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PUBLICATIONS COMPARATISTES RECENTES
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PUBLICATIONS COMPARATISTES RECENTES




NB : la collection "Poétiques comparatistes" fait l'objet d'une page spéciale.



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Antonio García Gutiérrez, El trovador / Le Trouvère, édition bilingue de Georges Zaragoza

, Paris, Classiques Garnier, coll. "Littératures européennes," 2011, 376 p., 49 E


Le drame, qui se déroule au XVe siècle, se fonde sur un épisode sanglant de l'Aragon autour d'une rivalité de succession au trône. Mais c'est l'occasion pour le dramaturge d'écrire une nouvelle variation sur le thème des Frères ennemis, Manrique et Nuño en l'occurrence, rivaux en politique et en amour, qui s'entredéchirent jusqu'au dénouement qui leur révèle leur fraternité. Drame où violence et lyrisme se conjuguent, conformément à l'esthétique naissante du drame romantique.

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Nathalie Dufayet, Le temps recommencé. Fiction du mythe et écrites fantastiques dans les oeuvres de Gautier, Kafka, Ray, Lovecraft, Tolkien et Borges

, Editions universitaires européennes, 2011

Dès le XIXe siècle, l'appréhension du temps en Occident se vide de son attribut traditionnel : le sacré. On rejette alors les anciennes réponses à l'angoisse de la fin et au fantasme de victoire sur l'entropie et sur la mort : l'immortalité (existence prolongée à l'infini) et l'éternité (sortie totale des lois physiques). Pendant des dizaines de millénaires, ces rêves ont inspiré les fictions du mythe et leurs commentaires métaphysiques, que renouvellent les écritures fantastiques, notamment celles de Gautier, Kafka, Ray, Lovecraft, Tolkien et Borges. Tous ont une priorité esthétique commune : faire valoir notre plaisir à imaginer le temps vécu autrement, autrement que de façon rationnelle et linéaire. Pour ce, ils ont tous mis à distance le réel et revendiqué le droit des hommes à inventer, encore maintenant, des passés imaginaires. Moins, il est vrai, pour oublier l'actualité du monde réel que pour la recommencer, jusqu'à inventer une nouvelle tradition littéraire. Cette situation, au-delà du plaisir extraordinaire que son expérience fictive procure, nous rappelle que nous sommes seuls maîtres de la marche du temps humain, en réalité comme en fiction.




Proust, l'étranger


sous la direction de Karen Haddad-Wotling et Vincent Ferré


Amsterdam, New York : Rodopi, coll. "CRIN", 2010, 167 p.

33 EUR, EAN 978-90-420-3037-4 , E-Book : 978-90-420-3038-1


Présentation de l'éditeur :

Proust était fasciné par l'étrange et par l'étranger, qui le lui a bien rendu. Sa notoriété de premier auteur « moderne » est née hors des frontières hexagonales. Son oeuvre a été traduite très tôt. D'ailleurs, puisqu'elle est traduite, nous ne lisons sans doute plus de la même manière le texte français, lui aussi devenu « étrange et étranger ». Peut-on imaginer un Proust anglais, italien, américain, turc? Que deviennent les auteurs étrangers une fois entrés dans, et assimilés par l'univers proustien? Comment lire Dante, Cervantès, Ruskin après Proust, et avec lui? Ces questions et quelques autres sont au centre du présent volume. Le visage familier de l'auteur de La Recherche du temps perdu s'en trouvera sans doute transformé, comme un portrait cubiste, fait de facettes brisées et de profils inattendus.


Table des matières :



- Karen Haddad-Wotling & Vincent Ferré: Proust, l'étranger. Des cercles de l'Enfer aux eaux du Bosphore


- Anne Teulade: Proust et l'épopée de Dante


- Anna Isabella Squarzina: Proust et Cervantès


- Yves-Michel Ergal: Proust et Ruskin ou la petite fille pauvre à la porte d'Albertine


- Julie Wolkenstein: Proust, Woolf, la lecture et son souvenir : deux évocations comparées


- Adam Watt: « ... d'autres ciels, un autre corps ». Présence de Proust dans la prose tardive de Samuel Beckett


- Isabelle Poulin: « Peut-être un matin... » : vertiges du sens, rythmes de l'écriture (Proust et Calvino)


- Hervé-Pierre Lambert: La lecture de Marcel Proust par Octavio Paz


- Vinciane Boudonnet: Échos de la Recherche chez les Beats : Proust sur la route


- Vincent Ferré: Proust et la philosophie: lectures croisées (françaises, allemandes, anglophones) et réflexions génériques


- Karen Haddad-Wotling: Les eaux du Bosphore: Orhan Pamuk lecteur de Proust


- Résumés

On peut lire en ligne, sur Fabula, [l'introduction->http://www.fabula.org/atelier.php?Introduction_de_Proust%2C_l%27%26eacute%3Btranger], les [résumés et notices->http://www.fabula.org/atelier.php?Resumes_Biobibliographies] biobibliographiques, ainsi que les textes de V. [Boudonnet->http://www.fabula.org/atelier.php?Proust_sur_la_route], de V. Ferré, d'A. I. [Squarzina->http://www.fabula.org/atelier.php?Proust_et_Cervant%26egrave%3Bs], d'A. [Teulade->http://www.fabula.org/atelier.php?Proust_et_l%27%26eacute%3Bpop%26eacute%3Be_de_Dante] et d'A. [Watt->http://www.fabula.org/atelier.php?Pr%26eacute%3Bsence_de_Proust_dans_la_prose_tardive_de_Samuel_Beckett].

Ces textes sont issus de trois journées d'étude (2007-2008), dont l'atelier de Fabula a publié [l'ouverture->http://www.fabula.org/atelier.php?Proust_et_l%27incertitude] (par Karen Haddad-Wotling) et un texte supplémentaire d'Eleonora Sparvoli.




Littérature, Histoire et politique au XXe siècle : hommage à Jean-Pierre Morel, études réunies par Daniel Mortier et Vincent Ferré

, Paris, Éd. Le Manuscrit, coll. « L'esprit des Lettres », 2010, 365 p.

Depuis quarante ans, Jean-Pierre Morel est celui qui s'est le plus directement attaché à faire pleinement perdurer une recherche portant sur les relations entre la littérature et l'histoire, en leur associant la politique

- longtemps bannie des études littéraires

- dans une démarche comparatiste interrogeant l'esthétique et la modernité.


Les 21 textes publiés ici, de collègues de longue date ou de jeunes chercheurs qu'il a constamment encouragés, entrent en dialogue avec une oeuvre de traducteur et de critique qui a fait connaître au public francophone des auteurs anglo-saxons, allemands et russes comme Brecht, Heiner Müller, Kafka ou John Dos Passos, aux côtés d'écrivains moins connus.


Textes d'E. Bouju, A. Boulanger, Y. Chevrel, S. Cillaire, C. Coquio, P. Dethurens, V. Ferré, R. Kahn, C. Ksiazenicer-Matheron, F. Leichter-Flack, D. Mortier, Ch. Nannicini, A. Pintiaux, I. Poulin, A. Prstojevic, R. Rakocevic, T. Samoyault, J. Sarfati Lanter, A. Tomiche, T. Victoroff et Ph. Zard.

Voir le [sommaire->http://www.fabula.org/actualites/litterature-histoire-et-politique-au-xxe-siecle-hommage-a-j-p-morel_38531.php]


Les Antigones contemporaines (de 1945 à nos jours)<

br> sous la direction de Rose Duroux et Stéphanie Urdician
Janvier 2010, 478 p.

