appel
Écrivain(e)s, littérature et bandes dessinées
Date de l'échéance : 30/07/2024
Lieu de l'événement : Milan
Nom de l'organisateur : Alberto Sebastiani
Email de l'organisateur : alberto.sebastiani@iulm.it
Site web de référence : https://www.iulm.it/speciali/interartes
Appel à contributions
Revue : InterArtes, n° 5, 2024
Dirigée par: Laura Brignoli, Silvia Zangrandi
Dipartimento di «Studi Umanistici»
Università IULM - Milan
Écrivain(e)s, littérature et bandes dessinées
Depuis le développement des études sur la bande dessinée dans le monde occidental, à savoir dès les années soixante, on a observé une croissance imposante, dans différents domaines disciplinaires, de contributions scientifiques portant sur son langage et ses auteurs. Des reconstructions historiques, des études sociologiques, des interprétations culturelles, des analyses sémiotiques et linguistiques, des comparaisons intermédiales ont offert au cours de ces décennies un cadre historique, théorique et méthodologique permettant de définir le langage de la bande dessinée, ses formes, ses genres et ses évolutions, son dialogue avec les autres arts, sa valeur esthétique ainsi que son impact idéologique et culturel. Cependant, nous estimons qu'il reste encore beaucoup à explorer et à définir, notamment dans la relation – objet de nombreux débats récemment – entre la bande dessinée et la littérature.
Si dans les numéros précédents, InterArtes a exploré la perméabilité des frontières, l'esthétique de l'hybride, ainsi que la relation entre la créativité artistique et l'automatisation, avec "Écrivains, écrivaines, littérature et bandes dessinées", nous souhaitons maintenant contribuer à définir et à esquisser de manière empirique, analytique et historique la réception de la bande dessinée parmi les écrivain(e)s, ainsi que les éventuelles conséquences esthétiques générales dans leurs poétiques et leurs productions.
- Il s'agit tout d'abord d'enquêter, dans une perspective diachronique et synchronique, la manière dont les écrivain(e)s se sont confronté(e)s par le passé et continuent de se confronter à la bande dessinée, que ce soit à travers la réflexion critique ou à travers une implication esthétique directe.
Par "réflexion critique", nous entendons la réception de la bande dessinée de la part des lettré(e)s. L'objectif est de reconstruire la façon dans laquelle la bande dessinée, en tant que langage et objet esthétique, émerge à la fois dans des essais, des correspondances, ainsi que dans des romans, des nouvelles ou des poèmes, afin de comprendre si et comment cette confrontation a influencé la production littéraire et la notion même de littérature. La recherche peut se concentrer à la fois sur les phénomènes d'intertextualité et de métatextualité à l'intérieur de la production critique et littéraire d'un auteur ou d'une autrice, ainsi que sur la réception d'un livre ou d'une bande dessinée ou d'un/e dessinateur/trice dans les écrits de plusieurs écrivain(e)s.
Pour donner quelques exemples, on peut penser à Amélie Nothomb qui déclaré à plusieurs reprises sa passion pour Tintin d'Hergé, allant jusqu'à affirmer dans Le Soir en 2014 qu'elle aurait appris à lire avant l'âge de trois ans grâce à ses aventures. Indépendamment de la véracité de cette affirmation, elle rappelle celle d'Italo Calvino dans les Leçons américaines, selon laquelle l'auteur, bien avant d'aller à l'école, aurait appris à lire à travers les illustrations des bandes dessinées parues dans le Corriere dei Piccoli. Une passion remontant à l'enfance, donc, comme pour Ray Bradbury avec Buck Rogers et Flash Gordon, ou pour James Ballard, épris des aventures de Terry et les Pirates et peu friand des bandes dessinées humoristiques des années 30 en Grande-Bretagne, appréciées en revanche par George Orwell, qui encense des auteurs tels que Nicolas Bentley et Ronald Searle dans un article de 1949 pour The Observer.
Par "implication esthétique", nous entendons la participation d'écrivains et d'écrivaines à la création de bandes dessinées, en tant qu'auteurs ou autrices de sujets ou de scénarios, ou en tant que superviseurs d'adaptations de leurs propres textes. Cela englobe également les éventuelles méthodes et formes d'expérimentation nées de la confrontation avec le langage de la bande dessinée, à la recherche de nouvelles solutions narratives, même hybrides, pour des histoires originales. De nombreux exemples illustrent également cette facette créative, comme l'implication de Michel Houellebecq dans l'adaptation de La Carte et le territoire, que témoignent ses interventions sur les répliques des personnages, documentées par ses échanges de courriels avec le dessinateur Alain Dual, joints au volume paru en 2014. En Italie, on peut mentionner Cesare Zavattini, qui dans les années trente a écrit le sujet de la première bande dessinée de science-fiction italienne, Saturno contro la Terra, puis des auteurs comme Elio Vittorini, Dino Buzzati et Pier Paolo Pasolini après la Seconde Guerre mondiale jusqu'aux années soixante. À partir des années quatre-vingt jusqu'à nos jours, le nombre d'écrivain(e)s impliqué(e)s a considérablement augmenté, donnant naissance à des solutions hybrides entre roman et bande dessinée, comme dans le cas de Sarti Antonio. Come cavare un ragno dal buco (2010) de Loriano Macchiavelli et les dessins d’Otto Gabos, sur le modèle de The Invention of Hugo Cabret, de l'écrivain américain Brian Selznick (2007). En restant dans le domaine anglophone, entre la fin du XXe siècle et le nouveau millénaire, la question se complique lorsque l'on considère qu'un auteur tel que Joe R. Lansdale évolue aisément entre scénarios de bandes dessinées et romans, et peut écrire une histoire comme Captured by the Engines (1991). De plus, parmi les quatre auteurs qui, depuis le début des années quatre-vingt, ont attiré l'attention internationale sur la bande dessinée britannique - Alan Moore, Neil Gaiman, Jamie Delano, Dave McKean - les trois premiers sont également auteurs de romans en prose, pour adultes ou jeunes. Ces exemples suffisent à souligner un territoire très vaste et encore largement inexploré sur le plan scientifique.
- En second lieu, "Écrivain(e)s, littérature et bandes dessinées" souhaite consacrer une section à l'analyse des adaptations et des réécritures en bande dessinée des classiques de la littérature moderne et contemporaine. Certes, les adaptations et les réécritures sont des domaines de recherche qui bénéficient depuis plusieurs années de contributions théoriques et empiriques significatives, mais la bande dessinée reste un langage moins exploré que d'autres. Pour cette section spécifique, parmi de nombreux exemples possibles, il suffit de mentionner le récent travail de Fred Duval et Florent Calvez, Sept Personnages (2021), un croisement basé sur les comédies de Molière, le roman graphique de Posy Simmonds repensant Madame Bovary (Gemma Bovery, 1999) ainsi que celui de Marino Magliani et Marco D'Aponte qui en 2021 réécrivent en bande dessinée La luna e i falò en y intégrant la narration des derniers jours de Pavese. On peut également citer l'adaptation de Heart of Darkness par Peter Kuper, paru également en 2021.
Modalités
Les textes proposés, de nature théorique ou analytique avec des prémisses théoriques, devront être inédits et rédigés en word, dans le respect des règles éditoriales de la revue publiées sur le site et, une fois acceptés par le Comité Scientifique, ils seront soumis à une évaluation en double aveugle.
Langues acceptées : italien, français, anglais, espagnol.
Les articles doivent être envoyés, accompagnés d'une brève biographie, avant le 30 juillet 2024 à l'adresse suivante : interartes@iulm.it
Source de l'information : Laura Brignoli