appel
Appel à contribution : Modèles en marge ?
Date limite d'envoi des propositions :
Projet d'ouvrage collectif, dans le cadre de l'équipe « Textes, Langages, Imaginaires » de l'Université de Nantes, dont le programme porte actuellement sur la question des marges littéraires.
Le volume paraîtra dans la collection « Horizons comparatistes » des éditions Cécile Default, Nantes.
En Europe, du XVIIe au XXe siècle, la culture espagnole semble renvoyer à une forme de marginalité, construite de l'extérieur par l'espagnolade et l'imagerie pittoresque ou revendiquée de l'intérieur par des penseurs comme Ortega y Gasset et Unamuno. Au-delà de cette image, il y a une réalité que l'on saisit lorsque l'on balaye un champ culturel précis, la littérature du Siècle d'Or : singularité et marginalité esthétiques semblent confirmées pour cette période qui est par ailleurs un creuset artistique particulièrement fécond. Des formes originales et irréductibles au reste de la littérature européenne se sont effectivement déployées en Espagne aux XVIe et XVIIe siècles. Cette « intransitivité ibérique » (selon l'éloquente formule de Daniel-Henri Pageaux) s'accompagne paradoxalement d'un important processus de réception de la littérature espagnole par le reste de l'Europe. On sait que cet intérêt concerne certains genres, comme le roman picaresque, la comedia, les romans chevaleresques, le romance ; elle peut également s'arrimer à certains auteurs isolés, tels que Cervantes, Calderón, Góngora, ou à certaines uvres envisagées comme de véritables paradigmes.
Nous proposons de mettre en perspective les modalités et les enjeux de cette réception d'une littérature qui semble avoir inventé des formules inédites
- ou métamorphosé considérablement des genres existants tels que le roman pastoral ou la nouvelle
- en marge de, ou en réaction à certaines pratiques et théorisations dominantes. Le volume permettra ainsi d'évaluer clairement l'étendue de la productivité esthétique de ces formes, mais aussi de s'interroger sur leur capacité à constituer des modèles ou à rénover des pratiques. Les communications, qui s'attacheront à des genres, des uvres, ou des auteurs précis devraient faire émerger différentes modalités d'utilisation de la littérature du Siècle d'Or par ses voisins, du XVIIe au XXe siècles.
Une telle perspective suppose d'aborder la portée mais aussi les éventuelles limites de la diffusion de cette littérature : on pourra étudier la réception des genres majeurs, mais également des formes problématiques a priori plus repliées sur l'« idiosyncrasie » espagnole (les formes miscellanées, les genres brefs, ou les uvres liées à des pratiques culturelles propres). Cela suppose de considérer les réceptions créatrices (la manière dont tel ou tel genre s'intègre effectivement à une littérature, ébranle ou rénove une pratique), mais aussi la résistance affichée à ces formes, ou la réception purement théorique, dans les discours esthétiques. Dans ce dernier domaine, on pourra s'interroger par exemple sur la valeur et la capacité de modélisation du littéraire que l'on accorde à tel ou tel genre original, sur la mise en concurrence du modèle espagnol avec d'autres modèles, sur les enjeux qui sous-tendent la mobilisation de certaines figures de cette littérature dans un contexte esthétique donné. Il pourra être fécond de s'interroger sur les tensions éventuelles entre la pratique et la théorie : l'adoption d'une forme pourra s'effectuer dans un contexte où elle n'est pas théoriquement assumée ; inversement, sa mobilisation en théorie peut ne pas se traduire par une véritable assimilation dans les uvres. On pourra également réfléchir sur les effets de l'exotisme au filtre duquel est perçue l'Espagne, dans l'assimilation et la connaissance de certaines uvres : la part de fantasme qui joue dans leur perception peut également être une piste féconde pour interpréter les enjeux de l'intérêt qu'elles suscitent.
Pistes :
Les uvres étudiées pourraient être le roman picaresque, le roman parodique, la comedia de cape et d'épée, la comedia sérieuse, le romance, la poésie lyrique, le conceptisme, la nouvelle et le roman pastoral revus par les espagnols, les figures de Cervantes ou de Calderón, mais aussi d'autres genres, uvres ou auteurs moins attendus.
On pourra penser aux réceptions immédiates (dans les pratiques ou les théories du XVIIe siècle) et aux réceptions plus tardives, par exemple à la place de la comedia de Calderón dans l'esthétique Lessing, Goethe ou A. W. von Schlegel, à celle du romance pour les allemands et les anglais vers la fin du XVIIIe siècle, aux motifs littéraires du siècle d'or chez les romantiques français, etc...
On pourra s'attacher à la réception des uvres dans un pays particulier (France, Allemagne, Angleterre, Italie, Portugal), ou dans plusieurs (certains pays constituant sans doute des médiateurs pour d'autres).
Les propositions de communication (une page environ) sont à envoyer à
15 décembre 2007
.Projet d'ouvrage collectif, dans le cadre de l'équipe « Textes, Langages, Imaginaires » de l'Université de Nantes, dont le programme porte actuellement sur la question des marges littéraires.