ISBN 978-2-84516-407-9. 20 E


Antigone n'en finit pas de nous habiter. Les versions de ce mythe majeur sont innombrables : les créateurs, qu?ils soient philosophes, romanciers, poètes, musiciens ou peintres, ne cessent de se pencher sur le destin de cette vierge sacrificielle dont le nom à lui seul symbolise une révolte. La fascination qu'exerce Antigone tient à la
ductilité sémantique du mythe, une ductilité qui confère à ce personnage de la tragédie grecque perpétuellement remodelé une signification toujours actuelle. La figure mythique se prête à « des usages sans cesse nouveaux dans le cadre de nouvelles structures ».

Les raisons de la traversée millénaire d'Antigone peuvent aller de l'impact de l'enterrement d'une personne vivante au rôle joué par l'histoire de l'émancipation des femmes dans le rayonnement d'une rebelle exemplaire. Remodeler constamment « l'Antigone dont nous avons besoin aujourd'hui » est une façon de prendre de la distance pour regarder notre propre société et, dans les jours sombres de l'Histoire, de la mettre en cause « sans trop en avoir l'air ».

Table des matières et bon de commande consultables :

[http://www.msh-clermont.fr/article2118.html->http://www.msh-clermont.fr/article2118.html]



La production de l'étrangeté dans les littératures postcoloniales


Colloque international organisé à l'Université Jean Monnet de Saint-Étienne par le Centre d'Études sur les Littératures Étrangères et Comparées (CELEC), les 17 et 18 janvier 2008
Textes réunis par Béatrice Bijon et Yves Clavaron
Champion, Collection congrès et conférences sur la Littérature comparée, 2009, 336 p.

Au XIXe siècle, à l'apogée de l'impérialisme, l'exotisme n'est plus la représentation litté-raire de l'étranger, mais de ses aspects surprenants ou divertissants, et sa différence signe son étrangeté. Le qualificatif d'« étrange » vaut comme jugement ethnocentrique dévalorisant : l'autre est l'intrus, celui qui surprend, mais au mauvais sens du terme et son altérité radicale le rend inas-similable, incompréhensible et même impensable. L'autre colonisé est ainsi placé à distance de toute identification, impossible à réduire à une simple différence, étranger dans son inaliénable distance. Avec les indépendances, cet étrange étranger, naguère point de mire des écrivains occi-dentaux, passe progressivement des coulisses au premier plan dans les littératures postcoloniales ; d'objet de l'écriture, il devient sujet.
L'ouvrage se propose d'explorer les différents modes de production de l'étrangeté dans les littératures postcoloniales des différents continents. Les articles examinent ainsi l'inversion de l'exotisme qui déplace la hiérarchie et l'ordre du monde colonial, la construction discursive de l'identité postcoloniale dans un jeu de confrontation et de mise en tension avec le sujet européen et cartésien, la structuration de l'espace fictionnel qui subsume l'hétérogénéité des imaginaires cultu-rels occidentaux et postcoloniaux ou encore les modalités mises en œuvre par l'écriture pour sub-vertir le réalisme

- et le canon occidental en général.

Contributions de J. Bessière, B. Bijon, C. Bonn, K. Chevalier, H. Cheynet, Y. Clavaron, M. Delrez, L. D'Hulst, G. V. Davis, O. Gannier, H. Garric, F. Genevray, K. Gyssels, V. Kennedy, F. Labaune-Demeule, J.-C. Laborie, C. Le Blanc, E. Lloze, J.-M. Moura, D.-H. Pageaux, F. Paravy, C. Sassi, B. Westphal.


Béatrice Jongy, Yves Chevrel et Véronique Léonard-Roques (dir.), Le Fils prodigue et les siens. XXe et XXIe siècle, Paris, Editions du Cerf, coll. « Littérature », 2009, 320 pages.



Cet ouvrage collectif est la première publication des travaux effectués dans le cadre du Programme Pluri-Formations (PPF) « Filiations mythiques : hostilités, violences, perversions » (V. Léonard-Roques, dir.) qui unit le CELIS (Université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand 2) et l'équipe EHIC (Université de Limoges). Ouvrage publié avec le concours du CELIS.
Avec les contributions de : Béatrice Jongy, Yves Chevrel, Elian Cuvillier, Tatiana Victoroff, Katherine Rondou, Dominique Millet, Véronique Léonard-Roques, Jean-Yves Masson, Danièle Chauvin, Christian Mariotte, Sylvie Parizet, Elisabeth Rallo-Ditche, Gael Prigent, Benjamin Thomas, Joseph Belletante.

Hugo Claus, études réunies par Monique Dubar, nord', revue de critique et de création littéraires du nord / pas-de-calais, no.54, octobre 2009.



Dans ce numéro de nord', il s'agit de donner le goût de Hugo Claus à ceux qui ne le connaissent que de nom, d'élargir le cercle de ses lecteurs et amateurs, en introduisant les premiers à son œuvre et en donnant aux seconds le moyens de la mieux connaître. C'est-à-dire en soulignant, par l'analyse et l'exemple, les beautés, beautés multiples d'une œuvre ardente, violente, insolente, cruelle ou suave, faire naître et développer l'envie de la lire.

Avec les contributions de Jean Weisgerber, Jacques De Decker, Alain Van Crugten, Daniel De Neve, Georges Wildemeersch, Katrien Jacobs, Dirk de Geest, Marjan Krafft-Groot, Stéphanie Vanasten, Jan Oosterholt, Mirande Lucien, Johan Thielemans, Gerlinda Swillen, Hans Vanacker et Monqiue Dubar.

Edité par la Société de Littérature du Nord, diffusion hors abonnement (15.

- €/numéro) : PU de Septentrion, Rue du Barreau, B.P. 30199, F-59654 Villeneuve d'Ascq cedex, www.septentrion.com

Modes intellectuelles et capitales mitteleuropéennes autour de 1900 : échanges et transfert

, textes réunis par Martine Sforzin et Karl Zieger (= no. 43/2008 de la revue GERMANICA, Université Charles-de-Gaulle

- Lille3).


Les dix-huit contributions qui composent le numéro sont issues du colloque « Modes intellectuelles et capitales mitteleuropéennnes autour de 1900 : échanges et transferts » qui s'est tenu à l'Université de Valenciennes du 9 au 11 octobre 2008 dans la continuité du colloque de 2002 (14-16 novembre), « Les Jeunes Viennois ont pris de l'âge ». Le propos de cette manifestation qui réunissait des comparatistes et des germanistes, était de revenir sur la modernité autour de 1900 à travers la pluralité de ses modes intellectuelles, de ses styles, de ses champs d'expression, de ses avant-gardes et de leur jeu complexe de tensions tout à la fois progressistes ou rétrogrades. La période autour de 1900 a été retenue pour son caractère emblématique mais aussi comme moment charnière et critique entre passé et avenir, comme celui d'une modernité crépusculaire mais tout autant porteuse de régénération, faite de lent déclin, de ruptures souvent intériorisées et autodestructrices et de sécessions non moins violentes, dont l'appellation 'fin de siècle' occulte, sous l'élégance manifeste de l'expression, l'angoisse latente d'une fin de l'histoire et de l'apocalypse par d'aucuns entrevue.


Avec les contributions de : Jacques Le Rider, Vincent Ferré, Patrick Bergeron, Audrey Giboux, Joëlle Stoupy, Isabelle Percebois, Patrik Alac, Annette Runte, Cécile Kovaczhazy, Fridrun Rinner, Erika Tunner, Dorothea Bohnekamp, Marina Allal, Katalin Por, Philippe Baron, Béatrice Gonzales-Vangell, Sylvie Arlaud, Martin Sexl et Arno Gisinger.


244 pages, 16.

