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ARTICLE
Les genres littéraires se sont parfois construits en traversant l’Atlantique. Ainsi, la fiction d’aventure maritime, qui déploie souvent son intrigue dans l’espace atlantique, constitue un genre transocéanique qui a circulé entre États-Unis, Royaume-Uni (Daniel Defoe, Walter Scott) et France (Eugène Sue). Margaret Cohen montre que le genre a évolué avec la routinisation du voyage maritime devenu beaucoup moins périlleux à partir des années 1840 [1] , ce qui donne naissance à un nouveau sous-genre littéraire, le récit moderniste.
Ainsi, Narrative of Arthur Gordon Pym of Nantucket d’Edgar Poe (1838) et Moby-Dick d’Herman Melville (1851) mettent en crise, à la fois, la fiction d’aventure maritime à travers une transformation de la figure héroïque du marin et le nationalisme maritime des États-Unis.
Ressortissent également au monde transatlantique des (sous)-genres comme le récit criminel, « le premier genre littéraire à s’être constitué d’emblée dans l’espace transatlantique [2] » selon Benoît Tadié ou des romans comme Les Ambassadeurs de Henry James qui inverse le trajet de Robinson Crusoé de Daniel Defoe [3] . Plus récemment, le roman Transatlantic (2013) de Colum McCann tisse plusieurs récits réunissant Irlande et États-Unis, d’abord, le premier vol transatlantique effectué en 1919 par Alcock et Brown, aux commandes d’un bombardier « désaffecté » de ses missions guerrières. Le texte alors remonte le temps, sans transition, évoquant la figure de Frederick Douglass, ancien esclave devenu militant de l'abolitionnisme au XIXe siècle. Enfin, un troisième récit, consacré à George Mitchell, le sénateur américain, acteur du processus de paix en Irlande, à la fin des années 1990, complète cette connexion entre les deux rives de l’Atlantique.
Le roman transatlantique s’inscrit donc dans des configurations historiques diverses, mais nous voudrions privilégier le contexte postcolonial qui est le produit de l’expansion coloniale de l’Europe, du commerce triangulaire entre Europe, Afrique et Amériques et des processus de libération et d’accession à l’indépendance. Après la Seconde Guerre mondiale, à la suite des dynamiques de décolonisation, l’espace atlantique est, en effet, le lieu d’expansion de cultures et de littératures d’expression européenne. La « francophonie » et les « littératures du Commonwealth » entrent en contact de façon croissante, ainsi qu’avec les espaces littéraires plus anciens de langues espagnole, portugaise ou néerlandaise.
Cette perspective permet de situer le roman dans l’Atlantic history, un courant historiographique qui propose de relire les phénomènes se déroulant sur les continents bordés par l’Atlantique – Europe, Afrique, Amériques – en prenant en compte les échanges et l’intégration progressive au sein de cet espace dans une histoire connectée. Il s’agira donc de déterminer quelques critères permettant de définir ce que peut être un roman transatlantique dans le contexte postcolonial.
Une thématique et une problématique
L’Atlantique a été le premier océan à avoir été régulièrement traversé et à avoir constitué une civilisation complexe et multiple qui concerne aussi bien le Nord que le Sud. David Armitage témoigne de la variété des relations transtlantiques en distinguant la « Circum-Atlantic history » qui envisage l’Atlantique comme un tout, examine les relations des communautés installées autour des rives de l’Océan, de la « Trans-Atlantic history », qui met en relation et compare des régions du monde Atlantique tenues habituellement pour distinctes, et de la « Cis-Atlantic history » qui étudie les spécificités des certains lieux dans leurs relations avec le reste du monde Atlantique [4] .
