appel
Ecoféminismes européens – European ecofeminism(s)
Date de publication : 14/11/2024
Date de l'échéance : 15/06/2024
Lieu de l'événement : Université de Haute-Alsace de Mulhouse
APPEL A COMMUNICATION / CALL FOR PAPERS
Ecoféminismes européens - European ecofeminism(s)
Colloque international 14-15 novembre 2024/ International Symposium 14th-15th November 2024
Institut de recherche en Langues et Littératures Européennes (ILLE, UR 4363)
Lieu/Venue: Université de Haute-Alsace, F-Mulhouse, Campus Illberg
ecofeminismes2024.ille@uha.fr
www.ille.uha.fr
(English version below)
Depuis près de dix ans, des chercheuses de l’ILLE s’intéressent à l’écriture du Féminin à travers des sujets comme l’apprentissage du devenir féminin, le crime et son interrogation selon son genre, son origine, son parcours de vie. Les profonds changements dans la conception du monde et de l’environnement bouleversent ce thème, le prolongent et le font évoluer. Les structures asymétriques du pouvoir restent : les femmes dont la vie et l’action sont encore, malgré les progrès sociaux, souvent assimilés à une mise sous tutelle ou une mise hors champ, sont encore aujourd’hui dans la lutte contre le patriarcat et la domination masculine. Mais quel est l’apport de la perspective écologique dans ce domaine ? Depuis plus de trente ans, de nombreuses études internationales montrent un parallèle entre le traitement du féminin et de l’écologie, la pensée de la nature et du féminin connaissant le même combat dans l’écoféminisme.
Utilisé la première fois en France par Françoise d’Eaubonne dans un ouvrage paru en 1972, ce mot, contraction d’« écologie » et de « féminisme », part du principe que les femmes sont victimes de la domination masculine, et que le rapport à la terre en constitue l’une des conséquences. La révolution écologique passe dès lors par une révolution féministe ; mais comment déjouer le système de domination des hommes sur la nature et les femmes elles-mêmes ? D’Eaubonne dénonce l’organisation sexiste de la société qui a permis la domination des femmes par les hommes et la destruction de la nature par son exploitation forcenée. Elle voit dans le masculin la force de destruction technique de la nature et pour elle, les valeurs du féminin sont les seules valables pour une survie de la nature et de l’être humain. Elle sait que le temps presse et que, plus que de révolution, la terre et l’humanité ont besoin de mutation. Elle prône aussi un changement dans les relations entre les sexes.
Si la construction d’une critique écoféministe est encore en cours aujourd’hui, il est possible d’identifier un espace privilégié en la matière dans le contexte européen. Déjà en 1994, Dagny Kaul identifiait la relation entre la pensée féministe et ses liens entre nature et science et recherche socioculturelle. Ces mêmes idées sont aujourd’hui réaffirmées par les activistes et écrivaines de l’écoféminisme de divers pays européens, comme l’espagnole Yayo Herrero López - qui propose des solutions concrètes et similaires pour la crise climatique et la crise du féminisme. De la même manière, le concept d’écoféminisme a été repris par des féministes anglo-saxonnes qui lui ont donné une tournure politique, devenant ainsi un outil de revendication sociale. Elles ont fait de l’écoféminisme une pensée qui englobe les grands défis écologiques actuels, et ceux économiques et éthiques. Elles dénoncent des exactions commises contre la nature, mais leurs analyses politiques et économiques vont aussi se doubler d’une réinvention du spirituel ou d’une réinterprétation du religieux. L’écoféminisme spirituel consiste à repenser le sacré, que ce soit en critiquant les principales religions pratiquées, pour opérer une réhabilitation de la nature et des femmes, ou en réinventant le sacré en marge des grandes religions monothéistes. Ainsi, une certaine forme d’écoféminisme spirituel renoue avec des croyances du type polythéiste ou animiste, la nature étant alors présentée comme une divinité immanente et asexuée. L’écoféminisme spirituel, qu’il s’inscrive dans un courant religieux existant ou qu’il invente une nouvelle forme de sacré, se donne pour défi d’aller au-delà d’une compréhension hiérarchisée et dualiste du monde.