Le volume paraîtra dans la collection « Horizons comparatistes » des éditions Cécile Default, Nantes.
En Europe, du XVIIe au XXe siècle, la culture espagnole semble renvoyer à une forme de marginalité, construite de l'extérieur par l'espagnolade et l'imagerie pittoresque ou revendiquée de l'intérieur par des penseurs comme Ortega y Gasset et Unamuno. Au-delà de cette image, il y a une réalité que l'on saisit lorsque l'on balaye un champ culturel précis, la littérature du Siècle d'Or : singularité et marginalité esthétiques semblent confirmées pour cette période qui est par ailleurs un creuset artistique particulièrement fécond. Des formes originales et irréductibles au reste de la littérature européenne se sont effectivement déployées en Espagne aux XVIe et XVIIe siècles. Cette « intransitivité ibérique » (selon l'éloquente formule de Daniel-Henri Pageaux) s'accompagne paradoxalement d'un important processus de réception de la littérature espagnole par le reste de l'Europe. On sait que cet intérêt concerne certains genres, comme le roman picaresque, la comedia, les romans chevaleresques, le romance ; elle peut également s'arrimer à certains auteurs isolés, tels que Cervantes, Calderón, Góngora, ou à certaines uvres envisagées comme de véritables paradigmes.
Nous proposons de mettre en perspective les modalités et les enjeux de cette réception d'une littérature qui semble avoir inventé des formules inédites
- ou métamorphosé considérablement des genres existants tels que le roman pastoral ou la nouvelle
- en marge de, ou en réaction à certaines pratiques et théorisations dominantes. Le volume permettra ainsi d'évaluer clairement l'étendue de la productivité esthétique de ces formes, mais aussi de s'interroger sur leur capacité à constituer des modèles ou à rénover des pratiques. Les communications, qui s'attacheront à des genres, des uvres, ou des auteurs précis devraient faire émerger différentes modalités d'utilisation de la littérature du Siècle d'Or par ses voisins, du XVIIe au XXe siècles.
Une telle perspective suppose d'aborder la portée mais aussi les éventuelles limites de la diffusion de cette littérature : on pourra étudier la réception des genres majeurs, mais également des formes problématiques a priori plus repliées sur l'« idiosyncrasie » espagnole (les formes miscellanées, les genres brefs, ou les uvres liées à des pratiques culturelles propres). Cela suppose de considérer les réceptions créatrices (la manière dont tel ou tel genre s'intègre effectivement à une littérature, ébranle ou rénove une pratique), mais aussi la résistance affichée à ces formes, ou la réception purement théorique, dans les discours esthétiques. Dans ce dernier domaine, on pourra s'interroger par exemple sur la valeur et la capacité de modélisation du littéraire que l'on accorde à tel ou tel genre original, sur la mise en concurrence du modèle espagnol avec d'autres modèles, sur les enjeux qui sous-tendent la mobilisation de certaines figures de cette littérature dans un contexte esthétique donné. Il pourra être fécond de s'interroger sur les tensions éventuelles entre la pratique et la théorie : l'adoption d'une forme pourra s'effectuer dans un contexte où elle n'est pas théoriquement assumée ; inversement, sa mobilisation en théorie peut ne pas se traduire par une véritable assimilation dans les uvres. On pourra également réfléchir sur les effets de l'exotisme au filtre duquel est perçue l'Espagne, dans l'assimilation et la connaissance de certaines uvres : la part de fantasme qui joue dans leur perception peut également être une piste féconde pour interpréter les enjeux de l'intérêt qu'elles suscitent.
Pistes :
Les uvres étudiées pourraient être le roman picaresque, le roman parodique, la comedia de cape et d'épée, la comedia sérieuse, le romance, la poésie lyrique, le conceptisme, la nouvelle et le roman pastoral revus par les espagnols, les figures de Cervantes ou de Calderón, mais aussi d'autres genres, uvres ou auteurs moins attendus.
On pourra penser aux réceptions immédiates (dans les pratiques ou les théories du XVIIe siècle) et aux réceptions plus tardives, par exemple à la place de la comedia de Calderón dans l'esthétique Lessing, Goethe ou A. W. von Schlegel, à celle du romance pour les allemands et les anglais vers la fin du XVIIIe siècle, aux motifs littéraires du siècle d'or chez les romantiques français, etc...
On pourra s'attacher à la réception des uvres dans un pays particulier (France, Allemagne, Angleterre, Italie, Portugal), ou dans plusieurs (certains pays constituant sans doute des médiateurs pour d'autres).
Les propositions de communication (une page environ) sont à envoyer à
Anne Teulade (fruteulade@wanadoo.fr)
, accompagnées d'une brève notice mentionnant votre domaine de recherche, avant le 15 décembre 2007. Après acceptation du projet, l'article sera à remettre avant le 15 mars 2009.