Le roman transatlantique configure l’histoire d’abord par une thématique, des allers-retours transocéaniques entre Afrique, Amériques ou Europe, sachant que le choix du continent d’origine du déplacement prend une signification particulière. Avant d’être supplanté par le vol long-courrier, le transatlantique désigne également un paquebot qui assure la traversée de l’Océan, dont le pont est souvent occupé de « transats », des chaises longues pliantes destinées à une clientèle de luxe. La question du moyen de transport se pose : un écrivain comme Caryl Phillips, dans The Atlantic Sound [5] , quitte la Guadeloupe sur un cargo bananier [banana boat], dans un confort minimal qui voudrait approcher celui du navire négrier. Il refait en réalité le voyage initial de ses parents qui ont émigré des Caraïbes vers l’Angleterre, réactivant la mémoire de la diaspora économique de l’après-guerre. Il voyage ensuite vers l’Afrique, même s’il ne croit ni à un retour à la « patrie » perdue, ni même à une continuité avec l’Afrique originelle, « Mother Africa [6] », avant de retourner vers le Sud esclavagiste et ségrégationniste des États-Unis. Le récit de Caryl Phillips peut passer pour une réécriture et une reconfiguration du récit d’esclave [slave narrative], autobiographie individuelle et collective, genre littéraire fondateur de la littérature africaine-américaine, modèle de référence mais aussi lieu originel de la littérature de la diaspora africaine outre-Atlantique. La fonction de l’écrivain africain-américain est désormais de reconstruire l’histoire de la diaspora noire à la lumière de ces textes. L’un des modèles est le récit d’Olaudah Equiano, The Interesting Narrative of the Life of Olaudah Equiano, or Gustavus Vassa, the African. Written by himself [7] , publié en Grande Bretagne en 1789, qui évoque plusieurs traversées océaniques et notamment la première d’entre elles, le « passage du milieu [8] ».
Par ailleurs, le roman transatlantique configure la problématique identitaire, géopolitique et culturelle en impliquant le réseau intercontinental qui relie au moins deux univers culturels. C’est le cas des relations Afrique/Antilles dans le sillage du mouvement de la négritude, sachant que des Antillais ont souvent été utilisés dans la colonisation de l’Afrique par les Français comme peuvent en témoigner René Maran et Frantz Fanon. Le roman d’Henri Lopes Sur l’autre rive opère un passage géographique d’Afrique en Amérique, qui répète le « passage du milieu » des Africains déportés vers le Nouveau Monde tout en inversant le parcours de nombreux Antillais ou Noirs Américains, tendus vers un retour au continent originel, l’Afrique. Chez Henri Lopes, le voyage, qui relève d’une initiative purement individuelle, s’accompagne d’un transfert culturel au terme duquel l’héroïne, artiste-peintre, s’approprie certains éléments de la culture qu’elle intègre pour les refaçonner à son propre usage [9] .
Les rapports Afrique/Brésil sont davantage scrutés par les écrivains lusophones comme Jorge Amado qui, dans Bahia de tous les saints (Jubiabá, 1935), valorise les traces africaines au cœur de la ville de Salvador de Bahia. Bahia oppose au cosmopolitisme banalisant des grandes métropoles industrielles une diversité anthropologique faite de métissages luso-africains. Ces survivances africaines de l’Atlantique sud correspondent à des modèles de transculturation que Roger Bastide a analysés dans Les Amériques noires [10] . Escritore, le héros du roman Pelourinho (1995) de Tierno Monénembo, effectue un voyage d’Afrique vers les favelas de Bahia au Brésil, afin de reconstituer la filiation entre les deux rives de l’Océan : « L’Afrique et le Brésil ont tant de choses en commun ! Nous sommes comme des jumeaux des deux bords de l’Océan [11] ». À l’origine se dresse le crime de l’esclavage et le héros cherche à identifier les descendants des victimes de la tragédie. De même, le personnage surnommé El Palenque dans Les coqs cubains chantent à minuit (2015) de Tierno Monénembo, débarque à La Havane en provenance « tantôt de Guinée, tantôt de Paris, tantôt d’on ne sait pas trop » lancé dans une quête identitaire car il affirme être venu « renouer avec ses origines [12] », Cuba étant le pays de sa mère.
La traversée atlantique sert de fil conducteur au développement d’une réflexion politique, qu’il s’agisse de pensées de la libération anti-esclavagiste ou de dérives dictatoriales selon une tectonique des plaques continentales à l’œuvre dans l’Atlantique sud.
Pour le premier cas, c’est la relation établie entre États-Unis et Afrique initiée avec les penseurs noirs de l’émancipation comme Martin Robinson Delany, Frederick Douglass, W.E.B. Du Bois ou Richard Wright, qui ont parfois théorisé le retour en Afrique. Par exemple, Blake, or The Huts of America (1851-1852), seul roman de Delany, constitue une réponse intertextuelle à Uncle Tom’s Cabin d’Harriet Beecher Stowe dans la mesure où Blake (Henrico Blacus), un héros noir des Antilles, qui vise à fomenter une révolte d’esclaves à Cuba, prend en charge activement son destin et n’attend rien des Blancs. En créant une république noire à Cuba qui montrerait sa capacité à se gérer, il espère pouvoir faire tomber le système esclavagiste du Sud des États-Unis. Employé comme marin, Blake est appelé à effectuer une double traversée de l’Atlantique à bord du « Vulture », un bateau négrier, d’Amérique vers l’Afrique, puis retour vers Cuba. Selon une optique panafricaniste, Delany veut créer une nouvelle citoyenneté noire surmontant les différences ethniques et culturelles et bénéficiant finalement des apports de la structure transnationale de la traite des Noirs. Il prend position en faveur de l’interculturel et du transnational, seules approches capables de régénérer l’Afrique.