- € Informations : GERMANICA, Annick Carlier, Université Lille3, B.P. 60149, F-59653 VILLENEUVE D'ASCQ, annick.carlier@univ-lille3.fr


Béatrice Jongy & Annette Keilhauer (dir.),Transmission / héritage dans l'écriture contemporaine de soi
Clermont-Ferrand : Presses Universitaires Blaise Pascal, coll. "Littératures", 2009, 292 p., 25 €




L'auteur d'un écrit à caractère autobiographique est mû par le désir de transmettre une expérience et une pensée. L'écriture de soi la plus répandue est une écriture quotidienne pragmatique, avec une visée souvent didactique, qui ne concerne pas seulement les écrivains. Les ruptures existentielles, nombreuses au XXe siècle, favorisent cette production. Ce savoir, d'ordre individuel, peut cependant devenir celui de tout un groupe, voire d'un peuple, lorsqu'il s'inscrit dans un contexte historique et politique tel que l'expérience des camps, de l'exil ou de l'émigration. L'ouvrage met l'accent sur l'influence de la relation intergénérationnelle, dont les récits de famille sont un vecteur, sur la construction de l'identité. Or celle-ci repose sur la reconstruction de la filiation. L'autobiographie pose ainsi la question de la représentation, voire de la construction de l'héritage culturel, qui est une préoccupation fondamentale de la littérature de l'extrême contemporain.

Ouvrage disponible en librairie ou sur le Comptoir des Presses d'Universités (www.lcdpu.fr/editeurs/pubp)

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Sur la vie et l'œuvre de Nâzım Hikmet

, sous la direction de Michel Bozdemir et Timour Muhidine,


aux Éditions Petra, 12 rue de la Réunion

- 75020 Paris

Tél. : 01 43 71 41 30

- Fax : 01 43 70 62 25

Courriel : info@editionspetra.fr

Site : http://www.editionspetra.fr

NOVEMBRE 2009


Dans la collection « Littérature comparée. Histoire & Critique » dirigée par Timour Muhidine, Catherine Pierre, Lionel Richard, Pierre Rivas


280 pages


Contributions de :
-Füsun Akatli

- Le poète Nâzım et la prose narrative.
-Michèle Aquien

- Victor Hugo et Nâzım Hikmet, deux poètes et l'exil.
-Giampiero Bellingeri

- Nâzım Hikmet et l'Italie : à travers livres et revues.
-Ataol Behramoglu

- Nâzım Hikmet and modernism in contemporary turkish poetry.
-Michel Bozdemir

- Figures d'Europe et d'Orient dans la poésie de Nâzım Hikmet.
-Monika Carbe

- Le poète des Paysages humains: chroniqueur d'une époque.
-Monika Carbe

- Questions regarding the translation of Nâzım Hikmet.
-Bahriye Çeri

- Les femmes dans l'œuvre de Nâzım Hikmet.
-Danuta Chmielowska, Nâzım Hikmet et la Pologne.
-Pierre Chuvin

- Nâzım Hikmet et le monde ottoman.
-Güzine Dino

- En compagnie du poète.
-Fernando García Burillo

- Nâzım Hikmet en espagnol.
-Nedim Gürsel

- La nostalgie de Nâzım Hikmet.
-Saime Göksu et Edward Timms

- Nâzım Hikmet' biography: new sources and open questions.
-Issa Habibbeyli

- Nâzım Hikmet et l'Azerbaïdjan.
-Timour Muhidine

- Préface ;
-Timour Muhidine

- Nâzım Hikmet polémiste : 1929-1936.
-Timour Muhidine

- Bibliographie.


Christine LOMBEZ, La Traduction de la poésie allemande en français dans la première moitié du XIXe siècle. Réception et interaction poétique

, Tübingen : Niemeyer Verlag, coll. "Communicatio", 2009, 270 p.


Cet ouvrage se donne pour objectif d'illustrer l'importance du rôle joué par la traduction dans la vie littéraire d'une époque, d'un pays, d'une langue, et à débattre de la place qu'occupe la poésie allemande dans l'espace littéraire français de la première moitié du XIXe siècle. Dans la vague de traductions littéraires en France entre la Restauration et la Monarchie de Juillet, la poésie lyrique allemande occupe incontestablement une place des plus privilégiées, qu'elle paraisse dans des anthologies littéraires ou pédagogiques, des recueils poétiques, ou dans la presse culturelle de l'époque. L'importance du corpus de textes poétiques allemands traduits en français jusque vers le milieu du XIXe siècle ne peut manquer de susciter des interrogations sur l'empreinte ou le poids que ce volume massif de traductions a pu exercer sur la création des poètes français des années 1820-1850. La traduction de la poésie allemande a-t-elle permis de faire connaître de nouvelles ressources d'expression poétique bénéfiques à la littérature française ? Les écrivains français ont-ils su se les approprier ? Inscrire la question d'une concordance et d'une relative synchronie poétique franco-allemande dans une investigation plus large sur la traduction, comme l'auteur a souhaité le faire dans cet ouvrage, apparaît susceptible de favoriser l'étude de problématiques encore peu exploitées par la critique (place des traductions et des traducteurs de la poésie allemande dans le développement de la création poétique française), en envisageant l'acte de traduire comme vecteur du transfert de motifs ou de formes poétiques, de modifications métriques, etc., dans une perspective dynamique dépassant la traditionnelle approche des « influences » et ouvrant une nouvelle voie à l'étude et à la critique des traductions en général.





Mythe et effet de vie littéraire. Une discussion autour du concept d"effet de vie" de Marc-Mathieu Munch.

Textes réunis par François Guiyoba et Pierre Halen, Strasbourg, Editions du Portique, 2008, 157 pages, ISBN: 2-916332-14-6, 10 €.


La notion d'effet de vie, proposée par le comparatiste Marc-Matthieu Münch, nous invite à considérer sur des nouvelles bases ce qui se joue dans l'émotion littéraire. A rebours des approches purement sémiologiques ou sociologiques, il s'agit d'en revenir au partage, entre les humains, de plaisirs et de terreurs, sous la forme jouée des simulacres.

Les contributions réunies ici constituent autant de prolongements et de discussions à propos du concept d'effet de vie. Un livre-débat, autour d'une nouvelle théorie de l'esthétique littéraire.


Avec les contributions de Pierre Halen, Marc-Mathieu Münch, François Guiyoba, Jean Ehret, Hélène Marcotte, Jean Arrouye

Otrante. Art et littérature fantastiques, n° 24 « Mondes imaginaires » (Automne 2008)

, responsable éditoriale : Nathalie DUFAYET, Éditions Kimé, 20 €, 192p.
ISBN 9782841744732


Qu'ils soient qualifiés de «mondes autres », «parallèles», «possibles» ou encore «secondaires», les «mondes imaginaires» nés des fictions du même nom prolifèrent dans notre culture moderne. Plus que jamais, semble-t-il, le lecteur de fantastique, de fantasy ou bien encore de science-fiction est un voyageur averti, un arpenteur de territoires artificiels, créés de toutes pièces à son intention par des auteurs rêvant moins de refaire le monde que de créer le leur en fiction. Une fiction qui rimerait donc avec évasion, au sens d'invention et d'exploration de nouveaux horizons.

Ce phénomène mythopoétique, à la fois ancestral et actuel, ne saurait toutefois se réduire à une simple fuite en avant de la réalité, tant il implique des processus et des problématiques complexes, touchant bien sûr à la question de la création d'un « monde » à part entière, mais aussi à celle de la recréation du monde réel ou encore à celle de sa déconstruction par le biais fictionnel.

Ce volume d'Otrante entend dès lors offrir un examen critique de différents « mondes imaginaires », plus ou moins utopiques, plus ou moins vastes, plus ou moins populaires, allant du Monde de Pegana, à celui d'Arria Marcella, d'Alice, de Narnia, de la Terre du Milieu, d'Elric, d'Ubik, de Darwath, de la Tour Sombre, de Globalia et bien d'autres encore...

Contributeurs:
Pierre BÉGIN, Anne BESSON, Roger BOZZETTO, Fabienne CALAND, Nathalie DUFAYET, Denis MELLIER, Gilles MÉNÉGALDO, Samuel MINNE, Scott SPRENGER, Alejo STEIMBERG, Juliette VION-DURY, Bertrand WESTPHAL.

