appel
AàC 41e Congrès de la SFLGC : « Migrations des genres et des formes artistiques » pour le 31.01
Lieu de l'événement : Toulouse
Appel à communication
41e Congrès de la SFLGC : « Migrations des genres et des formes artistiques »
Toulouse, 11-13 octobre 2017
Les propositions de communication (une page maximum avec notice bio-bibliographique) sont à adresser avant le 31 janvier 2017 à ladresse congres.sflgc2017@gmail.com
Argument
La question des genres artistiques et littéraires a connu un renouveau significatif depuis une vingtaine dannées : au lieu daborder les genres dans une perspective taxinomique (poétique classique, systèmes romantiques) ou historique (processus de remaniements, de combinaisons, demprunts, dhybridations), les approches récentes en font plutôt des outils de création et dinterprétation. Sinscrivant dans tel ou tel genre, une uvre fixe des attentes, détourne et renouvelle des codes, des conventions et des topoï, parfois venus dautres arts.
Nous proposons demprunter ces voies en adoptant un point de vue résolument comparatiste, pour étudier le renouvellement des genres et des formes par leurs migrations : évolutions des genres à travers le temps, voyages à travers lespace, migrations entre les traditions, les langues, les territoires de création, et enfin transferts entre les différents arts.
Il sagit donc de proposer un travail sur les genres, ou bien à travers létude de cas précis, dans des aires privilégiées, qui donneront lieu à des développements spécifiques, ou bien par la réflexion sur des questions théoriques plus vastes, articulant questions génériques et problématiques comparatistes majeures poétique comparée, interculturalité, intermédialité, transferts culturels, questions de genre (gender).
1. Poétiques comparées
Peut-on comparer des genres ? Sinscrivent-ils nécessairement dans une tradition donnée ? Quy a-t-il de commun par exemple entre une élégie grecque, une élégie française du XVIIIe siècle et une elegía latino-américaine du XXe siècle ? Ou entre une épopée indienne et chinoise ? Les catégories génériques sont-elles solubles dans dautres traditions ? Lorsque les noms de genre ne trouvent pas de traduction exacte, peut-on imaginer des équivalences ? Sur quoi se fonde-t-on alors ? Les difficultés de définition que posent les genres sont-elles simplement multipliées ou déplacées lorsque lon adopte une perspective comparatiste ?
Un genre possède-t-il véritablement un noyau ? Est-ce alors ce noyau qui migre ? Comment le genre survit-il à sa transposition formelle, aux changements éventuels de medium, de langue, ou de système métrique ? Quest-ce ainsi quune élégie une fois que tombe, en langue vulgaire, lalternance hexamètre/pentamètre du modèle latin (une question qui embarrasse les arts poétiques renaissants) ? Comment alors définir un genre, non simplement par un contenu (lamour, la plainte, le regret), mais aussi par un « état desprit », comme lévoque Pound dans son texte « Religio », qui définit les « dieux » du culte poétique : « A god is an eternal state of mind » ?
Une question se pose alors : comment se transmet cet « état desprit éternel » ? En répétant ou en revivant une posture, des gestes, un type dénoncé ? En se référant à lancêtre qui a posé la loi de ce genre, de cette musique propre à l« état desprit », pour réactiver sa présence ? (Pétrarque, dans le sonnet, Callimaque dans lélégie, Virgile dans la bucolique, sont-ils plus importants pour désigner lappartenance du texte que les règles auxquelles ce dernier semble se soumettre ?).
Si le genre ou la forme liés à tel ou tel « état desprit éternel » peuvent prétendre survivre à la disparition de leur code formel, et en particulier de leur système métrique, à linverse, la reviviscence dun rythme suffit peut-être à faire revivre un esprit premier : cest ce que dit Brodsky à propos des tentatives pour introduire des rythmes classiques dans la poésie moderne, enjeu crucial dune écriture musicale proprement dite (doù limportance symbolique par exemple des tentatives faites pour écrire en hexamètres même dans des langues modernes peu accentuées).
Enfin, on peut considérer quun genre correspond à un territoire imaginaire, à un type de « lieu ». Configurer le nouveau réel dont on sempare à limage de ce lieu serait-il alors lopération décisive pour faire revivre la loi dun genre ?
2. Définir des espaces de migration ?
On sera attentif à définir et distinguer différents espaces de migration des genres et des formes.