Pour le second, c’est la mise en relation de figures de la dictature, le Cuba de Castro et la Guinée de Sékou Touré par Tierno Monénembo, rappelant des liens transcontinentaux constitutifs d’un genre littéraire, la « novela del dictador », dans un espace qui a été construit comme « le Tiers-monde » selon le processus de « worlding » décrit par Gayatri Spivak [13] . Cécile Brochard fait ainsi dialoguer la triade El recurso del método d’Alejo Carpentier, Yo el Supremo de Roa Bastos et El otoño del patriarca de Gabriel García Márquez avec des romans de Sony Labou Tansi comme La Vie et demie et L’État honteux [14] . L’Afrique et l’Amérique latine tendent à se construire comme des espaces du chaos notamment politique par opposition à la rationalité européenne et à privilégier les figures du grotesque dans une forme de « nécropolitique [15] ».
La question de l’usage de la langue, des canons esthétiques ou des formes permet de saisir le travail d’appropriation (réappropriation, expropriation…) opéré dans une œuvre « transatlantique », au point que ce type de poétique puisse constituer un autre critère majeur.
Minorités et marges
Le roman transatlantique se construit par rapport à un ensemble de valeurs dominantes associées à l’Europe et liées à la bourgeoisie, au capitalisme, à la rationalité, à la masculinité… Il conteste la centralité spatiale, historique ou axiologique des normes imposées par l’Occident remplissant d’une certaine façon le programme fixé par Dipesh Chakrabarty, Provincialiser l’Europe [16] , à travers un questionnement sur les minorités et les périphéries. Le roman transatlantique est un genre qui tente de contourner la centralité de l’Europe.
Le roman Le Ventre de l’Atlantique de Fatou Diome crée un lien transatlantique entre le Sénégal et la France et un leitmotiv du roman réside dans le mouvement des vagues de l’Atlantique, la masse oscillatoire de l’Océan entre l’Afrique et le reste du monde. Le texte pose à la fois l’excentricité géographique de l’île de Niodior, au large du Sénégal, espace insulaire intermédiaire entre l’Afrique toute proche et l’Europe lointaine, et la situation de minorité de l’émigré africain en France. À travers la figure de Salie, l’émigrée en France et de son demi-frère Madické, rêvant de jouer au football en Europe, Fatou Diome met en scène les transferts de population – migrations économique et touristique –, les flux financiers entre émigrés et famille restée au pays et la question du déracinement. Les interactions liées à l’émigration dans le Nord peuvent se définir en termes de « zones de contact [17] » et de « tiers-espace » et d’imitation selon les théories d’Homi Bhabha.
La contestation de l’Europe passe aussi par la remise en cause des valeurs masculines, mais également par une contestation du féminisme européen. S’appuyant sur Judith Butler [18] et Kimberlé Crenshaw [19] , Chloé Chaudet analyse les circulations transtlantiques du féminisme pour montrer le rejet d’une conception universalisante du patriarcat, l’intersectionnalité des oppressions et les ruptures théoriques par rapport au féminisme européen. Americanah de Chimamanda Ngozi Adichie traite de la condition de l’émigré africain aux États-Unis et moque par son titre les Nigérians trop américanisés [20] . Les circulations transatlantiques révèlent tout d’abord une forme d’identité ; l’auteure a découvert la « race » aux États-Unis : « Je ne suis devenue noire qu’en arrivant en Amérique » [I only became black when I came to America] et « En descendant de l’avion à Lagos, j’ai eu l’impression d’avoir cessé d’être noire » [I feel like I got off the plane in Lagos and stopped being black [21] ]. Elles mettent également au jour la diversité des dominations masculines, liées à des contextes géographiques, historiques et culturels spécifiques. L’héroïne en fait l’expérience à travers ses relations masculines : Curt, le Blanc « sexy » et riche, Blaine, l’universitaire africain-américain et Obinze, l’amour de jeunesse du Nigéria vers lequel elle finira par retourner.