Revue Otrante

- Éditions Kimé
2 impasse des peintres
75002 Paris


Fortunes et infortunes des genres littéraires en Europe




Les Actes du deuxième Congrès du Réseau Européen d'études littéraires comparées (REELC) viennent d'être mis en ligne sur le site du Réseau où ils peuvent être consultés.

Ce congrès organisé à Clermont-Ferrand par Saulo Neiva et Alain Montandon et faisant suite au premier Congrès tenu les 15-17 septembre 2005 à Florence (Italie) et en attendant le troisième qui sera organisé à Vinius , a réuni de nombreux participants venus de très nombreuses régions européennes (Angleterre, Belgique, Bulgarie, Espagne, Grèce, Italie, Lithuanie, Pays-Bas, Portugal, Roumanie, Russie, Slovénie, etc.). Il avait pour objectif de réfléchir et d'analyser les évolutions des genres littéraires.

L'adresse est : [http://www.reelc.net/index.php?q=node/633->http://www.reelc.net/index.php?q=node/633]
Les actes peuvent être consultés dans la rubrique e-texts.


Anne BESSON, Vincent FERRE et Christophe PRADEAU (dir.), Cycle et collection, Paris, L'Harmattan, 36 euros, 412 pages

ISBN : 978-2-296-05131-7


Qu'est-ce au juste qu'un cycle ? qu'une collection ? que ces formes d'« unités multiples » qui travaillent à réparer les « défauts de liaison » du monde et à le rendre lisible ? Ce volume fait le pari que les deux notions, considérées le plus souvent séparément, s'éclairent l'une l'autre et gagnent à être étudiées de manière conjointe, en envisageant l'ensemble de leurs domaines d'emploi : la littérature -épique et romanesque, médiévale et moderne, canonique et de grande diffusion-mais aussi l'histoire de l'art, le cinéma, la musique... Des spécialistes du cycle arthurien, de Balzac ou de Zola, des lecteurs de Simenon ou de Roberto Bolaňo, croisent leurs approches avec des théoriciens des pratiques éditoriales ou muséographiques, dans le souci de faire apparaître l'évolution des mots cycle et collection, d'éclairer les divers enjeux qu'ils recouvrent d'un champ à l'autre, ainsi que leurs implications diverses en termes esthétiques, poétiques ou éditoriaux.
Ces diverses contributions mettent donc au jour la relation complexe qu'entretiennent entre elles les notions de cycle et de collection, leurs logiques complémentaires ou antagonistes, les lieux où elles voisinent, ceux où elles divergent, la manière dont elles s'engendrent ou se neutralisent. Le cycle peut-il ainsi être vu comme une collection qui accède à l'unité organique de l'œuvre d'art ? La constitution d'un cycle passe-t-elle par la création d'une collection ? Comment l'ambition totalisante, qui leur est commune, trouve-t-elle finalement à se réaliser dans ces deux pratiques ?

Avec des contributions de :
Christophe PRADEAU, Isabelle DAUNAIS, Christèle COULEAU, Chantal PIERRE-GNASSOUNOU, Vincent FERRÉ, Matthieu LETOURNEUX, Marie-Ève THÉRENTY, Irène LANGLET, Isabelle GADOIN, Alexandre GEFEN, Jacques DUBOIS, Nathalie KOBLE, Mireille SÉGUY, Irène FABRY, Michèle GALLY, Marc KOBER, Richard SAINT-GELAIS, Véronique MONTÉMONT, Véronique BONNET, Lionel RUFFEL, Christophe TRIAU, Timothée PICARD, Jean CLÉDER, Maïté SNAUWAERT, Anne LARUE

Voir la [table des matières détaillée->http://www.fabula.org/actualites/article23425.php].

Pascal Dethurens, L'Europe de A à Z. Une petite encyclopédie illustrée des idées reçues sur l'Europe



éd. INFOLIO, mars 2008, 127 p., 16 E
Isbn : 978-2-88474-035-7 / Ean 13 : 9782884740357

L'Europe ! N'a-t-on pas déjà tout dit d'elle, de son histoire, de son rôle, de sa culture ? Ses paysages nous sont devenus aussi familiers aujourd'hui, de Rome à Athènes, de Vienne à Lisbonne, ou de Paris à Londres, que l'étaient naguère ceux d'une région.
Ses visages nous sont eux aussi devenus tellement connus maintenant que, pour reprendre le mot de Nietzsche, les " bons Européens " nous semblent faire partie de notre famille : Mozart, Shakespeare, Raphaël ne sont pas pour nous des génies lointains, mais nos aïeux. Et ses langues, depuis que nous nous donnons la peine de les apprendre, quitte à négliger pour cela l'étude du latin et du grec, ses langues ne nous apparaissent plus à présent comme des obstacles à surmonter, mais comme des trésors à découvrir.
Voilà où nous en sommes, heureux Européens, à l'orée du XXI e siècle. L'Europe se rapproche de jour en jour de nous, comme elle tend bon an mal an à devenir une. Tout paraît aller pour le mieux, en ce temps de paix relative, où l'hymne à la joie de Schiller et de Beethoven couronne enfin l'œuvre de notre civilisation. Méfions-nous pourtant de ces évidences, parce qu'elles sont trompeuses. C'est ce que l'on croit le mieux connaître qui nous échappe le plus souvent.
Que savons-nous au juste de l'Europe ? Tout et son contraire ont cours à son sujet : il est donc grand temps de réviser nos classiques. Et d'ouvrir une encyclopédie.

Reflets littéraires. Bulgarie, Espagne, France, Grèce, Italie, Portugal, Serbie. Textes réunis et présentés par Monique MICHAUD

, L'Harmattan, Collection « Critiques Littéraires », 244 pages, ISBN : 978-2-296-03164-7, 22 euros.


Lieu de passage et d'affrontement où la proclamation de l'identité est souvent la résultante des déchirures de l'histoire, la Méditerranée nous est montrée dans sa diversité à travers vingt approches littéraires.


Pour certains, l'identité est comme cette part de soi qui survit au désastre (guerres, expulsions, déportations...), pour d'autres, elle se présente comme la fière affirmation d'une identité retrouvée ; parfois, au contraire, elle est simplement l'expression sereine de l'identité nationale ; une identité nationale dont le voisin ne semble pas être le meilleur juge, ainsi que le montrent les adaptations et représentations de chefs-d'œuvre étrangers. Si l'identité d'un peuple est un problème pour un autre, l'identité du moi pris entre deux langues voire deux cultures est aussi un problème auquel les uns et les autres apportent une réponse différente.


Contributions de: Monique MICHAUD, José ALVÈS, Sanya BOSKOVIC, Milorad PAVIC, Jean-Pierre CASTELLANI, Anne CHARLON, Pierre CIVIL, Christine CROU, Renée-Paule DEBAISIEUX, Edoardo ESPOSITO, Charles GARCIA, Françoise LABARRE, Roland LABARRE, Nathalie LEBRUN, Liliane PICCIOLA, Geneviève PUIG-DORIGNAC, Anne-Marie QUINT, Anne-Marie TAISNE, Suzanne VARGA-GUILLOU, Marie-Christine VAROL, Marie-Claire ZIMMERMANN


Littérature et exemplarité, Emmanuel Bouju, Alexandre Gefen, Guiomar Hautcœur et Marielle Macé (dir.)

, PUR, coll. "Interférences / Cahiers du Groupe phi", 2007, 406 p., ISBN : 978-2-7535-0491-2, Prix : 20,00 €.


La littérature fait-elle exemple ? Offre-t-elle des lignes de conduite, des programmes d'action et de pensée, ou nous laisse-t-elle éternellement perplexes devant l'instabilité des normes et la diversité des situations ? La solidarité de la fiction avec l'individuel, le singulier et parfois l'insignifiant, doit-elle nous faire conclure à son impuissance à l'exemplarité ? Quelle articulation reconnaître, à ce titre, entre exemplarité esthétique et exemplarité morale ?

