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Conseil National des Universités
Motion de la 10ème section (Littératures Comparées)
contre la Loi de Programmation Pluriannuelle de la Recherche (LPPR)
La 10ème section du CNU, consultée le 15 juin 2020, déclare son opposition au projet de la Loi de Programmation Pluriannuelle de la Recherche (LPPR) publiée le 07 juin 2020.
Elle constate que n’ont pas été prises en compte la plus grande part des multiples oppositions qui se sont exprimées dès la publication des pré-rapports.
Ce projet de loi introduit d’indéniables inéquités dans le traitement de la carrière et dans le recrutement des enseignantes-chercheuses et enseignants-chercheurs dans les Institutions de recherche et les Universités françaises. Il porte atteinte aux missions nationales du CNU en autorisant, sous couvert de l’excellence, une voie d’accès locale, par le biais de commissions ad hoc, aux postes de Professeures et Professeurs des Universités et Directeurs et Directrices de Recherche. Il fragilise le statut national des enseignantes-chercheuses et enseignants-chercheurs et met fin, à terme, aux procédures de recrutement nationales, seules garantes de l’équité et de l’excellence disciplinaire. Il introduit la précarisation dans le recrutement des enseignantes-chercheuses, des enseignants-chercheurs, des chercheurs et des chercheuses aux grades de Professeures et Professeurs et de Directeurs et Directrices de Recherche. Il menace le statut de Maître de conférences.
Ce projet de loi porte atteinte à la liberté scientifique et académique en privilégiant la contractualisation de la recherche et l’embauche « sur objectifs ». Il minimise la part des recherches qui, de long terme et sans objets préconçus, sont à même de répondre à des situations de crise et à l’imprévisible.
Ce projet de loi fait porter la majeure partie des efforts budgétaires consentis sur des appels à projets, engageant des recherches de court terme. Il mène à la concentration des moyens sur un petit nombre d’unités de recherche et au renforcement d’une logique d’ingénierie scientifique qui entraînera la précarisation des personnels administratifs et des personnels scientifiques.
La 10ème section du CNU constate l’excellence des dossiers de candidature aux procédures de qualification et aux demandes de promotion. Elle déplore l’insuffisance du nombre de postes de Maîtres et Maîtresses de Conférences et de Professeures et Professeurs créés et ouverts dans les Universités, ainsi que l’insuffisance du nombre des promotions proposées au titre du contingent national, – promotions qui participent de la revalorisation du métier d’enseignant-chercheur et d’enseignante-chercheuse.
Elle demande que les efforts budgétaires annoncés soient consacrés prioritairement à la pérennisation de la recherche et au soutien financier des universités afin qu’elles créent des postes d’enseignantes-chercheuses et d’enseignants-chercheurs et ouvrent un avenir aux nombreux jeunes chercheurs et chercheuses précaires. Elle demande que soit augmenté de manière notable le nombre de promotions accessibles aux enseignantes-chercheuses et enseignants-chercheurs titulaires au titre du contingent national En outre, elle demande que les Universités soient dotées de budgets pérennes suffisants pour augmenter le nombre de Congés pour Recherche et Conversion Thématique.
La 10ème section du CNU demande au ministère d’ouvrir un véritable dialogue avec la CP-CNU et de faire en sorte que toutes les candidates et tous les candidats à des postes de Professeures et Professeurs soient soumis aux procédures de qualification nationales, seules garantes d’une expertise disciplinaire, collégiale et équitable.
Enfin, au lendemain de la crise sanitaire aiguë liée à l’épidémie de COVID-19, la 10ème section s’inquiète des incitations à développer de manière pérenne et non plus exceptionnelle l’enseignement à distance en remplacement de l’enseignement présentiel. Tout en reconnaissant les mérites des formations développées spécifiquement à distance dans de nombreuses universités, elle tient à rappeler son attachement à l’enseignement en présence, avec un taux d’encadrement permettant un véritable suivi des étudiantes et des étudiants à tous les niveaux de la formation.