Lespace transatlantique pourrait apparaître comme privilégié : parce que les langues européennes migrent vers les Amériques, elles apportent avec elles des traditions génériques qui seront parfois délaissées, parfois au contraire objets dappropriation (typiquement lépopée, ressentie comme un genre fondateur, ou de manière plus inattendue le sonnet, très pratiqué dans les Amériques, jusquà lépoque contemporaine, dans une relation démulation avec la littérature européenne, avant de développer sa propre branche. Ou encore, cest paradoxalement le déplacement de la « romance » gothique anglaise qui va permettre à Hawthorne de fonder une forme américaine vernaculaire du roman). Et quen est-il ensuite dun retour des formes américaines vers lEurope ? Quen est-il dune circulation des genres et des formes entre Russie et Amériques ?
Lespace méditerranéen permet de réfléchir à dautres dynamiques de transferts, dhybridations. Plus généralement on pourra se pencher sur les espaces postcoloniaux et se demander quels sont les genres et les formes qui y sont les plus sollicités. Dans quelle mesure la langue est-elle alors un vecteur essentiel de la migration ? On veillera donc à faire place à des espaces non-européens de migrations des genres et des formes, en sinterrogeant toujours sur la pertinence de ces catégories dans les espaces en question.
3. Interroger les terminologies et les classifications
- Genre, forme, topos...
Les termes de « genre » et de « forme » ne servent pas ici à fixer une terminologie mais davantage à ouvrir la réflexion, à la faveur de lapproche comparatiste. Le glissement dune langue à lautre permet de redistribuer les genres dans de nouveaux systèmes de catégorisations.
La « migration » formelle permet dinterroger la hiérarchisation entre genre, forme et schémas plus réduits, comme une formule ou un topos. Dans un genre donné, comme le domaine narratif par exemple, les travaux de la Société danalyse de la topique romanesque (http://www.satorbase.org/) montrent lextension de certains micro-scénarios dans les récits antérieurs à 1800. Mais si les topoï engagent des réécritures, la question de la migration permet aussi dexplorer comment ils favorisent la transgression générique, ou la porosité entre les genres.
- Déplacement, travestissement, parodie
Le travestissement, le transfert dun thème, dun objet, dun genre à lautre (par exemple Le Virgile travesti de Scarron) déborde, ou intensifie les enjeux de la simple parodie. Ce déplacement ne se fait dailleurs pas toujours depuis le genre haut, noble, sérieux, vers le comique. Le miroitement dune forme dans une autre, dune forme grande dans une forme petite, est un jeu typique des élégiaques latins, des épitres métriques de Pétrarque, mais aussi bien de la poésie dAuden et de son héritage postmoderne (lépique chez Derek Walcott, la pastorale chez Seamus Heaney, la poésie didactique chez Jacques Reda) : une forme majeure « migre » à lintérieur dune forme mineure, et rend souvent très complexe la saisie de l« engagement », de la « sincérité » de lauteur. Ces porte-voix que se donne un auteur exhibent-ils justement lartefact du genre ? En ce sens, le jeu avec le modèle générique a quelque chose à voir avec lesthétique (et léthique) de la citation. Cela peut mener à des exemples extrêmes, caractéristiques de poétiques contemporaines, notamment lorsquil sagit des migrations du populaire au savant et inversement.
- Comparatisme et études de genre / gender
Du point de vue auctorial ou des études de réception et des pratiques de lecture à travers lhistoire, certains genres apparaissent-ils appariés à un genre (gender) ? Dans quelle mesure le phénomène dassignation à un genre (gender), dans un espace social donné, détermine-t-il une « destinée » esthétique et prédispose-t-il à la fréquentation de certains genres littéraires ou artistiques ? Quelle est la variabilité de cette réalité selon les domaines culturels et géographiques ? Existe-t-il des genres qui soient particulièrement propices à la représentation et à lexplicitation des questions de genre (gender), au point de fonder une nouvelle poétique ? Dans cette perspective, la question du genre (gender) des genres artistiques nest pas effacée par les jeux de mots et par lhomonymie ; au contraire, ce rapprochement peut être lui-même interrogé.
4. Comparer genres, formes et arts
- Comparatisme interartistique
Il sagit dune problématique majeure de la littérature comparée, qui explore comment les modèles musicaux, littéraires, picturaux, architecturaux, cinématographiques, chorégraphiques (etc.) sinforment ou se font concurrence. Lapproche générique permet dadopter un angle spécifique sur ces questions. On pourra citer à titre dexemple le travail déjà mené au laboratoire LLA-Creatis sur le Tombeau, monument qui concerne dabord les arts plastiques ou larchitecture, puis qui sest constitué à la Renaissance en genre poétique collectif de lhommage funèbre, et sest ensuite épanoui comme genre musical au XXe siècle, avant de connaître un renouveau important dans les poésies contemporaines, notamment francophones. Approches historiques et interartistiques sont ici conjointes.