Ce sont là quelques unes des questions posées par ces troisièmes Cahiers du Groupe phi (Groupe de poétique historique et comparée, CELAM, Rennes 2), après ceux consacrés aux notions de contrat (Littératures sous contrat) et d'engagement (L'engagement littéraire), publiés aux PUR sous la direction d'Emmanuel Bouju.

Judith Schlanger, Alice Kaplan, Philippe Forest et vingt-six autres chercheurs

- membres, associés réguliers ou collaborateurs ponctuels du Groupe phi

- abordent la question, ancienne mais toujours vive, de l'exemplarité littéraire, en trois grands mouvements centrés sur le lien entre exemplarité et exemplification, sur le modèle lui-même exemplaire de l'œuvre de Cervantès et de sa postérité, ainsi que sur l'hypothèse d'une inexemplarité de la littérature moderne.

Attaché à traduire la diversité des approches actuelles de la littérature, cet ouvrage remet en question et en mouvement certaines des fausses évidences ou des certitudes préconçues touchant à la puissance ou à l'impuissance des œuvres, à leur capacité à produire des exemples, à proposer des conduites, à servir d'étalon pour le jugement et de modèle pour la vie concrète.


Les auteurs

Emmanuel Bouju est Professeur de littérature comparée à l'université de Rennes 2 et responsable du Groupe phi. Alexandre Gefen est Maître de conférences de littérature française à l'université de Bordeaux 3. Guiomar Hautcœur est Maître de conférences de littérature comparée à l'université de Paris 7. Marielle Macé est chercheur au CNRS (CRAL, CNRS-EHESS)

L'Automne

,

Alain MONTANDON (dir.), Collection Littératures, novembre 2007, 494 p.

, ISBN 978-2-84516-355-3, 30 €, Diffusion : C.I.D., Librairie en ligne : http://www.lcdpu.fr


L'automne, saison d'une belle maturité qui lance ses derniers feux et qui sent les approches de l'hiver et de la mort, reste fortement lié au sentiment du vieillir, à celui du passage de la vie et des choses devant les inévitables transformations et métamorphoses infligées par le temps. Les images et les mots n'ont cessé, de l'Antiquité aux « femmes automnales » de l'époque romantique, d'en évoquer depuis les fastes et les charmes pour dire et montrer le poids du temps.
Ici la poésie élégiaque latine, là la poésie persane, ou bien encore la poésie japonaise et la poésie chinoise sont présentes dans ce volume qui fait également place au cinéma avec Bergman, à la peinture symboliste et à la chanson contemporaine.

Avec des articles de: Alain Montandon, Christine Kossaifi, Rémy Poignault, Cécile Meynard, Alex Lascar,
Hugues Laroche, Nadine Giraud, Stéphane Lavauzelle, Pierre Escudé, Luminita Urs, Jean-Pierre Ricard, Jean-David Jumeau-Lafond,Claude Foucart, Béatrice Jongy, Jessica Wilker, Kajsa Andersson, Timothée Picard, Sabine Savornin, Philippe Postel, Soline Jolliet, Constanze Baethge, Jean-Claude Ranger, Mustapha Trabelsi, Stéphane Chaudier, Bruno Trtismans, Joanna Augustyn, Laure Helms, François Kerlouégan, Marie Doga, Gerhard Neumann, Jacques Dubois, Frédérique Montandon, Nicolas Violle.


Responsable : Centre de Recherches sur les Littératures Modernes et Contemporaines (CRLMC)


"Le comique de répétition": Sous la direction de Yen-Maï Tran-Gervat, Etudes Littéraires n°38 et Humoresques n°26

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"Le procédé est bien connu, souvent analysé en même temps qu'identifié : telle scène des Fourberies de Scapin fait rire car elle repose sur le comique de répétition ; et le commentateur consciencieux d'énumérer les récurrences, les écarts, les variations derrière la similitude de l'énoncé. Lorsque Charlot, dans Les Temps modernes, continue de visser des écrous même après sa sortie de l'usine, l'analyse retrouve une expression commode et le fait semble donc aller de soi : le comique est dû à la répétition et, comme l'a énoncé Bergson, le rire naît " du mécanique plaqué sur du vivant ". Pourtant, ce que propose l'expression " comique de répétition " ne correspond ni à une loi comique (la répétition n'est pas toujours comique), ni à un type homogène de comique, tant dans ses causes que dans ses effets : Scapin et Charlot sont comiques parce qu'ils se répètent, mais le sont-ils pour autant de la même manière ? Au-delà du principe énoncé par Bergson, qu'est-ce qui, précisément, dans ces cas de répétition, prête à rire ? Est-ce le retour du même, entre inattendu et prévisible ? Est-ce la reproduction mécanique à peine exagérée d'une attitude sociale par ailleurs bien " vivante " ? Quel est le sens du rire ainsi produit, pour le rieur lui-même?


Deux numéros de revues récemment parus, tous deux sous la direction de Yen-Maï Tran-Gervat, proposent d'apporter quelques réponses à ces questions et à d'autres, à travers des études variées, portant sur des corpus qui abordent tous les genres littéraires, du Moyen-Âge à nos jours (Etudes Littéraires n°38) mais aussi l'humour graphique, le cinéma ou la communication publicitaire (Humoresques n°26)."


Stéphane Gailly, Le mythe de Prague dans les littératures européennes.


N° 71, 1 vol., 320 p. relié, ISBN 978-2-7453-1587-8.


Prague est une ville mythique et largement thématisée
dans la littérature tchèque et européenne. Cela se dit
dès le récit de la fondation de Prague ; cela se
continue jusqu'à l'époque contemporaine. Il y a ainsi
une géographie et un pittoresque pragois qui
appartiennent en propre à la littérature, comme il y a
une histoire de la ville qui permet de dire à la fois
les figures de la résistance et celles de la
soumission. Le XXe siècle a vu se développer l'idée de
« praguéité », avec Kafka et Kubin, en même temps que
la ville et son mythe deviennent les objets d'un jeu
réflexif dans l'oeuvre de Milos Urban. Cet essai offre
un long parcours dans ce qui est à la fois l'histoire
littéraire d'une ville, une représentation tantôt
convenue, tantôt rebelle, et sur laquelle s'articulent
les figures du Juif errant, de Faust, du Christ et du
Golem .

La femme qui a des ouïes, et autres récits de la tradition orale malgache

. Anthologie préfacée et établie par B. Terramorsi. Réunion/Marseille : Editions K'A, 2007. 316p. (N° ISBN 2910791-51-3)


Paris, cartographies littéraires

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sous la direction de Crystel Pinçonnat et de Chantal Liaroutzos, Éditions Le Manuscrit, « Sciences de la ville »



(actes du colloque organisé à l'université Denis Diderot-Paris 7 les 13 et 14 octobre 2005 par l'UFR "Lettres, Arts, Cinéma" et la Fédération des Sciences de la ville)


Pour les écrivains, la capitale n'est jamais ce Paris sédimentaire, conservatoire d'une urbanité fantasmatique, qu'un certain discours nostalgique et patrimonial tend à constituer. « Ondoyant et divers », l'espace parisien échappe à tout texte conçu comme arrêt, point fixe. Paris, cartographies littéraires choisit donc de jouer sur cette mouvance et de multiplier les regards. Ce faisant, c'est aussi tout le mythe de Paris qui s'effrite. Désagrégé, il fait place à des fragments, autant de pépites de mythe : Paris polar

- Paris sur Noir, Paris sans fin de la poésie contemporaine, ou encore Paris au théâtre, fiction de la mémoire. C'est un Paris pluriel, en archipel en somme, qui s'offre ainsi au lecteur, arpenteur de nouveaux territoires...trouverez ci-dessous la table des matières et le descriptif.


