appel

« Ce que la poésie fait au roman » – Revue Formes poétiques contemporaines (2024/17)
: 31/05/2023
: Université de Liège
: Gérald Purnelle
: gerald.purnelle@uliege.be
: https://pressesuniversitairesdeliege.be/categorie-produit/revues/fpc/
La revue Formes poétiques contemporaines (Presses universitaires de Liège) a pour but d’étudier la poésie dans sa dimension formelle, en se consacrant à l’époque contemporaine, conçue comme s’étendant à la totalité des 20e et 21e siècles, avec une priorité non exclusive aux poètes vivants. Elle consacre des dossiers thématiques à des questions formelles, générales ou plus techniques. Elle accueille des articles de réflexions, d’analyse scientifique et des contributions, créatives ou non, des poètes eux-mêmes.

1. Dossier thématique : Ce que la poésie fait au roman


Après quatre numéros d’une troisième série consacrés à : La phrase, L’effacement, La liste et Contre la poésie, les formes, le thème du dossier du n° 16 sera : Ce que la poésie fait au roman.

Sur fond d’une abondante théorisation de la question des genres littéraires (Genette, Schaeffer, Hamburger, Compagnon…), le thème du prochain dossier d’FPC visera à explorer les phéno­mènes d’emprunt, d’échange ou de contamination formels de la poésie en direction du genre romanesque.

Le contexte paraît marqué d’une double situation. D’une part, la distinction entre poésie et roman ou fiction reste fortement pertinente dans le champ contemporain, qu’il s’agisse du discours critique portant sur les œuvres, de la réception de celles-ci ou du positionnement individuel de leurs auteurs, « poètes » et « romanciers ». Mais d’autre part, les ères moderne et postmoderne ont été marquées par un estompement des frontières des genres dans maintes poétiques, singulières ou collectives, ou par une mise en cause des conventions classiques définissant ces deux genres, ou même par une négation de leur validité, au profit du texte ou du récit (textualisme, littéralisme…) ; de même, des pratiques d’écriture hors genre ont pu se développer.

Il n’en reste pas moins que, sur le plan formel, une distinction prévaut dans l’opposition traditionnelle du genre dit « poésie » et du genre dit « roman » : sur ce plan la première est marquée, le second non ; à la poésie correspond l’instrumentation et l’expérimentation formelles — le vers, les ressources typographiques, le spatialisme… — ; au roman, la forme neutre de la prose continue, justifiée et structurée en paragraphes.

Il existe cependant, depuis au moins le 19e siècle, des pratiques individuelles, et même des modèles novateurs qui procèdent du transfert ou de l’application de composantes formelles propres à la poésie en direction de textes identifiés comme appartenant au genre narratif, voire romanesque. Tantôt l’œuvre est publiée en tant que poème (narratif), mais requalifiée en roman en vers (vers novel) par la critique ou l’histoire littéraire (Browning, The Ring and the Book), tantôt le recueil de poèmes ou le poème unique porte le sous-titre de roman en vers (Queneau, Chêne et chien ; Audiberti, La Beauté de l’amour), voire de roman poème (Perros, Une vie ordinaire), etc.

S’agissant de ce cas le plus évident de contamination formelle du roman par la forme poétique, celui du « roman en vers » au sens large, on observe un retour assez abondant de ce (sous-)genre dans la pratique contemporaine, dans les champs anglo-saxon (Walcott, Carson, Seth, Barlow), francophone ou autres (Oz, Ransmayr, Tavares, Massini, Alborghetti…). Tant au 20e qu’au 21e siècle, des distinctions se manifestent : entre vers régulier et vers libre ; mais aussi (pour nous limiter à des exemples francophones) entre « roman en vers » de poètes (Dib, Dobzynski, Prigent, Demarcq) et de romanciers (Ducharme, Laferrière, Foenkinos).

Sur plus d’un siècle, les formes où narration et vers sont associés, quelles que soient les étiquettes paratextuelles qui leurs sont attribuées, sont nombreuses et multiples. Elles forment un premier corpus susceptible d’être abordé dans toute contribution apportée à notre dossier.

Un second plan formel est éligible en réponse à la question posée. Le vers n’est pas la seule composante de la forme poétique susceptible d’avoir été intégrée par l’écriture narrative ou romanesque. Les ressources de la typographie tendent à transcender la notion de vers pour appliquer aux récits (nommés romans) un dispositif formel directement emprunté aux formes poétiques qui leur sont contemporaines (Reverdy, Bessette…), en ce compris les jeux multiples portant sur la ponctuation (dont sa suppression : Albert-Birot…).

L’usage de la syntaxe au sens large, telle qu’il a pu se diversifier et se singulariser à travers toute l’ère moderne et contemporaine pour nourrir et étendre les langues poétiques, constituera un troisième plan susceptible d’inspirer les études répondant à notre appel.

Enfin, un quatrième plan est représenté par les mécanismes formels régissant la syntaxe supra­phrastique et, plus largement, l’arrangement séquentiel de l’intrigue, qui ne disparaît pas pour autant (contrairement au cliché qui veut qu’un roman poétique se désintéresse du récit) mais dont les techniques, au sens formel et matériel du terme, peuvent être très différentes de la manière dont se gère le niveau narratif dans le roman non poétique (il y a par exemple des « romans en vers » où le récit n'est pas continu comme une prose, mais pris en charge par une succession de véritables poèmes de type « recueil » ou des romans poétiques qui font primer la description ou l’ambiance sur la narration, tantôt par moments, tantôt du début à la fin du roman).

Les études pourront porter sur un cas particulier, un auteur, un ensemble plus vaste, ou un questionnement général. La période couverte par le dossier est large, puisqu’elle s’étend du début du 20e siècle à nos jours. On veillera à choisir un corpus suffisamment reconnu ou identifiable comme relevant du genre « roman ».

Qu’il s’agisse de l’usage du vers, de la typographie, de la syntaxe ou de tout autre aspect non prévu ci-dessus, il est attendu que l’étude comporte l’examen de l’origine poétique des traits observés et étudiés et une analyse formelle de ceux-ci.

Tous les domaines linguistiques sont éligibles. Les langues de rédaction des contributions seront : le français, l’anglais, l’allemand, l’italien, l’espagnol.

Les propositions de contributions, titre et résumé ou argumentaire, peuvent être envoyées pour le
31 mai 2023 au plus tard à Gerald.Purnelle@uliege.be

Le volume paraîtra dans le courant de l’année 2024.

2. Rubrique Observatoires des nouvelles métriques


La revue FPC inaugure à partir de son numéro 17 une rubrique consacrée aux analyses formelles de métriques modernes et contemporaines (20e et 21e siècles), qu’il s’agit de métrique syllabique, quantitative, arithmonyme ou autre.

3. Contributions de poètes


Une rubrique accueille des contributions de poètes sous la forme de poèmes accompagnés d’une réflexion personnelle sur leur pratique formelle.

Comité de rédaction de Formes poétiques contemporaines :
Jan Baetens, Vincent Broqua, Stéphane Cunescu, Michel Delville, Laurent Demoulin, Laure Michel, Gérald Purnelle, Vera Viehöver.
: Stéphane Cunescu