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L’imaginaire de Sarajevo
: 23/05/2025
: 30/11/2024
: Sarajevo

L’imaginaire de Sarajevo


Colloque international


Université de Sarajevo – Faculté des Lettres


23-24 mai 2025


Coorganisé par le département d’Études romanes de l’université de Sarajevo, le centre de recherche « Textes et cultures » (UR 4028) de l’université d’Artois, et l’équipe de recherche « Fablitt » de l’université Paris 8.


« Il ne faut jamais confondre la ville avec le discours qui la décrit »


« Le regard parcourt les rues comme des pages écrites »


Italo Calvino, Les villes invisibles


Peu de villes ont à ce point nourri la mémoire collective du XXe siècle comme Sarajevo, et peu ont suscité une telle production de mythes modernes qui se greffent sur cet imaginaire, qu’il soit question de(s) guerre(s) ou bien de paix et de vie multiculturelle, multiconfessionnelle, et tout simplement plurielle et variée. Étant donné sa situation géographique, historique et culturelle, qui réunit l’Est et l’Ouest – mais aussi les autres points cardinaux, les Balkans étant un lieu de passage entre Méditerranée et Europe centrale –, et ses passés si divers (ottoman, austro-hongrois, yougoslave et socialiste), l’imaginaire de Sarajevo se présente, à l’instar de son architecture, comme une mosaïque qui inspire et suscite l’imagination créatrice d’écrivains et d’artistes très différents, au moins depuis le XXe siècle, comme Blaise Cendrars, Georges Perec, Enki Bilal, Milomir Kovačević Strašni, Pierre Courtin, Hermann, Daniel Buren, Velibor Čolić, Jakuta Alikavazović et tant d’autres. Ce colloque voudrait se pencher sur cet imaginaire, tel qu’il s’est déployé dans l’espace francophone, en confrontant les regards extérieurs et intérieurs et en se demandant quelle altérité est projetée dans cette « imagologie » sarajevienne, pour essayer d’en dégager quelques lignes de force.


Sarajevo est une véritable ville-symbole dont l’image est aussi polyvalente que polysémique. Si, pour certains, elle représente le point d’origine des atroces souffrances et destructions de la Première Guerre mondiale – et par là des autres atrocités du XXe siècle –, pour d’autres et à d’autres moments, elle a pu être un véritable paradigme du vivre ensemble et un exemple de la multiculturalité, même quand celle-ci se voyait menacée, ou peut-être surtout quand elle l’était. L’imaginaire de Sarajevo se développerait ainsi entre les catastrophes causées par les identités meurtrières, les colonialismes et les hégémonies géostratégiques d’une part, et l’idéal du vivre ensemble en paix de l’autre, entre l’image de la bibliothèque qui brûle et celle des clochers des églises et des minarets des mosquées qui pointent vers le même ciel ensemble, monde paisible où les pigeons picorent sur la place tandis que les gens aux terrasses boivent très lentement leur café.


Saluée par Jean-Luc Godard, célébrée par Francis Bueb – fondateur du Centre André Malraux à Sarajevo récemment décédé –, tant aimée par Jovan Divjak, la ville est-elle encore aujourd’hui prisonnière des images et des mythologies de guerre(s) ou se tourne-t-elle avec espoir vers l’avenir ? On peut se demander, avec le photographe Alban Lécuyer et son livre Ici prochainement : Sarajevo, quels présent et quel futur se préparent pour la ville, entre le (sur)tourisme qui la fixe dans les clichés immuables des cartes postales, le (sur)développement urbain, la (sur)construction, et la menace de gentrification, et aussi s’interroger sur les attentes qu’offre la possibilité de l’intégration dans l’Union européenne.


Le colloque se propose d’interroger dans toutes les formes d’expression artistique – la littérature, le cinéma, la photographie, la bande dessinée, les arts plastiques, la musique – du début du XXe siècle jusqu’à aujourd’hui, la réinvention littéraire et artistique de Sarajevo. Quelles morphologies, quelles poétiques, quelles rhétoriques, ou quelles « sémantiques des images » sont à l’œuvre dans cet imaginaire ? Quelles nouvelles mythologies, quelle modernité, se créent à partir de ces représentations plurielles ? Quelle place enfin occupe dans le patrimoine culturel européen, et ici plus précisément francophone, l’imaginaire de Sarajevo ?


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Les propositions de contribution en français, d’une longueur de 500 mots maximum et accompagnées d’une courte bio-bibliographie, sont à envoyer avant le 15 septembre 2024 aux deux courriels suivants : sarajevoimaginaire@gmail.comet marianne.closson@gmail.com.


Les réponses seront données pour le 30 novembre 2024.


Une publication des interventions est envisagée.


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Comité d’organisation : Zoé Carle, Marianne Closson, Dijana Kapetanović, Lejla Osmanović, Ivan Radeljković, et Jean-Marc Vercruysse.


Comité scientifique : Pierre Bayard, Martine Créac’h, Christian Doumet, Jean-Louis-Fournel, Vesna Kreho, Christopher Lucken, Anne-Gaëlle Webber, et Metka Župančič.


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: Marianne Closson (Textes et cultures, Université d'Artois)