Agrégation

Ménandre : Le Bourru

ARTICLE

I - Éditions du Bourru (Dyscolos) et commentaires

Ménandre, Le Bourru, traduction d’Alain Blanchard, dans Ménandre, Théâtre, Paris, Le Livre de Poche, série Classiques de Poche, n° 14302, 20001, 20072, p. 101-175.
C’est l’édition inscrite au programme officiel. La traduction obéit à deux partis pris : souligner la répartition en vers, respecter autant que possible l’ordre des mots du texte original. L’ouvrage permet également de lire les restes d’autres pièces de Ménandre (en particulier le Bouclier et les Sicyoniens) et ainsi de faire d’utiles comparaisons. Autres éditions utiles :

– Jacques Jean-Marie, Ménandre, Le Dyscolos, Paris, CUF, 19762 (19631),
avec texte grec, traduction française annotée et une très riche notice introductive ;

– Arnott W. Geoffrey, Menander, I, Aspis to Epitrepontes, Cambridge Mass. / London, Loeb Cassical Library, 1979 (p. 175-355, pour le Dyscolos).
C’est actuellement avec ses trois volumes (II, 1996 ; III, 2000) l’édition et traduction (anglaise) la plus complète de Ménandre. Pour le Bourru, on pourra consulter également, sur de nombreux points de détail, deux commentaires anciens mais toujours valables :

– Handley Eric Walter, The Dyskolos of Menander, London, 1965 ;

– Gomme Arnold Wycombe / Sandbach Francis Henry, Menander. A Commentary, Oxford, 1973.

II - Ouvrages généraux sur Ménandre

– Blanchard Alain, La comédie de Ménandre : Politique, éthique, esthétique, Paris, PUPS, 2007.
Le Bourru, en tant que seule comédie à peu près complète de Ménandre, est au centre d’un grand nombre de chapitres. C’est l’ouvrage où la diversité des points de vue est la plus large.

– Zagagi Netta, The Comedy of Menander. Convention, Variation & Originality, London, 1994 (en particulier les p. 95-113, uniquement consacrées au Dyscolos).
Ouvrage très intelligent, utile pour mieux comprendre l’originalité de la pièce de Ménandre.

III - La misanthropie au théâtre

L’apparition du Bourru en 1958 a très vite suscité de nombreuses études sur la misanthropie dans la littérature grecque. On peut citer :

– Photiadès P. J., « Le type du misanthrope dans la littérature grecque », Chronique d’Égypte 34, 1959, p. 305-326 ;

– Préaux Claire, « Réflexions sur la misanthropie au théâtre », Chronique d’Égypte 34, 1959, p. 327-341 ;

– Romilly Jacqueline de, La Douceur dans la pensée grecque, Paris, Les Belles Lettres, 1979, p. 201-207.

Plus largement, et dans une perspective comparatiste (une grande place étant accordée au personnage de Timon d’Athènes illustré par Shakespeare), il faut citer pour sa richesse et sa précision d’analyse :

– Barataud Christian, « Le Dyscolos de Ménandre. Éléments de misanthropologie », dans Le Misanthrope au théâtre. Ménandre Molière Griboïedov, Mugron, Éditions José Freijóo, 1990, p. 29-118.

Parue depuis, avec une intéressante introduction, l’édition de
Lucien, Timon ou le Misanthrope, dans Œuvres, t. III, texte établi et traduit par Jacques Bompaire, Paris, CUF, 2003, p. 253-333.

Encore trop peu connu, mais très utile pour une comparaison du Bourru de Ménandre et du Misanthrope de Molière :
– Vuillemin Jules, Éléments de Poétique, Paris, Vrin, 1991.

IV - Le Bourru et la tragédie

La pièce de Ménandre amène à poser le problème : le misanthrope est-il un personnage tragique ou comique ? Il est incontestable que la tragédie est à l’arrière-plan, à la fois pour l’entourage de Cnémon (sa fille en particulier) :
– Mastrocinque Attilio, « Il Dyskolos menandreo e il mito di Oreste », dans Atti del XVII congresso internazionale. di papirologia (Napoli, 19-26 maggio 1983), Napoli, 1984, p. 281-288.

