanité dans son ensemble par le romancier ou par l’essayiste Sansal, ancré dans la spécificité de son rapport au monde.


Les différentes journées d’étude du cycle « Je l’ai entendu comme un appel... » feront l’objet d’une publication, sur internet ou en volume.

Comité d’organisation : Éric Dayre (CERCC, ENS Lyon), Hubert Heckmann (CEREdI, Université de Rouen-Normandie), Guillaume Houdant, Lisa Romain, Jean Szlamowicz (Université de Bourgogne).

Comité scientifique : Mohamed Aït-Aarab (maître de conférences en Littératures francophones, Université de la Réunion), Éric Dayre (Professeur de littératures comparées à l’ENS de Lyon), Guy Dugas (Professeur émérite de Littérature comparée, Université Montpellier III), Michel S. Laronde (Professor Emeritus of French and Francophone Studies, University of Iowa), Lisa Romain (enseignante et auteur d’une thèse sur l’œuvre de Boualem Sansal).

Les propositions de communication (environ 300 mots), accompagnées d’une courte biobibliographie (situation institutionnelle, laboratoire, champs de recherche et publications), devront être envoyées avant le 20 février 2025 à l’adresse suivante : contact [a] litterature-liberte.org

 

 

Boualem Sansal and World Literature

 

Symposium organized by the CERCC (ENS Lyon) with the support of the CEREdI (University of Rouen-Normandy) and “Littérature et Liberté”.

Date: 14th March 2025

Location: ENS Lyon

Languages: French and English will be the working languages, but presentations can also be made in other languages if translation is possible.

 

This symposium is the first in a series entitled "I Heard It as a Call...",[7] initiated by the “Littérature et Liberté ” organisation (https://www.litterature-liberte.org/) to keep Boualem Sansal's work alive while he remains silenced, being detained for two months at the time of publishing this call for papers. Upcoming symposiums will focus on topics such as “Boualem Sansal and Philosophy” and the translation and reception of Sansal’s work worldwide.

Call for Papers

In a presentation on Faulkner's influence on the works of Rachid Boudjedra, poet and critic Hafid Gafaïti,[8] expressed his surprise at how French-speaking Algerian writers are often assumed to be influenced solely by French and Algerian literature. Boualem Sansal is all too often confined to such a limited French-Algerian framework. Yet, he transcends categories and labels, drawing inspiration for his work from diverse authors in many languages and cultural contexts.

 

Sansal’s intertextual references are particularly rich, including Dante, Elizabethan theater, Cervantes, Dostoevsky, Thoreau, Kafka, Solzhenitsyn, Orwell, Gheorghiu, Eco, Grossman, and many more. In a recent article, historian Michel Pierre noted that Boualem Sansal positions himself “in the lineage of great South American authors, from Gabriel Garcia Marquez to Pablo Neruda, from Alejo Carpentier to Mario Vargas Llosa,” further adding that “his work has the magnitude of the great universal stories, which are ultimately rare on a global scale.”[9] Moreover, Sansal explicitly aims to present an increaasingly global perspective. [10]

 

The objective of this symposium is to revisit the novelist and essayist’s body of work in light of its place within world literature to better understand its scope and significance. This event will also aim to clarify Boualem Sansal’s own conception of “Weltliteratur” (a term coined by Goethe in 1824, now given new relevance by discussions on the globalization of literature) or “littérature-monde” (Sansal contributed to the manifesto Pour une littérature-monde [11]). One may reflect on whether the practice of “littérature-monde” as envisioned by Sansal can contribute to the realization of his ideal of a “world citizen,” that is, the citizen of the “Global Republic of Free Men, kings in their own homes.”[12]

 

Proposed Topics for Papers

Contributions may address, among other topics:

  • Studies on sources and influences that have shaped Sansal’s thought and writing, derived from world literature across various historical periods and languages;

  • Analyses of Sansal's concrete relationships with authors from various countries;

  • Sansal’s relationship with global intertexts as a novelist and essayist;

  • Sansal’s perspective on specific cultures or literatures;

  • The relationship between language, culture and literature in Sansal’s conception of the “world citizen”;

  • Sansal’s views on global interconnectedness, cultural globalization, cosmopolitanism, and the balance between the particular and the universal;

  • Messages addressed to humanity by Sansal, as both novelist and essayist, grounded in his unique connection to the world.


The various symposiums in the cycle “I Heard It as a Call...” will be published either online or in print.