Dans un contexte mondialisé, Taiye Selasi [22] tente de définir une nouvelle génération d’Africains, produits des cultures urbaines de l’Occident où leurs parents ont émigré dans les années 1970-80, qu’elle nomme « Afropolitains » dans un article publié en 2005 dans le magazine londonien Lip, « Bye-bye Babar (Or : What is an Afropolitan ?) [23] » : « Nous sommes des Afropolitains : non pas des citoyens, mais des Africains du monde » [We are Afropolitans : not citizens, but Africans of the world] ; « Londres rencontre Lagos qui rencontre Durban qui rencontre Dakar » [London meets Lagos meets Durban meets Dakar], écrit Selasi à propos de cette diaspora « hybride [24] ». Ce concept est également décrit par Achille Mbembe qui le caractérise par « l’intensification des migrations et l’implantation de nouvelles diasporas africaines dans le monde [25] ». L’Afrique se constitue alors en de multiples centres ou pôles qui favorisent les passages et le transit. L’afropolitanisme se rapproche des phénomènes de transculturation et de la créolisation glissantienne, un processus évolutif à l’échelle du monde [26] , sinon un métissage, du moins l’imbrication et l’entrelacement des mondes. À l’image du roman transatlantique, l’afropolitanisme permet de dépasser le binarisme colonial tout en reconfigurant un système polycentré.
Pour autant les relations entre Afrique et Amériques peinent à contourner la centralité de l’Europe, ne serait-ce que parce que la tradition littéraire et critique de ce continent reste malgré tout présente in absentia. Le roman transatlantique apparaît souvent comme un miroir de l’Europe, un lieu d’inversion et de critique d’autant plus acerbe que les auteurs – des voix au moins bi-culturelles – ont dû intégrer une part de cette Europe. L’histoire littéraire transatlantique porte en creux la mémoire des héritages notamment européens qu’elle traite sur un mode souvent contestataire : le rejet, la réinvention, la contestation ou la digestion voire le cannibalisme.
Le poids de l’Histoire
Le roman transatlantique semble défini par une relation intime avec le contexte historique et politique. Il thématise un passé antérieur, partagé et douloureux car, loin d’être aqua nullius ou espace vide subsumé par le telos d’une aventure et d’une conquête masculines, l’Atlantique représente plutôt une « eau lourde » de toute une violence historique qui hante le présent, vecteur d’un long travail de deuil figuré par une stase spatiale reflétant la profondeur du temps et la mort [27] . L’Histoire atlantique porte, en effet, un certain nombre de traumas : la douleur de l’esclavage liée au commerce triangulaire et des transplantations forcées d’un continent à l’autre, l’expérience de la colonisation puis des indépendances avec son cortège de transferts culturels et de situations d’acculturation. L’histoire se conçoit comme « connectée », dépassant les limites imposées entre les histoires nationales ou les aires culturelles et vise à faire émerger des interactions multiples entre local, régional et supra-régional qui n’ont rien de l’émiettement postmoderne [28] .
Ainsi, avec son roman historique en deux volumes, Ségou. Les murailles de la terre (1984) et Ségou. La Terre en miettes (1985) [29] , Maryse Condé s’inscrit dans une forme d’histoire connectée en inscrivant le genre dans une problématique qui invite à mettre en relation l’histoire des XVIIIe et XIXe siècles avec le présent des indépendances africaines. Son approche tend vers une biographie collective car c’est une histoire des communautés noires qu’elle tente de reconstituer, mais relève aussi de la saga, en l’occurrence, de l’histoire mythique d’une famille. L’intrigue, multilinéaire, met aux prises des individus avec les grands drames de l’histoire africaine (l’esclavage, la colonisation) qui retentissent encore dans le présent. Mais la connexion fonctionne également sur le plan géographique en reliant les deux rives de l’Atlantique.