- Comparatisme et intermédialité
Les enjeux recoupent en partie ceux du comparatisme interartistique mais les déplacent puisque lanalyse tient compte du medium, dont linvestissement nest pas toujours a priori artistique. On parle par exemple parfois de « genre » épistolaire, mais il sagit dune catégorie qui nest pas exclusivement littéraire et qui renvoie dabord à une pratique communicationnelle, à une modalité énonciative et à des media spécifiques, autant quà une poétique. Dans le domaine littéraire, cette modalité peut sassocier à la question des genres, par exemple dans le cas très particulier du roman épistolaire, trop longtemps abordé, sous prétexte dexemplarité, dans un contexte essentiellement français. Dans dautres genres artistiques, lenvoi ou ladresse notamment articulent luvre à la question de la communication. Participant dune circulation présentée comme consubstantielle, la lettre est un exemple paradigmatique qui permet une réflexion sur la migration elle-même et ses avanies : la lettre est « ouverte », se perd ou ne part jamais. À linstar de la lettre, dautres objets permettent-ils de penser le voyage et les migrations, des genres et des formes ?
- On pourra évidemment croiser ces approches. Ainsi de la « théâtralité » comme « forme » transartistique et transculturelle. Comment la structure théâtrale (éléments mise en scène, regards de spectateur, notion de « jeu » et de personnage, de costume, de masque etc.) migre-t-elle dans les autres formes et genres artistiques (cinéma, peinture, installation, roman etc.). Mais aussi quelles conceptions de la « théâtralité », de ce qui fait ou non théâtre, dun espace géographique et culturel à un autre. On pourra par exemple réfléchir à la migration de la forme rituelle à la forme théâtrale notamment dans les aires non européennes.
*
Comité scientifique : Hélène Beauchamp, Pierre-Yves Boissau, François Bonfils, Claire Gheerardyn, Christophe Imbert, Delphine Rumeau, Frédéric Sounac et Benoît Tane (Université Toulouse Jean Jaurès), Anne Duprat (Université dAmiens), Guy Ducrey (Université de Strasbourg).
Les communications ne pourront dépasser 20-25 minutes.
Il est rappelé quil faut être à jour de sa cotisation à la SFLGC pour participer au Congrès.
LAssociation de Littérature Générale et Comparée de
41e Congrès de la SFLGC : « Migrations des genres et des formes artistiques »
Toulouse, 11-13 octobre 2017
Les propositions de communication (une page maximum avec notice bio-bibliographique) sont à adresser avant le 31 janvier 2017 à ladresse congres.sflgc2017@gmail.com
Argument
La question des genres artistiques et littéraires a connu un renouveau significatif depuis une vingtaine dannées : au lieu daborder les genres dans une perspective taxinomique (poétique classique, systèmes romantiques) ou historique (processus de remaniements, de combinaisons, demprunts, dhybridations), les approches récentes en font plutôt des outils de création et dinterprétation. Sinscrivant dans tel ou tel genre, une uvre fixe des attentes, détourne et renouvelle des codes, des conventions et des topoï, parfois venus dautres arts.
Nous proposons demprunter ces voies en adoptant un point de vue résolument comparatiste, pour étudier le renouvellement des genres et des formes par leurs migrations : évolutions des genres à travers le temps, voyages à travers lespace, migrations entre les traditions, les langues, les territoires de création, et enfin transferts entre les différents arts.
Il sagit donc de proposer un travail sur les genres, ou bien à travers létude de cas précis, dans des aires privilégiées, qui donneront lieu à des développements spécifiques, ou bien par la réflexion sur des questions théoriques plus vastes, articulant questions génériques et problématiques comparatistes majeures poétique comparée, interculturalité, intermédialité, transferts culturels, questions de genre (gender).
1. Poétiques comparées
Peut-on comparer des genres ? Sinscrivent-ils nécessairement dans une tradition donnée ? Quy a-t-il de commun par exemple entre une élégie grecque, une élégie française du XVIIIe siècle et une elegía latino-américaine du XXe siècle ? Ou entre une épopée indienne et chinoise ? Les catégories génériques sont-elles solubles dans dautres traditions ? Lorsque les noms de genre ne trouvent pas de traduction exacte, peut-on imaginer des équivalences ? Sur quoi se fonde-t-on alors ? Les difficultés de définition que posent les genres sont-elles simplement multipliées ou déplacées lorsque lon adopte une perspective comparatiste ?
