Chercheurs

GOYET Florence

Grenoble III (Stendhal)
Professeur

27 rue Nicolet 38100 Grenoble
tél : 04-76-51-14-09 / fax : 04-76-82-41-24
email : florence(point)goyet(arobase)u(tiret)grenoble3(point)fr

page personnelle (avec liste de travaux): [http://w3.u-grenoble3.fr/rare/spip/spip.php?breve19->http://w3.u-grenoble3.fr/rare/spip/spip.php?breve19]

Centres de recherche :

R.A.RE (EA 3017) Rhétorique de l’Antiquité à la Révolution
– Grenoble III

Publications en ligne :

– [http://www.vox-poetica.com/sflgc/biblio->http://www.vox-poetica.com/sflgc/biblio]
« L’Epopée » (100 000 signes environ), pour la Bibliothèque en Ligne de
la Société Française de Littérature Générale et Comparée (SFLGC).

– [http://www.paris-sorbonne.fr/fr/spip.php?article7360->http://www.paris-sorbonne.fr/fr/spip.php?article7360]
résumé en une page (par Sandra Provini) de mon livre Penser sans concepts, fonction de l’épopée guerrière (Iliade, Chanson de Roland,,Hôgen et Heiji monogatari), Paris, Champion, 2006, 592 p.
-[http://journal.oraltradition.org/issues/23i/goyet->http://journal.oraltradition.org/issues/23i/goyet]
« Narrative Structure and Political Construction: The Epic at work », Oral tradition (University of Missouri, John Foley ed.), 23/1 (2008), p. 15-27.

Langues de travail :

anglais, russe, italien, japonais. latin, ancien français, grec homérique, japonais ancien, Mittelhochdeutsch.

Thèse 1 : nouveau régime

La nouvelle au tournant du siècle en France, Italie, Japon, Russie et pays anglo-saxons (Paris IV, dir. Pierre Brunel, 1990)

Thèse 2 : HDR

Pensée et Epopée (Iliade, Roland, Hôgen et Heiji monogatari), Grenoble III, dir. Danièle Chauvin, 2001.

Thèmes de recherche :

épopée (primaire) ; nouvelle (XIXe s.) ; littératures médiévales non françaises

Chacun des deux sujets
– nouvelle et épopée
– a fait l’objet d’un livre (4e de couverture ci-dessous):
La Nouvelle, 1870-1925, PUF (collection “Ecriture”), 1993 ;

Penser sans concepts : fonction de l’épopée guerrière, Champion (BLGC), 2006 ;
ainsi que de divers articles (voir la page personnelle sur le site R.A.RE).

Travaux en cours :

– Projet d’un manuel d’écriture de nouvelle, sur le modèle des “how to” américains, à partir des résultats du travail d’analyse. Titre provisoire : “La Leçon des maîtres
– Manuel d’écriture de nouvelles appuyé sur la pratique des grands du XIXe siècle (Maupassant, Tchekhov, James, Akutagawa, Pirandello)”.

– Rédaction d’un livre sur l'”épopée inachevée” (Nibelungenlied, Wagner, Tolkien). A la différence des épopées canoniques, l’épopée “inachevée” ne réussit pas à faire émerger les nouvelles valeurs sur lesquelles la société pourrait se refonder a novo. Le “travail épique” est présent, et souvent profond, mais la confrontation des positions politiques possibles ne débouche pas sur l’invention d’une nouvelle donne.

4e de couverture

La Nouvelle, 1870-1925, PUF (collection “Ecriture”), 1993.

A partir d’un corpus important (mille textes en cinq langues), il a été possible de dégager les traits fondamentaux qui font de la nouvelle un genre à part entière.
Pour caractériser la nouvelle de la fin du XIXe siècle, on songe traditionnellement à deux traits : la brièveté et la parution en journal. Leur lien profond est un troisième trait, constamment occulté par la critique. La nouvelle est monologique : refusant toute polyphonie, elle ne laisse respirer qu’une seule vérité, une seule “ voix ”. Le lecteur contemple un spectacle étrange, dont l’auteur dégage pour lui toutes les potentialités pittoresques Ensemble, ils jettent un regard exotique sur la réalité, même la plus proche. Les Normands sont bestialisés, les employés et les provinciaux sont épinglés dans leurs ridicules, pour des lecteurs de la capitale ou du grand monde. Pareille absence de polyphonie n’est pas un accident ou le fait d’auteurs mineurs, elle est constitutive du genre. C’est ce que montre l’analyse, entre autres, de la totalité des nouvelles de Maupassant, Tchékhov, Verga, James et Akutagawa.

Penser sans concepts: fonction de l’épopée guerrière, Champion (BLGC), 2006

I: L’Iliade : Vers la Cité;

II: La Chanson de Roland : Penser le renouveau royal au XIe siècle;

III: Le Dit de Hôgen, Le Dit de Heiji : La Naissance d’un nouveau Japon.
Conclusion: le “travail épique”

La thèse défendue est que l’épopée guerrière est une gigantesque machine à penser. La guerre qu’elle décrit est une métaphore, qui mime une crise contemporaine du public pour donner à celui-ci les moyens de l’appréhender intellectuellement. En l’absence des outils conceptuels que nous connaissons (historiques, juridiques, philosophiques), l’épopée permet une compréhension obscure mais profonde, efficace.

Les outils conceptuels étant absents ou inopérants, la compréhension se fait dans et par le récit. C’est lui qui est chargé, à la fois, de rendre compte de la confusion radicale du monde et d’y tracer des perspectives lumineuses. Tous les procédés proprement littéraires trouvent là leur justification profonde. Ce sont les conflits apparemment psychologiques, c’est la ritualisation du combat, le recours aux récits annexes, les parallèles, homologies et antithèses qui font jouer les notions problématiques et permettent d’élaborer une vision profonde de la réalité.

L’épopée est un moyen, et non une fin. Elle permet d’apporter la lumière sur un sujet encore bien plus confus que la mêlée guerrière: la crise qui secoue le monde des auditeurs. Elle est le lieu où s’élaborent les valeurs nouvelles, où se pense le nouveau modèle politique : pour l’Iliade, la naissance de la cité qui va se substituer à l’univers patriarcal, pour le Roland le renouveau royal, pour le Hôgen et le Heiji monogatari, la naissance de la féodalité.

La question que toutes posent, de la première à la dernière ligne, celle pour laquelle elles emploient tour à tour tous les moyens à leur disposition, c’est ainsi la question du politique: quelle forme de gouvernement, quels rapports entre les êtres dans une société qui émerge d’un âge sombre?

L’ensemble des trois études permet d’élaborer une définition de l’épopée véritable,texte qui permet à une société de sortir d’une crise bouleversante. Il permet aussi de dégager la notion de “travail épique” comme l’un des fondements de la littérature tout entière. Le roman, mais aussi la tragédie classique et la comédie permettent parfois une problématisation du monde qui est l’essentiel du genre épique.