Dans la littérature et la culture européenne contemporaine, l’écoféminisme est un sujet émergent qui motive les écrivains et les artistes particulièrement sensibilisés par les effets visibles du changement climatique dans ces aires géographiques ainsi que de la tradition des revendications féministes. Comme Katarina Leppänen (2022) le montre, les productions culturelles nordiques traitant des catastrophes écologiques, des scénarios dystopiques et apocalyptiques sur l’avenir de la planète ont augmenté dans les dernières années et ils prennent de plus en plus lieu dans les sphères nordiques, la mode des films catastrophes norvégiens (Troll, The Wake ou The Wave par exemple), sans oublier Melancholia de Lars von Trier, qui associe les personnages féminins à une représentation tragique et esthétisée du devenir de la planète. Cependant, un nombre limité de ces productions est explicitement féministe ou écoféministe, même si ces œuvres offrent des lectures de genre. En Portugal, la contribution d’écrivaines telles qu’Isabel do Carmo a permis de considérer les implications sociales de l’écoféminisme dans le lien avec l'éducation - un parcours similaire à celui proposé en Italie par Lisa Muraro - qui se concentre sur le concept de maternité et sur son opposition au patriarcat et au modèle capitaliste d'exploitation de l’environnement.
La littérature et la culture européennes se font l’écho de ces revendications, il n’en demeure pas moins que la littérature écoféministe anglophone, pionnière du domaine, reste assez méconnue en France, ainsi que les écofeminismes nordiques et germanophones, alors même que le roman de l’écrivaine autrichienne Marlen Haushofer, Die Wand (Le Mur invisible) paru en 1963 a eu un succès retentissant et fonctionne comme un paradigme des récits écoféministes. Nous nous proposons dans ce colloque d’étudier les écoféminismes européens. Plusieurs variantes d’écoféminisme peuvent être examinées : un écoféminisme littéraire et culturel, qui se base sur une éthique du « care » (éthique de la sollicitude), un autre plus social et politique, pour montrer à travers des œuvres littéraires, la domination sociale qui pèse sur les femmes, un volet esthétique et artistique, à l’instar des féministes performeuses activistes islandaises, Love Icelandic Corporation, qui déconstruisent dans des vidéos et des performances, les codes genrés et les dérives environnementales actuelles. Une attention particulière sera portée sur les sujets développant une attention aux questions écologiques et environnementales ainsi qu’au développement des revendications féministes.
Ce colloque a l’ambition de faire entendre une diversité de voix féministes et féminines, de prendre en compte les différences culturelles, de souligner la représentation des modes d’oppression des femmes et de montrer les solutions envisagées dans des scénarios littéraires et culturels renouvelés, dans/à travers une nouvelle conscience écologique.
English version
For the past ten years, researchers at ILLE have been exploring how femininity has been written about, on subjects such as learning to become a woman, crime and how it is questioned according to gender and life path. The profound changes of our conception of the world and of the environment are transforming this theme, extending it and making it evolve. Asymmetrical power structures persist: women, whose lives and actions are still, despite social progress, often equated with being under guardianship or out of the limelight, are still fighting against patriarchy and male domination. But what is the contribution of the ecological perspective in this area? For over thirty years, numerous international studies have shown a parallel between the treatment of the feminine and ecology, with thinking about nature and femininity undergoing the same struggle in ecofeminism.
First used in France by Françoise d'Eaubonne in a book published in 1972, this word, a contraction of "ecology" and "feminism", suggests that women, like nature, are victims of male domination and that it is time to think differently about our relationship with the earth. For this reason, the ecological revolution also requires a feminist revolution, but how can we thwart the system of male domination of nature and of women themselves? D'Eaubonne denounces the sexist organisation of society, which has led to the domination of women by men and the destruction of nature through relentless exploitation. She sees masculinity as the force behind the technological destruction of nature with femininity and feminine values as the only valid means for the survival of nature and human beings. She argues that time is running out and that, more than revolution, the earth and humanity need mutation. She also advocates for a change in the relationship between the genders.