 

Organizing Committee: Éric Dayre (ENS Lyon), Hubert Heckmann (Université de Rouen-Normandie), Guillaume Houdant, Lisa Romain, Jean Szlamowicz (Université de Bourgogne).

 

Scientific Committee: Mohamed Aït-Aarab (maître de conférences en Littératures francophones, Université de la Réunion), Éric Dayre (Professeur de littératures comparées à l’ENS de Lyon), Guy Dugas (Professeur émérite de Littérature comparée, Université Montpellier III), Michel S. Laronde (Professor Emeritus of French and Francophone Studies, University of Iowa), Lisa Romain (enseignante et auteur d’une thèse sur l’œuvre de Boualem Sansal).

 

Abstracts (around 300 words) accompanied by a short biobibliography (institutional affiliation, laboratory, research areas, and publications) should be sent before February 20, 2025 to the following email address: contact [a] litterature-liberte.org

[1] Écho à l’incipit de Boualem Sansal, Rue Darwin, Gallimard, 2011.

[2] Hafid Gafaïti, dans une communication intitulée : « L’héritage faulknérien du Nouveau Roman et sa transmission au roman maghrébin francophone », entend ainsi par exemple réaffirmer l’influence exercée par le roman américain sur cette génération. Cf. Programme du 32e Congrès Mondial du CIEF, p. 40.

https://www.crhia.fr/doc_upload/Programme_congres%20CIEF%202018-.pdf.

[3] Michel Pierre, « Pour Boualem Sansal. Plaidoyer pour un grand écrivain et un homme libre », herodote.net, 5 janvier 2025, en ligne : Pour Boualem Sansal - Plaidoyer pour un grand écrivain et un homme libre - Herodote.net (consulté le 5 janvier 2025).

[4] C’est en ce sens que se comprend la réflexion du Train d’Erlingen sur « le livre qui reste à écrire » et l’appel de sa narratrice : « j’ai découvert que notre histoire n’était pas racontable en la forme d’un roman, j’avais présumé de mes forces littéraires. L’histoire est multiple, elle se déroule sur plusieurs plans, plusieurs pays, plusieurs strates historiques, impliquant des personnes n’ayant pas de lien entre elles » (Boualem Sansal, Le Train d’Erlingen ou La Métamorphose de Dieu, Gallimard, 2018, p. 242). De fait, Léa invite immédiatement après le lecteur à se joindre à une grande chaîne qui traverse le temps et l’espace et à compléter les « pièces détachées » du roman, dont certaines sont, précisément, des fiches de lecture consacrées à La Métamorphose de Kafka ou aux Immortels d’Agapia de Gheorghiu.

[5] Michel Le Bris et Jean Rouaud (dir.), Pour une littérature-monde, Paris, Gallimard, 2007.

[6] Boualem Sansal, Lettre d’amitié, de respect et de mise en garde aux peuples et aux nations de la terre, Paris, Gallimard, 2021.

[7] A phrase taken from the opening of Boualem Sansal’s novel Rue Darwin, Gallimard, 2011.

[8] « L’héritage faulknérien du Nouveau Roman et sa transmission au roman maghrébin francophone » asserts the influence of American novels over his generaiton of writers. Cf. Programme of the 32nd Congrès Mondial du CIEF, p. 40.

https://www.crhia.fr/doc_upload/Programme_congres%20CIEF%202018-.pdf.

[9] Michel Pierre, « Pour Boualem Sansal. Plaidoyer pour un grand écrivain et un homme libre », herodote.net, 5 January 2025 (online).

[10] This is how one should read Sansal’s reflection in Le train d’Erlingen about “the book that remains to be written”, as well as the call from the narrator: “I discovered that our story could not be told in the form of a novel. I had overestimated my literary abilities. The story is multifaceted; it unfolds across multiple layers, multiple countries, and multiple historical strata, involving people who have no connection with each other” (Le train d’Erlingen ou la metamorphose de Dieu, Boualem Sansal, Gallimard, 2018, p. 242). Léa thus immediately invites the reader to join a great chain through time and space so as to complete the “scattered pieces” of the novel, some of which are, precisely, reading notes dedicated to Kafka’s Metamorphosis or Gheorghiu’s The Immortals of Agapia.

[11] Michel Le Bris et Jean Rouaud (dir.), Pour une littérature-monde, Paris, Gallimard, 2007.

[12] Boualem Sansal, Lettre d’amitié, de respect et de mise en garde aux peuples et aux nations de la terre, Paris, Gallimard, 2021
: http://cercc.ens-lyon.fr/spip.php?article994