Articles de José-Luis Diaz, Frédéric Sayer,Florence Fix, Daniel Fondanèche, Jean-Philippe Chimot, Arnaud Laimé, Chantal Liaroutzos, Evelyne Cohen, Carine Trevisan, Lola Bermúdez, Crystel Pinçonnat, Charlotte Thimonnier, Vérane Partensky, Judith Abensour, Martine Bouchier


Éditions Le Manuscrit

- wwww.manuscrit.com -
communication@manuscrit.com
Pour plus d'informations, vous pouvez également consulter le site internet: http://www.manuscrit.com/catalogue/textes/fiche_texte.asp?idOuvrage=9117


Lise WAJEMAN, La Parole d'Adam, le corps d'Eve. Le péché originel au XVIème siècle, Genève, Droz, 2007, 276p.



Si la représentation d'Adam et Eve connaît au XVIe siècle une actualité particulière, c'est sans doute parce que l'histoire des premiers parents suscite l'intérêt d'un siècle fasciné par la question de l'origine et offre à la peinture d'histoire sacrée l'occasion bien rare de représenter un homme et une femme nus. Mais il n'est pas indifférent que l'intérêt porte tout particulièrement sur le récit du péché originel, en Genèse 3, qui cristallise une série d'oppositions fondamentales. La faute provoque la chute dans notre humanité, puisqu'elle marque le passage de l'éternité à un temps arrêté par la mort. Mais elle constitue aussi le moment de la naissance des corps, souffrants et jouissants, marqués par la différence sexuelle. Elle opère enfin le basculement d'un monde régi par la transparence des signes, du langage, vers un monde marqué par l'opacité, le brouillage entre la vérité et le mensonge. Dès lors, la représentation du péché originel semble offrir à toute œuvre un miroir où réfléchir aux moyens dont celle-ci dispose pour dire la vérité et pour la transmettre au lecteur/ spectateur.


Caroline ANDRIOT-SAILLANT, La Fable de l'Etre: Yves Bonnefoy et Ted Hughes, Paris, L'Harmattan, 2007, 346p.




La conjonction de la poésie d'Yves Bonnefoy et de Ted Hughes se produit en ce moment décisif de la fable épique, où des figures primordiales font tenir l'être dans la parole contre toutes les menaces de dissolution et de leurre. Là où d'autres ont choisi de raréfier les mots se déploie une parole abondante et souvent confiante.

C'est tout un monde qui se partage alors, fait de grands éléments porteurs d'universalité, comme « un vent plus fort que nos mémoires » dans Du mouvement et de l'immobilité de Douve (1953), et le « vent » qui « maniait une lame de lumière » dans Le faucon sous la pluie (1957), comme la pierre aussi, dernier vestige de matière lorsque tout s'efface en rêve, dernière preuve contre la neige. Et pour déjouer le concept, la parole se modèle auprès de ces présences-là plutôt que dans l'intuition du néant, auprès de leur exultation résurgente plutôt que dans les ascèses douteuses de l'esprit. Chez ces poètes, la tragédie d'un ancien ordre écroulé se noue, par la musique, à de grandes joies, violentes et éphémères, mais propres à faire aimer dans le chaos les signes de l'être qui s'étaient tus.

Cet essai s'attache à faire résonner un dialogue entre ces deux œuvres majeures de la poésie européenne du vingtième siècle, par leur élucidation croisée et par la traduction française inédite de nombreux vers de Ted Hughes.


Emilienne Baneth-Nouailhetas et Claire Joubert, dir., Comparer l'étranger. Enjeux du comparatisme en littérature



Le volume issu des travaux du séminaire IndeA/Texte étranger sur la littérature comparée (2004-2005) est publié aux Presses Universitaires de Rennes.



- E. Baneth : "Comment ne pas comparer?"


- C. Joubert : "Le comparatisme comme critique : littérature/s, culture/s, peuple/s"


- Y. Chevrel : "La littérature comparée et la quête d'un territoire"


- D. Coste : "Comparatisme, universalisme, relativismes : les enjeux du modèle indien"


- B. Bercoff : "Pratiques de la comparaison dans quelques départements de Lettres en France"


- G. Cingal : "De l'Afrique anglophone au discours comparaisonnable"


- C. Le Blanc : "Littératures orales, littérature, et littérature comparée : une discipline pour penser l'oralité littéraire"


- J.-L. Chiss : "De quelques antinomies du comparatisme en linguistique et au-delà"


- E. Dayre : "L'Absolu comparé

- sur le sacrifice d'une vieille métaphore"


- A. Tomiche : "Comparatisme et altérations dans la langue : une démarche pour penser l'altérité de/dans la langue"

Naissance du roman moderne (Rabelais, Le Tiers Livre; Cervantès,

Don Quichotte

; Sterne, Tristram Shandy)

, Editions Atlande, Clefs Concours, Littérature Comparée, 2007.

Auteurs :
B. Franco : Introduction et éléments de synthèse
P. Brunel : Eléments de synthèse
M.-C. Thomine : Pages sur Rabelais
G. Hautcoeur : Pages sur Cervantès
Y.-M. Tran-Gervat : Pages sur Sterne.

Isabelle Poulin, Ecritures de la douleur. Dostoïevski, Sarraute, Nabokov. Essai sur l'usage de la fiction

[Editions Manuscrit->http://www.manuscrit-universite.com/universite/fichetexte.asp ?IdOuvrage=8731]

La douleur est un espace de silence dans lequel on ne peut s'aventurer qu'avec la prudence d'un artificier : chaque mot doit être désamorcé avant que ne soit prise ou donnée la parole, véritable bombe à retardement dans les œuvres de Dostoïevski, Sarraute et Nabokov. Si l'on croit pouvoir parler d'écritures de la douleur, c'est au sens où celle-ci est à l'origine de ce qui s'écrit

- à partir de la douleur, point de contact possible entre des « écorchés de la parole », point de départ d'un long cheminement qui assimile le travail de l'écriture au geste du chirurgien opérant de grands blessés. La période au cours de laquelle s'inventent ces écritures est une période de grands bouleversements qui a favorisé l'invention d'une médecine de la douleur.

Ecritures de la douleur. Dostoïevski, Sarraute, Nabokov interrogent la place de la littérature dans le monde d'aujourd'hui, sa raison d'être, son pouvoir. Le dispositif adopté de la lecture par dessus l'épaule (deux écrivains : Sarraute et Nabokov, sont surpris en train d'en lire un autre : Dostoïevski, a pour ambition première d'éprouver le « monde écrit », de montrer comment les livres passent de main en main, et permettent de faire face à ce qui les met peut-être le plus en péril : la douleur physique (malheur individuel, violence de l'Histoire, renoncement à une langue maternelle). A partir de la douleur, donc, se sont inventées des écritures singulières, au cours d'une période de grands bouleversements. Une « médecine de la douleur », fondée sur l'exercice difficile de la pluridisciplinarité. Après avoir souligné la méconnaissance réciproque des différents « spécialistes » de la douleur (médecins, psychiatres, légistes), l'auteur entreprend ainsi de définir les bons et les mauvais usages de la fiction littéraire. On en fait le plus souvent un répertoire de descriptions où ira puiser l'homme souffrant. Dostoïevski, Sarraute et Nabokov ne représentent pas la douleur ; ils en cherchent le point d'origine et le trouvent dans un certain rapport, malheureux, au langage. La figure de « l'écorché de la parole » apparaît ainsi emblématique de la fonction majeure, souvent méconnue, de la littérature.