Un genre possède-t-il véritablement un noyau ? Est-ce alors ce noyau qui migre ? Comment le genre survit-il à sa transposition formelle, aux changements éventuels de medium, de langue, ou de système métrique ? Quest-ce ainsi quune élégie une fois que tombe, en langue vulgaire, lalternance hexamètre/pentamètre du modèle latin (une question qui embarrasse les arts poétiques renaissants) ? Comment alors définir un genre, non simplement par un contenu (lamour, la plainte, le regret), mais aussi par un « état desprit », comme lévoque Pound dans son texte « Religio », qui définit les « dieux » du culte poétique : « A god is an eternal state of mind » ?
Une question se pose alors : comment se transmet cet « état desprit éternel » ? En répétant ou en revivant une posture, des gestes, un type dénoncé ? En se référant à lancêtre qui a posé la loi de ce genre, de cette musique propre à l« état desprit », pour réactiver sa présence ? (Pétrarque, dans le sonnet, Callimaque dans lélégie, Virgile dans la bucolique, sont-ils plus importants pour désigner lappartenance du texte que les règles auxquelles ce dernier semble se soumettre ?).
Si le genre ou la forme liés à tel ou tel « état desprit éternel » peuvent prétendre survivre à la disparition de leur code formel, et en particulier de leur système métrique, à linverse, la reviviscence dun rythme suffit peut-être à faire revivre un esprit premier : cest ce que dit Brodsky à propos des tentatives pour introduire des rythmes classiques dans la poésie moderne, enjeu crucial dune écriture musicale proprement dite (doù limportance symbolique par exemple des tentatives faites pour écrire en hexamètres même dans des langues modernes peu accentuées).
Enfin, on peut considérer quun genre correspond à un territoire imaginaire, à un type de « lieu ». Configurer le nouveau réel dont on sempare à limage de ce lieu serait-il alors lopération décisive pour faire revivre la loi dun genre ?
2. Définir des espaces de migration ?
On sera attentif à définir et distinguer différents espaces de migration des genres et des formes.
Lespace transatlantique pourrait apparaître comme privilégié : parce que les langues européennes migrent vers les Amériques, elles apportent avec elles des traditions génériques qui seront parfois délaissées, parfois au contraire objets dappropriation (typiquement lépopée, ressentie comme un genre fondateur, ou de manière plus inattendue le sonnet, très pratiqué dans les Amériques, jusquà lépoque contemporaine, dans une relation démulation avec la littérature européenne, avant de développer sa propre branche. Ou encore, cest paradoxalement le déplacement de la « romance » gothique anglaise qui va permettre à Hawthorne de fonder une forme américaine vernaculaire du roman). Et quen est-il ensuite dun retour des formes américaines vers lEurope ? Quen est-il dune circulation des genres et des formes entre Russie et Amériques ?
Lespace méditerranéen permet de réfléchir à dautres dynamiques de transferts, dhybridations. Plus généralement on pourra se pencher sur les espaces postcoloniaux et se demander quels sont les genres et les formes qui y sont les plus sollicités. Dans quelle mesure la langue est-elle alors un vecteur essentiel de la migration ? On veillera donc à faire place à des espaces non-européens de migrations des genres et des formes, en sinterrogeant toujours sur la pertinence de ces catégories dans les espaces en question.
3. Interroger les terminologies et les classifications
- Genre, forme, topos...
Les termes de « genre » et de « forme » ne servent pas ici à fixer une terminologie mais davantage à ouvrir la réflexion, à la faveur de lapproche comparatiste. Le glissement dune langue à lautre permet de redistribuer les genres dans de nouveaux systèmes de catégorisations.
La « migration » formelle permet dinterroger la hiérarchisation entre genre, forme et schémas plus réduits, comme une formule ou un topos. Dans un genre donné, comme le domaine narratif par exemple, les travaux de la Société danalyse de la topique romanesque (http://www.satorbase.org/) montrent lextension de certains micro-scénarios dans les récits antérieurs à 1800. Mais si les topoï engagent des réécritures, la question de la migration permet aussi dexplorer comment ils favorisent la transgression générique, ou la porosité entre les genres.