Les drames de l’histoire possèdent effectivement une dimension transatlantique. L’expérience des esclaves africains, expédiés au Brésil ou secondairement à Cuba, est portée à la connaissance du lecteur par le récit des personnages, un récit de témoignage comme celui d’Ayodélé / Romana (I, 273) qui relève du genre du « slave narrative », mais inscrit dans un récit cadre [30] . Outre le Brésil, les Caraïbes constituent un point d’attraction pour les Africains. Dans la section « L’Autre rive » du second volume, Samuel, le fils d’Eucaristus, rêve de Jamaïque (II, 191). Par haine de l’Afrique et du père, il prend le nom de Trelawny qui est celui de sa mère d’origine jamaïcaine – mais aussi d’un aventurier anglais [31] –, et se reconstruit une généalogie rêvée tout en effectuant un voyage manifestement régressif, ad uterum. Dès lors, pour ce « névrosé de la diaspora [32] » le voyage ne peut que former l’itinéraire d’une désillusion (II, 247) car il découvre en 1865 une Jamaïque post-esclavage en ruine, une véritable terre gaste (II, 225), aux antipodes des déclarations du premier Anglais à avoir accosté en Jamaïque en 1597 : « cette île est une merveille. Le jardin des Indes » (II, 226). L’esclavage est également évoqué sur le mode du retour. Ainsi, certaines villes côtières d’Afrique comme Ouidah, ville du Bénin, abritent des sociétés cosmopolites et transculturelles du fait de l’installation d’Européens et d’anciens esclaves affranchis de retour du Brésil ou de Cuba comme les Agoudas (I, 252). Ces derniers présentent une véritable acculturation qui a traversé l’Atlantique : ils ont eux-mêmes des esclaves, parlent portugais (ou plus rarement espagnol), reproduisent les bals européens de Recife ou de Bahia, singeant les comportements de leurs anciens maîtres.
Dans cette optique, le concept de « Black Atlantic [33] » de Paul Gilroy propose un renouvellement conceptuel des notions de culture et d’identités noires. L’Atlantique noir, issu de la traite esclavagiste, s’entend comme formation culturelle transnationale, lieu d’échanges et de relations au sein duquel s’élaborent et se négocient les cultures noires des continents qui bordent l’Atlantique. Paul Gilroy note l’influence fondatrice du « Passage du Milieu » sur les diverses utopies de retour rédempteur à la patrie africaine et sur la circulation des idées. C’est précisément ce voyage fondateur et matriciel qu’Édouard Glissant imagine dans un fragment intitulé « La barque ouverte » : « la véritable Genèse des peuples de la Caraïbe, c’est le ventre du bateau négrier et c’est l’antre de la plantation [34] ». Le navire et sa navette génocidaire dans les flux océaniques apparaissent aux yeux de Paul Gilroy comme un motif essentiel pour traduire et comprendre la condition de la diaspora africaine disséminée dans l’hémisphère occidental car ce chronotope incarne une micro-unité culturelle et politique en mouvement [35] . Réfutant des termes qu’il juge inadéquats de « créolisation » ou « syncrétisme [36] », Paul Gilroy préfère envisager l’Atlantique comme un système culturel et politique, notamment conditionné par la matrice économique et historique constituée par l’esclavage des plantations [37] . L’Atlantique noir correspond donc à une culture initiée par la communauté noire transatlantique, transcendant les approches strictement nationalistes ou ethniques et privilégiant « les formes culturelles stéréophoniques, bilingues ou bifocales [38] ». Mais l’Atlantique noir ne se limite pas à l’Empire britannique envisagé par Paul Gilroy car il inclut bien d’autres espaces linguistiques : John Eliott a ainsi proposé une étude comparée entre les empires britannique et espagnol en Amérique [39] . Il remet au cœur du monde atlantique la notion d’Empire, à un moment où, à l’instar d’Alison Games, certains historiens prônent une histoire atlantique débarrassée de toute perspective impériale [40] .
La traite transatlantique se trouve encore au cœur de nombreux romans contemporains, notamment celui de Léonora Miano, La Saison de l’ombre (2013), qui confère une place particulière aux voix féminines doublement assujetties, par les structures patriarcales et l’intrusion coloniale. L’écriture du roman s’appuie sur une recherche historiographique qui met en lumière le quotidien des populations de l’Afrique centrale des XVIIe et XVIIIe siècles, moins celles qui sont déportées outre-Atlantique que celles qui restent dans un monde qui s’effondre avec l’arrivée des Européens. L’originalité du roman est de présenter les conséquences de la Traite sur les organisations sociales selon une forme de réalisme subjectif par le constat de disparitions soudaines d’hommes sans que le phénomène de l’esclavage ne soit compris ni expliqué [41] . Ce n’est que vers la fin du roman qu’est donnée l’explication avec la collusion entre les rois côtiers et les « étrangers aux pieds de poule » (les Européens) venus de « pongo » (du nord) pour acheter des hommes.