Anne FAIVRE DUPAIGRE, Poètes-musiciens. Cendrars, Mandelstam, Pasternak, Rennes, Presses Universitaires de Rennes (coll. "Interférences), 2006, 389 p. et 20€

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Ce livre est né d'une intuition et d'une question. L'intuition : il est des textes de poètes qui ne révèlent leur cohérence et leur sens que si on les écoute comme des morceaux de musique. La question : l'écriture poétique peut-elle réellement porter en elle des traces d'écriture musicale, pareil phénomène se prête-t-il à l'analyse ? En s'arrêtant sur certains passages de l'œuvre de trois poètes ayant eux-mêmes pratiqué la musique et la connaissant « de l'intérieur »

- Blaise Cendrars, Ossip Mandelstam, Boris Pasternak -, le livre d'Anne Faivre Dupaigre montre comment une certaine méthode de lecture peut placer le lecteur en un « point d'écoute intermédiaire » où le texte apparaît à la fois dans sa texture littéraire et sa texture musicale. Alors se laissent percevoir des phénomènes d'écriture dont l'analyse musicologique peut rendre compte. Chapitre après chapitre se dessinent ainsi les contours d'un certain type de poète, le « poète-musicien », à propos duquel l'auteur invite à une plongée dans les méandres de la création poétique jusqu'en ces contrées mystérieuses où l'œuvre, s'incarnant en mots plutôt qu'en notes, n'en garde pas moins la trace de la musique qu'elle aurait pu devenir. Offrant un certain nombre de traductions et de commentaires inédits, le livre renouvelle l'approche de trois des plus grands poètes européens du XXe siècle.

Démons et merveilles. Le surnaturel dans l'océan Indien

. J.C.C. Marimoutou, V. Magdelaine et B. Terramorsi (edit.). Préface de B. Terramorsi, « Le surnaturel dans l'océan Indien : les archipels de la différence ». St Denis de la Réunion, Océan Editions, 2005. 301 p.

Bernard Terramorsi, « Fantastique et Histoire dans les littératures du Sud »,

Notre Librairie

, n°161, mars 2006, pp. 16-23.

Bernard Terramorsi, " Le remède dans le mal » in

Pharmacopée traditionnelle dans les îles du Sud-Ouest de l'océan Indien

, S. Fuma (edit.), Actes du colloque international de Tulear, décembre 2005. Océan Editions : Chaire UNESCO de la Réunion/Université de la Réunion, 2006, pp. 155-166.

Bernard Terramorsi, « Paul Gauguin et le démon des Tropiques » in

Aux confins de l'ailleurs

, F. Bosquet, S. Meitinger et B. Terramorsi (edit.). Mélanges offerts au Professeur Jean-Michel Racault. Paris : Klinsieck, 2006.

La femme qui a des ouïes et autres récits de la tradition orale malgache

, Anthologie établie et préfacée par Bernard Terramorsi. Publication du Conseil Régional de la Réunion. 2006. 296 p.


Littérature et anthropologie (coll. poétiques comparatistes, vol 1), sous la dir. d'A. Montandon, publication de la Société française de littérature générale et comparée, Champ Social Editions, septembre 2006, 340 p., 25 €, ISBN : 2-913376-89-4


http://www.champsocial.com/fiche.php ?id=167

Le premier volume de la collection "Poétiques comparatistes" est intitulé Littérature et anthropologie. Il tisse un dialogue critique entre les deux disciplines, proches par certains de leurs objets, proches par certaines de leurs méthodes tout en étant de nature fondamentalement différente.

L'anthropologie comme la littérature ont l'homme pour objet, l'homme en général comme les hommes dans leurs particularités et singularités, replacés dans leurs sociétés et leurs cultures respectives. Outre de grandes synthèses, sur des problématiques essentielles, qu'il s'agisse de l'anatomie à l'âge d'or, des grandes options de l'anthropologie historique, de l'anthropologie culturelle et religieuse du point de vue de la littérature, ce volume offre des ouvertures et des analyses diversifiées sur des modèles anthropologiques dans la littérature des Lumières, les récits de voyage, la créolité et le nouveau culturalisme littéraire, en imaginant des ponts et des échanges féconds et stimulants entre les deux disciplines.

Textes de: D.H. Pageaux, M. Augé, L. Van Delft, F. Dupont, C. Wulf, A. Nouss, A. Montandon, G. Cogez, M. Niola, J. Steigerwald, D. Leiva, N. Arambasin.


Yen-Mai TRAN-GERVAT, Don Quichotte, Bréal, coll. "Connaissance d'une oeuvre", 2006



Au moment où l'on vient de célébrer le quatre-centième anniversaire de la publication de la première partie de Don Quichotte (1605, seconde partie 1615), chacun a en tête sa propre représentation du fameux hidalgo, plus ou moins influencée par la très riche iconographie et par la filmographie abondante qu'a inspirées le héros inventé par Cervantès. Même sans s'être intéressé de près à l'œuvre, le lecteur a sans doute à l'esprit les illustrations de Picasso, Dalí, ou Daumier, pour ne citer que les plus célèbres : pour tous, Don Quichotte est ce chevalier longiligne partant à l'assaut des moulins la lance en avant ou, simplement, juché sur son cheval et flanqué de la silhouette rondouillarde de Sancho Panza à dos d'âne...

Ce petit ouvrage se propose d'accompagner le lecteur dans la découverte ou la redécouverte de ce grand roman, en posant quelques jalons permettant à chacun de se repérer dans cette immense aventure de la lecture et de l'imagination qu'est Don Quichotte. Les parties analytiques se concentreront essentiellement sur la première partie du roman (1605), tandis que la mise en perspective synthétique prendra en compte l'ensemble de l'ouvrage, afin de répondre à la double vocation de cette collection : accompagner la lecture précise du texte et inviter à la découverte des enjeux littéraires majeurs que l'œuvre a explorés et suscités.

Philippe CHARDIN, Proust ou le bonheur du petit personnage qui compare, Champion (« Recherches proustiennes »), 2006



La méfiance dont l'oeuvre de Proust témoigne envers la tradition littéraire française, tant du néo-classicisme que de « l'art pour l'art », semble avoir eu pour corollaire des références à des contre-modèles étrangers

- notamment anglais, allemands et russes

- desquels procèdent en partie ce providentialisme et cette ambition gnoséologique qui imprègnent A la recherche du temps perdu. Second paradoxe essentiel, Proust aura découvert des traits importants de sa « modernité » sans connaître les écrivains européens qui peuvent nous apparaître comme les plus proches de lui parmi ses contemporains, Robert Musil, Italo Svevo ou James Joyce (sur l'oeuvre desquels portent plusieurs des parallèles comparatistes de ce livre) mais en proposant des lectures empathiques et « en avance sur son temps » de grands romanciers du XIX° siècle comme Flaubert, comme Tolstoï ou comme Dostoïevski. Ce parcours culturel, mis en rapport avec des chapitres consacrés aux représentations proustiennes de « l'amour-jalousie », montrera aussi à quel point l'affect et l'intellectualité se sont trouvés étonnamment imbriqués chez un écrivain qui a toujours su admirablement faire dialoguer avec sa fantasmatique propre les grandes œuvres du répertoire.

Sous la direction de Camille Dumoulié, Fascinations musicales. Musique, littérature et philosophie. 286 pages

- format : 14 x 22

- 27 €. diffusion : Harmonia Mundi



Toutes les cultures ont accordé à la musique un pouvoir surnaturel. Musique des sphères, des anges ou des démons, langage de l'ineffable ou force capable de déchaîner la passion. Elle fascine le philosophe qui a pu y voir le langage même de l'Idée. Dans l'opéra, elle exalte les grandes figures littéraires auxquelles elle confère la force des mythes. Mais elle est aussi un instrument de fascination des peuples, comme en témoignent son utilisation sous les divers fascismes ou la toute-puissance de l'actuel fétichisme musical. Unis par une telle problématique, les textes de ce recueil envisagent quatre aspects majeurs de cette fascination musicale. Celle du philosophe, qui, de Platon à Nietzsche ou Husserl, paraît à la fois enchanté et médusé par le charme de la musique. Celle du poète qui rêve de porter le langage à la limite du dicible, mais redoute, comme Mallarmé, de le voir s'évanouir en musique pure. Celle de l'écrivain, tel Hoffmann, Stendhal ou Butor, qui rivalise parfois avec le compositeur dans l'invention d'une écriture musicale. Celle, enfin, qui nous saisit, lorsque l'art lyrique donne à la voix une puissance de séduction démoniaque, où la jouissance esthétique, l'érotisme et la mort se confondent en une expérience sublime.