Et surtout pour lui même :
– Blanchard Alain, « Terreur et pitié chez Ménandre : Dyscolos, v. 589-609 », Chronique d’Égypte 70, 1995, p. 173-188.

Le phénomène n’est pas propre au Bourru, voir :
– Cusset Christophe, Ménandre ou la comédie tragique, Paris, Éditions du CNRS, 2003.

V - Le contexte historique, politique et social

En fait Cnémon est vraiment un personnage comique et le Bourru une comédie. Pour mieux le comprendre, il convient de replacer l’auteur dans son moment historique et analyser avec précision l’aspect politique et social de l’œuvre (qui se veut réaliste). Ouvrage essentiel pour l’histoire du temps :
– Habicht Christian, Athènes hellénistique. Histoire de la cité d’Alexandre à Marc Antoine, Paris, Les Belles Lettres, 2000 (trad. fr. par M. / D. Knoepfler de Athen. Die Geschichte der Stadt in der hellenistischen Zeit, München, 1995), p. 55-84.

Pour l’aspect politique, voir ci-dessus Blanchard, La Comédie de Ménandre, chap. 1, mais aussi, avec des conclusions un peu différentes :

– Corte Francesco della, « Menandro, l’attore Aristodemo e la morte di Focione », Maia 12, 1960, p. 83-88.

– Wiles David, « Menander’s Dyskolos and Demetrios of Phaleron’s Dilemna », Greece & Rome 31, 1984, p. 170-180.

Pour l’aspect social :

– Méron Évelyne, « La paysannerie pauvre d’après Euripide et Ménandre : un même sujet, deux attitudes opposées », Bulletin de l’Association Guillaume Budé, 1972,p. 57-69 ;

– Hoffmann Geneviève, « L’espace théâtral et social du Dyscolos de Ménandre », Métis 1, 1986, p. 269-290 ;

– Rosivach Vincent J., « Class Matters in the Dyskolos of Menander », Classical Quarterly 51, 2001, p. 127-134.

On opposera moins campagne et ville que richesse et pauvreté :

– Cox Cheryl Anne, « Is Sostratus’ Family Urban in Menander’s Dyskolos? », Classical Journal 97, 2002, p.351-358 ;

– Cox Cheryl Anne, « Crossing Boundaries through Marriage in Menander’s Dyskolos », Classical Quarterly 52, 2002, p. 391-394.

Et l’on prendra garde que Cnémon n’est pas si pauvre qu’il en a l’air :
– Cavaignac C., « À propos du Dyskolos. La propriété foncière en Attique au ive siècle », Bulletin de l’Association Guillaume Budé, 1960, p. 367-372.

VI - Le comique de situation

Bien distinguer comédie et satire. Il peut certes y avoir un élément sérieux dans ce que dit Cnémon. Pour sa critique de l’excessive piété, voir :
Porphyre, De l’Abstinence, t. II, texte établi et traduit par Jean Bouffartigue / Michel Patillon, Paris, CUF, 1979, p. 86 (dans le contexte d’une œuvre de Théophraste, le maître de Ménandre).

Cnémon fait rire d’autrui dans la cadre d’oppositions soigneusement mises en scène par Ménandre mais déjà définies par :
Aristote, Éthique à Nicomaque, introduction, notes et index par J. Tricot, Paris, Vrin, 1967, p. 200.

Sur le rapport de Ménandre et de l’École d’Aristote, voir :
– Barigazzi Adelmo, La formazione spirituale di Menandro, Torino, 1965.

VII - Le comique de caractère

On rit de Cnémon quand il est réduit à l’impuissance. Ce renversement de la situation est possible en raison des erreurs commises par le personnage. Pour ce lien du comique et de l’erreur (à l’origine d’une mauvaise habitude), voir l’article ancien, mais toujours fondamental de :
– Anderson Michael, « Knemon’s hamartia », Greece & Rome 17, 1970, p. 199-217.