Lesté du poids de l’histoire, le roman transatlantique tend à revenir scruter la blessure toujours rouverte de l’esclavage et de la traite entre Europe, Afrique et Amériques. Mais c’est aussi la centralité de l’Europe qui est remise en cause, notamment par la quête identitaire de personnages circulant entre les continents et par la contestation des valeurs et des canons occidentaux. La traversée atlantique est fondatrice du roman par la thématique qu’elle implique, mais aussi par les structures qu’elle suppose et par la poétique qu’elle déploie. Comme le souligne Jean-Marc Moura, l’espace intercontinental est « instituant » dans la constitution du roman transatlantique, articulant traversées historiques et migrations littéraires [42] .
Le roman transatlantique relève de ce qu’Otmar Ette appelle « l’écrire-entre-les-mondes » [ZwischenWeltenSchreiben], qui a pour caractéristique de ne pouvoir être durablement territorialisée [43] , une « littérature sans résidence fixe » qui dépasse les catégories nationales pour privilégier les modèles transculturels et translinguistiques sans se limiter aux modèles de l’écriture de la migration. Désormais, il importe de relier les Afriques et les Amériques en tant qu’objets et en tant que lieux de production du savoir, une manière de répondre aux principes d’une histoire « symétrique » [44] .
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Notes
- [1]
Margaret Cohen évoque le chronomètre de marine, l’éradication du scorbut et la navigation à vapeur comme facteurs de progrès, « Literary Studies on the Terraqueous Globe », dans PMLA, May 2010, vol. 125, n° 3, p. 657-662.
- [2]
Voir Benoît Tadié, « Essor du récit criminel transatlantique : esquisse d’un champ de recherche », dans Transatlantica, 1 | 2012, http://transatlantica.revues.org/5785, consulté le 30/09/2016.
- [3]
Charles Brion, « Les Ambassadeurs de Henry James ou le roman transatlantique à l’envers », http://www.crhia.fr/doc_upload/Amabassadeurs_C.%20Brion.pdf, consulté le 25/10/2016.
- [4]
David Armitage, « Three Concepts of Atlantic History », dans David Armitage et Michael J. Braddick (dir.), The British Atlantic World, 1500-1800, New York, MacMillan, 2002, p. 11-27.
- [5]
Caryl Phillips, The Atlantic Sound [2000], Londres, Vintage, 2001.
- [6]
Voir l’ironie de Caryl Phillips : « According the publicity material, Panafest is to be a time when the diasporan family returns to Mother Africa to celebrate the arts, creativity and intellectual achievements of the Pan-African World », [« Selon les documents publicitaires, Panafest doit être un moment où la famille diasporique retourne vers la Mère Afrique pour célébrer les arts, la création et les réussites intellectuelles du monde pan-africain »], ibid., p. 133.
- [7]
Olaudah Equiano, The Interesting Narrative of Olaudah Equiano, or Gustavus Vassa, the African. Written by Himself [1789], Ma véridique histoire par Olaudah Equiano, Africain, esclave en Amérique, homme libre, traduit, présenté et annoté par Régine Mfoumou-Arthur, Paris, Mercure de France, 2008.
- [8]
Le « Middle passage » constitue la deuxième étape du commerce triangulaire et correspond à l’arrachement traumatique à l’Afrique et à l’exil forcé en Amérique. Voir Christopher L. Miller, The French Atlantic Triangle : Literature and Culture of the Slave Trade, Durham, Duke University Press, 2008, p. 49.
- [9]
C’est le phénomène de transculturación, proposé par l’ethnologue cubain Fernando Ortíz. Voir Christian Lerat (dir.), Élites et intelligentsia dans le monde caraïbe, Paris, L’Harmattan, 2008, p. 202.
- [10]
Roger Bastide, Les Amériques noires : les civilisations africaines dans le Nouveau Monde, Paris, Payot, 1967.
- [11]
Tierno Monénembo, Pelourinho, Paris, Seuil, 1995, p. 30.
- [12]
Tierno Monénembo, Les coqs cubains chantent à minuit, Paris, Seuil, 2015, p. 21 et 27.
- [13]
Gayatri Chakravorty Spivak, « Three women texts and a critique of imperialism », dans Critical Inquiry, 12 (1), 1985, p. 243-261.
- [14]
Voir Cécile Brochard, Écrire le pouvoir. Les romans du dictateur à la première personne, Paris, Honoré Champion, coll. « Bibliothèque de littérature générale et comparée », 2015.