- Déplacement, travestissement, parodie
Le travestissement, le transfert dun thème, dun objet, dun genre à lautre (par exemple Le Virgile travesti de Scarron) déborde, ou intensifie les enjeux de la simple parodie. Ce déplacement ne se fait dailleurs pas toujours depuis le genre haut, noble, sérieux, vers le comique. Le miroitement dune forme dans une autre, dune forme grande dans une forme petite, est un jeu typique des élégiaques latins, des épitres métriques de Pétrarque, mais aussi bien de la poésie dAuden et de son héritage postmoderne (lépique chez Derek Walcott, la pastorale chez Seamus Heaney, la poésie didactique chez Jacques Reda) : une forme majeure « migre » à lintérieur dune forme mineure, et rend souvent très complexe la saisie de l« engagement », de la « sincérité » de lauteur. Ces porte-voix que se donne un auteur exhibent-ils justement lartefact du genre ? En ce sens, le jeu avec le modèle générique a quelque chose à voir avec lesthétique (et léthique) de la citation. Cela peut mener à des exemples extrêmes, caractéristiques de poétiques contemporaines, notamment lorsquil sagit des migrations du populaire au savant et inversement.
- Comparatisme et études de genre / gender
Du point de vue auctorial ou des études de réception et des pratiques de lecture à travers lhistoire, certains genres apparaissent-ils appariés à un genre (gender) ? Dans quelle mesure le phénomène dassignation à un genre (gender), dans un espace social donné, détermine-t-il une « destinée » esthétique et prédispose-t-il à la fréquentation de certains genres littéraires ou artistiques ? Quelle est la variabilité de cette réalité selon les domaines culturels et géographiques ? Existe-t-il des genres qui soient particulièrement propices à la représentation et à lexplicitation des questions de genre (gender), au point de fonder une nouvelle poétique ? Dans cette perspective, la question du genre (gender) des genres artistiques nest pas effacée par les jeux de mots et par lhomonymie ; au contraire, ce rapprochement peut être lui-même interrogé.
4. Comparer genres, formes et arts
- Comparatisme interartistique
Il sagit dune problématique majeure de la littérature comparée, qui explore comment les modèles musicaux, littéraires, picturaux, architecturaux, cinématographiques, chorégraphiques (etc.) sinforment ou se font concurrence. Lapproche générique permet dadopter un angle spécifique sur ces questions. On pourra citer à titre dexemple le travail déjà mené au laboratoire LLA-Creatis sur le Tombeau, monument qui concerne dabord les arts plastiques ou larchitecture, puis qui sest constitué à la Renaissance en genre poétique collectif de lhommage funèbre, et sest ensuite épanoui comme genre musical au XXe siècle, avant de connaître un renouveau important dans les poésies contemporaines, notamment francophones. Approches historiques et interartistiques sont ici conjointes.
- Comparatisme et intermédialité
Les enjeux recoupent en partie ceux du comparatisme interartistique mais les déplacent puisque lanalyse tient compte du medium, dont linvestissement nest pas toujours a priori artistique. On parle par exemple parfois de « genre » épistolaire, mais il sagit dune catégorie qui nest pas exclusivement littéraire et qui renvoie dabord à une pratique communicationnelle, à une modalité énonciative et à des media spécifiques, autant quà une poétique. Dans le domaine littéraire, cette modalité peut sassocier à la question des genres, par exemple dans le cas très particulier du roman épistolaire, trop longtemps abordé, sous prétexte dexemplarité, dans un contexte essentiellement français. Dans dautres genres artistiques, lenvoi ou ladresse notamment articulent luvre à la question de la communication. Participant dune circulation présentée comme consubstantielle, la lettre est un exemple paradigmatique qui permet une réflexion sur la migration elle-même et ses avanies : la lettre est « ouverte », se perd ou ne part jamais. À linstar de la lettre, dautres objets permettent-ils de penser le voyage et les migrations, des genres et des formes ?
- On pourra évidemment croiser ces approches. Ainsi de la « théâtralité » comme « forme » transartistique et transculturelle. Comment la structure théâtrale (éléments mise en scène, regards de spectateur, notion de « jeu » et de personnage, de costume, de masque etc.) migre-t-elle dans les autres formes et genres artistiques (cinéma, peinture, installation, roman etc.). Mais aussi quelles conceptions de la « théâtralité », de ce qui fait ou non théâtre, dun espace géographique et culturel à un autre. On pourra par exemple réfléchir à la migration de la forme rituelle à la forme théâtrale notamment dans les aires non européennes.
*
Comité scientifique : Hélène Beauchamp, Pierre-Yves Boissau, François Bonfils, Claire Gheerardyn, Christophe Imbert, Delphine Rumeau, Frédéric Sounac et Benoît Tane (Université Toulouse Jean Jaurès), Anne Duprat (Université dAmiens), Guy Ducrey (Université de Strasbourg).
Les communications ne pourront dépasser 20-25 minutes.
Il est rappelé quil faut être à jour de sa cotisation à la SFLGC pour participer au Congrès.
LAssociation de Littérature Générale et Comparée de
Roumanie
(ALGCR) a été invitée à participer à ce Congrès.