Éditos

Gerhard Richter, 920-5 Strip
Histoire des traductions en langue française

Le volume Histoire des traductions en langue française XXsiècle vient de paraître (Verdier, mai 2019). Dirigé par Bernard Banoun, Yves Chevrel, Isabelle Poulin, il clôture une série de 4 ouvrages, dont le projet avait été établi par Yves Chevrel et Jean-Yves Masson en 2004. Réunissant au total près de 6 000 pages, résultat de la coopération de plus de 300 chercheurs de toutes nationalités, ces 4 volumes proposent une histoire continue, depuis l’invention de l’imprimerie, des traductions réalisées dans l’espace francophone dans tous les domaines de la vie de l’esprit au sens large, regroupant la littérature, les arts, les sciences, les ouvrages religieux, philosophiques, historiques, juridiques.

 

Le tome 1, XVe-XVIsiècles, paru en 2015, dirigé par Véronique Duché, a pour point de départ l’apparition de l’imprimerie pour s’achever autour de l’année 1610, au moment de l’émergence des périodiques en Europe. Cette époque où traductions et imitations contribuent à imposer l’audace d’écrire en français est celle « ‘l’illustration’ de la langue vernaculaire ».

 

Le tome 2XVIIe-XVIIIsiècles, paru en 2014, dirigé par Yves Chevrel, Annie Cointre et Yen-Maï Tran-Gervat, reprend en 1610 et s’achève en 1815, avec la réorganisation de l’Europe au Congrès de Vienne. Ce long « siècle de deux cents ans » est celui du « génie des langues ».

 

Le tome 3, XIXsiècle, le premier à paraître (2012), dirigé par Yves Chevrel, Lieven D’hulst et Christine Lombez, s’inscrit entre deux moments symboliques pour l’Europe : le congrès qui la réorganise, le début de la Grande Guerre. Dans ce « siècle de la comparaison », le rôle des traductions monte en puissance dans tous les domaines.

 

Le tome 4, enfin, traite de la période allant de 1914 à 2000 ; son introduction est intitulée « L’âge de la traduction », ce qui pourrait être aussi le sous-titre du volume entier. Le terminus ad quem, 2000, est fixé par les critères suivants : d’une part, on a pu considérer que le xxsiècle s’était, historiquement et en termes d’histoire culturelle, voire d’anthropologie, achevé avec les attentats du 11 septembre 2001 ; d’autre part, on note que c’est au tournant des IIet IIImillénaires que la traduction en vient toujours davantage à réfléchir sur elle-même non seulement comme objet d’étude (les volumes antérieurs montrent qu’il n’a pas fallu attendre la traductologie des années 1960 pour qu’existe la réflexion sur la traduction), mais aussi en termes de bilan et d’histoire.

Au XXe siècle la traduction se caractérise par une triple extension, spatiale (le nombre de langues traduites augmente énormément), temporelle (le patrimoine de langues et cultures éloignées dans le temps devient enfin disponible, les retraductions se multiplient) et quantitative (on traduit dans la seconde moitié plus qu’on ne l’a jamais fait auparavant). La matière à présenter est donc considérable. L’organisation du volume cherche à en rendre compte, en posant d’abord le contexte éditorial, puis en analysant la situation du traducteur et les différentes pensées ou théories de la traduction, avant d’aborder les domaines traduits.

Il n’était certes pas possible de couvrir tous les champs ni, à l’intérieur de chaque champ, de tout dire. L’objectif est ainsi de proposer une vue synthétique fondée à la fois sur la recherche existant et sur de nouvelles recherches faites expressément pour ce volume, et aussi de susciter des recherches nouvelles. Il s’agit enfin de mettre en lumière les traducteurs, ces « maîtres cachés de notre culture » (M. Blanchot).