- [15]
Achille Mbembe, « Nécropolitique », dans Raisons politiques 2006/1, n° 21, p. 29-60. La nécropolitique prend à revers le « biopouvoir » de Michel Foucault en examinant comment la souveraineté réside dans « le pouvoir et la capacité de dire qui pourra vivre et qui doit mourir ».
- [16]
Dipesh Chakrabarty, Provincializing Europe (2000), Provincialiser l’Europe. La pensée postcoloniale et la différence historique, traduction Olivier Ruchet et Nicolas Vieillescazes, Paris, Éditions Amsterdam, 2009.
- [17]
Voir Mary Louise Pratt, Imperial Eyes : Travel Writing and Transculturation [1992], Londres & New York, Routledge, 2000.
- [18]
Voir Judith Butler, Gender Trouble. Feminism and the Subversion of Identity [1990], New York & Londres, Routledge, 2002, p. 6 (notre traduction).
- [19]
Voir Kimberlé W. Crenshaw, « Demarginalizing the Intersection of Race and Sex: A Black Feminist Critique of Antidiscrimination Doctrine, Feminist Theory and Antiracist Politics », dans University of Chicago Legal Forum, 1989, p. 139-167. Il s’agit de la co-détermination mutuelle des discriminations d’ordre sexuel, d’ordre « racial » et d’ordre social.
- [20]
Voir, entre autres, Chloé Chaudet, « Des trajectoires féminines entre l’Afrique et les Amériques chez Chimamanda Ngozi Adichie, Maryse Condé, Waris Dirie et Toni Morrison : vers une nouvelle pensée du féminisme et du roman transatlantique », dans Yves Clavaron et Jean-Marc Moura (dir.), Histoire des Lettres transatlantiques. Les relations littéraires Afrique-Amériques, Bécherel, Les Perséides, coll. « Le monde Atlantique », 2017, p. 147-159.
- [21]
Chimamanda Ngozi Adichie, Americanah [2013], Londres, Fourth Estate, 2017, p. 290 et 476 ; Americanah, traduction Anne Damour [2014], Paris, Gallimard, « Folio », 2016, p. 428 et 683.
- [22]
Taiye Selasi est née à Londres d’une mère d’origine nigériane et d’un père ghanéen, tous les deux médecins et installés dans une banlieue chic de Boston. Son premier roman, Ghana must go (2013), met en scène la diaspora noire et ses relations complexes avec l’Afrique.
- [23]
Taiye Selasi, « Bye-Bye, Babar (Or: What is an Afropolitan?) » dans The Lip, 2005, http://thelip.robertsharp.co.uk/?p=76, consulté le 16/11/14. Le texte est publié à la fin de l’édition Penguin 2014 (pages non numérotées mais correspondant aux p. 322-326). Le titre est un écho ironique à une phrase d’Eddie Murphy « Hello, Babar » dans un film de 1988, Coming to America consacré à un émigré africain aux États-Unis.
- [24]
Voir Christine Chivallon, La diaspora noire des Amériques, Paris, CNRS, 2004.
- [25]
Achille Mbembe, Sortir de la grande nuit. Essai sur l’Afrique colonisée, Paris, La Découverte, 2010, p. 224.
- [26]
Édouard Glissant, Introduction à une poétique du divers, Paris, Gallimard, 1996, p. 28.
- [27]
Voir Elizabeth DeLoughrey, « Heavy Waters : Waste and Atlantic Modernity », dans PMLA, Volume 125, Number 3, May 2010, p. 703–712. Elle emprunte bien sûr l’expression à Gaston Bachelard, « l’eau lourde ».
- [28]
Voir Sanjay Subrahmanyam, « Connected histories : notes towards a reconfiguration of early modern Eurasia », dans Victor Lieberman (dir.), Beyond Binary Histories. Re-Imagining Eurasia to c. 1830, Ann Arbor, The University of Michigan Press, 1999, p. 289-316.
- [29]
Publiés chez Robert Laffont. Les citations seront données entre parenthèses avec le numéro du volume en chiffre romain suivi du numéro de pages.
- [30]
Voir sur ces genres, Yves Clavaron, « Faire parler une esclave noire du xviie siècle : les genres littéraires mis au défi dans Moi, Tituba sorcière de Maryse Condé », in Jérôme Dutel (dir.), L’autorité des genres, Cahiers du Celec, n°9, 2015, http://cahiersducelec.univ-st-etienne.fr/, 11 p.