La question de la fascination musicale conduit à s'interroger sur l'essence même de la littérature comme sur les limites de la pensée rationnelle, dans une approche qui unit intimement la poétique et l'éthique, l'esthétique et le politique.

[Ce recueil trouve son origine dans un colloque organisé à l'Université de Paris X-Nanterre au mois de mai 2003]

Contributions de : Camille DUMOULIÉ, Evanghélos MOUTSOPOULOS,Françoise FERRAND, Olivier ABITEBOUL, Eric LECLER, Francis CLAUDON, Colette ASTIER, Emmanuel REIBEL, Jean-Yves MASSON, Sarah NANCY, Anne-Madeleine GOULET, Camille DUMOULIÉ, Louis-Julien NICOLAOU, Yves-Michel ERGAL, Pierre BRUNEL, Elisabeth RALLO-DITCHE, Marie-Françoise HAMARD, Aude LOCATELLI, Daniel LINS, Timothée PICARD.

Anna Fialkiewicz-Saignes, Stanislaw Ignacy Witkiewicz et le modernisme européen, Grenoble, Ellug, 2006

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De son vivant Stanislaw Ignacy Witkiewicz (1885-1939), alias Witkacy, s'est rendu célèbre par ses excentricités, sa consommation de peyotl ou encore son mauvais caractère. Aujourd'hui il est reconnu à l'unanimité non seulement comme la personnalité la plus marquante de l'entre-deux-guerres polonais, mais comme le premier à avoir montré aux lettres polonaises le chemin de la modernité. Il fait à ce titre partie d'un trio fameux, comprenant également Bruno Schulz et Witold Gombrowicz.

Non content de réinventer le théâtre, ce peintre, qui se voulait avant tout philosophe, entreprend de changer le roman au moment même où un peu partout en Europe des œuvres originales voient le jour. Elles incarnent toutes une nouvelle idée du roman. Quels points communs entre Wietkiewicz, Marcel Proust, Thomas Mann, Robert Musil, James Joyce ou Virginia Woolf ? Nés du sentiment de crise culturelle provoquée par la modernisation, organisés autour de la question de la place et du sens de l'art dans le monde moderne, tentés par la métaphysique en même temps que travaillés par une suspicion profonde à l'égard du langage, les romans de Wietkiewicz participent bien au débat européen sur le roman caratéristique des années 1910-1920. Mais, à des questions européennes, Wietkiewicz donne des réponses qui lui sont propres, plus violentes (parce que périphériques ?) dans leur discours comme dans leur forme. Elles minent la forme romanesque de l'intérieur et l'amènent à éprouver ses propres limites.

Emmanuel Bouju, La Transcription de l'Histoire. Essai sur le roman européen de la fin du XXème siècle, Presses Universitaires de Rennes, 2006

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Cet essai correspond d'abord au parcours d'un critique au cœur de la littérature européenne de ces vingt à trente dernières années.

C'est aussi un point de concentration d'exercices littéraires voisins qui, par le jeu de la comparaison et du rapprochement, montrent qu'on ne saurait rendre compte de la configuration poétique complexe de l'histoire dans la fiction sans poser la question éthique de la responsabilité.

C'est enfin, par un renversement adroit et selon l'aveu même de l'auteur, une sorte de miroir, l'objet d'une autobiographie subtile où l'objet de la lecture se métamorphose insensiblement en une réflexion sur le lecteur en tant que sujet, comme si du fond de toute anthologie ou de tout panorama se détachait un autoportrait.

Véronique GÉLY, L'Invention d'un mythe : Psyché. Allégorie et fiction, du siècle de Platon au temps de La Fontaine, Paris, Champion, « Lumière Classique », mars 2006. Préface de Pierre BRUNEL

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« La fable de Psyché », écrivait Charles Perrault dans les dernières années du XVIIe siècle, « est une fiction toute pure et un conte de vieille » : contre l'opinion établie, il récusait la valeur allégorique du récit légué par Apulée et modernisé par La Fontaine. Ce statut nouveau permettait à Psyché d'entrer dans la mythologie commune, qui l'avait longtemps tenue à l'écart. Tout comme les errances et la quête de Psyché elle-même, la compétition entre allégorie et fiction, termes clés de l'herméneutique et de l'esthétique classiques, avait pour enjeux la vérité et la beauté.

Cet ouvrage s'attache d'abord à réhabiliter les allégories de Psyché, en montrant leur richesse et leur capacité d'invention poétique depuis l'Antiquité jusqu'à la Contre-Réforme, qui a vu Psyché triompher comme fable chrétienne dans la poésie et sur les théâtres européens. Il montre ensuite comment la contestation de l'allégorie a déplacé

- du champ de la morale et de la théologie vers celui de l'esthétique

- la mise en cause des sens et de la sensualité : l'interdit qui empêche Psyché de voir la forma du dieu est devenu dans les littératures européennes le lieu d'une réflexion sur les formes et les genres de ces mêmes littératures.

SCHEEL Charles : Réalisme magique et réalisme merveilleux. Des théories aux poétiques, (L'Harmattan, 2005, ISBN : 2-7475-7835-6). Préface de Daniel-Henri Pageaux

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Dans la critique littéraire occidentale récente, les notions de "réalisme magique" et de "réalisme merveilleux" ont été étendues aux littératures du monde entier, sans que la confusion entre les deux appellations ait disparu.

Le présent ouvrage s'inscrit dans une approche générale et comparatiste de la littérature. Après une analyse des théories existantes autour des deux appellations, il retient deux définitions distinctes de modes narratifs de la fiction.

Dans la partie "Poétiques" suivent une étude du réalisme magique de Marcel Aymé à Gabriel García Márquez, ainsi que plusieurs illustrations du réalisme merveilleux : celui de la soi-disant "première manière" de Jean Giono, celui de trois auteurs antillais (A. Carpentier, J. S. Alexis et J.-L. Baghio'o) et celui de William Faulkner dans Le Hameau.

La bibliographie chronologique par domaines linguistico-culturels réunit plus de trois cents titres.

Backès Jean-Louis : Oreste, Paris, Bayard, 2005



Le mythe grandiose d'Oreste n'est peut-être, initialement, qu'un fait divers sanglant : le petit prince a dû s'enfuir, quand le roi son père a été assassiné. Une fois sorti de l'enfance, il vient reprendre son royaume ; il tue de sa main l'usurpateur, et aussi la maîtresse de l'usurpateur, qui est la veuve de l'ancien roi, qui est aussi sa meurtrière. Donc le prince tue sa propre mère. Pour venger Agamemnon, Oreste tue Clytemnestre.

L'histoire n'a pas été oubliée. Les anciens Grecs en retrouvaient des traces d'un bout à l'autre de leur pays. Il ne nous en reste que des mots et des images. Pendant trois mille ans, des poètes l'ont racontée. Ils en ont fait des tragédies. Ils ont multiplié les variantes. Des tragiques grecs à Sartre et Giraudoux, en passant par Racine ou Goethe, les auteurs de ces variantes ici racontées exploitent toutes les ambiguïtés et les questions de leurs prédécesseurs, et ne se privent pas d'en ajouter de nouvelles.

Toujours pourtant ils ont évité de mettre sous les yeux des spectateurs la scène du matricide, comme si elle provoquait en eux une angoisse sans limite. Le meurtre, donné comme légitime, comme un acte de justice, a immanquablement lieu en coulisse. En coulisse ou sur l'Autre Scène ?