Though the construction of a critical, comprehensive ecofeminist lens is still a work in progress, it has nonetheless been particularly appreciated in the European context. As far back as 1994, Dagny Kaul identified the relationship between feminist thought, nature, science and socio-cultural research. The same ideas are today reaffirmed by ecofeminist activists and writers from various European countries; one example from Spain is Yayo Herrero López – who proposes concrete and similar solutions for the climate and feminist crises. Similarly, the concept of ecofeminism has been taken up by Anglo-Saxon feminists who have given it a political twist by making it into a tool for social protest. They have turned ecofeminism into a way of thinking that encompasses today's major ecological, economic, and ethical challenges. They denounce the atrocities committed against nature, while their political and economic analyses are coupled with a reinvention of the spiritual or a reinterpretation of the religious. Spiritual ecofeminism consists of rethinking the sacred, either by criticising the main religions to rehabilitate nature and women, or by reinventing the sacred on the fringes of the major monotheistic religions. In this way, a certain form of spiritual ecofeminism revives polytheistic or animist beliefs, in which nature is presented as an immanent, asexual divinity. Spiritual ecofeminism, whether as part of an existing religious current or by inventing a new form of the sacred, sets itself the challenge of going beyond a hierarchical and dualistic understanding of the world.
In contemporary European literature and culture, ecofeminism is an emerging subject that motivates writers and artists who are particularly aware of both the visible effects of climate change in these geographical areas and the tradition of feminist demands. As Katarina Leppänen (2022) shows, the quantity of cultural productions dealing with ecological disasters and dystopian and apocalyptic scenarios about the future of the planet have increased in recent years and are increasingly situated within Nordic spheres, with the fashion for Norwegian disaster films (Troll, The Wake or The Wave, for example), not forgetting Lars von Trier's Melancholia, which associates female characters with a tragic and aestheticised representation of the future of the planet. However, only a limited number of these productions are explicitly feminist or ecofeminist, even if these works do offer gendered readings. In Portugal, the contribution of writers such as Isabel do Carmo has allowed for the consideration of the social implications of ecofeminism in the connection between women, nature, and education - similar to what is proposed in Italy by Lisa Muraro - which focuses on the concept of motherhood and its opposition to patriarchy and the capitalist model of environmental exploitation.
While European literature and culture are drawing upon these concepts, the fact remains that English-language ecofeminist literature remains relatively unknown in France; the same can be said for German-language ecofeminist literature, though Austrian writer Marlen Haushofer's 1963 novel Die Wand (The Wall), was a resounding success and functions as a paradigm for ecofeminist narratives.
The aim of this conference is to study European ecofeminisms; several variants of ecofeminism can be examined, a literary and cultural ecofeminism, based on care ethics; a more social and political ecofeminism, using literary works to show the social domination of women; and an aesthetic and artistic ecofeminism, following the example of the Icelandic feminist performance activists, Love Icelandic Corporation, who use videos and performances to deconstruct gender codes and current environmental abuses. Particular attention will be paid to subjects that focus on ecological and environmental issues and the development of female identity.
The aim of the conference is to give voice to a diversity of women's voices, to take account of cultural differences, to highlight the ways in which women are oppressed and to show the solutions envisaged in renewed literary and cultural scenarios, in/through a new ecological consciousness.
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Comité scientifique / Scientific Committee :
Alessandra Ballotti (Sorbonne Université)
Régine Battiston (ILLE-UHA)
Frédérique Toudoire-Surlapierre (Sorbonne Université)
Camille Thion (doctorante, ILLE)
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Langues de travail / Working languages : français, anglais/french, English.
Modalité de soumission des propositions : les propositions de communications (1500 à 2000 signes espaces compris), accompagnées d’une brève bio-bibliographie, sont à envoyer à ecofeminismes2024.ille@uha.fr avant le 15 juin 2024.
Réponse du comité : le 30 juin 2024.
Please send abstracts before 15th June 2024 (1500 to 2000 characters including spaces), together with a short bio-bibliography, by e-mail, to ecofeminismes2024.ille@uha.fr
Notifications will be sent by 30th June 2024.
- Responsable :
Régine Battiston, Frédérique Toudoire-Surlapierre, Alessandra Ballotti, Camille Thion - Url de référence :
https://www.ille.uha.fr/ - Adresse :
Université de Haute-Alsace, Mulhouse, Campus Illberg.
Source de l'information : https://www.ille.uha.fr/