- [31]
Edward John Trelawny (1792-1881), biographe, romancier, marin et corsaire, contemporain et ami des romantiques Byron et Shelley.
- [32]
C’est ainsi qu’est qualifiée Véronica dans Heremakhonon. Voir Madeleine Cottenet-Hage et Lydie Moudileno (dir.), Maryse Condé : une nomade inconvenante. Mélanges offerts à Maryse Condé, Matoury (Guyane), Ibis Rouge, 2002, « Présentation », p. 14.
- [33]
Paul Gilroy, The Black Atlantic. Modernity and Double Consciousness, Cambridge (Mass.), Harvard Universiy Press, 1992 ; L’Atlantique noir. Modernité et double conscience, traduction Jean-Philippe Henquel, Paris, Kargo, 2003.
- [34]
Édouard Glissant, Introduction à une poétique du divers, Paris, Gallimard, 1996op. cit., p. 35.
- [35]
Paul Gilroy, L’Atlantique noir. Modernité et double conscience, op. cit., p. 35.
- [36]
« Ces termes constituent des manières plutôt insatisfaisantes de désigner les processus de mutation culturelle et de (dis)continuité mouvante qui débordent le discours racial et échappent à ses agents », Paul Gilroy, op. cit., p. 17.
- [37]
Ibid., p. 33.
- [38]
Ibid., p. 17.
- [39]
John Elliott, Empires of the Atlantic World. Britain and Spain in America, 1492-1830, New Haven (Con.) et Londres, Yale University Press, 2006. L’essai a été également publié en espagnol : Imperios del mundo atlántico. España y Gran Bretaña en América, 1492-1830, Madrid, Taurus, 2006.
- [40]
Voir l’article de Cécile Vidal, « La nouvelle histoire atlantique en France : Ignorance, réticence et reconnaissance tardive », dans Nuevo Mundo Mundos Nuevos : http://nuevomundo.revues.org/ index42513.html, consulté le 11/05/2016.
- [41]
« Leur disparition inexpliquée a taillé en pièces l’harmonie de la vie en communauté », Léonora Miano, La Saison de l’ombre, Paris, Grasset, « Pocket », 2013, p. 224.
- [42]
Voir Jean-Marc Moura et Yves Clavaron, « Introduction », dans Yves Clavaron et Jean-Marc Moura (dir.), Histoire des Lettres transatlantiques : les relations littéraires Afrique-Amériques, op. cit., p. 7-19.
- [43]
Ottmar Ette, ZwischenWeltenSchreiben. Literaturen ohne festen Wohnsitz, Berlin, Kulturverlag Kadmos, 2015, p. 14-15.
- [44]
« Cette notion de « symétrie » renvoie, dans l’acception de la sociologie des sciences, à un « principe de symétrie généralisée » (David Bloor, Knowledge and Social Imagery, Chicago University Press, 1976) qui confère une égale dignité documentaire à l’ensemble des énoncés en présence – autrement dit qui ne les répartit pas, d’entrée de jeu, de façon téléologique, en “vainqueurs” et en “vaincus” », Romain Bertrand, L’Histoire à parts égales, Paris, Seuil, 2011, p. 14.
Pour citer cet article
Yves Clavaron, « Pour un roman transatlantique en contexte postcolonial », SFLGC, bibliothèque comparatiste, publié le .../.../2019, URL : https://sflgc.org/acte/clavaron-yves-pour-un-roman-transatlantique-en-contexte-postcolonial/, page consultée le 24 Novembre 2024.
Biographie de l'auteur
CLAVARON Yves
Yves Clavaron est professeur de littérature générale et comparée à l’Université Jean Monnet de Saint-Étienne. Ses travaux portent sur le postcolonialisme, la francophonie, l’écocritique dans les domaines anglophone et francophone. Il est l’auteur de Poétique du roman postcolonial (Publications Université de Saint-Étienne, 2011), Edward Said : L’intifada de la culture (Kimé, 2013), Petite introduction aux Postcolonial Studies (Kimé, 2015) et Francophonie, postcolonialisme et mondialisation (Classiques Garnier, 2018). Son ouvrage, Le Génie de l’Italie (Connaissances et Savoirs, 2006) a été réédité en 2017. Il a dirigé un ouvrage collectif avec Jean-Marc Moura, Histoire des Lettres transatlantiques : les relations littéraires Afrique-Amériques (Bécherel, Les Perséides, 2017).