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appel JE pour le 15 juin : “Littérature comparée et Gender : comment articuler les croisements ?”, Paris 3
APPEL À COMMUNICATIONS

JOURNÉE D’ÉTUDES DU 6 FÉVRIER 2015

Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3
Centre d’Études et de Recherches Comparatistes (EA 172)

Littérature comparée et Gender : comment articuler les croisements ?

For the CFP in English, see below

Les remous publics actuels autour de la menace que poserait une prétendue « théorie du genre » prouvent que le genre soulève, dès qu’on veut faire bouger les lignes, bien des questions dérangeantes et toujours d’une grande acuité. L’interrogation est d’autant plus urgente que les conceptions genrées dominantes dans la société, les œuvres littéraires et les productions culturelles ne vont jamais de soi et en constituent une des pierres d’achoppement les plus sensibles.

Contexte scientifique

Du canon à l’analyse des textes ou des genres littéraires, les Gender Studies qui se sont développées à partir des travaux des féministes des années 1970 et 1980, ont étendu les questionnements (au sens d’enquête, certes, mais aussi de remise en question) aux identités déviantes/dissidentes (LGBTI) et, dans la perspective de la théorie queer (après Sedgwick et Butler entre autres), à la résistance aux identités. Dans la dernière décennie, la dénaturalisation des genres sexués (et des rôles socialement assignés aux genres) a atteint aussi la masculinité, qui a perdu son caractère d’évidence. La prise en compte de ces développements théoriques dans les études littéraires a eu pour effet de rendre problématiques les objets culturels transmis de génération en génération de chercheurs et d’érudits. Il s’agit par exemple d’une réflexion sur le rôle des femmes dans l’émergence du roman en Europe aux débuts de l’époque moderne, ou de la mise en évidence d’une invisibilité culturellement produite de certains objets, de l’effacement ou de l’évaluation négative de tout un pan de la production littéraire en fonction de critères explicites ou implicites de genre (gender) – donc questions de canon – ou d’une relecture des textes (déjà reconnus ou non par la culture dominante) qui mette en évidence la représentation, la reproduction ou la construction d’identités et de rôles (le masculin, le féminin). Mais une étude fondée sur une vision du genre comme critère indépendant risquerait de réintroduire les conceptions essentialistes en réaction auxquelles les Gender Studies se sont développées. D’où l’importance de considérer (surtout dans le contexte actuel notamment des études postcoloniales et des Cultural Studies) les approches qui tiennent compte d’autres déterminations sociales (la classe, la « race », etc.), approches qui relèvent de ce qu’on appelle aujourd’hui l’intersectionnalité : ces manières de soumettre les textes à de nouveaux croisements et à de nouveaux regards produisent un effet de mise à distance, qui revient à construire de nouveaux objets – donc un effet heuristique de défamiliarisation.

Questionnement

Comment les nouvelles approches et les nouveaux champs renouvellent-ils les objets littéraires et culturels auxquels la littérature comparée comme discipline s’intéresse ? Comment le gender modifie-t-il, théoriquement et concrètement, nos pratiques comparatistes ?

Cet appel s’adresse à des spécialistes confirmé/es aussi bien qu’aux jeunes chercheurs/euses qui s’intéressent tant à l’Antiquité qu’aux débuts de l’époque moderne ou à l’époque contemporaine, tant au domaine occidental qu’au domaine extra-occidental – dans la mesure où les études de genre et les Queer Studies, dans leur logique de remise en cause des évidences de l’identité, ont aujourd’hui partie liée, pour leurs méthodes mais aussi pour leurs objets, avec les approches intersectionnelles.

La journée d’étude du 6 février 2015 est la première d’une série des trois journées d’étude. Ces journées entendent faire se rencontrer des chercheurs/euses de la communauté scientifique internationale, aux traditions universitaires différentes, qui présenteront leurs pratiques de la recherche en réfléchissant spécifiquement à l’apport des concepts du genre et du queer au renouvellement des objets (textes, mais aussi culture d’une époque ou d’un environnement linguistique donnés) dans le champ comparatiste. Ces journées permettront de préparer un colloque international sur la littérature comparée et le gender, en dégageant les axes et questionnements principaux.

Ces journées d’étude sont pensées de manière à faire le point et un bilan d’étape sur nos pratiques comparatistes en lien avec le gender.

Chaque journée est consacrée à une question transversale : la première (6 février 2015) problématisera les modalités, pratiques et les effets du croisement ; la seconde (novembre 2015) portera spécifiquement sur le début de l’époque moderne ; la troisième (juin 2016) élargira de nouveau la perspective, en mettant en question(s) plus spécifiquement les croisements entre littérature comparée et Queer ainsi que le dépassement des identités que ce dernier implique. Dans ce cadre, les thèmes spécifiques de cette troisième journée, ainsi que ceux du colloque final, sont encore à préciser et découleront plus précisément des discussions lors des deux premières journées d’étude. Certaines questions abordées lors des deux premières journées pourront dès lors être retravaillées ultérieurement, en adoptant une autre perspective ou un autre angle – par exemple en reprenant le croisement gender/postcolonial à travers les notions d’éloignement et de décentrement.

Sans prétendre à l’exhaustivité, on privilégiera pour la journée d’études du 6 février 2015 les axes suivants :

- Problématisation de la notion même de croisement, les modalités et formes qu’elle revêt – croisement littérature comparée et gender bien sûr, mais aussi problématique intersectionnelle ou intermédialité.
- Dans quelle mesure est-il possible de repenser les déterminations qui constituent la notion même d’intersectionnalité, hors de la triade classique « race, class, gender », en fonction des différents contextes sociaux, culturels, historiques, etc., en combinant d’autres facteurs (géographique, politique, idéologique, etc.).
- Retour sur la question du canon, pour examiner la création et l’évolution de ces processus de constitution d’objets d’étude – par la création de canons alternatifs, en examinant les modes de constitution du canon, en faisant sortir des objets de l’invisibilité socialement construite, etc.
- De même, une attention particulière pourra être accordée à la question de la traduction en lien avec la problématique du croisement propre à la journée d’étude.
Modalités pratiques

Le format de la journée d’étude du 6 février 2015 doit permettre l’échange le plus riche et nourri possible :

les textes définitifs des intervenants (conçus comme documents de travail) seront demandés pour le 6 janvier 2015 et envoyés à tous les participants.

Chaque intervenant disposera d’une quinzaine de minutes pour présenter son travail ; un discutant réagira à cette proposition ; enfin la discussion sera ouverte à l’ensemble de l’assemblée.

Les langues de la journée d’études sont le français et l’anglais.
Les propositions pour soumettre un texte (400 mots environ, et une brève présentation de leur auteur indiquant son statut universitaire, son université et, le cas échéant, son laboratoire de rattachement, son domaine de recherche et quelques éléments bibliographiques) devront être adressées

avant le 15 juin 2014

aux deux adresses suivantes : Anne-Isabelle.Francois@univ-paris3.fr et zpparis13@aol.com
Si vous souhaitez occuper un rôle de discutant lors de cette journée d’études, veuillez également contacter les organisateurs avant la même date.